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MÉTHODES D'ANALYSE DES VALEURS DU MARCHÉ

4- L’efficience de marché

Depuis sa première définition par FAMA (1965)88 le concept d’efficience a connu plusieurs acceptions qui ont conduit à différentes descriptions des marchés financiers. FAMA (1970) décrit le marché efficient comme celui sur lequel les prix reflètent toute l’information disponible. Il suppose qu’il n’existe pas de coûts d’intervention (coûts de transaction, impôts...), que l’information est immédiatement et gratuitement disponible pour tous les participants et, enfin, que tous les investisseurs mesurent les effets de cette information sur les cours présents ainsi que les distributions de cours futurs pour chaque titre.

En réalité, la théorie des marchés efficients part des cinq hypothèses suivantes :

 il existe un nombre important d’investisseurs rationnels qui participent activement au marché en analysant, évaluant et échangeant les titres ;

 les investisseurs prennent les prix comme une donnée exogène. Ils ont un comportement non concurrentiel ;

 l'information est générée au hasard c’est à dire que les annonces sont fondamentalement indépendantes les unes des autres ;

 l’information n’est pas biaisée, elle est connue de tous les participants sensiblement au même moment ;

 les investisseurs réagissent rapidement et correctement à toute nouvelle information de sorte que les cours s’ajustent.

L’efficience ne peut être testée que pour une seule catégorie d’information à la fois. A la suite de FAMA, on répartit l’information en trois catégories, correspondant à trois formes de tests et donc à trois niveaux d’efficience informationnelle. La première catégorie se limite à

l’historique des cours passés et donne lieu à des tests d’efficience faible. La deuxième englobe toutes les données publiques (bilans, comptes de résultats, PER) susceptibles d’influencer le cours des titres et permet de tester l’efficience semi-forte. Enfin, la dernière catégorie englobe toute l’information disponible y compris celle qui n’est accessible qu’aux seuls initiés et se prête aux tests d’efficience forte. FAMA (1991) renomme les trois formes de l’efficience.

L’efficience de forme faible devient la prévisibilité des rentabilités, dont les tests sont définis par les rentabilités passées et aussi des variables telles que les dividendes ou les taux d’intérêt.

Ceux de la forme semi-forte regroupent les études d’événement et ceux de la forme forte concernent l’information privée.

La modélisation et le concept d’efficience proposés par FAMA ont nourri la réflexion scientifique. BEAVER (1981) affine le concept et considère «qu’un marché est efficient par rapport à un signal y't si et seulement si la configuration des prix des titres {Pjt} est la même que celle obtenue dans une économie analogue où de plus chaque individu recevrait à la fois

88 . GILLET P., (2006), L'efficience des marchés financiers, Economica, Paris.

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y't et des informations privilégiées »89. Sur un tel marché, les prix se comportent comme si l’information y't était connue de tous. Il définit l’efficience par rapport au système qui produit le signal observé, donc par rapport à un ensemble de signaux possibles. Il distingue

l’efficience de l’information de l’efficience du système d’information.

LATHAM (1986) précise que les marchés sont efficients par rapport à une information donnée si le fait de révéler cette information à tous les agents ne modifie ni l’équilibre des prix, ni celui des portefeuilles.

STIGLITZ (1981) rompt avec la notion d’efficience des marchés relativement à

l’information. Il considère que c’est l’efficience économique et plus précisément la qualité de l’allocation des ressources du pays considéré qui détermine celle des marchés financiers; plus elle est importante, plus on peut s’attendre à ce que les marchés soient concurrentiels.

Cette approche a conduit à considérer que les caractéristiques des marchés financiers dans les pays en voie de développement (taille, réglementation, coûts de transaction et nature des investisseurs) constituent un obstacle à l’efficience.

SAMUELS (1981) affirme que la nature des marchés émergents est telle que les prix ne peuvent pas refléter toute l’information disponible. Par conséquent, on ne peut pas s’attendre à ce que les investisseurs interprètent correctement l’information annoncée dès lors que les grandes sociétés ont toute latitude pour influencer le cours de leur titre en le faisant varier d’une amplitude non justifiée par l’information disponible.

Dans cette analyse la relation qui existe entre l’information et le prix des titres passe au second plan. Or, c’est précisément l’efficience informationnelle qui intéresse les gérants de

portefeuilles, car elle leur donne des indications sur leur capacité et celle de leurs pairs à agir sur le marché.

En outre FAMA90 a défini la distinction entre un marché efficient et un marché parfait. Un marché parfait est de type Walrasien, c’est-à-dire un marché où les prix déterminés par les lois de l’offre et de la demande sont des prix d’équilibre.

Les conditions nécessaires à l’existence d’un marché parfait sont les suivantes :

 atomicité du marché, c’est-à-dire, multiplicité des acheteurs et des vendeurs, sans qu’aucun d’entre eux n’ait une position dominante ; ils sont considérés comme

“price-takers”;

 libre entrée sur le marché, ce qui suppose une liquidité et des frais de transaction réduits ;

 transparence totale du marché, les informations sont accessibles à tous et sans coût ;

. 89

BEAVER W H., (1981),"Market Efficiency," The Accounting Review, v56 (1), pp23-37 .

.90

JAFFEUX C., (1991), « Signal et Efficience des Marchés Impact d’une Notation Lors de l’Emission de Billets de Trésorerie sur le Marché à Règlement Mensuel », AFIR Colloquium, Université de Paris:Panthéon-Sorbonne,

UFR Gestion3, pp 387-412 .

 divisibilité parfaite du capital.

Ces hypothèses seraient suffisantes, mais non nécessaires à la définition d’un marché efficient.

Pour conclure, de nombreux acteurs du marché pratiquent l’analyse technique conjointement avec l’analyse fondamentale pour déterminer leur stratégie de trading (transaction).

L’un des principaux avantages de l’analyse technique est la possibilité pour les analystes expérimentés de suivre plusieurs marchés et instruments de marché, alors que l’analyse fondamentale suppose la connaissance approfondie d’un marché en particulier.

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Principales différences entre les deux types d’analyse:

Analyse fondamentale Analyse technique

Se fixe sur ce qui devrait se passer sur un marché

Se fixe sur ce qui se passe réellement sur un marché

Facteurs impliqués dans l’analyse de prix : 1. Offre et demande

2. Cycles saisonniers 3. Temps

4. Politique gouvernementale

Graphiques fondés sur l’action du marché impliquée :

1. Prix 2. Volume

3. Intérêt ouvert (contrat à terme seulement).

Le fondamentaliste étudie les causes des mouvements du marché alors que le technicien en étudie les effets.

L’analyste fondamental identifie et mesure les facteurs qui déterminent la valeur intrinsèque d’un instrument financier : entre autres, le contexte général politique et économique, parmi eux les facteurs qui affectent l’offre et la demande des produits et services en dépendant. Si l’offre décroît mais que le niveau de la demande reste inchangé, les prix du marché vont alors augmenter. Une croissance de l’offre produit l’effet inverse.

Chapitre 6

La prévision est un outil très utile pour l’aide qu’elle apporte à tout gestionnaire. Elle joue un rôle important dans le processus de planification des actions futures en avenir

incertain.

Le domaine des méthodes de prévision est assez différent du domaine de la finance tant par les informations requises que par les objectifs visés : cependant on peut s'interroger sur les liens qui existent entre la prévision (ses méthodes) et la connaissance des marchés financiers. En effet, les marchés financiers constituent des outils de mesure extrêmement intéressants du fait qu'ils permettent d’effectuer en même temps des comparaisons et offrent une gamme étendue d'informations sur les perceptions qu'en ont les opérateurs.

La caractéristique principale distinguant le monde financier d'aujourd'hui de celui d’hier est certainement celle de l'efficacité des marchés au niveau international. En effet, les méthodes statistiques et informatiques auxquelles on a recours dans les opérations boursières sont devenues disponibles dans la plupart des grandes institutions financières du monde entier (RUGGIERO 1994)91. Grâce à ces méthodes le marché mondial connaît actuellement une efficacité fortement accrue.

Nous allons exposer quelques concepts liés à la théorie de la prévision et donner les explications de techniques de prévision parmi les plus utilisées.

Dans ce chapitre, nous définirons certaines notions importantes dans le domaine de la prévision des marchés financiers. Nous traiterons d'abord les généralités sur des méthodes

. 91

RUGGIERO M-A.,( Sept 1994), “ How to build an artificial trader”, Futures Cedar Falls, Iowa, v.23 p.56-58 .

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