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1.2.1.2 Didactique du français oral. «

1.2.1.2.2 L’installation de la compétence de communication orale

L’installation, chez les apprenants, de la compétence de communication orale est le rôle primordial que chaque enseignant doit jouer en situation d’apprentissage. Elle exige une démarche dynamique et interactive : une démarche oralisée en situation d’interaction en vue de déterminer la capacité de l’écoute, de la perception et de l’analyse chez l’apprenant et celle de la production de messages oraux. La communication orale est donc cet échange interactionnel entre au moins deux individus situés socialement, échange qui se réalise au travers de l’utilisation de signes verbaux et non verbaux, chaque individu pouvant être tour à tour(ou exclusivement) soit producteur soit consommateur de messages. Les interlocuteurs doivent être en mesure de se parler mais ils peuvent simultanément s’écouter. Même lorsque les tours de paroles sont strictement respectés, l’auditeur est généralement en train d’anticiper sur la suite du message, et de préparer une réponse. Ainsi, apprendre à interagir suppose plus que d’apprendre à recevoir et produire des énoncés. Ceci signifie que la maîtrise de cette compétence de communication orale passe par la maîtrise de la compréhension et l’expression orales.

Il s’agit de faire en sorte que l’apprenant devienne un bon communicateur dans la langue, ce qui ne va pas de soi. Il faut pour cela devenir capable, d’abord dans le maniement de la langue parlée, aussi bien comme locuteur que comme auditeur, de

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Dell H. HYMES, Vers la compétence de communication, Hatier-Credif, Paris, 1984, p.129. 28

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s’adapter aux diverses situations. Alors, que signifient ces compétences de base à l’oral ?

1.2.1.2.2.1 La compréhension de l’oral (Objectifs, démarches, techniques (moyens), évaluation

Faire acquérir aux apprenants de façon progressive des stratégies d’écoute en premier lieu et de compréhension d’énoncés en second lieu constitue l’objectif principal de l’enseignement/apprentissage de la compétence de compréhension de l’oral. Il s’agit de former des auditeurs à devenir au fur et à mesure plus autonomes et plus sûrs d’eux. Les apprenants vont revenir à leur savoir antérieur en réinvestissant ce qu’ils ont appris en situation d’apprentissage et ce qu’ils ont acquis à l’extérieur pour formuler des hypothèses sur ce qui est écouté et compris. Les séances de compréhension de l’oral vont donc permettre aux apprenants de repérer des informations, de les classer et restituer, de prendre des notes et de découvrir de nouvelles voix différentes à tous les niveaux de celle de l’enseignant.

Pour ce qui est des objectifs d’apprentissage, ils sont nombreux. Nous pouvons fixer des objectifs lexicaux et socioculturels, phonétiques, discursifs, morphosyntaxiques…En effet, les activités de compréhension orale les aideront à : découvrir du lexique en situation, découvrir différents registres de langue en situation, découvrir des faits de civilisation, découvrir des accents différents, reconnaître des sons, repérer des mots-clés, comprendre globalement, comprendre en détails, reconnaître des structures grammaticales en contexte, prendre des notes…etc.

L’atteinte des objectifs cités ci-dessus dépendra des supports utilisés et de la démarche adoptée par les enseignants. Pour les supports, il ne s’agit pas par exemple de lire des textes écrits à plusieurs reprises comme le font certains enseignants sous prétexte que l’établissement auquel ils appartiennent manque de moyens. Les enseignants sont aujourd’hui incités à moderniser leurs supports. Ils peuvent utiliser des cassettes ou des CD enregistrés par des natifs ou des francophones, ou des documents sonores authentiques en français, et ce, pour permettre à l’apprenant « d’être exposé à des situations suffisamment diverses pour qu’il en dégage un comportement

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linguistique adéquat »29. On peut donc écouter un entretien, une chanson, une annonce, une publicité ou un dialogue sur une situation de la vie réelle. En ce qui concerne la démarche à suivre, il est utile d’écouter des supports sonores à maintes fois. Mais, chaque écoute doit être accompagnée d’une activité d’apprentissage. Nous pouvons imaginer une première écoute avec des questions d’ordre général, puis une deuxième écoute avec des questions de détail et pour confirmer ou infirmer toutes les hypothèses émises par les apprenants, l’enseignant peut proposer une troisième écoute. Et pour restituer toutes les informations retenues, il est possible de terminer par une activité d’évaluation.

Les activités d’apprentissage qui accompagnent les différentes écoutes doivent être variées. Il est important de varier la typologie d’exercices en compréhension orale, afin de ne pas ennuyer les apprenants et afin de stimuler leur esprit. Des questionnaires à choix multiples (QCM), des questionnaires vrai/faux/je ne sais pas, des tableaux à compléter, des exercices de classement, des exercices d’appariement, des questionnaires à réponses ouvertes et courtes (QROC) et des questionnaires ouverts peuvent donner l’envie d’écouter et de s’y intéresser.

1.2.1.2.2.2 La production/expression orale (Objectifs, démarches, techniques (moyens), évaluation

L’expression est différente de la compréhension, mais les deux compétences sont en étroite corrélation et les dissocier est bien artificiel. De plus, il y a gros à parier que l’apprentissage de l’une sert le développement de l’autre : mieux lire, c’est mieux écrire et mieux entendre et écouter, c’est mieux parler.

L’habileté langagière à développer progressivement quand on veut pratiquer une langue après une phase d’audition et de perception active est l’expression orale rebaptisée production orale. Les recherches effectuées récemment dans le domaine de la didactique de l’oral montrent que l’expression orale est une compétence qu’il vaut mieux traiter juste après la compréhension orale. Cela permet aux apprenants de se rappeler aisément de ce qu’ils viennent d’entendre et de le réutiliser.

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Fabienne DESMONS et Françoise FERCHAUD, Enseigner le FLE (français langue étrangère),

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L’objectif principal de l’enseignement/apprentissage de cette compétence est de former un locuteur efficace, capable de prendre la parole en différentes situations pour exprimer des intentions énonciatives, c’est-à-dire de le rendre capable de se faire comprendre. En d’autres termes, il s’agit d’amener les apprenants à produire des messages oraux en situation de monologue ou d’interlocution pour donner des informations, plaider une cause ou la discréditer, ou bien raconter des événements, etc. Il s’agit également d’un rapport interactif entre un émetteur et un destinataire qui fait appel à la capacité de comprendre l’autre. L’enjeu est donc communicatif, c’est-à-dire qu’il faut former les futurs citoyens à parler en public et non pas à apprendre à se taire.

En didactique moderne, comme le précisent certains auteurs tels que Fabienne DESMONS, Françoise FERCHAUD et Dominique GODIN, il n’est pas seulement question de recevoir des informations, mais d’en produire dans une situation de face-à-face en mobilisant toutes les ressources à savoir les capacités, les compétences et les savoirs. Alors, quels sont les outils indispensables à l'éducation des apprenants à la prise de parole ?

Pour favoriser la prise de parole en situation d’apprentissage, il convient de développer entre les apprenants des dialogues en contexte, et ce dès le début de l’apprentissage en choisissant des thèmes intéressants et motivants. En outre, l’organisation spatiale dans la classe ainsi que les activités de jeux de rôles et de simulation globale sont des opportunités de communications individuelles ou interindividuelles, car elles leur permettent de revêtir l’identité de personnages fictifs ou réels, d’exprimer leurs opinions et d’être de plus en plus impliqués.

Ce genre d’activités d’apprentissage va permettre à l’apprenant de faire appel à son savoir antérieur et de réinvestir ses pré-requis pour exprimer ses idées. De plus, il faut faire habituer les apprenants à s’écouter pour pouvoir se comprendre en rassurant la confiance en soi. Grâce à de tels outils, il sera fort possible de susciter la prise de parole chez les apprenants surtout quand il s’agit d’un enseignant qui sait s’y prendre.

En ce qui concerne les objectifs d’apprentissage que vise l’enseignant quand il s’agit de la production orale, nous pouvons dire que travailler et pratiquer la langue reste le grand enjeu. Pour cela, la tâche à accomplir consiste à mettre l’accent sur les aspects phonétiques et phonologiques en essayant d’améliorer la prononciation,

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l’articulation, l’accentuation et l’intonation, sur l’aspect morpho-syntaxique et sur l’aspect lexico-sémantique. Cela constitue la composante de base qu’on appelle la composante linguistique et qui est incontournable dans tout échange sans négliger pour autant les autres composantes à savoir la composante socio-culturelle, la composante discursive et la composante pragmatique. Alors, qu’est-ce qu’on entend dire par la compétence linguistique à l’oral ?