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L A METHODE D ’ ANALYSE

1 C ONTEXTE DE L ’ ETUDE DE CAS

2.3 D ISPOSITIF DE CAPTURE DE L ’ ACTIVITE

2.5.1 L A METHODE D ’ ANALYSE

Notre méthode d’analyse s’inspire des méthodes interactionnistes mais s’en écarte par le fait qu’elle mène à une analyse quantitative et non uniquement qualitative et clinique comme le prévoit l’analyse des interactions (Jordan & Henderson, 1995). La figure suivante présente notre méthode d’analyse (cf. Figure 31).

Chapitre 6 – Etude de cas AB Volvo

FIGURE 31. SCHEMA DE LA METHODE D'ANALYSE DES DONNEES

Cette figure présente les différentes étapes que nous avons suivies pour analyser les données de notre corpus. Le temps n’est pas figuré dans cette représentation qui fait office de guide pour comprendre le reste de ce chapitre. Dans notre travail, les données ont servi de base à deux travaux menés en parallèle. Le premier consistait à transcrire les données, le second à utiliser une partie des données pour construire une grille de catégorisation qui permettrait d’analyser le reste des données plus tard. Suite à ce double travail, nous avons pu réaliser un codage de la transcription au cours duquel nous avons notamment été amenés à faire évoluer la grille d’analyse. Le codage effectué nous a ensuite permis de mener des analyses quantitatives et de parvenir à une répartition des différents types d’interactions identifiés dans notre grille d’analyse. La grille n’autorisant pas une analyse de l’information dénotée des sujets de l’interaction (notions que nous détaillerons ultérieurement) nous avons dû mener une analyse approfondie aboutissant à des résultats qualitatifs. Ainsi, l’analyse comporte deux phases clairement identifiées : une phase de codage et d’analyse des interactions avec une grille (rouge), et une phase d’analyse approfondie des sujets de l’interaction reposant sur l’élaboration de graphes (bleue).

Nous commençons par présenter ci-après la première étape de notre méthode d’analyse, à savoir la transcription.

2.5.2 L

A TRANSCRIPTION

Nous avons réalisé une transcription multimodale de la vidéo s’inspirant des travaux de Ivarsson (2006) et Lund (2003). Les conventions de transcription ont été établies en fonction de l’utilisation que nous projetions d’en faire (cf. Figure 32). Les voici énumérées :

 Les virgules ainsi que les points d’interrogation conservent une valeur syntaxique destinée à faciliter la compréhension de la transcription.

 Il faut noter que la simple lecture de la transcription laisse la compréhension difficile. En effet, suivant le volume de la voix et les intervalles de temps auxquels sont prononcées les phrases, le sens, ou bien même le destinataire de certaines paroles changent. C’est d’autant plus important dans une situation ou les concepteurs ne se voient pas (distance). Nous avons donc considéré que le visionnage de la vidéo est nécessaire pour comprendre le sens d’une interaction à cause des différentes modalités qui fournissent des indices à la communication : gestes, prosodie, expressions faciales, etc., et nous avons choisi de coder uniquement les chevauchements. Les paroles se chevauchant restent imperceptibles dans la quadravision. Elles nécessitent donc l’écoute des différents enregistrements audio ou vidéo qui représentent des sources différentes de captures et fournissent donc une qualité différente suivant l’éloignement de la personne qui s’exprime. La transcription devient dès lors un indice à la compréhension de la situation.

 L’identification des outils représente un élément important pour comprendre les activités des concepteurs. Comme le dit Rabardel (1995) : l’activité est orientée par l’outil qui la supporte. Nous avons donc choisi de préciser quels outils étaient utilisés (souris, document papier, fonctionnalité de rotation ou de zoom…).

 Enfin nous avons décidé de laisser un champ libre aux commentaires permettant d’apporter une précision à la situation.

 La qualité du son étant parfois relativement médiocre (surtout du au fait que plusieurs enregistrement sonores se mélangent) certaines phrases ou certains sons sont incompréhensibles. Nous avons transcrit les phrases incompréhensibles par « groupe de mots inaudible » ou « inaudible ».

Chapitre 6 – Etude de cas AB Volvo

La première colonne de la transcription correspond au numéro de l’interaction. La deuxième colonne contient le temps au moment ou débute l’interaction. La troisième colonne présente l’auteur de l’interaction. La quatrième colonne expose le contenu d’une interaction verbale. La cinquième colonne permet d’illustrer des faits remarquables, comme des manipulations d’outils ou des apartés, qui sont commentés dans la sixième colonne. Cet extrait présente des échanges entre Damien, Sylvain et Laura, à propos du mode de fixation du boîtier de la boite à fusible se déroulant aux environ de la 6e minute de l’enregistrement. Durant cet échange on constate que Laura se sert de document papier. On constate également que Laura et Sylvain échangent quelques paroles en aparté. La piètre qualité du son fait que l’interaction numéro 66, pendant laquelle Laura s’exprime, n’a pas pu être retranscrite.

C’est sur ce modèle que j’ai procédé à la transcription totale de l’enregistrement de l’AMS, transcription qui est disponible en annexe (cf. Annexe 4). Une fois ce travail réalisé, nous avons réalisé un premier découpage en séquences. Nous présentons le séquençage effectué ci-après.

2.5.3 L

E SEQUENÇAGE

Comme le prévoit l’analyse des interactions, nous avons découpé notre enregistrement en plusieurs séquences (cf. Table 1). Des indices flagrants aident à séquencer la vidéo :

 Tout d’abord les concepteurs explicitent le fait qu’ils abordent un nouveau point : « ba on va commencer par heu le boîtier heu, le CU inox sur le faisceau heu portique » (00:03:08) ; « alors, je vais parler d’une chose nouvelle là » (00:07:13) ; « OK, on passe à la remontée du portique » (00:25:56) ; « Bon ben si heu, si personne n’a plus rien à dire sur ce sujet heu je vous propose heu de vous montrer heu ce qu’on a » (00:41:26), etc.

 On constate qu’à chaque nouveau sujet de discussion sur une partie de la solution, le concepteur fonction fait une rotation du modèle 3D et rend visible la partie de la solution qu’il propose. Cet indicateur à l’avantage d’être objectif et de laisser moins de place à l’interprétation. Il faut cependant préciser que chaque rotation de la représentation 3D n’est pas forcément liée à un changement de sujet dans la discussion et que par conséquent les rotations doivent être considérées plus comme des indices que comme des indicateurs d’un changement de sujet.

 Enfin un troisième indicateur permet de séquencer la vidéo. Entre différents points de discussions, les concepteurs observent des moments de silence d’un temps relativement long (environ 30 secondes).

Ainsi, il apparaît clairement qu’il y a certains « épisodes » dans la vidéo. Ces épisodes sont constitués d’une discussion autour d’un problème pendant laquelle les concepteurs évaluent une ou plusieurs solutions et en adopte une ou envisagent des actions à mener pour aboutir à une solution acceptable. Il y a donc pour chaque séquence, un problème et une ou plusieurs solutions débattues. Le nom de chacune

des séquences a été attribué par nos soins en fonction du contenu traité. Elles sont de durées inégales. Certaines donnent lieu à d’âpres discussions tandis que d’autres présentent une convergence presque immédiate. Nous avons identifié 21 séquences que nous présentons dans la table suivante (cf. Table 1).

TABLE 1. TABLE DES SEQUENCES IDENTIFIEES

Séquence

Nom de la séquence Début Fin Durée 0 Introduction 00.00.00 00:03:08 3min8s

1 Fixation CU par goujon 00:03:08 00:07:13 4min5s

2 Fixation CU Place du CU 00:07:13 00:08:37 1min24s

3 Fixation CU Dimension 00:08:37 00:09:56 1min19s

4 Montage avec collier HB 00:09:56 00:20:35 10min39s

5 Montage Couvercle Boitier 00:20:35 00:24:22 3min47

6 Empilement des cosses 00:24:22 00:25:56 1min34

7 Remontée du Portique 00:25:56 00:31:54 5min58s

8 Accès au tirant 00:31:54 00:39:21 8min27s

9 Routage Urée 00:39:21 00:41:26 2min4s

10 Faisceaux et Longueurs 00:41:26 00:46:33 5min7s

11 Discussion Communication 00:46:33 00:47:03 0min30s

12 Apartés Prises 00:47:03 00:48:54 1min51s

13 Masse Batterie 00:48:54 00:56:41 7min47s

14 Positionnement collier HB 00:56:41 00:58:25 1min44s

15 Mise en place Collier HB 00:58:25 01:03:54 5min29s

16 Prise de Charge 01:03:54 01:10:47 6min53s

17 Fixation des deux faisceaux 01:10:47 01:11:49 1min2s

18 Longeron Emmarchement 01:11:49 01:17:04 5min15s

19 Maquettage Emmarchement 01:17:04 01:18:44 1min40s

20 Trou de 42 01:18:44 01:22:31 3min47s

21 Process montage 01:22:31 01:39:20 16min49s

La première colonne de cette table présente les numéros de séquence. La deuxième colonne contient le nom de la séquence. La troisième et la quatrième colonne donnent respectivement le temps de début et de fin de la séquence. La cinquième colonne précise la durée des séquences.

C’est sur la base de ce séquençage que nous avons mené nos analyses. Dans chaque séquence, un problème est traité collectivement. Notre hypothèse est qu’une même dynamique argumentative peut se retrouver dans plusieurs des séquences que nous avons identifiées. C’est donc sur la base de ce séquençage que nous avons mené notre analyse. S’inspirant de nos propres observations et de travaux déjà menés dans l’analyse de l’activité de conception, nous avons cherché à élaborer une typologie des interactions que nous nous attendions à trouver dans la réunion de co-revue. Nous présentons cette typologie et les définitions associées dans la section suivante.