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L’expression automatique des effets par amorçage affectif 146 '

10.2. Limites méthodologiques et empiriques 142 !

10.2.3. L’expression automatique des effets par amorçage affectif 146 '

L’autre limite empirique dont ce travail de thèse est empreint concerne la mesure des effets par le biais de la tâche d’amorçage affectif. Comme nous n’avons cessé de l’évoquer au sein des discussions des 4 expériences présentées, aucune des analyses effectuées sur les résultats obtenus ne s’avère concluante. Tout d’abord, les résultats traditionnellement attendus sur cette tâche pour conclure à la manifestation d’un CE, c’est-à-dire des temps de réponse plus courts pour les essais SN-cible congruents que pour les essais SN-cible incongruents indépendamment de la valence des SAs, ne sont observés dans aucune des 4 expériences. En lieu et place, les quelques différences significatives observées, pouvant éventuellement être interprétées comme une influence de la procédure de CE suggèrent des effets spécifiques (e.g., effets uniquement pour les SNs+ : Expérience 1A ; effets uniquement pour les SNs- : Expérience 3) et différentiels entre les expériences avec par exemple une interférence des SNs+ sur le traitement ou la production de réponse aux cibles incongruentes dans certains cas (e.g., Expérience 1A) ou encore une interférence des SNs- sur les cibles congruentes dans d’autres cas (e.g., Expérience 3). Ensuite, une influence significative de la valence des cibles sur leur temps de réponse, avec des temps systématiquement plus courts pour les cibles positives comparativement aux cibles négatives, est observée pour toutes les expériences, exceptée pour la seule expérience qui ne révèle aucun résultat significatif à la tâche d’amorçage affectif (i.e., Expérience 2B). Ce résultat persistant contraint toute conclusion forte quant aux différences significatives observées dans la mesure où la part d’influence de la procédure de CE, si elle est réelle, est difficile voire impossible à déterminer. Enfin, les résultats étonnants pour l’Expérience 2A ne font qu’accroitre les doutes quant à la valeur des résultats obtenus pour la tâche d’amorçage affectif. En effet, dans la perspective d’une interprétation en terme d’influence de la procédure de CE, ces résultats, observés pour la tâche d’amorçage affectif dans l’Expérience 2A peuvent être vus comme un impact de la procédure uniquement sur les SNs appariés à des SAs positifs et non contigus. Cette conclusion contraste alors radicalement avec les résultats mis en évidence pour la tâche de jugement de valence sur échelle dans cette même expérience, compte tenu que ceux-ci indiquent la manifestation significative et manifeste d’effets de CE sur les SNs+ et les SNs-, avec des effets provoqués par les SAs contigus et non par les SAs non contigus. Comme nous l’avons argumenté dans la discussion dédiée à l’Expérience 2A, nous pensons qu’une remise en cause des résultats issus de la tâche d’amorçage affectif est plus raisonnable et justifiée que celle des résultats observés pour la tâche de jugement de valence.

Discussion Générale

classique), ne sont pas rares avec le paradigme de l’amorçage affectif (e.g., Ferrand, Ric, & Augustinova, 2006 ; Klauer et al., 2009, pour des revues). Mais dans la mesure où les paramètres méthodologiques adoptés pour cette tâche, et ce dans l’ensemble des expériences effectuées, étaient basés sur les paramètres communs à certaines études révélant un CE significatif par l’intermédiaire d’une procédure d’amorçage affectif (e.g., Dawson et al., 2007 ; De Houwer et al., 1998 ; Gast et al., 2012), nous attendions moins de difficultés pour mettre en évidence un CE sur ce type de mesure évaluative implicite. Les hypothèses permettant de rendre compte de cette absence de résultats concluants nous paraissent limitées. Le nombre de présentations des couples SN-SA durant l’apprentissage avait été augmenté par rapport aux Expériences 1 et 2 dans le but de résoudre les difficultés rencontrées sur ces deux expériences pour mettre en évidence un CE avec la tâche d’amorçage affectif. L’idée sous-jacente, notamment basée sur les travaux de Fazio et de ses collaborateurs (e.g., Fazio et al., 1986), était qu’une augmentation du nombre de présentations SN-SA serait plus à même de permettre une évaluation automatique des SNs à la suite de l’apprentissage. En effet, selon Fazio et al. (1986), la possibilité d’évaluation automatique serait accrue pour les stimuli fréquemment expérimentés et évalués, en raison d’une forte association « objet-attitude » pour reprendre les propos de Fazio et collaborateurs. Or, ce changement procédural s’est révélé sans succès. Une des seules explications que nous pouvons avancer face à ces résultats équivoques est que le nombre de présentations SN-SA durant l’apprentissage n’était toujours pas suffisant, malgré l’augmentation de celui-ci dans les Expériences 3 et 4, pour permettre une évaluation automatique des SNs par le biais d’une tâche d’amorçage affectif. Deux types de résultats semblent donner du crédit à cette hypothèse.

En premier lieu, on rappellera que la méta-analyse effectuée par Hofmann et al. (2010) révèle des effets de CE significativement moins marqués lorsqu’ils sont mesurés par l’intermédiaire de mesures évaluatives implicites telles que les tâches d’amorçage affectif ou le test d’association implicite. Dans la mesure où ce type de mesure sollicite une évaluation automatique des SNs (e.g., De Houwer & Moors, 2012, pour une revue), cette observation, compatible avec l’hypothèse de Fazio et al. (1986), peut traduire une difficulté plus importante pour que les effets de CE puissent s’exprimer automatiquement dès l’achèvement de l’apprentissage. En outre, cette méta-analyse indique que les effets mis en évidence au moyen de tâche d’amorçage affectif sont significativement plus faibles que pour toutes autres mesures évaluatives implicites telles que le test d’association implicite ou le réflexe d’effroi (startle relfex). Ainsi, il semblerait que les tâches d’amorçage affectif soient encore moins sensibles à l’expression des effets de CE que les autres mesures évaluatives implicites, elles-mêmes significativement moins sensibles que les mesures évaluatives explicites. Ces considérations supportent l’hypothèse d’une difficulté plus importante

Discussion Générale

pour exprimer les effets de CE sur un mode implicite (i.e., automatique) plutôt qu’explicite, à la suite de la phase d’apprentissage.

Dans un second temps, un autre argument en faveur de l’hypothèse selon laquelle un nombre conséquent de présentations SN-SA peut s’avérer nécessaire pendant l’apprentissage, pour qu’une expression automatique de l’effet de CE soit possible, est fourni par l’étude de Aguado et al. (2005). Celle-ci révèle des effets de CE significatifs avec l’utilisation d’une tâche d’amorçage affectif en tant que mesure des effets, mais uniquement lorsque le nombre de présentations SN-SA durant l’apprentissage s’élevait à 20 ou 30 présentations. En revanche, Aguado et al. (2005) ont échoué à mettre en évidence un CE sur ce type de tâche lorsque les présentations SN-SA étaient au nombre de 10 bien que la procédure utilisée était identique à celles des expériences concluantes.

Ainsi, ces résultats obtenus par Aguado et al. (2005), de même que les observations méta- analytiques de Hofmann et al. (2010), sont susceptibles de rendre compte des difficultés que nous avons rencontrées dans l’expression automatique des effets dans une tâche d’amorçage affectif. Ceci dit, cette hypothèse ne permet pas pour autant d’écarter les interrogations soulevées par les résultats équivoques que nous obtenons dans la perspective de l’ensemble des résultats disponibles dans la littérature sur ce sujet. En effet, cette hypothèse, fondée sur la nécessité d’un nombre important de présentations SN-SA durant l’apprentissage afin que le SN puisse être évalué automatiquement, n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi un certain nombre d’études employant un nombre de présentations SN-SA similaire à celui que nous avons mis en place (e.g., Dawson et al., 2007 ; Gast et al., 2012), et même nettement moins élevé (e.g., De Houwer et al., 1998), détecte de manière concluante la présence d’effets de CE par une tâche d’amorçage affectif. Afin d’être en mesure d’appréhender avec précision le degré d’implication du nombre (trop peu élevé) de présentations SN-SA mis en place durant l’apprentissage, dans les résultats équivoques que nous obtenons pour la tâche d’amorçage affectif, il serait judicieux de réexaminer les résultats à cette tâche, et dans les 4 expériences, après avoir significativement augmenté le nombre de présentations de chaque couple SN-SA (e.g., à hauteur de 20 ou 30 comme dans l’étude de Aguado et al., 2005).