• Aucun résultat trouvé

L’implication du chercheur comme professionnel

Ière PARTIE : LA CONSTRUCTION DE L’OBJET DANS SON CONTEXTE THEORIQUE, HISTORIQUE, SOCIAL ET PSYCHIQUE

3. ème CHAPITRE Méthodologie et hypothèses

3.1. L’implication du chercheur comme professionnel

L’implication professionnelle : une proximité à transformer en atout

Mon intérêt pour cette thématique résulte de mes activités professionnelles dans le secteur du handicap mental depuis de nombreuses années. D’abord éducateur spécialisé pendant plus de dix ans auprès de personnes adultes, je travaille depuis une vingtaine d’années en tant que directeur d’établissements médico-sociaux avec ce public. J’ai eu, parmi mes employeurs, une association de parents d'enfants handicapés. L’Association qui m’emploie comprend, dans son Conseil d’Administration, des parents d’enfants handicapés.

Je suis entré dans cette recherche avec « un capital » de représentations sur le handicap et les parents d’enfants handicapés mentaux. Si ces représentations ont orienté ce travail, elles ont également freiné l’émergence de sens nouveau. Afin de mettre en travail ces pré-construits, dans une attention à leur formation subjective, j’ai, tout au long de ma recherche, été attentif à mes implications à travers l’analyse de mon contre-transfert, notion que j’ai privilégiée.

Une psychanalyse personnelle m’avait familiarisé avec ce type d’analyse notamment lorsque je « sentais » que des affects à l’égard de certains parents me concernaient davantage qu’ils ne les concernaient eux-mêmes.

La pensée de Devereux a accompagné ce travail de recherche ; me disposant à une vigilante attention aux pré-pensées qui me venaient pour comprendre une situation ou un élément de discours. L’auteur indique ainsi quatre étapes scientifiques : premièrement « l’examen de la

matrice complexe des significations dans lesquelles prennent racine toutes les données utiles… », deuxièmement « l’étude de l’engagement personnel du savant dans son matériau et de la déformation de la réalité qui résultent de ses réactions de " contre-transfert " »,

troisièmement « l’analyse de la nature et du lieu de partition entre le sujet et

l’observateur », enfin l’observation et l’exploitation de la subjectivité de l’observateur, par

l’acceptation que « sa présence influence le cours de l’évènement observé ». (1980, p. 30- 31)

Cette démarche, qui consiste à rester sensible aux affects et aux pensées et à les questionner a été féconde pour moi. Elle m’a permis l’accès à une disposition intérieure favorable à l’activation de nouvelles compréhensions.

Des conflits qui empêchent l’émergence de sens

Parmi les principales représentations du handicap qui traversent le milieu professionnel persiste celle qui rend les parents responsables du handicap de leur enfant. Elle induit la mise à distance des parents afin de « soigner » l'enfant de ses parents. Les bases théoriques, psychanalytique ou systémique, y sont dévoyées et reprises dans leurs plus simples expressions. Elles viennent alimenter une représentation qui font des interactions familiales une cause de la production de la maladie et du handicap mental, confondant cause et conséquence entre handicap et interactions familiales.

Des conflits entre des parents d'enfants handicapés, devenus gestionnaires d’associations, et des employeurs des éducateurs, alimentent des rivalités concernant les pratiques éducatives sur des enjeux non identifiés. J’ai été amené à comprendre combien les rôles de chacun, éducateurs/ salariés et parents /employeurs, étaient entremêlés, faisant l’objet de déplacements continuels. La conséquence étant que les représentations du handicap et de la maladie mentale n’évoluaient guère ; les significations qui les fondent demeurant non sues. C’est à travers l’analyse de ces conflits qui me concernaient qu’il m’est apparu important de recentrer mon investigation sur les notions de responsabilité, de bon parent, de culpabilité. Travailler sur la parentalité est immanquablement impliquant : en tant qu’enfant de ses parents, en tant que parent de ses enfants. A une place ou une autre, je suis dans mon objet, et pas forcément là où je pense l’être. La tenue d’un journal, dans lequel je notais mes lapsus, mes actes manqués, mes rêves, m’a facilité l’analyse de ces implications en lien avec mon objet et à permis l’accès à certains points aveugles.

Trajet et difficultés de la recherche

Cette recherche a commencé par une étude sur des parents d’enfant handicapé mental également présidents d’associations gestionnaires d’établissements médicaux-sociaux. J’y ai exploré le déplacement des investissements de l’enfant vers l’association et la valorisation narcissique que ces parents/gestionnaires y trouvaient dans la notabilité associative.

Je constatais les gains de ces processus psychiques pour l’entreprise associative. La fédération à laquelle ils adhéraient s’appuyait sur ces investissements pour se développer. Cependant, un questionnement demeurait. Qu’en est-il des parents non engagés dans une fonction associative ? Tenter de répondre à cette question m’a permis d’accéder à une compréhension de certains enjeux entre problématique psychique, investissement social et bénéfices externes de production institutionnelle. Mais il manquait une profondeur sociale et historique à mes résultats.

L’imaginaire de Castoriadis m’a apporté cette perspective sociale historique. Celle-ci a pris place à côté et en complémentarité d’autres travaux sur l’objet. La recherche s’est nourrie des travaux psychanalytiques (Lebovici et Stoleru, 1994, Leclairc, 1975, Korff-Sausse, 2007), se démarquant ainsi des travaux sur l’éducation familiale de P. Durning, (1988, 1995) dont les perspectives pragmatiques représentent une perspective dominante dans le milieu parce qu’ils intéressent particulièrement les parents et les accompagnants.

Elle s’est ouverte également à la perspective historique de la folie ( Foucault, 1972), et des représentations historiques des autres déviances (Sticker, 1977) ; mais aussi des problématiques contemporaines de la parentalité et du handicap (Gardou, 1996), tout en s’inscrivant dans une perspective interculturelle (Gardou, 2006, 2010, Grim, 2000, Ionescu, 1999).

La confrontation de l’investigation à sa traduction dans ces différentes disciplines a progressivement construit l’objet de la recherche, par attraction ou récusation vers le champ de l’imaginaire. Sa complexité s’agençait à une perspective de la psychologie sociale qui, dans une approche de l’articulation du psychique et du social, intègre la dimension historique.

Travailler les enjeux généalogiques d’une continuité de soi dans sa descendance (Legendre, 1985) et de la dette à payer aux générations précédentes me paraissait devoir être explorée du point de vue de l’impossibilité et de la difficulté de la transmission de soi. Parti d’une hypothèse théorique qui me séduisait, cette voie m’aurait conduit, faute de matériel suffisant dans les entretiens avec les parents, à m’éloigner de l’expérience parentale. J’ai renoncé, non sans difficultés, à cette piste.

Choisir, trouver son directeur de thèse participe à la construction de l’objet de la thèse. L’orientation psychanalytique du premierdirecteur contacté, puis le champ de l’éducation familiale dans lequel exerçait le second avec qui j’ai commencé cette thèse, ne me permettaient pas de construire mon objet. Je compris plus tard qu’il s’agissait d’un manque d’affinité épistémologique.

Ces ruptures, chaque fois explicitées, m’ont permis de préciser le cadre dans lequel je pouvais construire et explorer mon objet. Et c’est lorsque j’ai compris que l’imaginaire comme fondement épistémologique s’imposait à moi que j’ai pu préciser mes attentes de direction de thèse.

La problématique s’est alors construite à travers la confrontation entre mes questionnements et la réalité du terrain : celle des parents ayant élevé un enfant handicapé et pour certains d’entre eux largement s’étant investis dans les mouvements associatifs de parents d’enfants handicapés.

C’est suite à ces rencontres que j’ai laissé de côté les aspects liés à la généalogie pour davantage m’intéresser au sentiment de culpabilité. J’ai poussé plus en avant mes recherches lorsque je constatais la persistance de ce dernier et le sentiment d’impuissance vécu devant cet affect qui submergeaient ces parents et dont ils faisaient état. C’est en quelque sorte d’abord « pour eux » que j’ai approfondi cet axe de recherche.

J’ai alors mis en travail la problématisation de l’objet avec les acteurs concernés. Ma proximité avec ces parents a influencé ma position de chercheur laissant une large place aux relations intersubjectives entre eux et moi et entre eux.

C’est ainsi qu’ayant participé à des journées d’études nationales organisées par un groupe de parents de l’Associations de Paralysés de France (APF) sur le thème de la vie de l’enfant handicapé après la mort de ses parents, j’ai pu prendre la mesure de la nature de l’implication et de la responsabilisation que prenait, pour ces parents, cet enfant dans leur vie ainsi que les liens qui s’établissaient entre le sens de cette responsabilisation et la culpabilité. Ce changement de positionnement - j’étais là en tant que chercheur (pour moi), en tant que professionnel (pour eux), ni salarié ni adhérent de cette association, mais accueilli – m’a ouvert sur une disponibilité relationnelle et transférentielle. Les effets de transferts ont été sources de nouvelles compréhensions. Ils ont favorisés une reformulation des significations accordées aux affects.

J’ai alors commencé à percevoir que responsabilité et culpabilité étaient intériorisées

comme affect ; que l’intériorisation sous forme affectivée de la signification imaginaire de la

responsabilité s’étayait sur le sentiment de culpabilité.

Je me confrontais également à la puissance significative des représentations imaginaires. Une mise en perspective des significations imaginaires du handicap, de sa prise en charge dans l’histoire et dans des pays qui ne partagent pas la culture occidentale m’a aidé à délimiter mon objet et à en saisir les aspects spécifiques. Les écarts entre les représentations culturelles ont fait saillir l’implicite des constructions imaginaires. Je me suis ainsi attaché à saisir cet imaginaire dans ces écarts, notamment par la lecture de témoignages directs de personnes originaires d’Afrique noire.

L’analyse du contre transfert à partir de l’approche de Devereux. (1980) m’a particulièrement aidé à introduire un certain relativisme culturel dans mes observations et mes lectures. Par exemple, le rapprochement entre l’exposition des enfants handicapés dans la Grèce antique et l’abandon des nouveau-nés dans le tour au moyen âge qui permettait aux femmes de confier sans être connues leur nouveau-né aux œuvres religieuses, sont des pratiques dans lesquelles nous pouvons voir une même intention. Dans ces deux situations socialement admises, les parents remettent leur enfant à la collectivité. Le choix de vie ou de mort des enfants indique un sens de la responsabilité collective et non un manque d’amour parental ou une barbarie et montre l’évolution des significations imaginaires des affects socialement admis ainsi que l’individualisation des responsabilités.

La recherche par la clinique et l’appropriation des concepts

La familiarisation avec les concepts et la pensée de C. Castoriadis a été longue. La transformation des concepts théoriques en une conceptualisation opérante, bien que réalisée déjà par d’autres chercheurs (F. Giust-Desprairies, J. Barus-Michel, D. Tsakaris)), m’a demandé des retours incessants aux textes originaux pour vérifier la justesse des concordances et éviter les approximations ou les détournements de sens, tout en n’ayant jamais la certitude d’y arriver. Il m’a fallu dans le même temps trouver l’articulation avec les aspects psychologiques et sociaux de mon objet. Si l’imaginaire se déploie dans les aspects psychiques et sociaux selon Castoriadis, il s’y fraye un trajet par les significations, conscientes et inconscientes. Le Sujet en est à la fois l’initiateur et le dépositaire. Ce travail d’articulation théorique a cheminé sur plusieurs années et se poursuit à ce jour. Dans un 1er

temps, la théorie a participé à forger l’objet, les choses se sont ensuite inversées, le travail sur l’objet nourrit l’approche théorique.

J’ai intégré progressivement la posture du chercheur clinicien : j’ai appris à écouter en distinguant le social de l’intime dans le discours du sujet. Ce que je ne discernais pas, j’ai ensuite commencé à le faire dire aux mots : ce qu’ils cachent, les intentions, les non dits, les ouvertures de sens par les lapsus. J’ai appris à me laisser imprégner par le discours de l’autre et à entendre comment il raisonnait en moi.

Cet apprentissage par l’intériorité est un long cheminement où la distinction des significations sociales et des significations psychiques passe par un travail théorique et psychique. Si les concepts sont des repères précieux, les modes de pensée institués, les valeurs et les fonctionnements psychiques orientent vers leurs propres logiques le travail de recherche. Il m’a fallu accepter par moments de ne pas avancer dans cette recherche pour avancer dans ma propre formation afin de me doter des outils nécessaires, tout en étant vigilant à ne pas rester dans une situation d’apprenant qui me protègerait de la confrontation au matériel et à l’autre.

La dimension social-historique m'a amené à rechercher la construction des significations imaginaires et les représentations sociales qui leurs sont attachées : dans un 1er temps, sur un corpus de l'UNAPEI, puis je suis remonté dans l'histoire à la création de ces associations vers 1950. Je me suis intéressé aux conditions sociales qui ont permis l'émergence de ces premières associations et notamment les mouvements familiaux de cette période. A la politique familiale sous Vichy a suivi la création des UNAF à la fin de la guerre. Je me suis rendu compte que l'on ne pouvait pas comprendre les créations de ces associations de parents d'enfants handicapés en dehors du mouvement familial plus large. Etre parent d'un enfant handicapé s'inscrit dans l'être parent d'un enfant, dont une particularité est celle du handicap. Les circonstances psychiques étaient en parties déterminées par les conditions sociales, économiques, historiques. J'ai rencontré des fondateurs et des militants de ces premières associations, mêlant les sources cliniques aux sources historiques. Je me suis ainsi déplacé à Lyon pour rencontrer un fondateur de l'association Lyonnaise qui s'est créée en 1948. Mes hypothèses d'alors liées au milieu catholique à l'origine des associations, dont j'ai trouvé la confirmation dans plusieurs écrits historiques, m'ont fait m'intéresser au catholicisme social. La trajectoire des hommes se mêlait à l'histoire sociale. J'ai ainsi pu croiser des trajectoires

individuelles et des faits sociaux. En cherchant dans l'histoire les moments de création des significations imaginaires, je me suis intéressé aux XVIIIe et XIXe siècle, périodes de la construction de la famille moderne. Ses liens avec l'industrialisation, le besoin de main d'œuvre stable pour le bon fonctionnement des usines, la mise en place d'un capitalisme me renvoyait à l’une des significations imaginaires sociales principales selon Castoriadis : l'expansion illimitée et la maîtrise sur les hommes. La dimension sociale me renvoyait à la dimension psychique : le désir de maîtrise par ses parents de leur enfant handicapé, en lien avec leur représentation de l’autonomie.

La souffrance dont les parents faisaient état dans les entretiens a également fait l’objet de recherches historiques et sociales me permettant de dépasser la seule dimension psychique individuelle et d’ouvrir celle-ci à ses aspects sociaux.

Je me suis enthousiasmé pour l’hypothèse de la création de la souffrance par les auteurs romantiques du siècle des lumières. Cette littérature des XVIIe et XVIIIe siècles m’a ainsi apporté quelques clés de compréhension sur les affects qui apparaissent sous une forme et une coloration nouvelles à ce moment là, dans la façon dont ils peuvent être exacerbés et ramenés à l’individu. Création imaginaire de cet affect où la souffrance côtoie des aspects masochistes. Je me suis rendu compte qu’il me faudrait explorer la littérature romantique et les significations imaginaires sociales de cette période, ce qui dépassait largement le cadre de cette thèse.

La souffrance intergénérationnelle

J’ai été confronté à la souffrance des sujets que j’ai rencontrés, souffrance du parent mais souffrance également des enfants que j’ai très peu vus. Si l’objet de cette recherche concerne les parents, il m’est apparu que leurs enfants étaient très présents dès le départ dans la détermination de mon objet. C’est la souffrance des personnes que je côtoie journellement dans mon travail qui m’a conduit à cet objet. Souffrances d’enfants ou d’adultes que je voyais « en manque » de parents et qui m’a conduit aux souffrances de parents « en manque » d’enfant. Cette relation entre un enfant ou un adulte handicapé et ses parents est marquée, de part et d’autre, par le manque. Le handicap, signifiant de ce manque, passe de l’un à l’autre. L’un en est porteur, l’autre a du mal à se défaire d’en être l’initiateur. La souffrance n’est pas un objet de cette recherche, mais elle a été présente. Tous les parents en ont parlé, souvent avec pudeur.

La double figure du mythe

La rencontre et les échanges avec celui qui a été à l’initiative de la 1ère

association de parents d’enfants handicapés mentaux à Lyon en 1949, Monsieur Perret Gayet, est également un temps fort de cette thèse, tant sur le plan de l’objet que sur le plan personnel et contre- transférentiel.

Cette rencontre avec ce « mythe vivant », celui présenté dans l’histoire du mouvement des associations de parents d’enfants handicapés, comme le 1er

père qui a eu l’idée d’une telle association, m’a permis de comprendre comment le mythe prend appui dans l’histoire

individuelle. Le mythe de ce 1er père faisait écho avec le mythe du père en moi. Le mythe raconte une autre histoire, il s’enracine dans l’inconscient individuel et il devient mythe dans le collectif. Là est sa force. Une fois levé cet obstacle par l’analyse d’un acte manqué, (un enregistrement d’un entretien qui ne fonctionne pas), obstacle phantasmatique pour moi et obstacle scientifique pour la recherche, j’ai pu aller vers davantage d'intériorité de cette parentalité avec les parents que j’interviewais et ouvrir sur des hypothèses d'agencements, de modalités, non encore formulées.

C’est à cette période que je me suis éloigné du concept d’identité, jusqu’ici central pour approcher ce « être parent d’un enfant handicapé » dans sa construction interne et externe. Je me suis orienté vers la notion de signification qui m’a semblé aller plus loin, approfondir, rendre beaucoup plus compréhensive cette parentalité.

L’implication professionnelle peut être un atout pour une recherche si cette implication est mise au travail dans ses différentes dimensions et tout au long de la recherche. Elle aide et participe à la déconstruction de l’objet dans ses dimensions psychique et sociale et montre l’intérêt d’une épistémologique clinique.

Ce travail participe également de la formation du chercheur en lui permettant de comprendre les ressorts de son implication, de ses représentations professionnelles et personnelles ainsi que l’imaginaire social qui les soutient.

3.2. Les hypothèses

L’objet de ma recherche m’a conduit à préciser les notions de bon parent et de responsabilité individuelle et de les situer dans le contexte social-historique et idéologique de la famille.

J’ai exploré les significations imaginaires du handicap dans l’histoire et dans les sociétés moins occidentalisées que la nôtre ainsi que les réponses sociales apportées.

L’observation de la conjonction du bon parent responsable et la mise en évidence des représentations du handicap m’ont orienté vers une exploration de la représentation de la parentalité du parent d’enfant handicapé dans sa construction psychique et sociale. Cette perspective me permet de poser un certain nombre d’hypothèses dans les registres psychique, social, organisationnel.

Le parent d’enfant handicapé mental apparaît en effet comme le lieu de tensions entre des significations psychiques et l’imaginaire social. Les approfondissements de la thèse, nourris par mes approfondissements professionnels se donnent pour objet d’examiner de plus près le sort et le destin de ces tensions, de quelles manières elles entrent en contradiction, pour quelles constructions identitaires individuelles et collectives.

Je pose comme postulat que le sujet parent d’un enfant handicapé cherche dans les significations imaginaires ce qui fait de lui un bon parent responsable.

Il doit se construire avec :

- la composante imaginaire monstrueuse du handicap,

- la composante pulsionnelle (les pulsions agressives vis-à-vis de l’objet) - la composante affective (l’investissement de l’objet)

- la composante généalogique (la transmission)

- la composante culturelle (le handicap comme causalité d’une faute)

Nous avons vu la double fonction de l’imaginaire social : valoriser un objet en l’associant à un ensemble de valeurs et masquer par mesure défensive des phantasmes redoutés. (Giust- Desprairies, 2003b).

Je pose l’hypothèse que le bon parent et l’enfant éternel représentent ces objets valorisés.