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Conclusion : Méthodologie

I. 1970-78 LE TEMPS DES PIONNIERS.

I.1. Le milieu de l’informatique de gestion.

I.1.3. L’émergence des SSCI.

Au cours des années 1960 apparaît une profession nouvelle dans le domaine de l’informatique de gestion : le service et le conseil informatique. Parce que ces professionnels sont particulièrement engagés dans la diffusion de l’usage de l’informatique de gestion, ils ont largement publiés leurs réflexions sur l’évolution du domaine. A ce titre, l’analyse de l’évolution du secteur et de ses discours offre une perspective sur les dynamiques à l’œuvre. Je m’attache d’abord à définir la place qu’elle conquiert entre les constructeurs et les utilisateurs. J’évoque ensuite les acteurs de la profession avant de dépeindre l’évolution du secteur.

I.1.3.1. La place conquise par la profession.

La profession s’est constituée progressivement avec des contours flous, tant en terme de prestations fournies que de relations avec les autres acteurs du milieu. Jean Carteron s’interroge sur cette émergence presque « sans racines », entre les constructeurs et les entreprises utilisatrices :

« Quand nous considérons la profession des SSII129 nous avons le sentiment d’une émergence presque sans

racines, issue d’une discontinuité. Pourquoi ? Parce que cette profession s’est développée autour d’un produit central : le logiciel dont la nature et les caractéristiques sont à 99% sans précédents. [...]

Ces fondements posés, il est exact qu’on aurait pu concevoir une société industrielle utilisant l’informatique sans SSII. Les fabricants d’ordinateurs auraient développé eux-mêmes tous les logiciels nécessaires à l’emploi de leurs machines, et/ou appris à ceux qui les vendaient à le faire. C’était le modèle naturel et ce fut celui de la naissance de l’informatique des années 50 et du début des années 60. [...]

Si nos économies libérales ont donné naissance aux SSII ce n’est pas à partir d’un schéma pré-établi, c’est parce que les faits l’ont imposé. Ceux qui ont vécu la naissance de cette profession sous les quolibets de ‘vendeurs de vent, fournisseurs de viande etc...’ témoigneront que cette naissance n’était ni consciemment voulu [sic] ni ardemment désirée. Il y aurait place pour une analyse passionnante des raisons qui ont imposé à l’Informatique le schéma tripolaire Constructeurs – SSII – Utilisateurs alors que la plupart des activités économiques répondent au schéma linéaire : Fabricant – Commerçant – Client. » (1990, page 35)

Dans ce propos rétrospectif, Jean Carteron se garde de donner une explication au phénomène mais il le contextualise en évoquant les prestations globales des constructeurs des premiers temps

129 L’acronyme SSCI a été remplacé au début des années 1980 par celui de SSII, société de service et d’ingénierie

et le peu de considération voué aux premiers professionnels des SSCI. Il offre en outre une clé d’interprétation autour de la notion de logiciel –on aurait dit software à l’époque.

I.1.3.1.1. Comprendre cette apparition.

D’autres acteurs qui montrent moins de retenue nous apportent des clés de compréhension complémentaires. Après avoir fourni pendant plus d’une décennie des ordinateurs « clé en main », les constructeurs ont ouvert la programmation aux utilisateurs et donc à de nouveaux professionnels. On retrouve ici l’analyse présentée plus haut (paragraphe II.1.1.2) sur l’évolution des matériels et des programmes fournis avec. En 1970, Jacques Stern130, Directeur général de la

SESA (Société d’études des systèmes d’automation, SSCI) explique comment les constructeurs ont développé des langages de programmation évolués, rendant l’élaboration de software plus accessible, dans un contexte où les utilisateurs demandent une plus grande variété de programmes :

« Les premières applications de l’informatique dans les années 50 furent peu nombreuses et portaient principalement sur le domaine scientifique. Tout le software était fourni, gracieusement en général, par le constructeur de l’ordinateur. Les diversifications des applications, l’utilisation des ordinateurs pour la gestion des entreprises ou des administrations et les grands systèmes en temps réel conduisirent très vite les utilisateurs à demander aux constructeurs une gamme de plus en plus large de programmes. La création de langages évolués : FORTRAN, COBOL, JOVIAL, puis récemment PLI, marqua une étape importante en permettant aux utilisateurs de programmer eux-mêmes leurs applications. »131

Cette possibilité de programmation offerte à des tiers est une brèche ouverte dans le système fermé des constructeurs qui consiste à lier la vente de matériel, de formation et de programmation. Christian Bret132 explique ce choix par la concentration des efforts des constructeurs sur le développement technique de leur gamme d’équipements :

« Il est clair que ces pionniers [premiers créateurs de SSCCI] ont su identifier le vide laissé par les constructeurs. Ceux-ci avait alors suffisamment à faire pour développer leur matériel et les logiciels associés (operating systems, langages de programmation) : ils laissaient leurs clients développer seuls leurs applications. » (2005, page 10)

L’ouverture de la programmation des ordinateurs se fait, comme le rappelle Jacques Stern, dans un marché où les utilisateurs demandent une « gamme plus large de programmes ». Cette demande est liée à la représentation qu’ils ont du software, au sens d’ensemble de programmes de

130 Jacques Stern, polytechnicien (X52), ingénieur responsable des systèmes de défense aérienne (1959-64), fondateur

et PDG de la SESA (1964-82), PDG de CII-Honeywell-Bull (1982-89).

131 « Floraison de sociétés de service aux activités les plus variées.», Jacques Stern, dossier « le développement de

l’industrie du software et l’essor de l’informatique en France », Le Monde Informatique, décembre 1970, p. 24

132 Christian Bret, ingénieur, a travaillé chez IBM (1966-69) chez Sofragem (1969-72) avant de rejoindre Sligos (1972-

leur ordinateur. En 1967 déjà, il est reconnu que « l’intelligence (apparente) des systèmes informatiques est la conséquence des programmes disponibles pour un système donné » (Lhermitte 1968, page 38). Le propos est ici de Pierre Lhermitte, mais on retrouve la même idée dans Le défi américain de Jean-Jacques Servan-Schreiber, qu’elle soit exprimée par Louis Armand en postface133 (page 372), ou par lui :

« A partir du moment où l’ordinateur n’est plus seulement un organe de calcul mais devient un organe de gestion et d’information, tout dépend, plus encore que de la perfection technique de la machine, de l’intelligence de la ‘programmation’. L’avenir des ordinateurs appartient aux maîtres du software, c’est à dire aux meilleurs cerveaux, plus qu’aux maîtres du hardware, c’est à dire aux techniciens industriels. » (1967, page 186)

Cette représentation du software comme vecteur de l’intelligence de l’ordinateur est un cheval de bataille pour l’industrie du service informatique naissante. Jacques Lesourne, président fondateur de la SEMA, rappelle que sa société avait répétitivement attiré l’attention de l’administration française sur l’importance du bon usage des machines par le software comme corollaire de la construction informatique (Lesourne and Armand 1988, Lesourne 2000)134. Un des plus ardents

défenseurs et promoteurs de cette idée sur la place publique est Robert Lattès, dirigeant de la SIA, filiale de la SEMA et qualifiée de première SSCI. Son discours au sujet du software a été évoqué au paragraphe I.3.1.1.3 au sujet de sa contribution au Monde Diplomatique de février 1967 ; il est cité dans Le défi américain...

En 1970, le discours sur le software a évolué. Il s’est étoffé, du fait de la plus grande précision de la notion technique et du développement de l’usage gestionnaire du matériel. Raymond Moch, physicien et président du club des utilisateurs de la CII, explique l’importance du software pour les utilisateurs gestionnaires :

133 Louis Armand, polytechnicien (X24) est un ancien dirigeant de la SNCF, ancien haut fonctionnaire et membre de

l’académie des sciences morales et politiques. Il a participé à l’Euratom, à la rédaction du rapport Rueff-Armand, à l’AFNOR.

« L’essentiel, c’est de bien utiliser les ensembles électroniques de gestion dont les ordinateurs sont les pièces maîtresses, pour catalyser la révolution de nos structures. » page 372 ;

« En effet, on dit que, pour un homme occupé à la fabrication de machines, il en faudra 10 qui définissent la manière de les utiliser dont une partie sera attelée à ce travail intellectuel difficile qui n’a pas encore de nom en français, le software, et il en faudra probablement 100, connaissant bien à la fois les possibilités des machines et le fonctionnement des entreprises et des administrations, pour en faire une application souple et productive. La manière d’utiliser les ordinateurs est beaucoup plus difficile encore que leur fabrication. C’est une question d’intelligence, de travail d’équipe, et c’est le rôle de l’Europe, si elle comprend le problème. »

« On s’hypnotise sur les réalisations techniques alors que l’originalité réside dans leur utilisation. » page 373.

134 Pour dater et constater cette action de « lobbying » (Mounier-Kuhn 2002a, page 46) avec précision, on peut se

référer à l’entretien entre Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jacques Lesourne publié dans le premier numéro de

Informatique actualités, revue publiée par la SEMA entre 1968 et 1970. Un extrait en est donné dans Lesourne (2000,

« Mais c’est surtout important pour le software d’application, qui traduit la disponibilité de l’ordinateur à s’intéresser aux problèmes de l’utilisateur. Cette partie de la programmation échappe déjà au constructeur, du fait (qu’il resterait à critiquer) qu’elle diffère pour chaque client ou presque ; il reste donc à la fabriquer soi- même, à la commander à des entreprises spécialisées, ou à attendre qu’elle soit fournie comme partie d’un système acheté globalement. D’ailleurs la confection de ce software d’application requiert une connaissance intime des problèmes de l’entreprise qui s’en servira plutôt que des équipements dont elle usera. »135

Dans les discours de 1967, le software désigne l’ensemble des programmes. Ici, le terme est qualifié (software d’application), ce qui sous-entend une catégorisation des programmes (exploitation, langage et application, par exemple) et une précision du concept136. La répartition des

responsabilités entre constructeur et utilisateur s’affine. L’intelligence apportée par les programmes n’est plus générique ; elle est spécifique pour chaque client, adaptée à son organisation. Le software d’application « requiert une connaissance intime des problèmes de l’entreprise ». La responsabilité en échoit à l’utilisateur. Cette représentation plus précise du software s’explique en partie par le resserrement de focale des discours. En 1967, l’industrie informatique intéresse pour le développement du pays et son indépendance nationale ; après 1968, l’informatique s’applique à la gestion pour améliorer la compétitivité des entreprises. L’emploi qui est fait du terme software ici reflète une évolution à la fois dans la préhension des matériels disponibles et dans la conception de leur usage à des fins de gestion.

L’utilisateur est responsable de l’élaboration des programmes d’application à sa gestion. Il doit faire face à un problème nouveau que Raymond Moch pose comme suit :

« Pour ces derniers [les utilisateurs] en effet, il est essentiel de savoir comment se procurer dans des conditions économiques et sûres les programmes qui transformeront un assemblage inerte de circuits électroniques en un amplificateur de puissance logique adapté à des emplois bien précis. »137

Le problème à résoudre pour l’utilisateur est de faire élaborer des programmes adaptés à sa situation propre, en interne (fabrication au sein de l’entreprise) ou en externe (acquisition sur le marché). Se pose alors la question de la valorisation du software et de sa nature, non plus en terme technique mais en qualité d’objet de transaction. Est-ce un « produit intellectuel » ou un « objet de négoce » ? Comment protéger juridiquement ces produits incorporels ? Ont-ils une valeur intrinsèque ? Ces questions sont abordées par Raymond Moch dans le dossier du Monde diplomatique de décembre 1970 qui traite de l’industrie du software. Elles traversent le milieu à

135 « Un produit intellectuel et un objet de négoce.», Raymond Moch, Le Monde Informatique, décembre 1970, pages

22-23

136 On ne trouve pas le terme « application » pour qualifier celui de « software » ou de « programme » dans Le Pari

informatique de Lhermitte (1968) ; on ne trouve que des tournures de phrase du type « programme pour des

applications ».

137 « Un produit intellectuel et un objet de négoce.», Raymond Moch, Le Monde Informatique, décembre 1970, pages

partir de la décision de facturation dégroupée, d’unbundling d’IBM en juin 1969 (Pellegrini and Canevet 2012). Elles s’inscrivent dans le lent processus de spécification de la notion de software. La constitution de software par l’utilisateur nécessite des compétences techniques et organisationnelles dont il n’est pas naturellement doté. « La difficulté d’évaluer les coûts et délais d’élaboration des programmes, la pénurie de personnel qualifié, les difficultés d’organisation des équipes de software »138 sont autant d’obstacles à surmonter pour le néophyte. C’est ce besoin de

compétences qui a suscité l’émergence d’une nouvelle profession :

« Les SSII ont été créées pour répondre à des demandes du marché qui n’étaient pas satisfaites par les constructeurs d’ordinateurs : il s’agissait de pallier le manque de compétences techniques et fonctionnelles, et de donner la priorité aux besoins des utilisateurs sur les aventures technologiques. » (Figer 2005)139

Jean-Paul Figer laisse entendre une volonté d’atteindre un objectif prédéterminé dans le phénomène de création des SSCI. La réalité est plus floue. Raymond Moch, dans une série de six conférences données au Collège en France en février et mars 1970, insiste sur le caractère diffus, flou, disparate et incertain du secteur :

« A côté de l’industrie des machines informatiques [...], a surgi tout un ensemble d’activités complémentaires – on n’ose pas dire vraiment une industrie -, qu’il est déjà difficile de décrire et dont on ne sait pas très bien quelle part est l’amorce d’un nouveau secteur économique permanent ni quelle part constitue une hypertrophie accidentelle et temporaire greffée sur l’ignorance et la crédulité actuelle de nos semblables en matière d’informatique. Mais il est certain que ces deux aspects voisinent dangereusement. » (1971, page 90)

Il ne met pas en cause la pertinence du secteur émergent, même si il ne lui inspire pas confiance. « L’existence des sociétés de software n’est pas un accident ; elles répondent à un marché et un besoin »140. Ce phénomène ne se limite pas à la France ; des Software Houses apparaissent aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne pour répondre à des besoins analogues au cours de la même décennie (Carteron 1996), même si le phénomène français a été plus marqué qu’ailleurs (Bret 2005). Cette similarité au delà des frontières souligne le caractère structurel de cette émergence. L’élargissement des possibilités de programmation a permis de penser un usage de l’ordinateur spécialement conçu pour l’entreprise qui l’intègre, tout en compromettant la rentabilité du système de vente globale –matériel, formation et assistance- des constructeurs. Une opportunité s’est créée entre les prestations du fournisseur qui restent standardisées, et les attentes spécifiques du client dans un domaine où les compétences techniques sont encore rares.

138 « Floraison de sociétés de service aux activités les plus variées.», Jacques Stern, dossier « le développement de

l’industrie du software et l’essor de l’informatique en France », Le Monde Informatique, décembre 1970, p. 24

139 Jean-Paul Figer, polytechnicien (X62), débute sa carrière à la SIA et rejoint le Cap (devenu Cap-Gemini) en 1969

après un séjour aux Etats-Unis.

140 « Floraison de sociétés de service aux activités les plus variées.», Jacques Stern, dossier « le développement de

I.1.3.1.2. Les prestations offertes par les SSCI.

Comment les SSCI aident-elles les utilisateurs dans leur préhension de l’usage de l’informatique ? Jean Carteron offre un premier descriptif, fondé sur son expérience de créateur de la Steria en 1969 :

« Elles se donnent comme objet d’assister leurs clients dans la conception et la mise en place de leurs applications informatiques, elles développent pour eux les programmes nécessaires, commencent à mettre sur le marché des « produits-programmes » et des outils de développement de logiciels, offrent des services de formation, etc » (1996, page 10)

Cette définition prend appui sur la notion anachronique « d’applications informatiques » ; celle de software correspondrait mieux à l’époque. Les prestations citées sont toutes intellectuelles. Elles couvrent une large palette de tâches déléguées par l’utilisateur de la plus simple et unitaire (formation) à la plus complexe (outil de développement de logiciels) et la plus élaborée (développement de programme, y compris analyses des besoins et programmation).

Le regard porté par l’administration, nommément la COPEP et la Délégation à l’informatique, élargit la perspective. A partir de 1969, la Délégation fait procéder à des études et enquêtes sur la profession émergente, qu’elle côtoie dans le cadre de la CII141 (Plénet 1995). En 1970, selon la COPEP, les prestations couvrent : les actions de formation, la mise à disposition de personnels spécialisés, le conseil et l’organisation en informatique, l’analyse et la programmation de programmes spécifiques, la conception de systèmes avancés, la conception de produits standards, le service-bureau, le service à distance, le travail en temps partagé et le traitement à façon (page 235). Les SSCI offrent un éventail large de services possibles pour répondre aux besoins d’assistance de l’entreprise pour sa préhension de l’informatique. L’entreprise a une grande latitude dans le choix de ce qu’elle délègue. Elle peut acquérir de la disponibilité de machine informatique ou de personnel formé. Elle peut confier un ensemble de tâches tout en en conservant la conception (programmation spécifique) ou encore déléguer l’ensemble de la responsabilité de l’informatisation. Elle peut enfin bénéficier du traitement informatisé sans investir personnellement (cas du traitement à façon, du service bureau ou des services à distance). Le secteur dépeint par l’Administration est bien plus large que le seul segment des prestations intellectuelles, de la « matière grise », décrite par Carteron. Cette différence d’appréciation s’explique par le caractère composite de l’offre portée par des types d’acteurs de différentes origines, sur un domaine encore dans la prime enfance, sans les structures qu’apporte la maturité.

141 L’administration reconnait explicitement l’importance de la contribution des SSCI à la CII, par l’apport de

Une analyse du secteur et de ses acteurs complète la vision de la profession. En 1968, les services informatiques représentent un marché de 530 MF et bénéficient d’une très forte croissance, comme le montre le graphique suivant :

Chiffre d’affaires des services et conseil informatique de 1968 à 1973 (en MF)

Source : Mounier-Kuhn, 2005, page 69.

Le tableau des deux pages qui suivent listent les 37 principales SSCI par ordre de chiffre d’affaires, avec le type de prestations offertes, ainsi que des informations recueillies sur leur origine –profession d’origine, date de création et dirigeants fondateurs. L’ensemble des SSCI nommées représente de l’ordre de 90% du marché. Le secteur est très mouvant : les nouveaux entrants continuent d’affluer, le marché se dilate, les prestations évoluent. Le tableau vise plus une compréhension des grands groupes d’acteurs à l’œuvre qu’une analyse détaillée des individualités. Il montre que trois types d’entreprises contribuent à l’émergence de la profession : les façonniers, les cabinets de conseil en organisation et les sociétés d’ingénierie.

13 entreprises sont à l’origine des sociétés de traitement à façon issues de la tradition mécanographique ; elles représentent un chiffre d’affaire de 114 MF142. Elles offrent leurs services

de sous-traitance de traitement de données à des clients qui reculent devant les investissements financiers et humains nécessaires à la création d’un service mécanographique ou informatique interne. Ces entités se sont progressivement tournées vers les nouvelles techniques informatiques (Mounier-Kuhn 2005). Ces prestataires de services ont déjà un portefeuille de clients. L’Institut Mécanographique de Statistiques et d'Applications Comptables (IMSAC) et la Compagnie des Centres Mécano-Comptables (CCMC), les deux plus importants façonniers de ce type, sont des

142On remarquera l’absence dans cette liste des « services bureau » des constructeurs comme IBM ou Bull, qui sont

utilisés comme des vitrines de leurs produits et savoir-faire. Les données sur l’industrie des services informatiques fournies d’abord par la Délégation à l’Informatique puis par la Direction des industries électroniques et de l’informatique du Ministère de l’Industrie (DIELI) ne tiennent compte ni des constructeurs, ni des filiales de groupe si plus de 75% de leur chiffre d’affaires est traité avec la maison mère.

530! 570! 750! 950! 1!110! 1!400! 0! 200! 400! 600! 800! 1!000! 1!200! 1!400! 1!600! 1968! 1969! 1970! 1971! 1972! 1973!

entreprises créées à la fin des années 1940 et bien implantées. Elles occupent les quatrième et cinquième rangs du classement des SSCI en 1968 avec des chiffres d’affaire de 28 et 20 MF. 8 sont des cabinets de conseil en organisation qui élargissent leur offre vers cette nouvelle technique, comme la Compagnie Générale d’Organisation (CGO), le groupe OBM (Organisation Michel Bossard) ou le groupe COFROR (Compagnie Française d’Organisation). Eux aussi bénéficient d’un portefeuille de clients existants avant l’émergence de l’informatisation mais ils doivent acquérir un nouveau savoir-faire par rapport à la technique nouvelle.

Les 16 dernières entreprises répertoriées ont été créées autour des prestations de recherche