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INTRODUCTION GENERALE

I- 3 L’insertion des NTIC au Gabon : position du problème

Depuis le tournant des années 1990 au Gabon, l‟environnement international aidant dans un pays historiquement ouvert sur l‟extérieur, la société de l‟information, notion à laquelle il a été rapidement associé celle de développement, a servi de cadre ou d‟enveloppe externe à ce qui correspond sous l‟angle spatial, au phénomène de l‟insertion des NTIC. Au plan politique, cela s‟est traduit par un certain engagement des pouvoirs publics et des nombreux partenaires du développement qui a été scellé par des partenariats et la mise en place d‟activités consacrées aux NTIC marquées particulièrement par la connexion puis l‟évolution différenciée de l‟Internet, l‟expansion rapide de la téléphonie mobile, la restructuration de l‟ensemble du secteur des télécoms et une présence singulière au Sommet mondial sur la société de l‟information. Au plan socio-économique et culturel, les usages des NTIC ont donné lieu à une activité importante et en voie de structuration autour de l‟Internet et de la téléphonie mobile. Au stade actuel de l‟insertion des NTIC au Gabon orientée par la rhétorique de l‟entrée dans la société de l‟information comme en témoigne le rapport de l‟un des plus grands projets menés sur les TIC133, nous nous posons les questions suivantes :

 Question centrale : l‟insertion des NTIC au Gabon sous le sceau de la société de l‟information constitue-t-elle à la fois un facteur majeur de la recomposition des territoires porteur d‟effets de développement et une base fragile pour l‟enracinement d‟une économie de l‟information et des services de communication à même de devenir une alternative dans les scénarios de l‟après pétrole ?

 1ère

série d’interrogations : dans un contexte mondial pressant où le dosage subtil entre théorie et idéologie s‟est opéré à la faveur de la promotion de la société de l‟information et des NTIC en tant que nouveau passage incontournable des options de développement envisageables, comment à réagi le Gabon par rapport aux autres pays africains confrontés à la même situation ? Quelles politiques ont été menées dans ce cadre ? Quels choix technologiques ont été envisagés ou opérés pour répondre au déficit socio-spatial national

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UNITAR, Préparer l‟entrée du Gabon dans la société de l‟information, Rapport de l‟Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR) et partenaires (UNDP, UNESCO, ITU), Document de synthèse du Projet Info-Com Gabon, site web, http://www.unitar.org/isd/accueil.html, 227 p, consulté le 28 janvier 2003.

des moyens de communication (télécommunications, audiovisuel et informatique) dont le panorama révèle des contrastes rigides (inégale répartition, modernisation bicéphale) si on prend en compte le rang du Gabon dans les statistiques officielles et son statut de pays riche ?

 2è série : Quel est l‟état des dynamiques d‟insertion des NTIC portées par les acteurs publics et privés ainsi que les problèmes liés à leur diffusion ? Quelles sont les répercussions de cette insertion des TIC sur l‟organisation de l‟espace ? En se situant hors de l‟actualité, quelle place le Gabon a historiquement accordé à ce secteur dans ses politiques de développement ?

 3è série : Sans tomber dans le piège de l‟idéologie de développement, quelles marges de manœuvre le Gabon peut-il s‟accorder pour faire de l‟insertion et de l‟appropriation des NTIC, un volet complémentaire et novateur de ses stratégies de développement ? Dans cette perspective, dans quelle mesure la combinaison décentralisation-coopération décentralisée peut aider à faire des NTIC un facteur de développement local et territorial ?  4è série : Une politique de développement des NTIC dans le cas du Gabon, qui nourrit des ambitions de leader au-delà de ses frontières, peut-elle être pertinente sans approche régionale ? Quel rôle entend jouer le Gabon sur la question des NTIC en Afrique centrale où le processus d‟intégration régionale est le moins dynamique du continent et quels moyens compte-t-il mettre en œuvre ? Comment se positionnent par ailleurs les acteurs institutionnels tels que la CEMAC ou la BEAC sur les capacités de renforcement de l‟intégration que recouvrent éventuellement les TIC ?

Pour mieux comprendre la situation du Gabon, en essayant d‟une part d‟identifier les divers processus qui rendent compte de l‟insertion des NTIC et d‟autre part d‟analyser leurs différentes articulations (locale, régionale, nationale, globale), l‟étude s‟organise autour des hypothèses suivantes :

 Hypothèse principale : La société de l‟information est la porte d‟entrée par laquelle s‟est amorcée l‟insertion des NTIC au Gabon, l‟examen et la découverte des opportunités de développement liées à ce cadre. Malgré l‟existence d‟un débat bien lancé dans la société, il s‟avère toutefois que les processus en cours, étiquetés « société de l‟information et NTIC » tendent à édifier un socle structurel, technologique, politique et social éclaté, instable, inadéquat et incertain. En conséquence, si pour le Gabon, la maîtrise et l‟appropriation multisectorielle des NTIC au plan national et

régional ont été ciblées comme des options de développement à mettre en place, il est obligé de se donner les moyens d‟une stratégie globale qui n‟a pas encore véritablement vu le jour.

 Hypothèses secondaires

1-Plus de quarante ans après l‟indépendance du Gabon qui date de 1960, le niveau des infrastructures et des services publics dans le secteur de la communication de base à distance (téléphonie fixe, télex, fax, postes, etc) est caractérisé par trois constantes. La combinaison des équipements modernes avec ceux devenus obsolètes. L‟inégale répartition de l‟essentiel de l‟infrastructure sur quelques centres urbains concentrant la plus grande partie de la population. La forte extraversion de ce dispositif, qui fait du Gabon un pays largement ouvert sur l‟extérieur et fermé sur son espace intérieur. Rapportée à cette échelle du territoire national, cette situation flatteuse du point de vue des comparaisons internationales, est un motif d‟insatisfaction socio-territoriale partagée tellement les besoins n‟ont cessé d‟augmenter. En conséquence, il semble évident que les initiatives dans le domaine des NTIC, aussi dynamiques soient-elles, rencontrent entre autre les mêmes difficultés-contraintes géographiques, « rugosités territoriales », pesanteurs sociologiques et politiques-auxquelles il faut apporter des réponses.

2-Malgré les perspectives contrastées de l‟insertion des NTIC au Gabon dans sa phase actuelle, le rôle et la contribution au développement liés à l‟appropriation de ces nouveaux outils de communication désormais présents dans tous les segments de la société et au renouvellement plus équilibré de toute de l‟infrastructure des communications dans les territoires sont réels et méritent une attention particulière. De façon plus large, la question de la société de l‟information et des NTIC au Gabon est porteuse d‟enjeux géopolitiques qui se déclinent en plusieurs facettes. Il s‟agit d‟enjeux de souveraineté, à savoir que disposer de compétences propres et de dispositifs des NTIC adaptés aux besoins locaux lesquels impliquent une projection régionale et mondiale, pour le Gabon aujourd‟hui, c‟est faire face à la réalité du contournement des territoires africains par le déploiement massif des réseaux

de télécommunications de grands groupes mondiaux et de leurs filiales (Total Gabon, Shell Gabon, etc.) et développer un potentiel techno-territorial attractif pour les acteurs internes et externes. Il s‟agit aussi d‟enjeux territoriaux, c‟est-à-dire la capacité du Gabon à revaloriser et redynamiser les territoires de l‟exode rural (le village, le canton, les nombreux territoires enclavés, etc.) et les territoires défavorisés des agglomérations urbaines (quartiers, périphéries, etc.), afin de développer une infrastructure des communications qui participe à un maillage territorial plus dense et qui assure la modernisation des services publics et une plus grande attraction de tous les acteurs (éventuels investisseurs, etc.). Les enjeux sont également économiques et scientifiques en recherchant les leviers innovants et endogènes d‟une économie de l‟information et du savoir pouvant soutenir la traditionnelle économie de rente, essoufflée et menacée de déclin. Les enjeux sont par ailleurs socioculturels en essayant de tirer profit des NTIC pour répondre à des besoins et des usages spécifiques mais aussi pour faire face à des besoins de production de contenus locaux, en se positionnant dans une logique de participation à la société de l‟information mondiale plutôt que dans une logique de consommation. Les enjeux sont enfin politiques en favorisant l‟utilisation et l‟appropriation des NTIC en tant facteur de renouvellement de la vie publique et facteur de développement local.