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L’HISTORIQUE DU VIRUS DE L’HERPES SIMPLEX :

Connaitre l’histoire du virus de l’herpès simplex, n’est pas aussi simple(x). Le mot herpès est dérivé du verbe latin « herpein », qui signifie «se glisser »,« ramper » comme le serpent ou «se déplacer lentement » caractérisant le début latent de l'infection et la propagation discrète et récurrente des lésions sur la peau[1]. Ce mot a été emprunté par Hippocrate (IVesiècle av. J.-C.) qui s’est référé le plus souvent aux règnes végétal ou animal afin de formuler les premiers termes du vocabulaire dermatologique. Il y a des siècles, le terme herpès désignait un groupe de maladies vésiculeuses, ce n'est qu'à la fin du 19ème siècle que cette affection a été classée en sous-types spécifiques dont beaucoup sont maintenant connus pour infecter les humains. Parmieux, les virus 1 et 2 de l'herpès simplex connus pour leur présentation inesthétique sur les organes génitaux et les lèvres : communément appelés «boutons de fièvre».

Bien que le sous-typage de la maladie ait eu lieu relativement récemment, des lésions associées au virus de l'herpès simplex ont été documentées il y’a des milliers d'années.

En fait, les premières descriptions des lésions semblables à celles causées par le virus de l’herpès remonte à 2500 ans avant Jésus-Christ découverte sur des tablettes sumériennes ainsi que dans l’un des plus anciens traités médicaux soit le Papyrus Ebers en 1500 av. J.-C(médecine de l’Egypte antique). Cependant personne ne sait précisément quand et par qui a été découvert le virus de l’herpès[2], [3].

Plusieurs autres faits historiques ont ensuite été rapportés dont celui l'empereur Tibère (42 av. J.-C-37ap. J.-C chef de l'empire romain de 14 à 37 après Jésus-Christ)qui a tenté de limiter la propagation de ce qui devait être l’herpès labial en proscrivant les baisers dans la Rome antique durant les cérémonies et les rituels publics en raison d'une épidémie rampante de plaies buccales qui affligent la population[4]. L'herpès a même transcendé le chef-d'œuvre littéraire anglais Roméo et Juliette de William Shakespeare (1564-1616) qui a décrit des cloques orales «ladies lips, who straight on kisses dream/ which oft the angry Mab blisters plagues / because their breat with sweetmeats tainted are…» acte 1, scène4.[5]

En 1736, John Astruc (1684-1766) , en tant que médecin du roi Louis XV, décrit pour la première fois, grâce à l’étude des prostituées sous surveillance médicale, la relation entre

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l’herpès et les organes génitaux dans son traité sur les maladies vénériennes intitulé« De Morbis Veneris»[6].

Ensuite vient Jacob Joseph von Plenck (1738—1807) obstétricien, chirurgien mais aussi botaniste austro-hongrois pour préciser la sémiologie dermatologique et marquer définitivement les débuts de la spécialité de la dermatologie. Il classe pour la première fois les maladies de la peau selon les lésions dites élémentaires en 1776[7].

Au 19ème siècle, des définitions plus rigoureuses et contemporaines de cette maladie émergent, et le terme « herpès simplex » fait son apparition[2], [8]:

En effet, Alibert Robert Willan (1757—1812) défend la nosologie dite artificielle ou morphologique et décrit de 1798 à 1808 dans son ouvrage « On cutaneous diseases » 119 dermatoses et le principe des lésions élémentaires. Le travail sera continué par son élève Thomas Bateman qui prolongera son œuvre et lancera le terme de « lésions élémentaires » en 1828. Le professeur et son apprenti sont ainsi les premiers à différencier l’herpès labial de l’herpès génital en 1808[9]. Ainsi, le willanisme qui consiste à identifier les lésions élémentaires pour d’une part faire le diagnostic des maladies de peau et d’autre part les classer va permettre d’identifier l’herpès au sens moderne du terme[8].

En 1893, le dermatologue français Jean-Baptiste Émile Vidal a suggéré la possibilité de la transmission du virus d’un individu à l’autre. Et ce n’est qu’à 1919 que Le caractère infectieux du virus a été mis en évidence par Loewenstein[2].

En 1938, Robert Doerr (1872-1952)met en évidence la production endogène de virus sous l’influence de certains stimuli. Cette découverte est immédiatement suivie par celle de Burnet et Williams qui, en 1939, publient un article décrivant les propriétés de persistance et de latence du virus de l’herpès[2].

Dans les années 1950, le développement de la culture cellulaire et l’étude du système nerveux central permet l’isolation d’autres membres de la famille des herpès virus. Cette percée met alors en évidence la capacité duvirus à causer d’autres maladies telles que les encéphalites, les kératites et l’herpès néonatal[10], [11].

En 1962, le Dr. Karl Schneweis (1925-2014) découvre le fruit de millions d’années d’évolution et révèle l’existence de deux sérotypes différents : le virus herpès simplex de type

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1 (HSV-1) qui affecte principalement la région labiale et le virus herpès simplex de type 2 (HSV-2)qui est associé aux organes génitaux[12].

Dans les années 1960 et 1970, les bases fondatrices de la recherche sur le virus herpès sont posées et des découvertes clés sont faites. Parmi celles-ci, on retrouve la caractérisation de l’architecture et de la taille de la particule virale, la description de la structure complexe du génome viral ainsi que la mise en évidence de la grande variété de protéines qui composent le virus.

On pense que le traitement de l'herpès a été développé pour la première fois dans la Rome antique par le médecin Celsius, qui a cautérisé les plaies ouvertes avec un fer chaud. En plus dans l’histoire moderne, la médecine populaire britannique décrit l'utilisation de l'or comme remède pour les boutons de fièvre, en frottant les alliances en or directement sur les lésions. En Ecosse, labave d'escargot a été utilisée pour le traitement des feux sauvages, bien que la méthodologie de son utilisation n'ait pas été explicitement décrite[1].

En 1988, le prix Nobel de physiologie et de médecine est décerné à Gertrude B.Elion pour la mise au point de l’aciclovir, premier agent antiviral efficace et facilement utilisable en clinique[7].

De l’Egypte antique à l'acyclovir, l'histoire pas si simple de l'herpès simplex n'a pas encore vu son dernier chapitre écrit : au cours des vingt dernières années, la perception des virus comme agents étiologiques a considérablement évolué. En effet, grâce à l’avènement du génie génétique, la communauté scientifique prend graduellement conscience du potentiel des herpès virus en tant qu’outils thérapeutiques. Ces virus peuvent ainsi potentiellement être utilisés comme agents prophylactiques, vecteurs pour la thérapie génique ou encore comme virus oncolytiques[2], [13], [14]. Avec de nouvelles thérapies et d'éventuels vaccins étant en discussion, seul le temps nous dira le sort de cette maladie séculaire relativement bénigne. Donc de toute évidence, il y a encore beaucoup travail à faire tant du point de vue thérapeutique que social.

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III-LES CARACTERES VIROLOGIQUES DU VIRUS DE L’HERPES