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L’impact du contexte éducatif en Chine sur la mobilité des étudiants chinois

2.3 Les conditions politiques, sociétales ou familiales favorables de la mobilité internationale des étudiants chinois

2.3.3 L’impact du contexte éducatif en Chine sur la mobilité des étudiants chinois

Histoire du système éducatif en Chine :

Depuis la dynastie de Hans (206 avant. J.-C. à 220 après J.-C) la place de l’éducation a toujours été importante. C’est par l’éducation que les cinq vertus morales les plus importantes se transmettent : ren (la bienveillance), yi (la droiture), li (la bienséance), zhi (la sagesse), xin (la loyauté). Le pouvoir impérial a relié la religion, à l’enseignement, au savoir et à la morale dans un système unique servant ses propres intérêts (Grenier et Belotem-Grenier, 2006).

Le but essentiel et donc politique de l’éducation est de cultiver la morale, l’obéissance, la fidélité à l’empereur. Le concours du mandarinat, unique dans l’histoire du monde a duré de

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605 jusqu’en 1905. L’essentiel de la réussite du concours résidait dans l’apprentissage par cœur des valeurs morales et sociales. Cinquante ans après la prise du pouvoir de Mao Zedong, l’éducation a des objectifs semblables. L’État souligne qu’elle doit être au service de la politique prolétarienne. Elle doit également accompagner de travail des paysans dans le champ (Grenier et Belotem-Grenier, 2006).

En 1952, certaines universités privées ou financées par les missions étrangères sont transformées en universités publiques. En tant que pays communiste, la Chine fait référence au modèle soviétique dans la construction des universités. La majorité des diplômés de l’enseignement supérieur obtiennent un emploi dans les entreprises collectives à l’issue de leurs études (Grenier et Belotel-Grenier, 2006).

Dans les années 1950, toute une série d’applications politiques a pour objectif de supprimer la notion de classe dans la société, où la richesse est partagée de manière égalitaire (Chassin, 2011). L’événement le plus important est la révolution culturelle (1966-1976) (lancée par Mao, pour renforcer son pouvoir). Selon Mao, pour consolider le régime socialiste, il faut liquider l’idéologie bourgeoise et restaurer la primauté du rôle ouvrier. Soutenus par l’armée populaire de libération et composés majoritairement par les étudiants et les lycéens, les « gardes rouges » (sélectionnés par leur conduite politique et par leur origine sociale, notamment les enfants des paysans) encouragent les activités de révolution culturelle (notamment combats des opposants à la pensée du président Mao et construction d’une société égalitaire) (Fiorina, 2013). Pendant dix ans (1966-1976), l’éducation est considérée comme un stimulateur de l’idéologie bourgeoise. Les examens d’accès aux universités sont annulés (Fiorina, 2010).

La prise du pouvoir du Parti Communiste en 1949 a fait disparaître les propriétaires fonciers et les bourgeois. Ils n’existent pas en tant que groupe social de façon plus ou moins violente. En 1952, la discipline de la sociologie a été supprimée et la psychologie sociale, l’anthropologie sociale et la démographie ont été également retirées du programme d’enseignement dans les universités (Roulleau-Berger, 2008). Cette interdiction a duré jusqu’en 1978 (Li et al, 2008). La révolution culturelle a donc gelé l’enseignement supérieur dans la société pendant une dizaine d’années. En 1977, le système du baccalauréat a été rétabli. 5,7 millions de Chinois se présentent et seulement 273 000 ont été pris, soit un taux d’admission de 4,8 %. C’est-à-dire qu’un candidat sur vingt pouvait continuer les études supérieures. Une fois acceptés dans l’enseignement supérieur, les étudiants bénéficient non seulement de la gratuité totale, mais aussi d’une petite bourse et bien sûr, à l’issue des études, d’un emploi dans une entreprise d’État. À ce moment-là, travailler dans une telle entreprise était considéré comme particulièrement honorable (Grenié et Belotel-Grenié, 2006).

En 1978, la politique de réformes et d’ouverture est lancée par Deng Xiaoping tout d’abord dans les campagnes puis dans les villes. Le développement de l’économie de marché a totalement modifié le paysage de l’enseignement supérieur. Le développement des secteurs privés en service et de l’industrie crée alors le besoin d’avoir des personnels efficaces et productifs. Par conséquent, les établissements supérieurs se développent rapidement pour former des étudiants capables de répondre aux besoins du marché du travail (Liu, 2012). Après la réouverture des universités et le rétablissement des examens d’entrée, ceux qui sont autorisés à poursuivre les études supérieures sont les « élus heureux ». À l’issue des études, les diplômés occupent souvent des postes importants dans les secteurs privés ou des postes de hauts fonctionnaires. Beaucoup d’étudiants, originaires des souches sociales défavorisées ont alors

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changé radicalement leur statut social grâce à l’accès dans l’enseignement supérieur (Chassin, 2011).

Depuis, plusieurs lois marquent les réformes importantes dans l’histoire éducative : l’article 19 de la Construction de 1982 souligne que « l’État développe l’éducation socialiste pour élever

le niveau culturel et scientifique de tout le peuple ». Cette loi s’appuie sur le fait que l’éducation

doit être au service de la modernisation socialiste. En même temps, les enseignements privés sont autorisés : « L’État encourage les organisations de l’économie collective, les organisations

des entreprises et des institutions de l’État, ainsi que d’autres forces de la société à créer […] des œuvres d’éducation de tout genre » (Grenier et Belotem-Grenier, 2006).

La loi sur l’instruction obligatoire15 de 1986 a porté la durée de scolarité obligatoire à neuf ans

(six ans de primaire et trois ans de collège). La scolarité était alors gratuite pour les familles. Tout en réaffirmant cette obligation, la nouvelle loi sur l’éducation16 promulguée en 1995 a décentralisé la gestion de l’éducation et institué la possibilité, pour les établissements d’enseignement, de prélever des droits de scolarité. En parallèle, des formations professionnelles ont été développées notamment dans les zones rurales pour former les catégories de populations les moins favorisées (les chômeurs, les handicapés, les femmes aux foyers, etc) (Froissart, 2003). La généralisation de l’enseignement obligatoire a été un premier pas vers la massification de l’instruction de base (Xing, 2004). Depuis 1995, le taux de scolarisation en primaire et en collège a augmenté régulièrement. En 2004, 85 % de la population a suivi l’éducation obligatoire. Le taux d’illettrisme de la population âgée de 15 à 50 ans est de 4 %, sachant que ce chiffre était de 10,32 % en 1990 (Grenier et Belotem-Grenier, 2006). En 2012, le taux d'alphabétisation des jeunes (15-24 ans) a atteint 99.8 % et le taux net de participation à l'école primaire a atteint 99,8 % (Perspective Monde, 2019, source : QuandI). Désormais, le système éducatif est construit ainsi : l’enseignement préscolaire est non obligatoire pour les enfants de plus 3 ans (durée de trois ans). Il est obligatoire pour les enfants de 7 à 15 ans. L’enseignement secondaire du 2e cycle (lycée) pour les jeunes de 15 à 18 ans se subdivise en formation générale (trois ans) et est accessible sur concours pour les formations spécialisées, professionnelles ou techniques (trois à cinq ans).

15 Voir : http://www.china.org.cn/government/laws/2007-04/17/content_1207402.htm 16 Voir : http://www.china.org.cn/english/education/184669.htm

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Tableau 5 : Structure du système éducatif chinois

L’enseignement supérieur au-delà de 18 ans est assuré, soit dans des établissements supérieurs d’enseignement général (instituts ou universités) délivrant des formations courtes dazhuan (trois ans) et des Licences générales benke (quatre ans) ouvrant à des Masters (trois ans) puis à des Doctorats (trois ans), soit dans des instituts supérieurs techniques et professionnels délivrant des formations courtes (deux à trois ans). À l’université, le passage de Licence en Master, tout comme celui de Master en Doctorat, est conditionné par la réussite d’un concours très sélectif. Un important secteur de formation pour adultes est présent au niveau secondaire et supérieur. Ainsi, nous constatons une chute considérable du nombre d’établissements sous la tutelle directe de l’État. En 2016, sur un nombre total de 2 595 établissements supérieurs, seulement 118 sont attachés du Ministère de l’Éducation (Agence d’éducation de Chine, 2017).

Comparée avec la France (Voir annexe 1), l’obligation de scolarisation est plus tardive en Chine (après 1949). En France, l’obligation et la gratuité de l’école élémentaire ont été établies en 1881 par les lois Ferry17. En 1959, la réforme Berthoin18 a allongé la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans (Allouch, 2017).

En outre, une des caractéristiques importantes des réformes de l’éducation est la décentralisation. La loi de 1986 vise à élargir les sources de financement aux échelons administratifs locaux. Par exemple, les villes financent les collèges, les écoles primaires sont gérées par leurs communes et les universités sont contrôlées par les régions. Les universités ont acquis le droit de gérer leurs ressources humaines et financières. Elles sont autonomes sur le contenu des formations, les échanges avec les autres universités et le recrutement des étudiants. Grâce à la décentralisation de la gestion des universités, le recrutement des enseignants est fondé sur leur qualification académique, mais aussi et surtout sur leur affiliation politique (Fourmeau, 2010). Qui plus est, de nombreuses universités et instituts ont effectué des

17 Art.1 : « Il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques, ni dans les salles d’asile publiques.

Le prix de pension dans les écoles normales est supprimé », (Journal Officiel de la République Française, 1881).

18 Decret N°59-57 du 6 janvier 1959 : « L'ordonnance affirme, en premier lieu, le principe, applicable à longue échéance, de

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restructurations disciplinaires et du cursus pour mieux s’adapter au contexte régional et au développement économique et social depuis les années 1980 (Xie, 2008).

En 1988, le nombre d’universités chinoises était de 1 075, sachant qu’en 1979, il était de 633 ; elles sont aujourd’hui près de trois mille. Malgré cette augmentation du nombre des établissements supérieurs, leurs performances restent médiocres. Dans les années 1980, on comptait en moyenne entre 10 et 12 étudiants par enseignant dans les universités du monde mais ce ratio était de seulement 4 pour 1 en Chine. Le nombre d’heures hebdomadaires de cours donné par chaque enseignant dans les pays de l’aire Asie-Pacifique est de 9 à 12 heures contre 4,8 heures en Chine. De plus, le contenu des formations est très limité et très spécialisé, les autorités fixent le contenu des enseignements et d'autres modalités. Certaines universités sont bien trop petites, avec trop peu de filières proposées. Enfin, les gaspillages importants ont donc été constatés ainsi que des erreurs de gestion : trop d’enseignants et pas assez d’étudiants, équipements et matériel jamais utilisés, etc (Grenié et Belotel-Grenié, 2006).

La planification en éducation n’a pas été capable de répondre au besoin de la société.

« Répondre aux aspirations du public », « répondre aux besoins en mains-d'œuvre » devient

alors deux enjeux fondamentaux de plus en plus pressants. La décentralisation administrative et financière permet aux universités de créer leur propre programme d’enseignement qui est plus adapté aux besoins du marché de travail. Si pendant la période de Mao, l’enseignement sert à supprimer la notion de classe et est considéré comme un outil politique, il est moins vrai après la réforme d’ouverture. Pour autant, encore de nos jours, il est moins orienté sur l’acquisition de savoirs et de compétences, mais est un outil pour transférer les valeurs morales et sociales. Là encore, l'expérience chinoise est originale, à la fois capitaliste dans son fonctionnement et communiste dans son orientation, à la fois moderne dans ses techniques et traditionnelle dans son état d'esprit. Malgré l’abandon du système mandarinat depuis plus de cent ans, le système éducatif s’appuie toujours très fortement sur les examens. Le rôle du diplôme et de l’examen est si important qu’il en devient comme sacralisé. L’économie du marché a créé le besoin de main-d’œuvre qualifiée pour renforcer la compétitivité au plan international. Le contenu de formation est obligé de s’adapter aux demandes actuelles. Cela n’empêche pas que l’étude du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong figure toujours en bonne place dans le contenu de l’enseignement (Grenier et Belotem-Grenier, 2006). À partir de 1986, la réforme des structures des études supérieures commence à opérer. Mais c’est depuis 1993 que l’État chinois décide de convertir les universités à l’économie de marché. Autrement dit, dès 1993, les universités ne sont plus gratuites. La conception de l’économie de marché s’est ancrée petit à petit (Zhang, 2008). La société est de plus en plus marquée par la compétition et par la marchandisation. À partir de 1996, les droits d’inscription sont généralisés. Ils représentent l’équivalent de 20 % à 25 % du budget des universités. Les frais d’inscription pour une année d’études varient de 4 000 à 5 000 rmbs par an (équivalent de 500 à 625 euros). Sachant que cette somme est déjà très lourde pour les étudiants issus de classes sociales défavorisées, soit un sur trois à l’université (Zhang, 2008). De plus, les frais d’inscription sont bien plus élevés pour les formations scientifiques ou informatiques, justement celles qui ouvrent la meilleure possibilité d’emploi (Grenié et Belotel-Grenié, 2006).

Depuis la généralisation des droits d’inscription, le pourcentage de chaque cohorte admis à l’université augmente très rapidement, passant de 9,8 % en 1998 à 19 % en 2004 et à 81 % en 2018 (Statistiques de l’Agence d’Éducation Nationale). L’enseignement supérieur chinois s’est donc démocratisé (Ye, Ding, 2015). L’année 2008 enregistre le plus grand nombre de candidats

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au bac de l’histoire de la Chine (10,5 millions). De 2000 à 2014, le nombre de diplômés est passé de 1,07 million à 7 millions (Yang, 2014). Il faut toutefois noter que l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits à l’université n’est pas linéaire avec celle du nombre établissements supérieurs. En 2004, le nombre établissements supérieurs est presque comparable à celui de 1994 (environ 1 022 établissements supérieurs nationaux et régionaux), mais le nombre d’étudiants en 2004 a été multiplié par 4,6 (Zhang, 2008). Mais l’augmentation rapide du nombre d’inscrits dans les universités ne s’est pas accompagnée d’une amélioration de la qualité d’enseignement supérieur. De nombreux instituts provinciaux ont pris le nom d’université sans pour autant améliorer la qualité d’enseignement (Ye, Ding, 2015). Qui plus est, le plagiat, les trafics de diplôme, la qualification insuffisante des enseignants, la corruption sont souvent des problèmes constatés dans des universités. La Chine est à la fois caractérisée comme étant un des pays les plus peuplés, mais aussi par sa pauvre ressource humaine. Pour qu’elle parvienne au milieu du 21e siècle à devenir une société moyennement développée, l’amélioration de niveau d’éducation des citoyens est très importante (Agula, 2012).

Les universités chinoises de nos jours :

Jusqu’en 2017, il existe quatre types établissements supérieurs : 1 854 établissements supérieurs publics (812 établissements de niveau Licence) et 1 042 de niveau zhuanke (formation plus courte que benke) ; les établissements supérieurs pour les formations d’adulte (283 publics et 1 privé) ; les établissements supérieurs privés (734) ; les établissements sino-étrangers en coopération internationale (7) (Fourmeau, 2010).

Aujourd’hui, les quatre types de sources financières des établissements supérieurs sont ainsi : « Les subventions per capita, calculées à partir d’un nombre fixé d’étudiants et versées par le

gouvernement central aux institutions relevant d’un ministère et par les gouvernements provinciaux aux autres EES; d’autres subventions étatiques (niveaux central et provincial) allouées aux universités d’excellence dans le cadre notamment des programmes 985 et 211 ; les frais de scolarité ; les revenus supplémentaires que les universités génèrent grâce aux instituts à gestion privée, à la recherche ou à d’autres activités » (Lacombe, 2017, P.3). Les

universités les plus renommées (projet 211 et 985) bénéficient de 70 % de financement alloué à la recherche par l’État (Lacombe, 2017, P.8).

Les établissements d’enseignement supérieur les plus renommés appartiennent tous aux projets 211 et 985, soit 112 universités. Toutes ces universités ont un statut spécial auprès du Ministère de l’Éducation et des gouvernements provinciaux. Elles rassemblent les meilleures compétences humaines : 80 % des doctorants, 66 % des étudiants diplômés, 96 % des laboratoires clés. Elles bénéficient de tous les soutiens financiers et académiques (Khaiat, 2016). Le Ministère de l'Éducation a créé le projet 211 en 1995. L'objectif était de développer une centaine d’universités de premier plan pour les amener au niveau mondial afin de former les personnels professionnels de haut niveau. Ces diplômés qualifiés ont pour objectif de résoudre les problèmes majeurs de développement économique. Les universités 211 reçoivent des fonds et des ressources supplémentaires dont la plupart des universités du Ministère de l'Éducation font partie (Grassin, 2014).

Un peu plus tard, le Ministère de l’Éducation a créé le projet 985 en 1998 pour accroître la capacité du pays à devenir compétitif en matière d'innovation scientifique, technologique face à la concurrence internationale. L’objectif est de créer des universités du premier niveau international grâce à des financements supplémentaires. En même temps, ces universités

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doivent pouvoir commercialiser les résultats scientifiques et technologiques obtenus, tout en étant, particulièrement réceptives aux coopérations internationales (Lacombe, 2017).

Selon le Ministère de l’Éducation, les universités sont divisées principalement en trois groupes. Les universités du 1er groupe sont les plus renommées et les diplômes qu’elles délivrent sont plus valorisés sur le marché du travail notamment les universités appartenant aux programmes de 211 et de 985 ou celles placées directement sous la tutelle du Ministère de l’Éducation. Les universités du 2e groupe sont moins renommées et situées souvent dans les villes importantes, notamment Pékin et Shanghai. Elles attirent de nombreuses demandes venant des provinces plus reculées. Celles du 3e groupe sont les moins renommées et ne dépendent pas directement du Ministère de l’Éducation. Les trois groupes d’universités offrent les formations de « Ben ke ». Ces formations durent quatre ans, visent à un diplôme de Licence (Berder, 2011).

Une fois que tous les résultats de Gaokao sont connus, chaque province fixe son barème d’entrée à l’université. Dans une province très peuplée, la concurrence est donc particulièrement sévère. Environ 10 % des étudiants parviennent à accéder au premier groupe d’université, 20 % au 2e groupe et 20 % au 3e groupe. Ainsi, environ la moitié des nouveaux bacheliers peuvent accéder à l’université. Les autres se dirigent vers les formations plus courtes. Ils peuvent également redoubler pour tenter d’obtenir l’année suivante un meilleur classement. Si le taux d’admission au premier groupe est de 10 % parmi tous les nouveaux bacheliers, cela ne concerne que 5 % de la tranche d’âge concernée. De même, les 30 % de bacheliers accédant au 1er ou au 2e groupe représentent 15 % de la tranche d’âge concernée (Fourmeau, 2010). Enfin, il existe des universités de niveau Zhuanke ou des formations professionnelles. Il s’agit souvent de cursus courts (2 ou 3 ans d’études). Elles recrutent souvent des étudiants qui n’ont pas eu une note suffisante pour accéder aux trois groupes d’universités. Le diplôme est moins qualifié. Néanmoins, certains établissements de Zhuanke demandent parfois un résultat de bac plus élevé que des universités du troisième ou même du deuxième groupe en raison d’une spécificité de leur offre de formation (apprentissage des langues étrangères rares, les formations de technologie spécifique).

Les universités du premier groupe sont bien sûr les plus demandées et leurs conditions d’accès sont les plus strictes. À l’inverse, la note exigée diminue au fur et à mesure que l’on descend dans la hiérarchie (Berder, 2011).

Inégalités des ressources éducatives en Chine :

Les ressources d’éducation se répartissent de manière inégale sur le territoire chinois. L’accès dans l’enseignement supérieur varie de 4 % à 70 % de réussite selon les régions. Ce très faible taux de 4 % de réussite concerne les petits villages isolés, tandis que le chiffre de 70 % se rencontre dans les plus grandes villes. À partir de 1998, l’État chinois décide d’augmenter de 1 % le budget dans l’éducation. Cet effort permet alors à 2,7 millions d’étudiants de réaliser leurs études entre 1999 et 2001. Malgré cela, l’augmentation de l’investissement alloué à l’éducation est moins rapide que le développement économique (Xing, 2004). Selon les statistiques de l’Agence éducative en Chine, le budget du gouvernement pour un collégien à Shanghai est 9 fois plus élévé que celui à Guizhou (une des provinces économiquement reculées) en 2015 (soit un écart de 10 256 rmb, soit 1 282 euros).

Les investissements matériels sont souvent privilégiés au détriment de l’investissement dans les ressources humaines. Comparée avec l’Inde, la Chine n’investit pas assez dans l’éducation de base. Par conséquent, cela creuse les inégalités sociales. De plus, le lieu de naissance ou le

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lieu de résidence restent des déterminants importants de la réussite scolaire (Grenié et Belotel- Grenié, 2006). Xing confirme que les inégalités en éducation se manifestent sur l’écart entre les villes et les campagnes et l’écart entre les zones est et ouest. Dans les zones reculées, les enseignants sont souvent quantitativement et qualitativement insuffisants. Face aux 55 minorités ethniques (8 % de population) en Chine qui parlent plus de 80 langues différentes et utilisent plus de 30 écritures, l’investissement de l’État est encore loin à répondre aux besoins réels. Les diplômés de minorité ethnique rencontrent souvent plus de difficultés dans la recherche d’emploi (Xing, 2009).

La scolarité est très compétitive. Les écoliers qui obtiennent leur diplôme d'études secondaires correspondent à des normes assez élevées, particulièrement dans le domaine des sciences et des mathématiques, bien que la qualité des résultats varie d'un bout à l'autre du pays. Les lycées renommés ne recrutent que les collégiens qui affichent les meilleurs résultats scolaires. Parmi ces lycées, il existe des lycées encore mieux côtés, nommés « super lycées ». Les super lycées possèdent souvent de meilleures sources d’éducation. Ils sont soutenus financièrement par l’État, souvent de manière importante. Les étudiants entrant dans les meilleures universités sont en majorité issus de ces « super lycées ». Ils se trouvent généralement dans les capitales de chaque province. Pour ceux résidant dans les zones rurales, il est très difficile d’avoir accès aux