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Influence des facteurs sur le niveau d’adoption des médias sociaux

Chapitre 2 : Méthodologie

3.1 Portrait descriptif de l’adoption des médias sociaux

3.2.3 Influence des facteurs sur le niveau d’adoption des médias sociaux

La présente section présente les résultats des tests de régressions linéaires multiples effectués, ces tests ayant pour objectif d’observer l’influence des facteurs sur le niveau

d’adoption des MS chez les répondants. Le premier modèle explicatif réalisé regroupe l’ensemble des répondants, sans distinction des groupes d’acteurs. Les trois modèles suivants portent respectivement sur le sous-groupe des patrouilleurs, des analystes et des enquêteurs. Les quatre modèles obtenus pour expliquer la variation du niveau d’adoption des MS sont présentés au tableau X.

Tableau X. Influence des facteurs sur le niveau d’adoption des médias sociaux Modèle 1 Général (n=177) Modèle 2 Patrouilleurs (n=47) Modèle 3 Enquêteurs (n=42) Modèle 4 Analystes (n=67) Avantage relatif -0,01 -0,01 0,24 0,06 Compatibilité 0,20** 0,49** 0,14 0,02 Complexité -0,13 0,01 -0,15 -0,28* Connaissance des règles 0,08 0,21 0,16 -0,10 Incitation des supérieurs 0,08 0,21 0,03 0,18 Spécialisation MS 0,33*** 0,34* 0,46*** 0,44*** Type d’acteur Patrouilleur -0,22** - - - Enquêteur 0,02 - - - Analyste - - - - Gestionnaire -0,27*** - - - Âge 0,08 0,04 0,09 0,12 R2 35% 29% 48% 30% F 8,74*** 2,23** 4,54*** 3,60** * = p<0,05; ** = p<0,01; *** = p<0,001

Le premier modèle regroupant les 177 participants permet d’expliquer 35% de la variation de l’utilisation de l’outil. Les variables qui ressortent comme ayant la plus grande influence sont : la « spécialisation » (Beta=0,33, p<0,001), le fait d’être gestionnaire par rapport au fait d’être analyste (Beta=-0,27, p<0,001), le fait d’être patrouilleur par rapport au fait d’être analyste (Beta=-0,22, p<0,001) et la perception de la compatibilité des MS avec les besoins et les pratiques précédents (Beta= 0,20, p<0,01).

Dans ce premier modèle, le fait d’occuper un poste attitré aux MS est le facteur ayant le plus grand influence sur le niveau d’adoption de l’outil. Le deuxième facteur est également

organisationnel. Le fait d’occuper un poste de patrouilleur ou d’être gestionnaire comparativement à avoir un poste d’analyste diminue le temps consacré à l’outil. Par contre, la perception de l’innovation, plus particulièrement la perception de la compatibilité de l’outil a également une influence.

Quant au modèle spécifique au groupe des patrouilleurs, ce dernier est également significatif, mais permet uniquement d’expliquer 29% de la variation de l’utilisation de l’outil. Dans ce modèle, la perception de la compatibilité perçue (Beta=0,49, p<0,01) a un poids relatif plus important que la spécialisation (Beta=0,34, p<0,05).

Cette seconde analyse contraste avec la précédente. Alors que les facteurs organisationnels dans le 1er modèle prennent une place des plus importantes dans la décision

de l’individu, pour les patrouilleurs c’est avant tout la perception de la compatibilité de l’outil qui incite à utiliser plus ou moins l’outil. Le fait d’occuper un poste de spécialiste aura une influence également, mais en second lieu. Ainsi, au-delà des décisions organisationnelles relative à l’utilisation des MS, ces acteurs ayant un grand pouvoir discrétionnaire dans leurs actions tel que soulevé par plusieurs recherches sur la police, prendront la décision de l’adopter non pas principalement parce qu’ils occupent un poste spécifique, mais plutôt parce qu’ils y voient un nouvel outil pouvant répondre à leurs besoins et compatible avec leurs pratiques précédentes.

Dans le modèle créé pour le groupe des enquêteurs, la « spécialisation » est la seule variable ayant une d’influence sur le niveau d’adoption des MS (Beta=0,46, p<0,001). Quant à la proportion de la variance expliquée par ce modèle, soit 46%, elle représente la plus grande jusqu’ici.

Encore une fois, ce modèle contraste avec le précédent, soit celui des patrouilleurs. Leur perception des MS n’influence pas leur niveau d’adoption de l’outil. En fait, la seule variable ayant une influence sur ce niveau d’adoption est le fait d’occuper un poste spécifique. Alors que pour les patrouilleurs l’adoption viendrait principalement de leur propre initiative, cette adoption semble plus encadrée d’un point de vue organisationnel que pour le groupe des patrouilleurs.

Pour le quatrième modèle, soit le groupe des analystes, les facteurs introduits permettent d’expliquer 30% de la variation du niveau d’adoption des MS par un membre de ce groupe. La perception de la complexité (Beta=-0,28, p<0,05) et le fait d’occuper un poste se spécialisant dans les MS (Beta=0,44, p<0,001) influencent de façon significative l’adoption plus ou moins élevée des MS chez un individu.

Tout comme pour le modèle précédent, la variable organisationnelle du poste est celle qui a le plus grand impact sur le niveau d’adoption de l’outil. Par contre, contrairement au groupe précédent des enquêteurs, la perception de l’outil et plus précisément le fait de percevoir que l’outil est complexe influence négativement le choix de l’individu d’utiliser les MS.

Les observations précédentes proposent que l’adoption des MS, chez les membres des organisations policières du Québec, s’appuie sur certaines décisions organisationnelles, soit de créer des postes spécifiquement attitrés à l’outil, mais également sur des décisions individuelles. La perception positive de l’innovation chez l’ensemble des membres pourrait entre autres expliquer pourquoi les MS ont été adoptées par la grande majorité des membres des organisations policières, et ce, même lorsque ces derniers ne sont pas attitrés à des postes spécifiquement attitrés à l’outil.

Ces résultats soutiennent qu’il est important d’évaluer les facteurs explicatifs pour chaque groupe d’acteurs, puisque ce ne sont pas les mêmes variables qui ressortent comme ayant une influence dans chacun des modèles. Pour les enquêteurs et les analystes, la création de postes spécifiquement reliés à l’utilisation des MS permet d’expliquer une importante variation du niveau d’adoption de l’outil, alors que pour les patrouilleurs, cette variation du niveau d’adoption résulterait principalement d’un élément relié à la perception des MS, soit la perception de la compatibilité de l’outil avec les besoins et les pratiques antérieures.

De plus, l’ensemble de ces résultats permet d’observer que pour chacun des modèles, le niveau d’adoption des MS plus ou moins élevée s’explique généralement par des facteurs organisationnels, mais également par la façon dont les répondants perçoivent l’outil. Dans chacun des modèles, sauf celui des enquêteurs, au moins un facteur relié à la perception des MS permet d’expliquer la variation du niveau d’adoption des MS. Dans le premier modèle,

incluant l’ensemble des participants, ainsi que dans le modèle des patrouilleurs, c’est la perception de la compatibilité qui ressort comme ayant une influence sur le niveau d’adoption des MS (Beta=0,20, p<0,01; Beta=0,49, p<0,01) alors que dans le modèle des analystes, c’est la perception de la complexité qui explique en partie la variation du niveau d’adoption de l’outil chez les répondants (Béta=-0.28, p<0,01).

Ces observations concordent avec la théorie de la diffusion de l’innovation voulant qu’une partie importante de l’adoption d’un outil relève de la perception de l’innovation par les potentiels utilisateurs. De plus, elles permettent de soutenir que l’adoption actuelle des MS par les membres des organisations policières du Québec n’est pas totalement déterminée par le choix des organisations, mais également par un aspect subjectif de chacun de membres. Finalement, ces résultats soutiennent que l’adoption des MS par chacun des types d’acteurs ne résulte pas des mêmes éléments.