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L’impact au niveau des entreprises touristiques

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Chapitre 2 : L’impact direct de la politique de change sur le tourisme

2.2.2 L’impact au niveau des entreprises touristiques

« En tant qu’acteur d’investissement direct à l’étranger, les entreprises feront dépendre leur

décision d’investir d’un taux de change plus ou moins favorable » (De La Rochefoucauld,

2007). En effet, ces entreprises sont considérées comme productrices des services touristiques. En revanche, elles sont grandes consommatrices d’énergie et sont exposées au risque de change depuis le flottement légalisé des monnaies.

Faisant partie d’une zone monétaire ces entreprises bénéficient d’une stabilité monétaire à l’intérieur de cette zone, par contre le tourisme est considéré comme une activité économique à des dimensions internationales d’où le rattachement aux fluctuations des autres devises principales comme le dollar, l’euro, le yen…

Parlant des entreprises au niveau international et pour éviter d’être exposées au risque de change il est indispensable qu’elles ferment leurs positions de change qui signifie : avoirs en devises équivalant aux engagements en devises.

Des nombreuses stratégies sont adhérées par les entreprises touristiques afin de minimiser le risque de change.

Le choix de la monnaie nationale comme monnaie de facturation :

Cette stratégie est surtout utilisée par les tours opérateurs au niveau international qui vendent des packages touristiques dans leurs pays. Afin d’éviter d’être exposés au risque de change, ils facturent les prestations avec la monnaie nationale de la destination, tout en mentionnant l’équivalent en monnaie nationale du marché mais qui risque de changer. Dans ce cas, c’est le consommateur de ses services touristiques qui supporte le risque de change.

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De même, il y a une autre façon de facturation, mais cette fois-ci avec la monnaie nationale du tour opérateur. Ce dernier impose sa propre monnaie sur son partenaire commercial dans le pays de destination. Dans ce cas, c’est le fournisseur des prestations touristiques qui supporte le risque de change.

Néanmoins, le partenaire commercial n’admet pas cette démarche sauf sous deux conditions :

1- Que le tour opérateur est en position de force, les avantages que l'autre partie retire de la transaction étant importants (réputation et le poids financier du tour opérateur, volume des prestations à vendre, compétitivité du prix, délais de règlements courts, délais d'exécution rapides, service ...).

2- Que le coût final soit inférieur pour l'autre partie, celle-ci anticipant une dépréciation de la monnaie nationale de l'acheteur, ou une appréciation en cas de vente.

Globalement la facturation en monnaie nationale n’apporte que des avantages en revanche, dans le tableau ci-dessous, on montrera quelques points qui peuvent être considérés comme des inconvénients :

Facturation en monnaie nationale

Avantages

• Le risque de change est inexistant : on sait le montant exact de l'encaissement dès la conclusion

du contrat.

• La facturation en monnaie nationale offre des facilités au niveau comptable. Les opérations avec

l'étranger sont comptabilisées comme des opérations nationales.

• L'entreprise peut éviter une réduction potentielle de sa marge bénéficiaire suite à une évolution

défavorable des cours de change.

Inconvénients

• Il y a transfert du risque de change sur l'autre partie, élément qui peut bouleverser le rapport de

force dans la négociation.

• La négociation peut s'avérer difficile suite à la méconnaissance du cours de la monnaie de

transaction.

•Perte potentielle liée à une évolution favorable de la monnaie étrangère qui aurait été choisie pour

le contrat.

•Une tarification en monnaie nationale est souvent accompagnée de clauses d'indexation rendant

la protection illusoire.

Tableau 6 : Facturation en monnaie nationale, les avantages et les inconvénients

Source: www.eur-export.com

La couverture au comptant :

Cette couverture est simple et efficace mais elle dépend surtout du moment de la signature d’un contrat (soit pour un investissement dans le domaine touristique à l’étranger soit pour l’achat des prestations touristiques) donc, le moment le plus favorable pour adhérer à cette méthode est quand la monnaie nationale est plus forte que la devise étrangère tout en ayant

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une tendance à baisser. Un autre facteur qui rend cette stratégie efficace est le coût de transaction nécessaire pour acheter de la devise étrangère.

Cette stratégie consiste en l’achat de la devise dont on aura besoin, dès la conclusion du contrat. Par contre, cette stratégie afin d’être utilisée nécessite de la liquidité ce qui n’est pas facilement achevable.

La couverture à terme

La couverture à terme est l’une des techniques les plus utilisées par les entreprises exportatrices, notamment les entreprises touristiques, étant donnée sa simplicité d'emploi. Elle est basée sur l’échange d'une devise ou monnaie contre une autre, sur la base d'un cours comptant fixé avec livraison réciproque à une date convenue.

Prenant l’exemple d’un tour opérateur qui conclut un contrat d’achat de devises à terme selon un cours déterminé supérieur au cours de comptant et qui prend en considération le cours à terme. Par l’application de cette méthode le TO garantit un cours de change convenable et prévu au moment de la livraison des prestations touristiques.

Couverture à terme

Avantages

• Le cours est garanti et connu dès la couverture. • Cette technique ne nécessite aucun suivi administratif.

• Cette technique se caractérise par une souplesse d'utilisation (échéance sur mesure, couverture pour de nombreuses monnaies)

Inconvénients

• Cette technique est peu adaptée aux risques aléatoires ou potentiels en raison du caractère irrévocable de l'engagement.

• Le cours garanti n'est pas négociable.

• Il est impossible de profiter d'une évolution favorable des cours de la devise.

• L'exportateur est exposé au risque de retournement du terme (cas quand l'acheteur ne paye pas)

Tableau 7 : Couverture à terme, les avantages et les inconvénients

Source: www.eur-export.com

L’option de change :

L’option de change peut être comparable à un contrat d’assurance : taux de change, montant, prime et garantie sont fixes, la prime d’assurance est un pourcentage du montant, elle est perdue par le client en cas de hausse comme en cas de baisse de la devise étrangère. En revanche, en cas de hausse de la monnaie étrangère, le tour opérateur exerce l’option et bénéficie d’une couverture illimitée. Si la monnaie étrangère baisse, il n’exerce pas cette option et achète au comptant.

71 La compensation :

« La compensation est une technique de couverture par laquelle une entreprise limite son

risque de change en compensant les encaissements et les décaissements dans une même monnaie » 42

« Compensation de flux en devises : Mode de couverture interne du risque de change par

laquelle une entreprise neutralise son risque de change. Elle se met en position fermée.

Compensation anticipée (Achats anticipés) : Modalité de la compensation basée sur l’obligation faite à l’exportateur fournisseur de pratiquer des achats dans le pays, d’y ouvrir un compte d’évidence ou compte témoin comptabilisant les achats formants un avoir de compensation qui permettra de compenser des ventes futures de l’exportateur » (Massabie-

François et Poulain, 2002).

Cette option de couverture au risque de change peut être considérée comme une partie de ce qu’on appelle le ‘Barter deal’ c’est-à-dire des échanges des biens et services entre deux entreprises ce qui est très répandue dans le domaine touristique. Ainsi, le règlement d'une créance en devise sera affecté au paiement d'une dette libellée dans la même unité monétaire. La position de change ne porte alors que sur le solde restant après calcul des flux entrant et sortant.

« Barter is a method of exchange by which goods or services are directly exchanged for other goods or services without using a medium of exchange, such as money» (O’Sullivan et

Sheffrin, 2004).

Dans cette optique, l'entreprise veille à limiter le nombre de monnaies de facturation de manière à pouvoir compenser un maximum de flux d'argent « entrant » et « sortant ». L'entreprise doit également agir sur les dates de règlement afin de disposer de suffisamment d'entrées pour payer les sorties. C’est un type de compensation bilatérale, normalement appliquée dans le cadre des ‘Barter deal’, qui est un cas particulier entre deux entreprises en relation commerciale effectuant des ventes réciproques. Afin de clarifier ce type de stratégie dans le domaine du tourisme, nous considérons le cas des hôtels et des compagnies aériennes qui normalement ont ce type d’accords. Ces derniers réservent des chambres d’hôtel pour leur équipage et leurs passagers dans une ville en dehors de leurs pays d’origine. En contrepartie, ils offrent, en échange, des sièges pour les clients et les employés auprès de cet hôtel.

42 Définition de la compensation retrouvée sur : http://www.eur-

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Ainsi, comme le montre la figure suivante, deux opérations commerciales peuvent se résumer en une seule opération :

Figure 11 : Limite des risques de change par la compensation

D’après cette opération de compensation, il est évident comment le risque des fluctuations du taux de change est limité. Alors, au lieu d’être exposé à un risque de change pour un montant de 20000$ le risque est réduit avec la réduction du flux monétaire à échanger, qui est désormais 5000$.

Par contre, cette stratégie reste limitée puisqu’elle nécessite un échange mutuel des biens et des services entre deux entreprises.

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