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Chapitre 1 : L’adoption des médias sociaux par les membres des

1.3 L’étude du changement dans la police et la théorie de la diffusion de l’innovation

1.3.3 L’impact d’une innovation

Finalement, selon la Théorie de la diffusion de l’innovation (Rogers, 2003), l’arrivée d’une innovation n’est jamais totalement négative ou positive. Par exemple, Wellman et Rainie (2012), abordant le nouveau système social créé par l’avènement des nouvelles technologies, soulignent que les nouvelles façons de communiquer par le biais des MS offrent de nouvelles opportunités, mais également de nouveaux défis pour les citoyens. Cette technologie permet aux individus de rencontrer des personnes ayant des intérêts communs qu’ils n’auraient pas été en mesure de rencontrer sans les outils informatiques disponibles.

Dans des contextes de situation de crise ou de besoin particulier, il est maintenant possible pour ces derniers de solliciter l’aide de ce réseau créé sur mesure par chacun. Ainsi, le réseau de soutien des individus qui se trouvait autrefois concentré sur la famille et le quartier peut maintenant être plus diversifié. Par contre, pour profiter des avantages que peut offrir cette révolution technologique, il est nécessaire d’intégrer des connaissances reliées à l’utilisation des technologies et d’investir du temps dans le développement de son réseau social. Ainsi, les innovations offrent des opportunités ou bénéfices pouvant être considérés comme des avantages, mais également comme des conséquences négatives.

Cette position est également soutenue par Rogers (2003), qui mentionne que les conséquences d’une innovation correspondent aux changements qui se produisent sur un individu ou un système social à la suite de l’adoption ou du rejet d’une innovation, ces changements pouvant tout autant être positifs que négatifs. Par le fait même, ce dernier mentionne que l’innovation n’est en fait qu’un outil permettant d’atteindre certaines fins pouvant notamment constituer une amélioration des pratiques et une réponse aux besoins des membres des organisations. Par exemple, adopter les MS dans les pratiques policières trouve son intérêt dans les objectifs qui sont recherchés par cette intégration. Par contre, ce dernier soulève que, malheureusement, les agents qui prennent en charge l’intégration d’une innovation accordent souvent beaucoup d’importance aux possibles bénéfices pouvant être atteints par l’adoption d’une innovation, tout en accordant peu d’importance aux possibles conséquences négatives. Par le fait même, il soulève qu’il est important de se questionner sur les possibles effets de l’adoption d’une innovation.

Afin d’analyser les conséquences provoquées par l’adoption ou le rejet d’une innovation, il propose d’analyser trois dimensions de chacune des conséquences. Dans un premier temps, chacune de celles-ci peut être classifiée comme étant désirable ou non désirable. Ce qui est fonctionnel est une conséquence désirable alors que ce qui est non fonctionnel est une conséquence non désirable. Cette classification peut fortement varier selon que l’on se réfère à une personne ou une autre, ainsi que selon qu'on décide de centrer l'analyse sur un groupe d’acteur restreint ou plus large. Par exemple, l’avènement des nouvelles technologies de communication permet à certains d’entrer plus facilement en

communication avec plus d’individus. Par contre, pour quelqu’un ayant de la difficulté à comprendre le fonctionnement des nouvelles technologies, l’avantage n’est pas présent et au contraire, il peut en résulter un désavantage dû à l'écart créé par ce manque de capacité à se servir comme les autres de ces outils. Ce dernier souligne également qu’il existe parfois une fausse croyance à l’effet qu’il est possible d’obtenir les avantages d’une innovation sans être affecté par les désavantages, or il soutient que ces deux composantes vont de pair.

Dans un second temps, cette même conséquence peut être catégorisée comme étant un effet direct ou indirect de la diffusion de l’innovation. Les conséquences directes sont les changements qui surviennent auprès des individus ou des systèmes sociaux et qui découlent directement de l’adoption d’une innovation. Par contre, considérant que les individus gravitent dans un environnement où plusieurs éléments sont interreliés, ces premières conséquences directes peuvent entraîner également d’autres changements, ce qui sera considéré comme étant une conséquence indirecte. Par exemple, dans le cadre de l’adoption d’une innovation dans une organisation, il est possible que la structure de cette dernière subisse des modifications afin de mieux s’ajuster à son intégration, ou encore que les acteurs modifient leurs pratiques. Des postes spécifiques pourraient être créés ou les tâches d’un poste pourraient être altérées. Indirectement, la création de ces postes spécifiques pourrait diminuer la proximité qu’ont certains membres entre eux et diminuer leur collaboration sur certains aspects.

Finalement, suivant une perspective d’étude plus rétrospective, chacune des conséquences pourra être catégorisée comme ayant été anticipé ou non. Lorsqu’une innovation est proposée, il est possible d’envisager plusieurs conséquences possibles. Par contre, considérant la difficulté de saisir l’ampleur de l’interdépendance des éléments d’un système, il survient également que plusieurs conséquences, principalement les conséquences indirectes et survenant après une certaine période de temps suivant l’adoption de l’innovation, ne soient pas envisagées par les agents de promotion de l’innovation et les potentiels utilisateurs.

Bien que Rogers (2003) souligne l’importance d’analyser les possibles conséquences de l’adoption ou du rejet d’une innovation, il convient qu’il peut être difficile de mesurer ces éléments et, surtout, de les prédire. Ces conséquences, pouvant difficilement être mesurées par quelques questions, nécessitent généralement des entretiens plus approfondis. Il arrive

d’ailleurs que ces conséquences prennent un certain temps avant d’être visibles. De plus, ce qui est souhaitable ou non souhaitable comporte un aspect subjectif. Finalement, il peut être difficile de départager les facteurs qui déterminent si une conséquence provient d’une innovation ou de d’autres éléments. Il fournit d’ailleurs l’exemple de l’utilisation d’un nouveau produit fertilisant et du changement de la température et des précipitations. Un effet positif sur la production d’un produit agricole pourrait tout autant résulter du changement des conditions météorologiques que de l’utilisation du nouveau produit. Finalement, soulignons que les conséquences d’une innovation couvrent un spectre très large et peuvent tout autant être économiques, sociales qu’environnementales.

En somme, le processus de ’adoption d’une innovation proposé par la Théorie de la diffusion de l’innovation chez un individu se trouvant dans une organisation, présenté à la figure 5, reprend intégralement les trois principaux objectifs des recherches sur le changement dans les organisations policières.

Au cœur du processus, on retrouve l’adoption d’une innovation et la description de ses caractéristiques. Une fois l’innovation détectée la perception de cette innovation et des éléments organisationnels devraient permettre d’expliquer pourquoi une innovation est plus ou moins adoptée. Finalement, le processus soutient que l’adoption de l’innovation devrait entraîner un impact sur les pratiques. Ainsi, ce modèle semble approprié pour conceptualiser les dimensions reliées à la recherche portant sur l’adoption d’une innovation en milieu policier.

1.4 L’adoption des médias sociaux par les membres des