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L’importance de la PI dans l’industrie aérospatiale canadienne

CHAPITRE 5 ANALYSE DESCRIPTIVE DU SECTEUR AÉROSPATIAL DU CANADA

5.5 L’importance de la PI dans l’industrie aérospatiale canadienne

5.5.1 Les méthodes de la PI

En ce qui concerne les méthodes de protection de la PI (voir le Tableau 5-10 et le Tableau 5-11), les résultats du sondage montrent que le secteur aérospatial préfère les méthodes stratégiques aux méthodes formelles. Un résultat similaire à ce qui a été obtenu dans les travaux antérieurs par Armellini (2014), Hanel (2006), Arundel et Kabla (1998) ainsi que Niosi et Zhegu (2005). Dans l’étude, le secret industriel est jugé comme la plus importante méthode de protection par le secteur. Armellini et coll. (2014, 2015) a montré la même particularité au Brésil et au Québec. Dans les principaux groupes aérospatiaux, Niosi et Zhegu (2005) montrent que les résultats se répètent. Cela s’explique par la peur des entreprises de perdre leur avantage sur le marché et par conséquent publient ou confèrent rarement des licences de leur technologie.

Une autre raison qui fait en sorte que le secret industriel est la méthode la plus utilisée est peut-être la sécurité nationale ; les entreprises qui travaillent dans le secteur de la défense devant garder en secret le résultat de leurs innovations (Armellini 2015).

En deuxième position, les entreprises choisissent la capacité d’arriver en premier sur le marché et en troisième, la complexité de la conception. Ces trois méthodes sont caractérisées pour être des

méthodes stratégiques de protection de la PI. Après suivent les méthodes formelles qui sont notées avec un score en dessous de la moyenne des méthodes de protection telles que les marques de commerce, les brevets, les modèles d’utilité et l’enregistrement de dessins industriels. Ce résultat est cohérent avec le travail de Hanel (2006) qui a observé la préférence du secteur pour les méthodes stratégiques, la raison : maintenir leur avantage face aux nouveaux acteurs, en cachant leur information privilégiée. Mais d’une manière générale, les entreprises protègent leurs innovations en combinant des méthodes formelles et stratégiques comme aussi le trouvent Dahlander et Gann (2010). D’une manière générale, 84 % des entreprises du secteur utilisent une sorte de méthode pour protéger la PI.

Dans le cas des régions, l’Ontario considère que la pratique la plus importante est consacrée au secret. Le Québec considère plutôt la capacité d’arriver le premier sur le marché et la complexité de la conception. Bien que différentes, ces pratiques poursuivent la tendance des entreprises pour donner plus d’importance aux méthodes stratégiques.

Tableau 5-10 Importance de la méthode de protection de PI par région

Description Atlantique Ontario Québec Ouest Moyenne

Nombre total des entreprises par région 5 30 26 10 4,0 a

Nombre des entreprises qui ont identifié des pratiques sortantes comme étant important (5) jusqu’à très important (7)

Secret 27 19 10 5,4

Capacité d’arriver le premier sur le marché 26 22 10 5,2

Complexité de la conception 24 22 9 4,9

Marque de commerce 19 12 6 3,7

Brevets 22 12 7 3,6

Modèles d’utilité 14 6 c 2,6

Enregistrement de dessins industriels 13 4 c 2,6

a Valeur moyenne de l’ensemble des réponses liées au financement et au soutien. Remarque : pour préserver l’accord de

confidentialité avec des entreprises, les quantités inférieures ou égales à 3 ont été supprimées du tableau et remplacées par c.

Dans le cas des brevets, le secteur a peu tendance à en faire. Cette tendance se trouve aussi dans le travail de Armellini et coll. (2014) qui présente une proportion très faible par rapport à d’autres industries. Les TPE donnent aux modèles d’utilité une importance élevée, ce qui peut être considéré comme une conséquence de la disponibilité limitée des ressources qui suscite l’utilisation d’une méthode de protection à bas coût et très efficace (Suthersanen 2006). L’enregistrement de dessins industriels est aussi une méthode très importante pour les petites entreprises qui le considèrent

comme un mécanisme à faible coût par rapport à d’autres méthodes leur permettant de développer et de protéger leurs inventions (WIPO 2011).

Tableau 5-11 Importance de la méthode de protection de PI par taille

Description Grande Moyenne Petite Très petite Moyenne

Nombre total des entreprises par taille 15 12 31 12 4,0 a

Nombre des entreprises qui ont identifié des pratiques sortantes comme étant important (5) jusqu’à très important (7)

Secret 6 13 32 7 5,4

Capacité d’arriver le premier sur le marché 5 13 32 10 5,2

Complexité de la conception 6 12 30 8 4,9

Marque de commerce c 7 21 9 3,7

Brevets 4 9 19 9 3,6

Modèles d’utilité c 4 10 8 2,6

Enregistrement de dessins industriels c c 12 4 2,6

a Valeur moyenne de l’ensemble des réponses liées au financement et au soutien. Remarque : pour préserver l’accord de

confidentialité avec des entreprises, les quantités inférieures ou égales à 3 ont été supprimées du tableau et remplacées par c.

5.5.2 L’importance de la gestion de la PI

En général, les entreprises du secteur aérospatial accordent une importance élevée à la définition de la PI dans les ententes contractuelles ainsi que dans les ententes de collaboration, suivi par les lignes directrices d’une seule entité qui décide le tout à être réalisé. Au contraire, les entreprises du secteur estiment moins important le développement des cartes de la PI en interne.

L’intégration des fournisseurs à la structure organisationnelle est aussi peu importante. Il en est de même pour les principaux clients et fournisseurs qui ont accès aux cartes de PI (les tableaux de la gestion de la PI et leur distribution par région et par taille se trouvent dans l’Annexe G). Cela montre que même s’il existe un développement de l’innovation dans les entreprises, elles hésitent à partager leur PI avec d’éventuels partenaires. Cette tendance se reproduit dans toutes les régions et tailles des entreprises de l’aéronautique canadienne.

Les résultats montrent aussi que la gestion de la PI se fait à l’interne. Les entreprises s’intéressent à avoir une gestion qui traite la PI comme un actif corporatif, principalement dirigé pour la direction générale de l’entreprise. En plus de permettre d’ouvrir de nouveaux marchés et de l’utiliser comme une source potentielle de revenus, cette gestion est utilisée comme un outil de défense contre la concurrence. Les résultats montrent aussi que les entreprises ne considèrent pas important que

toutes les divisions de l’entreprise gèrent la PI. Dans le même sens, elles ne trouvent pas important de donner des récompenses pour la création de la PI. Elles ne considèrent pas important d’attribuer un poste budgétaire à la PI. Finalement, l’intégration des acteurs externes dans leurs processus ne semble pas importante pour le secteur.

Parmi les raisons qui peuvent justifier cette tendance se trouve le financement du gouvernement exposé par Armellini et coll. (2012) où le soutien reçu bénéficie aux entreprises en permettant la création d’une structure forte de protection de la PI. Bien que le bénéfice soit indéniable comme dans le cas d’ouvrir de nouveaux espaces d’affaires, les entreprises peuvent aussi l’utiliser comme un outil vers la défense de leur marché.

PwC (2013) et Rose-Anderssen (2008) ont présenté la chaîne d’approvisionnement aérospatial comme une industrie qui acquiert des partenaires stratégiques avec leurs fournisseurs. Par contre, cette réalité ne se reflète pas dans l’importance que les entreprises ont donnée dans l’étude. Ceci peut être analysé comme suit : l’utilisation de ce mécanisme est plus une nécessité qu’un outil de volonté.

Dans toutes les régions, la PI est définie dans les ententes contractuelles comme le mécanisme de gestion le plus important pour l’industrie aérospatiale. Cette importance est expliquée comme le besoin d’établir clairement les obligations et les droits des partenaires impliqués dans la R-D.

5.6 Synthèse

Dans ce chapitre, nous avons présenté une analyse descriptive du secteur aérospatial du Canada. Les résultats nous ont permis de mieux comprendre le secteur aérospatial canadien en ce qui a trait à l’innovation, aux pratiques d’IO ainsi qu’aux méthodes et à la gestion de la PI. L’industrie aérospatiale canadienne est constituée principalement de petites entreprises. Pour l’ensemble des entreprises, peu importe leur taille, la plupart développent de l’innovation axée sur le produit et sur le procédé. Les principaux alliés pour le financement et le soutien sont les crédits d’impôt et les subventions gouvernementales. Ces caractéristiques placent les entreprises en grande partie dans un BM qui développe une sorte d’innovation.

Lors de l’analyse des pratiques d’IO, nos résultats montrent que 70 % des entreprises les pratiquent en quelque sorte. Également, dans l’ensemble du groupe, l’importance qu’elles donnent aux pratiques entrantes est plus grande que celle pour les pratiques sortantes. Du côté des méthodes de

protection de la PI, l’industrie préfère garder ses innovations à l’intérieur des murs de l’entreprise en donnant plus d’importance aux méthodes stratégiques qu’aux méthodes formelles. Finalement, la PI est vue comme un actif corporatif important qui donne à l’entreprise des nouveaux mécanismes pour attirer des ressources. Ces attributs permettent de classer les entreprises du secteur aérospatial canadien comme de grandes utilisatrices des BM ouverts, un scénario qui sera explicité dans le chapitre 5.

CHAPITRE 6

ANALYSE EXPLORATOIRE BASÉE SUR LE