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Conclusion : Méthodologie

I. 1970-78 LE TEMPS DES PIONNIERS.

I.2. Les utilisateurs face à la technique.

I.2.3. L’exemple du CIGREF.

Le Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises est une de ces associations qui offrent un lieu d’échanges d’expérience et de réflexion entre utilisateurs gestionnaires et constituent un groupe d’entreprises susceptible de se faire entendre. Le CIGREF est créé en juillet 1970 dans la lignée du Pari informatique de Pierre Lhermitte (1968) par des professionnels convaincus de l’intérêt de l’informatique pour la gestion de l’entreprise. Quel est son objectif ? Quelles modalités d’action sont-elles être mises en œuvre pour le concrétiser ? Quel est l’état d’esprit qui en résulte ? L’exposé montre chronologiquement comment s’est construit cet espace collectif d’échanges et de réflexions et met en évidence les traits de l’association qui en découlent.

I.2.3.1. Fondations de l’association.

L’association est fondée par un groupe restreint de professionnels de l’informatique qui fixe les grandes lignes d’action de l’association avant d’élargir l’assemblée des membres. L’objectif est d’esquisser l’esprit dans lequel s’est constituée l’association, en dressant le portrait des fondateurs, leur idée de départ et les modalités fixées dès les premiers mois.

L’association est fondée par 5 entreprises–EDF, Shell, Hachette, Péchiney et Saint Gobain-Pont à Mousson auxquelles s’ajoutent le Groupe Drouot et Pierre Lhermitte à titre personnel. Cette équipe restreinte se rassemble autour du projet de Pierre Lhermitte énoncé dans le Pari informatique. Elle en définit l’esprit et le cadre.

Le noyau dur fondateur est constitué d’adeptes qui croient dans le potentiel que l’informatique libèrera pour la gestion de l’entreprise. Les entreprises-membres ont pris en main la technique, souvent depuis longtemps, avec la conviction que son développement apportera le progrès dans l’entreprise. Les cas de Pierre Bouchaud-Ayral, d’abord à la Sollac puis chez Pont à Mousson appelée à fusionner avec Saint-Gobain en 1970, et de Georges Tattevin, pour le groupe d’assurance privé et mutualiste Drouot, ont déjà été évoqués. Lorsqu’il prend la direction de la Librairie Hachette en décembre 1967, Ithier de Roquemaurel décide de rénover la gestion de l’entreprise : il en confie la mission à la SEMA et s’appuie sur les ordinateurs pour mettre en œuvre le projet296. La filiale française du groupe Shell, comme d’autres compagnies pétrolières,

s’est initiée très tôt à l’usage des calculateurs électroniques et à la recherche opérationnelle297.

EDF a aussi une longue tradition en recherche opérationnelle sous l’influence notamment de Marcel Boiteux, Directeur des Etudes Economiques à la Direction Générale d’EDF (1958-66) et membre actif de la SOFRO. Son expérience de l’informatique remonte à 1952, avec le concours de Jean Carteron, membre actif de l’AFCAL298. EDF est alors considérée comme « the heart of the french post-war modernization » :

« [...] he [Jean Carteron] was hired by Electricité de France (EDF) to create an electronic computing service. This job installed

him at the heart of the french post-war modernization. EDF was a powerful state monopoly created by the nationalizations of 1945, where young engineers were given much leeway and considerable resources to develop hydroelectricity and nuclear energy, in close cooperation with economist-mathematicians (also Polytechnique alumni) who worked on orperation research and marginal cost problems. » (Mounier-Kuhn 2010a, page 82)

Au milieu des années 1960, Pierre Lhermitte299 est chargé de donner une nouvelle impulsion à

l’informatique de gestion en la séparant de l’informatique scientifique (Giandou 2010a, page 63). Il occupe cette fonction lorsqu’il effectue la mission pour le Conseil économique et social et

296 Sur l’utilisation des ordinateurs « Hachette : un distributeur bientôt automatique », Le Monde, 15 mars 1967. Sur la

refonte de l’organisation, voir Dessaux and Mazaud (2000)

297 « Recherche opérationnelle et approvisionnement en pétrole », Ventura, ingénieur en chef au corps des mines Le

Monde, 8 juin 1957 ; « Quelques réussites françaises », Le Monde, 26 septembre 1968.

298 Selon Jean Carteron, c’est François Cahen de la Direction des Etudes et Recherches qui fait prendre le virage de

l’électronique au calcul scientifique chez EDF dès 1952. « Alors qu’il faudrait encore plus de dix ans à la quasi-totalité des milieux français, aussi bien universitaires qu’industriels, pour s’en apercevoir, François Cahen, à 60 ans, avait compris l’importance future des techniques électroniques de calcul. Un hasard heureux a fait de moi son collaborateur avec la mission de développer à EDF le « calcul électronique. » (Carteron 1988, page 105). Jean Carteron reste chez EDF de 1952 à 1963, date à laquelle il rejoint le groupe SEMA pour fonder la SACS (Carteron 1996).

publie Le pari informatique (1968). En juillet 1970, lors de la création du CIGREF, Pierre Lhermitte est en partance pour la Société Générale ; il n’est cité qu’à titre personnel et en qualité de président dans le procès-verbal de l’assemblée constituante300. EDF est représentée par Pierre

Henry, qui n’est pas non plus un néophyte de l’informatique : polytechnicien (X48), il est membre actif de l’AFCALTI301 et a participé au projet Sirène en qualité de Directeur à

l’informatique de l’INSEE302 tout en évoluant au sein de l’EDF303. Péchiney, enfin, est un des

tous premiers à avoir externalisé ses services informatiques pour tenter de rentabiliser ses capacités en créant dès 1962 la Société pour l’Informatique (SPI). Roger Lantenois, Directeur de la Compagnie, est présent lors de l’assemblée constitutive mais c’est Raymond Baulac, polytechnicien (X44) qui représente ensuite la société.

Les différents membres fondateurs ont en commun la conviction que l’informatique a un potentiel important pour améliorer la gestion de l’entreprise. Mais leurs expériences de l’usage de l’informatique en entreprise empruntent des voies différentes. Pierre Bouchaud-Ayral cherche l’amélioration de la productivité ; Ithier de Roquemaurel utilise l’informatique pour moderniser la gestion d’Hachette ; EDF et Shell s’appuient sur leur expérience de la recherche opérationnelle ; Pierre Lhermitte et Georges Tattevin ont l’intuition d’une convergence entre la machine de traitement de l’information et les méthodes de gestion modernes avec à l’esprit les management sciences américaines.

Le pari informatique et son auteur constituent clairement l’élément fédérateur. Pierre Lhermitte, dans son ouvrage de 1968, expose une vision ambitieuse de ce que peut devenir l’informatique de gestion. L’analyse est détaillée et appuyée sur une connaissance de l’existant en France et aux Etats-Unis. Elle propose un cheminement par ses recommandations. Cette contribution suscite l’idée d’une action collective. Giandou (2010a) évoque les contacts noués à l’issue de conférences organisées à propos du Pari informatique comme origine du CIGREF. Mais l’informatique de gestion en pratique est un petit monde encore. Les lieux et réseaux de l’informatique sont restreints (associations, fournisseurs, formation…). Outre des convictions, les entreprises

300 Lorsque la Société Générale adhère au CIGREF, Pierre Lhermitte la représente avec le titre de « conseiller

technique auprès du Directeur général » en 1971 puis « du Président » en 1973.

301 Pierre Henry signe en qualité d’ingénieur à l’EDF une contribution au Congrès de l’AFCALTI de 1963 (pages 3-

10, Troisième Congrès de calcul et de traitement de l'information AFCALTI Toulouse 14-17 mai 1963, 1965, Dunod, Paris.)

302 « L'INSEE va établir un fichier unique des sociétés en réalisant le projet Sirène », M.B., Le Monde, 14 novembre

1969 ; « Un projet français », Le Monde, 2 avril 1970 ; « Banques de données, réalisations et projets de l’INSEE », Pierre Henry, Informatique et Gestion, 8, mai 1969.

303 La probabilité qu’il y ait deux Pierre Henry dans le milieu émergent de l’informatique est extrêmement faible. Je

ne saurais cependant expliquer les modalités des contributions concomitantes de Pierre Henry aux deux organismes de la sphère étatique française en même temps. Pour mémoire, Daniel Hoffsaes (X51), lui aussi membre actif de l’AFCALTI fait toute sa carrière à l’INSEE.

fondatrices partagent le même domaine d’action. Pierre Bouchaud-Ayral dit être entré en contact avec Pierre Lhermitte préalablement en qualité de responsable informatique d’une grande entreprise issu de la même école que lui304. Pierre Lhermitte, Georges Tattevin et Ithier de

Roquemaurel auraient fait connaissance dans les locaux d’IBM305. L’homogénéité dans

l’appartenance aux associations ou dans les formations a été soulignée dans la brève description des fondateurs. Le caractère programmatique du Pari informatique est l’occasion de rassembler ces acteurs qui se côtoient et partagent une même croyance dans le potentiel de la technique.

I.2.3.1.2. L’idée de départ

Le but de l’association est spécifié lors de l’assemblée constituante de 1970 : il est « d’une façon générale, de procéder à toutes les études et d’engager toutes les actions susceptibles d’entraîner, à l’échelon de chaque industrie membre et à l’échelon national, un accroissement de la productivité et un allègement des coûts des systèmes informatiques »306

.

L’association vise à accroître la productivité. Le terme « productivité » évoque les missions du Plan Marshall et la planification française. Il désigne la « faculté à produire » et est associé au progrès technique :

« C’est seulement depuis un très petit nombre d’années que la productivité est apparue sous son jour essentiel, c’est à dire comme une mesure du progrès technique 307» Fourastié (1952, page 7).

La finalité du CIGREF est donc d’augmenter la faculté à produire308, en s’appuyant sur la

technique nouvelle, dans des conditions économiques, c’est à dire à un coût juste. Pierre Bouchaud-Ayral confirme cette volonté de développer l’usage de la technique, à des fins de productivité :

« L’atmosphère générale parmi les cadres, puisque nous nous réunissions un petit peu, était que nous voulions innover, et c’était aussi ressenti par nos directions générales. Innover et surtout augmenter la productivité en utilisant toutes les ressources que nous offrait l’informatique. »309

Pour ce faire, les entreprises s’associent pour des réflexions et des actions, pour intervenir en interne, mais aussi au niveau de leur environnement –leur industrie ou le pays. Elles unissent leurs forces pour « innover » mais aussi pour agir sur les tiers. Pierre Bouchaud-Ayral évoque la pression envisagée sur l’Etat :

304 Entretien avec Pierre Bouchaud-Ayral du 15 avril 2014 305 Entretien avec Pierre Lhermitte du 11 mars 2014 306 Archives CIGREF, PVAG70.

307 En italique dans le texte.

308 La formulation de l’AG constituante est ambivalente : on ne sait si « l’accroissement de productivité » se

comprend au sens général ou s’il se rapporte aux systèmes informatiques.

« Les conditions d’ensemble pour que le bouillonnement se matérialise sont là. Parmi les conditions favorables, c’était ce noyau dur que nous représentions avec le poids, la crédibilité et l’appui de nos directions générales. La mission qui nous paraissait évidente à accomplir c’était développer le potentiel ordinateur, innover dans les applications, mettre en commun les expériences et avoir un poids suffisant pour négocier avec les administrations. »310

La volonté de faire entendre la voix des grandes entreprises dans le domaine informatique vise plus largement l’ensemble des acteurs du champ –constructeurs, Etat, SSCI :

« Le CIGREF est né de la rencontre de plusieurs grandes sociétés, se préoccupant d’établir une politique Informatique, non seulement dans le cadre de l’entreprise mais aussi en liaison avec d’autres utilisateurs. Les membres fondateurs du CIGREF ne voulurent pas élaborer cette politique au sein de groupes déjà existants pour les raisons suivantes :

− la nécessité de séparer les problèmes, et d’essayer de définir une attitude propre aux utilisateurs de grands systèmes.

− le besoin d’indépendance vis à vis des constructeurs, des sociétés de service, de la Délégation à l’informatique et des Administrations afin d’avoir la liberté de dialoguer avec ces différents interlocuteurs. »311

Cette volonté d’unir des entreprises de poids pour faire pression sur les autres acteurs s’incarne dans le modèle choisi pour créer l’association. Les membres fondateurs s’inspirent de l’Association des grandes entreprises françaises (l’AGREF) créée en 1969 (Giandou 2010a, page 66) pour peser sur les débats publics. Ce choix de réunir des personnes morales et non des professionnels de l’informatique est structurant pour les modalités de fonctionnement et le rôle de l’association. La vocation de l’association n’est pas corporatiste. Elle vise à construire une expertise collective en s’appuyant sur les compétences des différentes entreprises et à porter leurs intérêts.

Les statuts de l’association révèlent comment l’association compte contribuer à la réflexion sur l’innovation informatique à des fins de productivité et peser sur son environnement :

« Article 2 – Objet.

Cette Association a pour objet de rassembler les grandes entreprises françaises utilisatrices d’importants systèmes informatiques, de façon à promouvoir en commun les conditions d’emploi plus efficaces de ces matériels. A cet effet, elle s’efforcera notamment :

− d’être un lieu de rencontre des responsables informatiques des entreprises adhérentes, constituant ainsi un centre d’informations réciproques et permettant la mise en commun de certaines expériences ;

310 Entretien vidéo entre Pierre Bouchaud-Ayral et Alexandre Giandou du 21 juillet 2009.

− de définir les besoins des grandes entreprises françaises dans les différents domaines de cette technique, notamment en matière de matériels, de systèmes de télétransmission, de langage et de programmes d’exploitation ;

− de définir les besoins des grandes entreprises françaises en spécialistes de l’informatique ainsi que les moyens de les satisfaire et d’orienter les programmes de formation en fonction des besoins réels de l’économie ;

− de permettre certaines actions communes telles la création d’un pool de traduction de la documentation professionnelle, l’exploitation en commun d’heures de traitement disponibles en cas de panne grave ou de surcharge temporaire ;

− de définir avec les pouvoirs publics les modifications à apporter dans la forme, les modalités de transmission et le contenu, aux échanges d’informations d’ordre économique, statistique et comptable entre les entreprises et les administrations afin de réduire la complexité et le coût des enquêtes et formalités administratives.

Plus généralement, elle se propose de procéder à toutes études et d’engager toutes actions susceptibles d’entraîner à l’échelon national un accroissement de la productivité ou un allègement des coûts des systèmes informatiques. »312

Deux dimensions sont à souligner particulièrement : la définition des besoins en appui sur l’échange d’information et d’expériences ; la sourdine appliquée à la volonté de faire pression sur l’environnement. Le CIGREF travaille sur les conditions d’emploi de la technique, sur les besoins des grandes entreprises (Voir I.2.1.1.). La technique informatique n’est envisagée que par le prisme de son usage. La réflexion se porte sur l’usage actuel ou à venir, le terme besoin désignant un manque à satisfaire, une projection dans le futur. Le spectre des préoccupations est large : les matériels et la programmation, la formation, l’application au transfert d’informations aux administrations, l’exploitation… Dans ce document public, déposé en Préfecture, l’accent est mis sur les échanges entre membres qui pourraient participer à l’élaboration d’une pensée commune. Le rôle de groupe de pression n’est pas explicite ; il n’est indiqué qu’occasionnellement, en filigrane : la définition de besoin a pour corollaire une communication et une action visant à les satisfaire. Le seul tiers mentionné est l’administration avec laquelle on œuvrera pour une meilleure efficience des transferts d’information.

L’association se fixe comme objectif collectif de formaliser les besoins des utilisateurs et de les faire entendre afin d’accroître la productivité de l’entreprise. Ce projet est en grande partie la concrétisation de ce qui était proposé dans Le pari informatique (1968)313.

312 Archives CIGREF, Statuts du Club Informatiques des Grandes Entreprises Françaises, sans date, coffre de

l’association. Le document n’est pas daté, il est joint au procès-verbal de l’Assemblée Générale Ordinaire du 29 février 1972. Un cahier relève toutes les modifications déclarées à la Préfecture ; aucune des modifications n’a trait à l’objet associatif. Il n’a vraisemblablement pas évolué après le dépôts des statuts à l’été 1970, sur la période qui nous occupe.

I.2.3.1.3. Les modalités de l’action

Enfin, le « noyau dur » de départ –les membres fondateurs– fixe en partie les modalités d’action de l’association en instituant le fonctionnement par groupes de travail. L’élaboration de connaissances, de plans d’action et leur mise en œuvre est interne à l’association, confiée aux salariés des entreprises membres.

« Les membres fondateurs décidèrent de la formation de groupes de travail pour l’examen des divers problèmes paraissant au centre des préoccupations de chacun »314

« Dès le début, les membres fondateurs choisirent de limiter les frais de fonctionnement, l’essentiel du travail étant réalisé par les groupes de travail, principe qui peut être remis en cause le moment venu. »315

Ce choix n’est pas original ; il est commun à toutes les associations évoquées pour l’époque. La décision de ne s’appuyer que sur la matière grise interne est moins attendue. Elle est cependant en cohérence avec la volonté affirmée de « définir des besoins » des entreprises membres, a priori seules dotées du capital d’expériences nécessaire comme base du travail. Elle exclut de facto le recours aux sociétés de service et de conseil dont on craint la divergence d’intérêts.

D’autres modalités de fonctionnement sont rapidement établies, qui montrent le soutien qu’obtient la jeune association de la part de ses entreprises membres. EDF fournit le local pour les réunions ; un secrétaire général –Jean-Stéphane Chappelon, centralien- est mis à disposition à mi-temps par Shell dès novembre 1971.

En juin 1970, six entreprises qui ont foi dans le potentiel de l’informatique de gestion se rassemblent autour de Pierre Lhermitte et sa vision du pari informatique. En quelques mois, les membres fondateurs du CIGREF bâtissent les fondations structurantes de l’association. Ils en définissent la finalité –l’accroissement de la productivité de l’informatique dans des conditions économes–, le détail de l’objet –la définition des besoins des grands utilisateurs gestionnaires et leur satisfaction– et quelques modalités de fonctionnement –le travail en groupe constitués de salariés des entreprises membres. Ils s’arrogent aussi un pouvoir décisionnaire pour les trois premières années en constituant le conseil d’administration que Pierre Lhermitte préside.

I.2.3.2. Construire la légitimité de l’association.

Pour donner vie et ampleur à leur projet, les membres fondateurs doivent rallier d’autres entreprises autour de leur vision. Ils doivent obtenir de leur part un engagement sur la durée. 313 Sur les échanges avec les constructeurs sur les besoins techniques voir notamment page 239 ; sur le travail avec

l’Administration sur les échanges d’information, voir page 295.

314 Archives CIGREF, RA72, V - Méthodes, 5.1. Les groupes de travail, page 20. 315 Archives CIGREF, RA72, III - Les moyens, 3.2. Principe de base, page 4.

Pour cela, ils adoptent une grande flexibilité quant aux thèmes à traiter et au positionnement à adopter vis à vis des tiers, et cherchent l’efficacité dans les travaux réalisés.

I.2.3.2.1. Rallier de nouveaux membres pour atteindre une taille critique.

Pour pouvoir définir les besoins des grands utilisateurs et faire entendre leur voix, le noyau fondateur doit rassembler autour de son projet. Dans ce processus, le noyau fondateur cherche à maintenir l’esprit de départ de l’association.

La sélection des membres obéit à trois critères. Primo, sont exclus d’office les constructeurs, les administrations et les SSCI de manière à garantir l’indépendance de l’association316. Secundo, les

entreprises adhérentes partagent les convictions qui sous-tendent l’association : elles doivent être « utilisatrices d’importants systèmes informatiques » et vouloir « promouvoir les conditions d’emploi les plus efficaces de ces matériels »317. Lors de la seconde assemblée en février 1972, les

23 membres sont qualifiés ainsi :

« Toutes ces sociétés sont à la pointe du progrès en informatique : plusieurs d’entre elles, par exemple, furent les premières à implanter un nouveau matériel en Europe, ou furent à l’origine de Software ou de méthodes commercialisées par la suite. »318

Ces entreprises apportent le poids du budget qu’elles consacrent à la technique nouvelle mais aussi leur capacité d’innovation et leur engagement en matière d’informatique pour la gestion. Tertio, l’assemblée des membres doit représenter l’ensemble des activités économiques possibles, afin de diversifier les compétences réunies et d’ouvrir le champ des réflexions. Le rapport d’activité de 1972 souligne cette large couverture319. Rassembler des entreprises du secteur public

et du secteur privé, relevant de domaines économiques variés (banque, assurance, transport, énergie, industrie, distribution) pour travailler en commun était un pari ; « ça a marché »320. Outre

l’enrichissement des débats, cette diversité des participants permet de distinguer le CIGREF des