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cnr, vnf, rff, sncf Techniciens du conseil général

3. Les restrictions des droits à construire (urbanisation future) s’appliquent à toutes les zones, selon les correspondances données par le guide pprt et reprises dans le tableau

2.2 La difficile conciliation des intérêts en présence

2.2.2 L’engouement des parties associées pour le projet directeur

Visant avant tout la restauration et la valorisation du tissu économique local, cette trame de projet directeur n’a aucun mal à faire l’unanimité parmi les acteurs locaux contribuant à l’élaboration des trois

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. Principaux destinataires du projet, les exploitants soutiennent forcément la démarche. Surtout qu’au même moment, les effets de la crise de 2008 se font durement ressentir parmi les établissements de la vallée, dont deux au moins sont en difficulté à l’époque (Arkema à Pierre-Bénite et Kem One à Saint-Fons). L’adhésion des communes est aussi facilement acquise, dans la mesure où les actions prévues confortent la vocation industrielle du site103. De même, l’accueil est plutôt favorable du côté des services de l’État, pour

au moins deux raisons. La première est que le cap fixé par le Grand Lyon convient globalement aux services instructeurs, dans la mesure où il préfigure des orientations d’aménagement

a Source : Grand Lyon

103On a vu dans la première partie que les élus de Pierre-Bénite, Saint-Fons et Feyzin attendaient justement du Grand

Lyon qu’il s’associe à leur combat pour le maintien de l’industrie lourde dans la vallée, à un moment où son avenir paraissait plus qu’incertain (cf. §1.3). Bien que favorables au projet, certains s’inquiètent cependant du virage annoncé vers la chimie verte et les cleantech. Ainsi cet adjoint au maire de Saint-Fons craignant que les populations locales ne trouvent plus à s’employer sur place faute d’être suffisamment qualifiées : « Le chômage de masse est déjà une réalité sur notre commune. Or les industriels vont avoir besoin de main-d’œuvre (très) qualifiée pour produire dans le respect de l’environnement. Les banlieues limitrophes, ouvrières, risquent d’en pâtir. Il va falloir rendre notre territoire attractif pour d’autres entreprises, autour du recyclage notamment. » Source :

http ://www.universite-lyon.fr/sciences-societe/un-territoire-en-mutation--310573.kjsp(consultation du 27 janvier 2016).

qui permettront de poursuivre l’élaboration des trois

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en engageant, le moment venu, les discussions sur les réglements. La seconde est que les ambitions de régénération du tissu économique de la vallée de la chimie cadrent parfaitement avec les ambitions du nouveau préfet de région, affichées dès sa prise de fonction, de placer son action au service de l’industrie et du développement local104. Complètement en phase avec les intentions du projet directeur,

il en devient très vite l’un des principaux soutiens, suivant de près l’avancement des travaux, n’hésitant pas à se mêler aux discussions et mobilisant ses services, notamment les agents instructeurs des

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, pour qu’ils s’insèrent dans les groupes de travail mis en place par le Grand Lyon.

Pendant plusieurs mois, les acteurs locaux se partagent donc entre le

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d’un côté et le projet directeur de l’autre, contribuant en même temps aux deux démarches dans des rôles inversés. Outre qu’elles renforcent les liens interpersonnels entre des agents qui ne se connaissent pas encore très bien, ces contributions croisées ont aussi pour effet de pousser les services de l’État et les représentants des collectivités locales à lier les deux procédures dans une vision partagée des buts à atteindre. Comme le dit l’un d’entre eux, « on a cheminé ensemble pour

mieux identifier les enjeux conjoints du

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et du projet directeur, pour se dire collectivement que sur tel secteur, on verrait bien un maintien d’activités économiques à développer et que sur tel autre, il pourrait y avoir d’autres usages ou des contraintes plus fortes ». L’alignement des points

de vue consiste alors à penser que si le projet directeur doit faciliter l’élaboration du

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(comme voulu par les services de l’État au départ), le second doit en retour se mettre au service du premier en favorisant la dynamique de régénération de l’industrie sur elle-même, tout du moins en ne la compromettant pas. C’est-à-dire que si le

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interdit le développement sur certains secteurs, il devra le permettre sur d’autres, notamment ceux identifiés par le projet directeur.

Ces contributions croisées qui s’étalent entre 2011 et 2012 installent également l’idée de deux démarches conjointes qui doivent désormais avancer de concert pour pouvoir s’ajuster au mieux. De ce point de vue, la situation idéale serait celle d’un règlement

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qui s’écrit en même temps que le projet directeur s’affine et se précise, de façon à ce que les interdictions définies par l’un ne contreviennent pas aux intentions de l’autre. Mais pour que le règlement

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puisse commencer à s’écrire, deux étapes préalables doivent d’abord être franchies : la stabilisation des aléas d’une part (qui implique elle-même un règlement définitif du différend sur la cinétique des boil over) ; la réalisation des diagnostics de vulnérabilité d’autre part. Pour les services instructeurs, le moment est donc venu de pousser le préfet à cet arbitrage sur la cinétique afin de débloquer la situation et d’avancer vers la mise en règlement des

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. Un inspecteur, alors proche du dossier, précise les circonstances de cette demande :

‘‘

Quand il était directeur de cabinet au ministère, il a toujours dit que les

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étaient ultra prioritaires. Il ne pouvait donc pas se déjuger en arrivant ici. Surtout que la DGPR pousse aussi. On voit bien que par rapport aux objectifs, on est en retard. Globalement. Donc il y a une pression globale. Ce n’est pas particulier au sud de Lyon, d’ailleurs. Mais bon, pour le sud de Lyon, ça fait quand même longtemps qu’on est partis. Et début 2011, on voyait bien qu’on commençait à tourner en rond et qu’il fallait effectivement, à un moment, un peu d’arbitrage pour avancer. Sinon, dans dix ans, on sera toujours là à discuter des décisions à mettre en œuvre et des différentes options possibles. Donc je pense qu’il n’y avait pas autre chose à faire, c’est juste qu’il fallait qu’on avance sur les

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. Parce qu’il avait bien senti que les élus… L’incertitude dans laquelle les élus sont actuellement… Un coup, on leur dit blanc. Un coup, on leur dit noir. Le maire de Feyzin a d’ailleurs écrit un article à ce sujet en disant : « On nous balade105». Je pense qu’à un moment, effectivement,

il faut trancher et avancer. Ça ne veut pas dire que tout le monde sera content, mais au moins ça sera clair. Je pense que le préfet avait bien compris ça.

Si dans un premier temps, le

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a poussé à l’émergence du projet directeur, c’est ce dernier qui en retour pousse à l’avancement du premier et conduit le préfet à devoir arbitrer le différend sur les aléas de Feyzin.

104Ainsi cet article du Journal des entreprises du 7 janvier 2011 : « Lors de sa présentation à la presse le 3 décembre dernier,

[le nouveau préfet de région] a fait part de ses trois priorités, au premier rang desquelles l’économie, notamment via le soutien à l’industrie […]. “Je vais essayer d’être à l’écoute de tous ceux qui créent de la richesse, c’est-à-dire les entreprises et en particulier les entreprises industrielles”, a-t-il déclaré. Ajoutant qu’il est aussi nécessaire que l’information circule, pour que tout projet industriel aboutisse. »

105L’article en question est une interview d’Yves Blein, maire de Feyzin, publiée dans Lyon Capitale de septembre 2011

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