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L’origine de l’hypoth`ese des d´eficits jumeaux

2.5 La revue des articles sur les d´eficits jumeaux

2.5.1 L’origine de l’hypoth`ese des d´eficits jumeaux

Le terme des d´eficits jumeaux est apparu pour la premi`ere fois dans les an- n´ees quatre-vingts aux ´Etats-Unis. Cette p´eriode-l`a ´etait marqu´ee par les d´eficits importants de la balance commerciale, ainsi que par les d´eficits budg´etaires. Le d´eficit commercial des ´Etats-Unis s’est accru de 25 milliards $ en 1980 `a 124 mil- liards $ en 1985 et le d´eficit budg´etaire a augment´e de 74 milliards $ en 1980 `a 212 milliards $ en 1985 (Darrat, 1988).

Toutefois, l’origine de l’hypoth`ese des d´eficits jumeaux est en partie issue de la conf´erence de Bretton-Woods (1944) qui se d´eroulait `a cause de la n´ecessit´e de r´etablir le Syst`eme Mon´etaire International (Eichengreen, 1996). Lors de cette conf´erence, il y avait deux plans : le premier d´efendu par J. M. Keynes (la Grande Bretagne) et le deuxi`eme d´efendu par H. D. White (les ´Etats-Unis).

Ces deux plans reposaient sur les principes suivants :

1. J. M. Keynes a propos´e la cr´eation de « International Clearing Union », c’est-`a-dire d’une Banque Centrale supra-nationale, affranchie de toute puis- sance nationale, qui devrait ´emettre une nouvelle monnaie de r´ef´erence in- ternationale - le Bancor. Cette monnaie devrait assurer le financement des d´es´equilibres par une mise en connexion quasi automatique entre les pays d´eficitaires et les pays exc´edentaires.

2. De l’autre cˆot´e, H. D. White a propos´e un nouvel ´etalon de change-or (Gol- den Exchange Standard : GES) avec une seule devise cl´e - le dollar, qui aurait un rˆole de la monnaie internationale ainsi que d’instrument de r´e- serve. Il a ensuite propos´e la cr´eation d’un fonds de stabilisation mon´etaire financ´e par des d´epˆots des pays membres. (Montouss´e et al., 2000).

A l’issue de la conf´erence de Bretton-Woods, le plan de White l’a emport´e. Ce r´esultat a conduit `a la pr´e´eminence des ´Etats-Unis sur la sc`ene internationale. A l’issue de cette conf´erence, le dollar am´ericain devient la monnaie internationale (Eichengreen, 1996).

Le syst`eme de Bretton-Woods est rest´e un syst`eme fortement asym´etrique, reposant sur une position particuli`erement dominante des ´Etats-Unis (Eichen- green, 1996). Cette asym´etrie est connue sous le nom de « principe N-1 » (Mon- touss´e et al., 2000) : dans un syst`eme qui comporte N pays o`u la monnaie d’un pays (ici, les ´Etats-Unis) de ces N pays joue le rˆole de monnaie internationale et il n’y a que N-1 taux de change par rapport `a la monnaie dominante dans le syst`eme mon´etaire international20.

Il en r´esulte que le pays dominant, les ´Etats-Unis, n’avait pas de taux de change `a respecter, ce qui assurait une autonomie absolue de sa politique mon´e- taire. D’autres pays devaient donc s’adapter aux inflexions de la politique mo- n´etaire des ´Etats-Unis. Le dollar ´etait la monnaie nationale des ´Etats-Unis et la monnaie internationale en mˆeme temps (Montouss´e et al., 2000).

20. Les ´Etats-Unis ont fix´e le prix du dollar vis-`a-vis de l’or et d’autres pays ont fix´e leurs monnaies vis-`a-vis du dollar (Eichengreen, 1996).

Par cons´equent, le d´eficit de la balance commerciale des ´Etats-Unis ne posait aucun probl`eme et les dollars revenaient se placer aux ´Etats-Unis21. Cela incitait

les ´Etats-Unis `a financer leur croissance ´economique par la cr´eation mon´etaire22.

Il s’agissait d’un syst`eme « stable » qui reposait sur l’h´eg´emonie am´ericaine. Les r´eserves de devises des pays europ´eens ´etait au plus bas et la circulation de dollars comme monnaie internationale venait en premier lieu du d´eficit de la balance commerciale am´ericaine. Les ´Etats-Unis importaient des biens, ce qui a permis de faire sortir des dollars hors des ´Etats-Unis23 (Montouss´e et al., 2000).

Le passage aux changes flottants (l’accord de Kingston de 1976) n’a pas caus´e de perte d’influence du dollar et les ´Etats-Unis utilisaient toujours sa po- sition dominante afin d’obtenir les r´esultats pour la croissance am´ericaine de sa politique ´economique int´erieure. En outre, dans les ann´ees quatre-vingts, R. Reagan (le Pr´esident sur la p´eriode 1981-1989) a mis en place une politique ´eco- nomique des ´Etats-Unis qui reposait sur une stimulation des d´epenses publiques (une hausse des d´eficits budg´etaires publiques). La hausse de l’Absorption (la de- mande int´erieure) ainsi produite a entraˆın´e la hausse de l’importation des biens, d’o`u le d´eficit commercial important (Montouss´e et al., 2000).

Costabile (2009) offre une d´emonstration pour montrer que le plan de Keynes de la conf´erence de Bretton-Woods est toujours d’actualit´e. Deux mod`eles sont illustr´es : le premier avec une monnaie nationale ayant le rˆole de monnaie in- ternationale (tel qu’il a exist´e, c’est-`a-dire le dollar) et le deuxi`eme (alternative virtuelle) qui repose sur les propositions de Keynes. L’auteur montre que l’exis- tence de la nouvelle monnaie internationale (« credit money » ; le syst`eme mon´e- taire « sym´etrique »), i.e. la solution propos´ee par Keynes lors de la conf´erence, pourrait r´e´equilibrer les d´es´equilibres globaux et les asym´etries contemporaines.

21. Il s’agissait de « d´eficit sans pleurs qui permet de donner sans prendre, de prˆeter sans emprunter et d’acqu´erir sans payer » (J. Rueff, 1971), c’est-`a-dire le droit de « seigneuriage »qui permet aux ´Etats-Unis de r´egler leurs paiements ou d’acqu´erir des actifs `a l’´etranger au simple coˆut d’´emission de la monnaie (Teulon et Fischer, 2012).

22. Lorsque la banque centrale d’autres pays voulait augmenter la quantit´e de sa monnaie nationale dans une circulation, cette cr´eation de la monnaie devait ˆetre couverte par les r´eserves de dollar.

23. L’exportation du dollar a caus´e sa d´epr´eciation. Les ´Etats-Unis acceptaient cette situa- tion, car ils ´etaient prot´eg´es par le statut de dollar d’une monnaie internationale.