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10.2. Limites méthodologiques et empiriques 142 !

10.2.1. Le caractère indirect des effets 142 '

La première limite majeure, d’ordre méthodologique, qui peut être soulevée au regard de ce travail se rapporte à la notion d’effets indirects. Les effets de CE mis en évidence dans les Expériences 1B, 3 et 4 sont supposés être de forme indirecte essentiellement sur la base des paramètres de présentation utilisés durant la phase d’apprentissage. Les paramètres spatiaux- temporels adoptés répliquent en effet les paramètres de présentation que Sweldens et al. (2010) démontrent engendrer des effets de forme indirecte. Du fait d’une présentation séquentielle entre le SN et le SA (i.e., le SA est présenté à la suite du SN) et d’un temps d’exposition conséquent de chaque stimulus (1500ms), ces paramètres prioriseraient des traitements relationnels de haut niveau entre les stimuli SN-SA (i.e., des traitements élaboratifs) et en conséquence la formation d’une relation SN-SA hautement consciente, augmentant dès lors la probabilité de génération d’un CE de forme indirecte. Les résultats observés pour la mesure de la mémoire/conscience des relations sur ces trois expériences étayent cette hypothèse. On remarque en effet entre 60% et 100% de rappels corrects quant aux relations SN-SA qui révèlent la présence d’un CE significatif sur le SN, soit un taux très élevé de remémoration consciente pour les relations SN-SA concernées par un CE. Ces résultats suggèrent ainsi des traitements relationnels relativement profonds entre les SNs et les SAs présentés. Bien que ces considérations se montrent davantage compatibles avec la manifestation d’effets indirects que d’effets directs, elles ne permettent pas d’imputer formellement une telle forme aux effets mis en évidence. Le moyen habituellement utilisé pour prendre connaissance de la forme de l’effet de CE généré repose sur la mise en place d’une procédure de réévaluation des SAs à la suite de la mesure des effets de CE (e.g., Gast & Rothermund, 2011b ; Sweldens et al., 2010). Ce type de procédure consiste à modifier l’évaluation des SAs, après qu’ils aient été appariés aux SNs lors de l’apprentissage, par des présentations contigües et répétées impliquant ces SAs et des stimuli de valence contraire. Conformément aux résultats traditionnellement rapportés, une réévaluation du SA impacte l’évaluation conditionnée des SNs lorsque celle-ci résulte de la manifestation d’un effet indirect, par contraste avec l’évaluation conditionnée des SNs provenant d’effets directs compte tenu du fait que ces derniers ne sont pas dépendants d’une relation SN-SA (voir les parties consacrées aux effets indirects et directs, p. 41 et p. 43).

Discussion Générale

implique la phase de modification de l’évaluation, ou de réévaluation, des SAs, suivie d’une phase de mesure de l’évaluation des SNs destinée à examiner dans quelle mesure l’évaluation conditionnée du SN a été impactée par un changement évaluatif du SA responsable. Dans le cas des expériences réalisées lors de ce travail, une telle procédure aurait nécessité l’ajout de trois phases supplémentaires étant donné que l’évaluation des SNs à la suite de l’apprentissage était systématiquement examinée par le biais de deux mesures évaluatives distinctes, l’une explicite et l’autre implicite. Dans ces conditions, ces deux tâches auraient dû être maintenues pour mesurer l’évaluation des SNs de manière similaire, c’est-à-dire explicitement et implicitement, à la suite de la réévaluation des SAs. Nous avons dès lors considéré qu’une telle option était susceptible d’affecter sérieusement l’implication des participants sur l’ensemble de l’expérience, et en conséquence de mettre en péril la valeur des résultats recueillis. En parallèle de la « fatigue cognitive » qu’une telle option aurait provoqué en raison d’un allongement conséquent du temps des expériences, ces trois phases supplémentaires auraient engendré un caractère répétitif inévitable des passations compte tenu qu’elles se seraient confondues avec les phases 1, 2 et 3 de toutes les expériences présentées.

On soulignera qu’une procédure de réévaluation des SAs ne nous aurait pas pour autant exemptée de limites pour garantir formellement la forme de l’effet de CE manifesté lors de l’exposition aux couples SN-SA. L’influence significative d’une réévaluation d’un SA sur l’évaluation du SN avec lequel il était antérieurement apparié illustre, de manière relativement fiable, un effet de forme indirecte étant donné qu’une telle influence suppose un effet de CE basé sur une relation SN-SA. En revanche, l’absence d’effet de la réévaluation du SA sur le SN ne témoigne pas formellement d’un effet de forme directe. En effet, il semblerait que l’évaluation d’un SN puisse être insensible à une réévaluation du SA préalablement apparié, bien que la manifestation de cet effet durant l’apprentissage soit de forme indirecte, c’est-à-dire basée sur la formation d’une relation SN-SA (et non SN-RE comme dans le cas d’effets directs, voir p. 41 et p. 43 pour un rappel). Les résultats obtenus par Fulcher et Cocks (1997) confortent cette possibilité, dans la mesure où ils suggèrent que la manifestation d’effets de CE durant l’apprentissage peut dépendre d’une relation SN-SA, alors que l’expression de ceux-ci, lors de la mesure évaluative subséquente, d’une relation SN-RE. Cette étude de Fulcher et Cocks (1997) encouragent par ailleurs à distinguer les processus mentaux responsables de la génération d’un CE, opérant durant l’apprentissage, et ceux responsables de son expression par la suite, en raison de divergences possibles (e.g., Gast, Gawronski, & De Houwer, 2012, pour une revue). Rappelons à ce sujet que l’approche du CE proposée dans cette thèse s’est focalisée sur les processus mentaux responsables de la manifestation d’un CE durant l’apprentissage.

Discussion Générale