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De l’observation participante et d’autres techniques de terrain terrain

34 LAPOUGE, Gilles: 1978

Chapitre 2. Questions de méthode

2.4 De l’observation participante et d’autres techniques de terrain terrain

Depuis que Malinowski a inscrit les bases du travail de terrain dans le prologue des Argonautes, l’observation participante est devenue l’outil de base du processus ethnographique ou de ce que lui-même a appelé la « méthode pratique d’observation et de recueil des impondérables de la vie réelle et du comportement44 ». Mais le concept d’observation participante est loin d’avoir un sens univoque et bien délimité depuis lors et nous pourrions dire que nous nous trouvons devant une des notions les plus controversées de la discipline. Le problème ne réside pas tant dans le concept d’observation que dans celui de participant. Pour résumer, il faudrait dire que la participation est une question qui

43 Certaines de ces techniques, comme les promenades sont plus concrètement exposées dans le chapitre d’ethnographie et c’est pour cette raison qu’ici elles n’apparaissent que décrites de façon générale.

peut être menée à bien de multiples manières et qui est intimement liée au type de terrain qui est observé. Observer les quais d’une gare d’une grande ville demande une participation bien différente à celle qu’on devrait adopter dans le centre d’une petite communauté ou d’un groupe concret avec une identité bien marquée. En effet, celui qui dans un besoin d’adopter sur le terrain une position proche à celle du naturaliste qui observe et classifie les papillons, deviendrait dans un autre besoin un personnage inséré dans la trame des relations sociales où l’interaction directe avec d’autres individus est beaucoup plus fréquente et nécessaire pour comprendre ce qui se passe. Par conséquent, et bien que ce fait ne soit pas assumé par toutes les perspectives anthropologiques, une participation n’est pas plus importante ou meilleure que l’autre mais elle résulte de formes d’adaptation aux contextes sociaux auxquels on veut donner une explication.45

Bien qu’il n’existe pas de consensus sur la signification d’observation participante, cette dernière est l’outil nécessaire et il faudrait préciser que chaque ethnographe le réinvente un peu en fonction de sa propre façon singulière d’être sur le terrain. En effet le processus ethnographique est fortement fondé sur l’imprévu et les changements de perspective et cela fait de l’ethnographe une figure très changeante qui doit se réadapter aux situations au fur et à

45 Atkinson reprend la classification de Junker et Gold qui présente quatre possibilités parmi lesquelles on trouve deux positions extrêmes : celle du totalement observateur et celle du totalement participant. Dans le rôle de totalement participant les activités de l’ethnographe sont complètement cachées. Il peut se présenter comme un autre membre du groupe sur lequel il essaie de faire sa recherche, sans expliciter en aucun cas ses intensions scientifiques. La participation totale peut aussi avoir lieu quand le chercheur fait déjà partie du groupe qu’il analyse. Certains auteurs assurent que ce dernier doit être l’idéal à suivre et que ce qu’un ethnographe devrait faire c’est en fait se convertir réellement en un autre membre du groupe. Contrairement au totalement participant, le totalement observateur n’a aucun contact avec ce qu’il observe et se rapproche de la figure du naturaliste qui observe d’une position éloignée proche tous les mouvements et les actions des sujets sociaux qui l’intéressent. L’une comme l’autre partagent bon nombre des avantages et des inconvénients- assure Atkinson- les deux minimisent le problème du rejet étant donné qu’en aucun cas le chercheur agit en tant que tel. Mais, ce type d’observations, loin de pouvoir être menées à bien, à mon avis, en général, ces deux possibilités ne sont pas conduites de façon stricte et un chercheur ne peut jamais conserver un seul rôle dans toute sa recherche. Les rôles changent et, généralement, les chercheurs se situent à un point intermédiaire entre la participation totale et l’observation totale. ATKINSON, Paul: Etnografia: métodos de investigación, Barcelona: Paidós, 1994.

mesure qu’elles apparaissent. Nigel Barley l’a montré de façon très explicite et comique dans son très célèbre L’anthropologue innocent où il levait sans pudeur tous les malentendus auxquels il a dû faire face dans son baptême rituel particulier qui avait fait de lui un ethnographe au milieu d’une communauté du Soudan46. Assumer que le terrain est une découverte et une relocalisation constante, cela suppose d’assumer que dans le processus ethnographique il n’existe pas tellement de bonnes ou de mauvaises décisions, meilleures ou pires, et que les différentes tactiques de recherche – bien élaborées- ne produiront pas une meilleure ou pire information mais des informations différentes. Ce dont il s’agit par conséquent, c’est de savoir quel type d’information nous intéresse et mener à bien le travail de terrain en fonction de cela.

Mon intention, au départ, vu que je pensais analyser certaines rues et places d’une grande ville, avec une structure configurée à partir de collectivités, a été celle de mener à bien une observation non obstructive, en me convertissant en une usagère supplémentaire des espaces urbains que j’allais analyser. Une participation donc qui se basait sur le devenir d’un passant supplémentaire (on participe parce qu’on observe, puisqu’il faut rappeler que nous avons décrit l’espace urbain comme un espace de visualisateurs visualisés) qui en plus d’être observé par les autres devait mener à bien une série d’observations systématiques du terrain afin de décrire les règles d’action, ses appropriations, les façons de faire de ses usagers, les caractéristiques sociales des différents personnages qui y circulent (âge, sexe, classe sociale, etc.) les changements quotidiens, etc. Une approximation donc qui s’inspire du modèle éthologique et qui voulait partir –comme l’avait déjà fait remarquer Cosnier47- de l’observation de situations naturelles, c’est-à-dire, des interactions observées sur le

46 BARLEY, Nigel : El antropólogo inocente, Anagrama: Barcelona, 1989

47 COSNIER, Jacques : « L’éthologie des espaces publics » in GROSJEAN, Michèle ; THIBAUD, Jean-Paul : L’espace urbain en méthodes, Parenthèse, Marseille, 2001, p. 13.

terrain. Prendre comme point de départ un modèle comme celui éthologique -assure Conein48- nous oblige à nous questionner sur les formes les plus élémentaires de ce qui est social vu que cela implique l’observation de la réalité de près à travers les conduites les plus banales de la vie quotidienne au moment où elles ont lieu. Après une période d’imprégnation, le modèle permet de mener à bien une sorte d’analyse éco-descriptive du terrain qui prend en compte les flux, les rythmes, les trajectoires, les points de rencontre, les lieux choisis pour les interactions de longue durée etc. La base essentielle de ce type d’observation est donc peu interprétative et peu théorique bien qu’elle n’exclut ni l’interprétation ni la théorisation, elle les laisse simplement pour la seconde phase de la recherche. Joseph écrivait que les trois postulats basiques sur lesquels se repose ce type d’observation sont trois49: que la sociologie est une science empirique, que cette dernière doit être une exploration du monde empirique et que le monde empirique est celui de la vie quotidienne.

Cosnier cependant partait du fait que cette ethnographie proche de l’éthologie devait se baser sur une observation discrète dans laquelle le chercheur devait rester invisible sur le terrain et cela s’est avéré impossible : en arrivant sur le terrain, je me suis rendu compte que Gibellina, bien plus qu’une grande ville, n’était qu’un petit village sicilien dans lequel la présence d’une étrangère n’allait pas du tout passer inaperçue. L’observation non-obstructive qui caractérise les analyses théâtrales des différents espaces urbains de la ville était impossible à mener à bien là-bas. La base des relations à Gibellina se fondait sur la connaissance généralisée de tous et sur tous et moi je ne pouvais pas rester en marge. L’anonymat ici était inexistant et la participation passait par une intégration dans le réseau des relations

48 CONEIN, B.: “Ethologie et sociologie, contribution de l’éthologie à la théorie de l’interaction sociale” à Revue français social, XXXIII, 1992.

49 JOSEPH, I.: “L’analyse de situation dans le courant interactionniste” à Ethnologie française, XII, 1982, 2, pp. 229- 233

sociales par le biais de certaines personnes et par des interactions qui provoquaient leur rencontre.

Ma façon d’être sur le terrain est partie d’une tentative d’acquérir une vision qualitative d’espaces urbains déterminés de Gibellina et pour y parvenir j’ai essayé de fixer mon attention sur –comme dirait Delgado- ses textures, ses accidents et régularités, ses énergies, ses problématiques et ses logiques organisatrices et ce que, dans un premier temps, je voulais mener à bien à travers une observation intense d’espaces déterminés, suivant les exemples que Perec avait écrits de façon plus littéraire dans beaucoup de ses travaux dans lesquels il essayait de fixer la réalité à travers une série d’instantanés composés des aspects les plus banals du lieu choisi50, a fini par se convertir en beaucoup d’autres choses. Au fur et à mesure que je me rendais compte des manques et des problématiques qui m’intéressaient ainsi que des difficultés que comportait la conservation de certaines positions sur le terrain, j’ai décidé de changer de trajectoire de travail sur le terrain. Ainsi, bien que la plupart de mes informations provenaient de la promenade comme technique de recherche et des observations et annotations que je faisais à ce moment-là, ma description est également très liée au fait d’avoir partagé la vie des personnes qui apparaissent dans le récit ethnographique et à toute une série d’interactions plus ou moins profondes que j’ai menées à bien lors de tous mes séjours et qui m’ont fait me rapprocher de Gibellina d’une manière que je n’avais pas prévue. C’est ainsi, et malgré ma réticence du départ à faire des entretiens (mon centre d’attention était situé sur les pratiques plus que sur les discours) qu’à un moment donné j’ai eu besoin d’effectuer un type concret d’entretiens; une sorte d’entretiens semi-dirigés que j’ai

50 Voir PEREC, George: Especies de espacios, Madrid: Montesinos, 2003; PEREC, Georges : Lo infraordinario, Madrid : Impedimenta, 2008; PEREC, Georges: Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Paris: Christian Bourgois, 2008; comme des livres qui essaient directement de décrire différents espaces, mais aussi, PEREC, Georges: La vie-mode d’emploi, Paris: Livres du poche, 1980.

appelés de réactivation visuelle51 inspirés de la méthodologie sur l’écoute réactivée de Jean-François Augoyard et l’observation récurrente de Pascal Amphoux52.

Les entretiens sur la réactivation visuelle sont un prétexte, une excuse, pour faire parler du vécu quotidien et de la relation sensible que les gens entretiennent avec les espaces montrés. Il s’agit, pour reprendre les mots de Pascal Amphoux, « de faire parler la ville, ou les lieux tels qu’ils sont fréquentés53 ». À travers un parcours visuel composé de 18 photos de différents espaces publics de Gibellina, les interviewés racontaient des expériences, des souvenirs, des sensations sensibles ou des aspects plus formels sur les lieux qu’ils regardaient. Les photos montrent les différents genres d’œuvres d’art qui se trouvent dans les espaces publics de Gibellina, et qui vont d’édifices (Casa Pirrelo, La Case di Lorenzo, il Comune, Giardino secreto I) à de petites sculptures en fer (Tavolo dell’Alianza, Elitica e Merdidiana, Tensione), tout en passant par de grandes constructions, comme le cimentière ou El Cretto di Burri. Toutes des œuvres connues par les habitants de la ville et caractéristiques du paysage local. Il s’agissait ainsi de laisser parler librement les interviewés et de respecter totalement leur discours, de suivre le fil sans le rompre et de le relancer à partir de ce qui venait d’être dit. Dans ce contexte d’entretiens, le langage non-verbal, la façon de s’exprimer ou le non dit, le masqué, acquièrent aussi, comme dans tous les entretiens, une importance notable, et doivent être pris en compte pour l’analyse comme une donnée supplémentaire.

51 Le type d’entretiens les plus utilisés en anthropologie sont ceux appelés ouverts qui se basent en grande partie sur la proposition d’un thème et laissent parler l’informant en l’interrompant le moins possible et en le laissant passer d’un thème à un autre. Ils sont très peu dirigés dans le sens où le chercheur pose des questions à réponses larges et attend d’être entré dans le récit de l’informant pour rediriger, de façon subtile, son interlocuteur vers les thèmes qui l’intéressent. Les entretiens semi-dirigés proposent des thèmes plus fermés à travers la production de situations concrètes et réclament de l’informant des réponses beaucoup plus courtes et centrées.

52 AMPHOUX, Pascal: “L’observation récurrente” in GROSJEAN, Michèle ; THIBAUD, Jean-Paul : L’espace urbain en méthodes, Parenthèse, Marseille, 2001, pp. 152-171.

Il s’agissait d’observer la relation des habitants de Gibellina avec les espaces publics de la ville et c’est ce critère qui a déterminé le profil des interviewés. 21 habitants de Gibellina ont été interviewés, parmi lesquels (Ludovicco Corrao, maire de Gibellina en 1970) ; les entretiens à Vito Bonnano, (maire actuel de Gibellina) ; et Lorenzo Barbera, (fondateur du CRESME) n’ont pas suivi la formule de l’entretien sur la réactivation visuelle, mais une autre forme plus ouverte et centrée sur la personnalité du personnage concret.

Caractéristiques des interviewés :

NM / PRÉNOM

ÂGE MÉTIER AUTRES

Maria Binaggia 50 Femme au foyer Hôte sicilienne

Carlo 57 transporteur Hôte sicilien

Marica Casciola 22 Étudiante en biens

culturels et archéologiques.

Travaille à la mairie

Linno Zummo 36 Bibliothécaire

Giuseppe di

Simone 25 Sciences politiques

Vincenzo Binaggia 28 Propriétaire d’une pizzeria

Vinzenzo Bonura 27 Employé

Fabrizzio Tritico 25 Artiste de rue Informante principale

Calogero di Simone

30 Ingenieur Informante principale

Ludovicco Corrao Vers 70 Président de la Fondazzione Orestiade Maire de Gibellina en 1970 et promoteur de la reconstruction à travers l’art

Claudia 20 Étudiante Employée de mairie

Katia 25 Diplômée en lettres Employée de mairie

Rosaria 28 Diplômée en droit Employée de mairie

Vito bonnano 38 Maire de Gibellina

Margherita Aecaro 51 Responsable URP Mairie de Gibellina

Barbara Maltesse 24 Assistante médicale

Francesco Romeo 28 Improgafo

Valentina Tritico 16 Étudiante

Mirellia di Giovanni 22 Étudiante en ingénierie de l’environnement et du territoire

Lorenzo Barbera 69 Développement durable Fondateur du

J’ai essayé d’interviewer des personnes de différent âge et genre et de différents métiers, même si la frange des 20 et 30 ans est la plus nombreuse. Cela est dû à mes propres interactions à Gibellina. Par ailleurs, les entretiens de réactivation visuelle avec des personnes de plus de 60 ans étaient difficiles parce qu’elles évitaient de parler de la nouvelle Gibellina, tout en disant ne rien y comprendre et que, toutes les œuvres d’art n’étaient pour eux que rouille et ferraille. Même si, j’ai quand même pu maintenir quelques conversations enregistrées avec des hommes de 70 ans du Circolo et avec une femme de 80 ans.

En général, trouver les personnes qui acceptaient faire l’entretien sur réactivation visuelle n’était pas facile. La plupart me disaient qu’il s’agissait d’un genre d’entretien très compliqué et qu’ils n’étaient pas préparés à y répondre. Cette peur de ne pas être à la hauteur des circonstances, est une attitude qui s’est répétée dans presque tous les entretiens. La plupart essayaient de me dire très rapidement le nom de l’œuvre, de l’auteur et des matériaux avec lesquels elle avait été faite. S’ils ne le savaient pas ou ne s´en souvenaient plus, ils initiaient toute une série de raisonnements très variés. Cet aspect a évolué néanmoins avec le temps, grâce à mon expérience acquise tout au long des entretiens déjà réalisés et grâce à mon amélioration en sicilien.

De façon générale, les entretiens montrent différentes façons de concevoir et de comprendre la nouvelle ville par ses habitants. La capacité de s’exprimer varie d’un interviewé à l’autre, selon ses capacités professionnelles (plus proches du monde de l’art ou de celui de la politique) et ses intérêts ordinaires ou quotidiens. À travers les différents entretiens, on passe de la vision politique à la vision esthétique, tout en traversant des visions plus pragmatiques ou critiques de la conception des espaces publics et des œuvres d’art de Gibellina.

Et si les entretiens à réactivation visuelle se sont imposés à moi comme une technique nécessaire à un moment où je croyais que je n’étais pas capable de voir les pratiques qui se développaient dans les

espaces urbains de Gibellina, la promenade a été une des pratiques méthodologiques les plus importantes tout au long de mes différents séjours dans la ville-musée.54 Me promener dans la ville s’est imposé à moi comme la façon la plus directe de connaître les espaces que je voulais décrire. La promenade m’a permis de reconnaître la ville et ensuite lorsque l’on m’a eu montré les différents espaces qui m’intéressaient, cela m’a permis une connaissance plus concrète, particulièrement centrée sur les observations que je faisais au fur et à mesure et sur les interactions avec les gens de Gibellina qui avaient lieu sur mon passage dans la ville. Il s’agissait comme l’avaient déjà fait les dadaïstes, avec leurs incursions urbaines du début du XXe siècle, de parcourir les espaces les plus banals de la ville.55 Maintenant cependant, je marchais dans l’intention de faire attention et de raconter les pratiques les plus ordinaires qui se déroulaient afin d’essayer de décrire les différentes logiques sociales qui les formaient. La promenade me permettait d’observer constamment les différents espaces de la ville et ce qui, lors des premiers séjours avaient été des déambulations sans but à la recherche de pratiques qui n’avaient pas l’air d’apparaître, avec le temps cela s’est converti en une sorte de dérive plus réglée, et, bien que n’ayant toujours pas d’objectif précis, je savais que je devais visiter tout au long de la journée des espaces déterminés. Les visites de ces espaces se sont faites répétitives afin de pouvoir les décrire dans leur banalité. De cette façon j’ai noté et souligné les pratiques quotidiennes qui composaient le jour après jour de la place de la Mairie, de la rue de l’Independenza Siciliana, de l’église ou du Sisteme delle Piazze.

Finalement ma pratique ne s’éloignait pas beaucoup de la psycho-géographie décrite par l’Internationale Situationniste comme « étude

54 Le gros du théorique de ce genre d’observation en rapport avec l’observation flottante de Pétonet et avec les transurbances des Stalker sont amplement expliqués dans les chapitres d’ethnographie où je parle des promenades et des différentes façon d’être sur le terrain.

55 Careri fait un parcourt très intéressant des différents types de promenade dans la ville dans son livre CARERI, Francesco: El andar como pràctica estética, Barcelona: gustavo Gili, 2007.

des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus56 ». Ma promenade constante et un peu à la dérive dans Gibellina voulait arriver à capter les comportements des individus et comprendre l’espace par rapport aux interactions qui avaient lieu sur place, plus que de connaître simplement la façon dont elles avaient été construites. Il s’agissait comme l’avait écrit Augoyard de mettre en rapport l’espace avec le temps et cela supposait mettre en rapport la dimension construite avec ce qui s’y passait.

Je me promenais tous les jours. Je refaisais très souvent le même chemin sans m’en rendre compte. D’autres fois, je changeais complètement afin d’observer ce qui se passait à des heures concrètes dans des espaces dans lesquels je ne me rendais pas depuis longtemps. Au fur et à mesure de mes promenades, je photographiais les mêmes espaces avec une technique ressemblante à celle que