• Aucun résultat trouvé

1. Recension des écrits

1.4 Le sport

1.4.3 L’entraineur sportif

Les entraineurs et leurs joueurs peuvent développer des liens significatifs par le biais de leur passion commune pour le sport. Cette relation a été définie comme « une situation où les connaissances, sentiments et comportements d’un entraineur et d’un sportif ont un lien réciproque de cause à effet. » (Jowett et Poczwardowski, 2008, p. 4). Ces chercheurs considèrent qu’au cœur de la relation se trouvent des instructions, des conseils et du soutien pour l’athlète. Les concepts clés pour s’assurer de la prospérité de ce lien seraient : la confiance, le respect mutuel, la coopération, la communication et la compréhension. À l’inverse, le manque de confiance et de respect serait un obstacle au développement d’une relation saine.

29

Selon les mêmes auteurs, l’amélioration des performances et le bien-être psychologique des individus seraient centraux dans la relation entraineur-entrainé. Ces éléments se regrouperaient en deux catégories : efficacité/inefficacité affective et succès/échec sportif. Cette taxinomie offrirait ainsi quatre possibilités de relation entraineur-entrainé. Nous les présentons en ordre de la plus idéal à celle l’étant le moins :

1) Relation efficace psychologiquement se soldant par des succès sportifs.

2) Relation efficace psychologiquement se soldant par des échecs sportifs.

3) Relation inefficace psychologiquement se soldant par des succès sportifs.

4) Relation inefficace psychologiquement se soldant par des échecs sportifs.

Il y aurait toujours du positif qui ressortirait des relations efficaces psychologiquement puisque le bien-être des individus serait respecté. C’est ce qui importe le plus dans la relation entraineur-entrainé. Le succès quant à lui, n’est pas garant de bien-être. Néanmoins, la relation optimale allierait l’efficacité psychologique et les succès sportifs. Les relations inefficaces se soldant par des échecs sportifs seraient les relations entraineur-entrainé les moins bonnes (Jowett et Poczwardowski, 2008).

La relation entraîneur-entraîné s’inscrit dans un continuum. Elle « est censée évoluer avec le temps en réponse au caractère dynamique des connaissances, émotions et comportements entretenus par les parties. » (Jowett et Poczwardowski, 2008, p. 4). Il est possible qu’une relation s’améliore ou se dégrade.

Le leadership de l’entraineur est reconnu comme un vecteur important de la réussite sportive d’une équipe. Il est de sa responsabilité de s’assurer de la cohésion du groupe et du partage d’objectifs communs (Jowett et Lavallee, 2008). De surcroît, son leadership peut aussi avoir une influence sur le développement psychosocial des jeunes qu’il entraine. Cette influence s’effectue par le biais de ses attitudes, de ses comportements et des valeurs qu’il transmet (Smith et Smoll, 2008). Pour s’assurer de faire preuve de leadership, il doit miser sur des habiletés de communication efficaces (Jowett et Lavallee, 2008).

30

Selon LaVoi (2008), la communication est un élément essentiel de la relation entraineur- entrainé. À travers celle-ci, l’entraineur transmet à ses joueurs l’attention, le respect et la confiance nécessaire à leur relation. L’auteur ajoute :

La naissance, le développement, la pérennisation et la mort de la relation entraîneur-entraîné se produisent par l’intermédiaire des processus de communication. L’expertise en matière de communication est sans doute plus importante pour le succès d’une relation entraîneur-entraîné et le bien-être des protagonistes que le savoir-faire technique de l’entraîneur (LaVoi, 2008, p.32). Cette idée que les aptitudes de communication de l’entraineur sont plus importantes que ses connaissances techniques a été partagée par Patrice Evra dans un reportage diffusé à la chaine Canal +. Ce dernier l’explique lorsqu’il parle de Sir Alex Ferguson, son ancien entraineur, considéré comme une légende du soccer :

Avant de partir il m’a dit : (…) Tu sais le foot, les entraineurs c’est vrai, il y a besoin un peu de tactiques, de connaissances, mais le plus important c’est la communication avec les joueurs, ce que tu peux leur transmettre (Canal +, 2017). La communication entre un entraineur et ses joueurs passe par ce qui est dit et par ce qui est fait. Par exemple, à travers sa gestion de l’effectif l’entraineur communique des informations implicites à ses joueurs. Le joueur qui débute la partie en tant que titulaire ne reçoit pas le même message que celui qui commence en tant que remplaçant. Parallèlement, l’effort déployé par un joueur durant les entrainements envoie un message à l’entraineur sur sa motivation. Dans la relation entraineur-entrainé, les formes de communication verbale et non-verbale sont importantes dans l’établissement d’un bon lien entre les deux acteurs, mais on les retrouve aussi dans les conflits. Par ailleurs, les formes de communication employées peuvent à la fois être à la source du conflit ou bien encore permettre de le résoudre. En d’autres mots, la communication est inévitable (LaVoi, 2008).

Il importe de souligner que la relation entraineur-entrainé n’est pas toujours idyllique. Selon Burke (2001), cette relation peut comporter des abus physiques et sexuels. Bergmann (2002), quant à lui, souligne que la relation entraineur-entrainé est inégalitaire. L’auteure compare cette relation au rapport qu’entretiennent les enseignants avec leurs élèves. Dans les deux cas de figure, les entraineurs ou les enseignants sont en position de pouvoir. Ils prennent les décisions sachant ce qui est bon, ou non, pour l’athlète ou

31

l’élève. Dans les sports d’équipes l’entraineur peut accorder plus d’attention à un joueur qu’à un autre. Cependant, Bergmann considère que cette situation est acceptable dans le cas où tous les joueurs recevront le niveau de soutien et de sollicitude requis. L’auteure ajoute aussi que les entraineurs et les athlètes ne devraient pas entretenir de relations amicales profondes puisque cela pourrait créer des conflits d’intérêts chez l’entraineur. En fait, l’idéal serait que les deux protagonistes partagent une relation utilitaire. Ce rapport permettrait à l’entraineur de connaitre les habiletés sportives de l’athlète sans qu’ils aient à partager des informations personnelles. L’objectif étant toujours d’atteindre des objectifs sportifs communs.