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L ES AUTRES FREINS ORGANISATIONNELS ET ECONOMIQUES

Dans le document ÉTUDE SUR LE RÉEMPLOI DES EEE MÉNAGERS (Page 105-110)

D EPOT - VENTE

L ES AUTRES FREINS ORGANISATIONNELS ET ECONOMIQUES

Le coût du foncier est un frein majeur pour les acteurs réalisant une activité de remise en état (reconditionneur ou réparateurs de l’ESS et de l’économie traditionnelle) et/ou stockant les EEE/DEEE (revendeur, dépôt-vente). Ce frein empêche d’investir dans de plus grandes surface, d’autant plus que les taxes appliquées aux magasins sont en augmentation. Le coût du foncier serait environ 6 fois supérieur en Martinique qu’en métropole selon l’ACISE.

La chute du cours des matières premières est à l’origine d’une intensification de la concurrence sur la vente de neuf, donc d’une réduction des marges des distributeurs et ainsi d’une importance croissante de la concurrence de l’ESS. En effet la chute du cours des matières premières permet à certains constructeurs de proposer des produits de qualité médiocre à bas prix. La paupérisation du prix des appareils vendus limite ainsi la réparation des biens et donc leur réemploi.

Comme détaillé dans l’analyse des filières, la valeur unitaire des produits détermine en partie la rentabilité de leur remise en état. Le marché international n’est ainsi accessible que pour des produits dont la valeur unitaire est élevée à cause du cout de transport. Selon certains acteurs interrogés, le manque de réflexion en amont de lancement des projets a conduit un nombre important de reconditionneurs/réparateurs de l’ESS à ne pas suffisamment s’assurer de la viabilité de l’activité de réemploi et à créer ainsi des structures non pérennes, en particulier sur le PEM.

Sans que la fiscalité s’appliquant aux entreprises ait été analysée en détail, 2 freins ont été remontés :

 Le nombre de conventionnements de postes d’insertion est limité au niveau Région en raison de la politique de DGEFP (délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle) ;

 Une baisse des aides à l’emploi est constatée.

II.3.3.3 FREINS COMPORTEMENTAUX

Les consommateurs, qu’ils soient des particuliers ou des professionnels, peuvent par leurs comportements freiner l’activité de réemploi lors de l’achat de produits d’occasion mais aussi lors de l’approvisionnement.

Freins lors de l’achat

Bien que l’achat d’occasion se soit démocratisé, une partie des consommateurs préfère encore acheter systématiquement du neuf en raison d’un manque de confiance dans le produit d’occasion, en particulier en milieu rural. De plus, l’accélération du renouvellement technologique sur la filière des EEE, en particulier sur la téléphonie, pousse les consommateurs à s’équiper avec les derniers modèles.

La demande des consommateurs en produits d’occasion diverge de l’offre sur certains types de produits.

Les acheteurs demandent ainsi beaucoup de tablettes ce dont dispose rarement les acteurs. De même, ils sont à la recherche de TV à écran plat alors que les acteurs disposent surtout de TV à tubes cathodiques.

Les reconditionneurs ou réparateur de l’ESS sont encore trop souvent perçus comme des associations œuvrant dans le social et pas assez comme des vendeurs de produits d’occasion avec un projet social.

Certains équipements ne peuvent pas ou difficilement être remployés parce qu’ils sont jugés trop personnels par les utilisateurs, et les acheter d’occasion relèverait d’un manque d’hygiène. C’est ainsi le cas des casques audio par exemple mais aussi du petit électroménager en contact avec les aliments.

Freins lors de l’approvisionnement des structures de réemploi

Alors qu’initialement, l’activité de réemploi était principalement orientée vers les structures de l’ESS, la prise de conscience de la valeur des EEE, en particulier des smartphones, a encouragé les consommateurs à vendre leurs EEE usagés aux dépends de l’ESS. Ainsi, par exemple, Emmaüs rencontre une baisse du don.

Certains acteurs relèvent qu’une grande partie des collectivités locales ne sont pas encore familiarisées avec les activités de réemploi lorsqu’elles les concernent c’est-à-dire qu’elles donnent encore peu leurs EEE usagés et achètent peu d’EEE reconditionnés. Un reconditionneur estime que si les écoles utilisaient des ordinateurs reconditionnés Linux on pourrait diviser par deux le tarif de l’adhésion et payer une 15aine de salaires.

De même les professionnels disposant de parcs d’EEE usagés ne sont pas encore suffisamment sensibilisés. Certaines entreprises détentrices de parcs informatiques préfèrent encore les envoyer en valorisation matière pour des raisons de confidentialité et sécurité des données, alors que la majorité des acteurs proposent de manière efficace l’effacement des données. Les donateurs potentiels d’ordinateurs ont parfois recours à du leasing aux dépends des acteurs du réemploi même si l’étude révèle qu’une partie des flux de leasing sont ensuite réemployés.

Enfin Eco-Systèmes observe que les DEEE déposés sur le trottoir en tant qu’encombrants par les consommateurs pour être envoyés dans des filières de traitement, et potentiellement de réutilisation, sont très rapidement récupérés par des réseaux qui pillent et récupèrent les matières nobles.

II.3.3.4 FREINS TECHNOLOGIQUES

Les freins technologiques sont généralement spécifiques à chaque filière d’EEE concernée et ont donc été exposés dans les sections correspondantes au sein du chapitre II.2. Ces freins sont de 3 types :

 La conception de certains produits les rend difficile voire non réparables en raison de plusieurs facteurs : miniaturisation, impossibilité de démonter, logiciels bloqués ou obsolètes ;

 La baisse de qualité des EEE vendus sur le marché est décrié comme à l’origine d’une diminution de leur durée de vie qui ne pousse pas à les réemployer ;

 L’accès aux pièces détachées est encore fortement restreint sur certaines filières.

Par ailleurs, la complexité intrinsèque de la réparation des EEE requiert une longue acquisition de compétences qui détourne les structures de petite taille de cette activité. L’arrivée des objets connectés devrait amplifier ce frein.

Enfin, les produits ne sont pas « tropicalisés » si bien qu’ils ne sont pas adaptés au climat des Drom-Com, plus humide avec atmosphère chargée en sel marin.

III. CONCLUSION

Des acteurs toujours plus nombreux et divers interviennent sur le marché du réemploi des EEE ménagers, en raison de l’augmentation du taux d’équipement par foyer, de la prise de conscience de la valeur économique des équipements usagés et de l’élargissement de la REP DEEE aux équipements assimilés.

Face à la multiplication de pratiques et des acteurs, mal connus en raison notamment des limites des études existantes, cette étude a été conduite à un niveau de granularité plus fin (4 filières principales) que celui de la catégorie des DEEE telle que définie par la REP au niveau européen.

Les résultats montrent que chaque filière présente des caractéristiques bien différentes et que les acteurs du réemploi et de la réutilisation se sont spécialisés par filière :

Les filières de l’électroménager et de l’audiovisuel présentent les caractéristiques clés suivantes :

Le gisement d’équipements électroménagers potentiellement réemployable et réutilisable est le plus important (en unité et en tonnages) des catégories d’EEE analysées et est stable. Le gisement d’équipements audiovisuels est important relativement aux autres filières, mais le renouvèlement technologique récent des télévisions entraine une dissociation entre l’offre de produits issus du réemploi et la demande : les consommateurs sont par exemple à la recherche de TV à écran plat alors que le gisement, et donc l’offre de réemploi, concerne des écrans à tubes cathodiques.

Les reconditionneurs / réparateurs de l’économie sociale et solidaire jouent un rôle central au sein de la filière électroménager.

 Les dépôts-vente, les revendeurs et les plateformes de mise en relation entre particuliers sont les acteurs majeurs de l’activité de réemploi sur la filière audiovisuel.

La filière du réemploi et de la réutilisation des équipements électroménagers se concentre progressivement sur les têtes de réseaux qui se professionnalisent, alors que les acteurs de petite taille voient leurs gisements se tarir et leur équilibre économique en pâtir. Les reconditionneurs ou réparateurs de l’ESS n’appartenant pas aux principaux réseaux déplorent la tendance à la concentration du secteur due à la frilosité des principaux constructeurs et distributeurs à travailler avec eux. Les constructeurs et distributeurs estiment quant à eux qu’il existe un manque de professionnalisation et une taille trop faible de ces acteurs pour traiter des volumes importants.

 Le bilan quantitatif estimé montre que seuls 4,5 millions d’équipements auraient été remployés en 2015 sur ces deux filières. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les 65 millions d’équipements neufs mis sur le marché français sur la même période sur ces mêmes filières.

Les filières de la téléphonie et de l’informatique présentent les caractéristiques clés suivantes :

Le gisement est important pour ces types de biens, bien qu’inférieur à celui des équipements électroménagers et audiovisuels, et on observe une différence qualitative significative entre le gisement issu des particuliers et le gisement issu des professionnels pour l’informatique. Les smartphones et tablettes affichent les durées de détention moyennes les plus faibles de tous les EEE, signe d’un taux de renouvellement extrêmement rapide en lien avec des évolutions technologiques et logicielles soutenues, mais aussi d’une conception des appareils peu durable (batterie défaillante par exemple).

Ces filières sont fortement concurrentielles, notamment la filière de la téléphonie qui est très dynamique sur laquelle de nombreux acteurs se sont positionnés : des acteurs intermédiaires (Asset Manager, Broker, site de mise en relation entre particuliers et professionnels) mais également des reconditionneurs / réparateurs de l’économie traditionnelle. Les constructeurs et les distributeurs ont également développé des activités en lien avec le réemploi sur ces filières (par exemple collecte des équipements usagés dans le cadre de contrats de leasing, reprise en magasin des téléphones usagés des particuliers par les opérateurs). A noter le positionnement d’acteurs de l’ESS sur le réemploi d’ordinateurs dans le cadre de la lutte contre la fracture numérique notamment (label Ordi2.0, offre de produits reconditionnés à destination d’associations).

Parmi les principaux freins spécifiques à cette filière, on note des freins règlementaires, en particulier la réglementation sur les échanges transfrontaliers qui cadre ces échanges afin de limiter

les exports illégaux de déchets et donc imposent certaines règles, telles que la nécessité d’envoyer un produit en état de fonctionnement, qui sont des éléments bloquants pour les acteurs qui souhaitent exporter ou importer les équipements informatiques ou des téléphones mobiles en vue de leur reconditionnement et revente. Plusieurs freins technologiques et logiciels ont également été remontés par les acteurs.

 Le bilan quantitatif estimé montre que près de 10 millions d’équipements auraient été remployés en 2015 sur ces deux filières. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les 34 millions d’équipements neufs mis sur le marché sur la même période sur ces mêmes filières.

Ainsi, bien que les ventes d’équipements neufs soient inférieures de moitié sur les filières de la téléphonie et de l’informatique par rapport à l’électroménager et à l’audiovisuel, les flux de biens réemployés sont plus de 2 fois supérieurs ce qui s’explique par des facteurs économiques et technologiques, au premier rang desquels une valeur unitaire des équipements supérieure sur les 2 premières filières.

Le don et la vente directs entre particuliers (sans intermédiaire) et les plateformes de mise en relation entre particuliers sont deux canaux par lesquels des quantités très significatives d’équipements sont réemployées toutes filières confondues. C’est par ailleurs sur ces canaux que transitent d’autres catégories de produits, hors les quatre filières sur lesquelles s’est focalisée la présente étude, susceptibles d’être réemployés, les outils électriques ainsi que les jouets/équipements de loisirs et de sport. Bien que les volumes de flux réemployés ne soient pas comparables car vraisemblablement inférieurs aux filières précédemment citées, les volumes de biens réemployés quantifiables ne sont pas marginaux et une part importante des flux sont informels.

L’analyse des pratiques et des acteurs, de leurs attentes et besoins a permis d’identifier des problématiques prioritaires ; des recommandations ont pu être formulées à l’usage de l’ADEME et des pouvoirs publics au sens large avec pour objectif de soutenir et développer l’activité de réemploi et réutilisation des EEE/DEEE ménagers et assimilés.

ANNEXES

ANNEXE I LISTE DES ACTEURS INTERROGES ... 110 ANNEXE II RESULTATS DE L’ANALYSE DE L’EXISTANT ... 111 ANNEXE III NOTE METHODOLOGIQUE ... 121

Dans le document ÉTUDE SUR LE RÉEMPLOI DES EEE MÉNAGERS (Page 105-110)