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L’atomisme wittgensteinien : le Tractatus Logico-Philosophicus et la théorie de

Chapitre 2 : Le langage dans l’atomisme logique

2.2. L’atomisme wittgensteinien : le Tractatus Logico-Philosophicus et la théorie de

« La philosophie est un combat contre l’ensorcellement de notre entendement par les ressources de notre langage », Wittgenstein,

Recherches Philosophiques, 1956.

Rappelons que l’enjeu de l’ouvrage était, comme le dit l’auteur dans son avant-propos, « de tracer une frontière à l’acte de penser, – ou plutôt non pas à l’acte de penser, mais à l’expression des pensées ». Il s’agissait, pour Wittgenstein, de déterminer les limites de ce que l’on peut exprimer de manière sensée. Or, nous dit le philosophe autrichien, « cela ne peut se faire que de l’intérieur des limites mêmes du pensable et donc, ce qui revient au même, qu’à partir de ce qui est exprimable ». Comme l’affirme l’aphorisme 4.114 du Tractatus, l’entreprise philosophique « doit marquer les frontières du pensable, et partant de l’impensable. Elle doit délimiter l’impensable de l’intérieur par le moyen du pensable ». Or, déterminer le domaine du pensable ne peut se faire qu’à partir d’une investigation sur la nature et les limites du sens et par un questionnement sur la manière dont notre langage parvient à exprimer des choses sensées puisque, comme Wittgenstein le dit au 4.116, « tout ce qui peut être proprement pensé peut être exprimé ». Autant dire, la question centrale du Tractatus sera celle du sens et celle-ci trouvera réponse dans une détermination de la nature du langage et plus précisément, de la nature des propositions, de ce en quoi consiste leur vérité et leur fausseté.

Wittgenstein débute son enquête sur la nature de la proposition par un examen du lien qui unit la pensée à la proposition. La pensée, dit-il, est « l’image logique des faits » (TLP, 3) alors que la proposition est l’expression perceptible d’une pensée (TLP, 3.1). La proposition est en même temps une image de la réalité ou, comme le précise Wittgenstein, « un modèle de la réalité telle que nous nous la figurons » (TLP, 4.01). La réalité, quant à elle, correspond à « [l]a subsistance des états de choses et leur non-subsistance » (TLP, 2.06). Ainsi, la proposition exprime, ou mieux, figure, un état de choses réel (effectif) ou encore, simplement possible. Wittgenstein distingue en effet entre un état de choses (Sachverhalt) et un fait (Tatsache), le fait étant défini comme la subsistance d’un état de choses (TLP, 2) et l’état de

choses, comme une concaténation ou « une connexion d’objets (entités, choses) » (TLP, 2.01). Le terme « situation » (Sachlage) est employé, quant à lui, pour parler de façon plus générale de la possibilité de subsistance et de la possibilité de non-subsistance d’états de choses (2.201), et ce, abstraction faite de leur subsistance ou de leur non-subsistance. Wittgenstein associe ainsi la notion de situation à celle de sens d’une proposition en avançant que « l’image figure une situation possible dans l’espace logique » (TLP, 2.202) et que « [c]e que l’image figure est son sens » (TLP, 2.221)28.

L’intuition fondamentale de Wittgenstein, dans le Tractatus, est que la vérité d’une proposition consiste en « une relation entre la proposition et l’état de choses » (NB, 27-10- 14). Cette relation, affirme le philosophe, est une relation de correspondance, voire d’isomorphie entre le langage et le monde puisque les divers éléments de la proposition doivent correspondre trait pour trait aux différents éléments auxquels ils se rapportent dans la réalité, c’est-à-dire aux éléments constitutifs de l’état de choses qu’elle dépeint. La proposition est donc pensée comme une image qui représente un état de choses. Or, pour que nous puissions dire d’une image qu’elle figure ou représente de façon adéquate un état de choses, nous devons reconnaitre, au sein de l’image, les différents éléments qui sont constitutifs de cet état de choses. Comme le dit Wittgenstein, « la relation représentative consiste dans les correspondances des éléments de l’image et des choses » (TLP, 2.1514). D’un portrait, par exemple, nous dirions qu’il représente telle personne s’il reproduit bien les traits de cette personne et non pas les traits d’une autre personne. C’est en ce sens que Wittgenstein affirme que « pour reconnaitre si l’image est vraie ou fausse, nous devons la comparer avec la réalité » (TLP, 2.223), qu’« à partir de la seule image, on ne peut reconnaitre si elle est vraie ou fausse » (TLP, 2.224) et qu’« il n’y a pas d’image vraie a priori » (TLP, 2.225).

La vérité d’une proposition consiste ainsi en sa correspondance ou son adéquation avec le réel et sa fausseté en sa non-correspondance ou son inadéquation avec celui-ci. La

28 La distinction entre fait, état de choses et situation demeure difficile à interpréter. Max Black (1964, p. 49),

par exemple, associe les notions d’état de choses (state of affairs) et de situation. Pour une discussion critique et détaillée de ces notions, voir Plourde (2006).

proposition, comme le portrait, peut très bien représenter (exprimer) quelque chose qui est simplement possible et n’est pas actuellement le cas. C’est pourquoi « [l]’image représente la réalité en figurant une possibilité de subsistance et de non-subsistance d’états de choses » (TLP, 2.201). Au même titre que l’image peut être exacte ou inexacte (TLP, 2.21, 2.223) ou encore, au même titre que celle-ci peut figurer quelque chose qui est ou n’est pas le cas, la proposition peut être en adéquation ou non avec la réalité, c’est-à-dire être vraie ou fausse.

L’adéquation dont il est ici question n’est toutefois pas limitée au simple fait que les éléments de l’état de choses soient représentés au sein de la proposition. Il doit en effet exister une relation de coordination voire d’analogie entre la proposition et l’état de choses qu’elle dépeint (Plaud, 2012, p. 30). Cette analogie est, selon ce que dit Wittgenstein, une analogie de structure : pour qu’un portrait dépeigne correctement un visage, il ne suffit pas que soient présents dans le portrait et pêle-mêle les éléments du visage (le nez, la bouche, les yeux, les éléments du décor, disposés dans n’importe quel ordre). Bien plutôt, ses divers éléments doivent être disposés dans le même ordre, de la même façon, que les éléments correspondants du fait ou de l’état de choses simplement possible dépeint.

C’est pour cette raison que Wittgenstein affirme que l’image (la proposition) et la réalité ont en commun leur forme de représentation ou ce qu’il nomme « forme logique ». La forme logique est, selon les mots du philosophe, « ce que toute image, quelle qu’en soit la forme, doit avoir en commun avec la réalité pour pouvoir proprement la représenter – correctement ou non » (TLP, 2.18). En ce sens, une proposition est à même de représenter la réalité parce qu’elle partage avec celle-ci une certaine forme, une certaine organisation : la forme logique de la proposition doit correspondre à la forme de la réalité qu’elle dépeint, c’est-à-dire à la façon dont les objets qui constituent les états de choses décrits par les propositions sont combinés.

Ici, il faut bien voir que le mot allemand « Bild » renvoie moins à l’idée d’une image en deux dimensions qu’à celle, plus générale, d’un modèle29 ce que confirme d’ailleurs l’aphorisme

29 David G. Stern fait remarquer que le mot Bild est habituellement traduit par « image » (picture) ce qui tend

4.01 du Tractatus qui rapproche l’un de l’autre ces deux concepts : « [l]a proposition est une image de la réalité. [Elle] est un modèle de la réalité telle que nous nous la figurons ». Les aphorismes suivants, les aphorismes 4.011 à 4.016, quant à eux, expliquent de quel genre de modèle il est question : Wittgenstein affirme que de même que dans les hiéroglyphes ou encore la notation musicale nous retrouvons une analogie de structure entre le représentant (le dessin hiéroglyphique, la note sur la portée) et le représenté (la scène dépeinte par le hiéroglyphe, l’air musical ou la mélodie), de même, dans le langage écrit (ou le langage en général), nous retrouvons une analogie de structure entre la proposition et l’état de choses. Les propositions sont donc, en un certain sens, des modèles en cela que, comme pour tout autre mode de représentation, la relation entre le langage (ou le mode de représentation) concerné et la réalité est une relation projective (TLP 3.11). C’est en ceci que réside, pour Wittgenstein, l’essence même de la représentation, c’est-à-dire de ce que cela signifie pour une proposition, d’être une « image » de la réalité : comme dans tout mode de représentation, la structure de l’état de choses représenté dans le langage se retrouve transposée ou projetée point par point dans la proposition. Cette idée de projection est à entendre en un sens quasi mathématique, c’est-à-dire au sens d’une « translation » d’un système dans un autre système (Plaud, 2012, p. 31). Ce dernier point est primordial pour comprendre ce qu’il faut entendre ici par « analogie de structure » : en géométrie, il y a translation d’une figure d’un plan à un autre plan dans la seule mesure où les rapports entre les points de la figure demeurent inchangés une fois la translation effectuée. De la même façon, lorsque nous transcrivons un air musical sur une partition, il est essentiel que notre transcription de la mélodie écrite comporte les mêmes intervalles que la mélodie chantée sans quoi il ne s’agirait pas du même air30. Selon Wittgenstein, il en va de la même façon pour la proposition : celle-ci doit

comme le relate l’interprète à la suite de G. H. Von Wright, l’idée est venue à Wittgenstein de penser le langage selon le modèle du modèle (sans mauvais jeu de mots) après avoir lu un article de journal dans lequel on relatait qu’une maquette avait été utilisée dans un procès pour reconstituer un crime. Ainsi, l’idée d’une image en trois dimensions est peut-être plus appropriée pour penser le fonctionnement de la proposition tel que Wittgenstein l’entend. Quoi qu’il en soit, comme Stern le note, l’important pour Wittgenstein est surtout le mode de fonctionnement des modèles en général : « the theory involves generalizing from what models, pictures, and the like are supposed to have in common, and treats two-dimensional pictures as just one kind of Bild. » (Stern, 1995, p.36).

30 C’est la raison pour laquelle nous pouvons reconnaitre un air – « Frère Jacques » par exemple –, peu importe

la tonalité dans laquelle celui-ci est chanté ou joué : les intervalles – c’est-à-dire la relation entre les notes qui composent l’air – demeurent les mêmes. Nous parlons alors d’une transposition. Les Carnets comparent d’ailleurs thèmes musicaux et propositions : « Musical themes are in a certain sense propositions. Knowledge

reproduire trait pour trait la structure de l’état de choses qu’elle dépeint, c’est-à-dire reproduire la configuration des différents éléments qui le constituent, d’où l’idée d’une analogie de structure entre la proposition et l’état de choses, idée à laquelle renvoie le concept de forme logique (je reviendrai sur cette notion dans le prochain chapitre).

Une telle conception du sens n’est évidemment pas sans poser problème : d’une part, il est clair que comparer la proposition à un modèle reproduisant point par point la structure du réel tend à suggérer une analyse des propositions somme toute assez simple. Toutefois, comme l’explique David G. Stern :

Wittgenstein did not think that the relationship between ordinary language and the objects that make up the world would be as simple as [e.g.] the relationship between the model in the law courts and the street accident it represents, however. Instead, he thought that most everyday statements would turn out, on analysis, to correspond to a whole set, possibly an infinite set, of “elementary propositions,” each of which functions along the lines suggested by the picture theory. It is these elementary propositions that consist of objects combined in a certain way, thereby representing that the corresponding objects in reality are combined in the same way. (Stern, 1995, pp. 38-39)31

Qu’il y ait une analogie de structure entre l’état de choses et la proposition qui l’exprime indique bien pourquoi, selon Wittgenstein, l’analyse logique du langage doit donner à voir les constituants réels des propositions. Comme il le dit lui-même, « [q]ue les éléments de l’image soient entre eux dans un rapport déterminé présente ceci : que les choses sont entre elles dans ce rapport […] » (TLP, 2.15). Le problème demeure toutefois que Wittgenstein ne donne nulle part d’exemple d’une analyse telle qu’il la concevrait effectivement. Russell, comme nous l’avons vu, propose bien une méthode d’analyse des propositions précise et claire. Wittgenstein cependant, même s’il cautionne vaguement les vues de son protecteur

of the nature of logic will for this reason lead to knowledge of the nature of music » (p. 40, entrée du 7 février 1915).

31 Ce que Stern dit concernant le fait qu’une proposition complètement analysée puisse correspondre à un

ensemble infini de propositions élémentaires demeure bizarre étant donné ce que Wittgenstein dit au 3.23 du

Tractatus : « requérir la possibilité des signes simples, c’est requérir la détermination du sens ». Si l’analyse

logique peut continuer sans fin, c’est-à-dire si celle-ci ne révèle pas, au bout du compte, que les constituants de la proposition analysée sont des signes simples renvoyant à certains éléments de la réalité, alors on voit mal comment pourrait être établi le sens de cette proposition complexe. P. Frascolla (2007, pp. 70-71) avance un argument en ce sens : « a proposition, to be meaningful, must be capable of representing a situation in such a way that reality can always settle its truth or falsity: it is this condition that could not be fulfilled if the components of the situation depicted were infinitely divisible ».

sur cette question, n’affirme pas pour autant que la procédure russellienne d’analyse corresponde à l’outil philosophique qu’il a en tête. Comme l’explique encore Stern, le fait est que le Tractatus Logico-Philosophicus est un ouvrage programmatique. C’est la raison pour laquelle, selon l’interprète, Wittgenstein reste vague concernant sa procédure d’analyse logique :

Wittgenstein’s Tractarian conception of the ultimate level of analysis, a notation that clearly presents the structure of the facts, is quite extraordinarily abstract. An analysis is whatever results at the end of an exhaustive specification of a proposition’s constituents, thus laying bare the full implications of the proposition to be analysed. What an ordinary sentence conceals by means of enormously complex tacit conventions, a fully analysed sentence will reveal for all to see. (Stern, 1995, p. 63).

Tout au plus, pouvons-nous nous faire une vague idée de ce que Wittgenstein avait en tête en considérant ce que dit l’aphorisme 2.0201 du Tractatus :

2.0201 – Tout énoncé portant sur des complexes se laisse analyser en un énoncé sur leurs éléments et en propositions telles qu’elles décrivent complètement ces complexes.

Ce qu’affirme cet aphorisme est que l’analyse logique doit transformer la proposition analysée « […] into a proposition about the constitutive parts of the complex, which includes a description of the complex and makes its sense explicit » (Frascolla, 2006, p.54). Ainsi, la proposition « le balai est dans le coin » serait transformée en quelque chose comme la conjonction « le manche à balai est dans le coin et la brosse est dans le coin et la brosse est attachée au manche à balai, etc. », c’est-à-dire une proposition affichant tous les constituants de la proposition complexe et exhibant (« montrant » – je reviendrai sur le sens particulier qu’a ce terme pour Wittgenstein dans le prochain chapitre) les relations logiques qui subsistent entre ces constituants.

Il n’en demeure pas moins que l’absence d’exemple, tant pour ce qui est de la procédure d’analyse logique des propositions que pour ce qui est des objets simples que cette procédure d’analyse est censée découvrir, constituera l’un des problèmes majeurs au cœur de l’interprétation du Tractatus. Stern remarque d’ailleurs que Wittgenstein, dans ses

conférences de Cambridge, admet que Russell et lui-même ne se sont pas assez attardés sur ce problème précis. Wittgenstein affirme en effet que :

[Russell and I] were at fault for giving no examples of atomic propositions or individuals. We both in different ways pushed the question of examples aside. We should not have said “We can’t give them because analysis has not gone far enough, but we’ll get there in time”. Atomic propositions are not the result of an analysis which has yet to be made (CL, p. 11).

Il est également clair, et ce sera là la critique que Wittgenstein adressera plus tard à sa première philosophie, qu’une telle manière de penser le sens ne peut être valable que pour certains types de propositions uniquement. En effet, si la théorie de l’image semble fonctionner dans le cas des propositions assertives – les propositions qui nous servent à décrire les choses (« x est P ») – elle ne semble pas être en mesure d’expliquer comment des propositions ayant des fonctions différentes – par exemple, celles qu’expriment des phrases interrogatives, exclamatives, des injonctions, etc. – font pour avoir un sens. Autrement dit, l’erreur du premier Wittgenstein, selon le second, est d’avoir pensé que la théorie de l’image consistait en une solution universelle et définitive au problème du sens des propositions alors qu’elle ne couvre en fait qu’une partie du problème (Stern, 1995, pp. 39-40). Aussi, Wittgenstein condamna-t-il la conception tractarienne du langage comme reposant sur un essentialisme naïf et une vision trop restreinte de ce en quoi consiste le sens. Il décriera d’ailleurs, dans les Recherches philosophiques, cette soif injustifiée d’idéal qui l’affligeait à l’époque du Tractatus : « L’idée [de l’idéal], dira-t-il, est en quelque sorte posée sur notre nez comme des lunettes à travers lesquelles nous verrions ce que nous regardons. Il ne nous vient même pas à l’esprit de les enlever » (PU, 103).

Quoi qu’il en soit, nous pouvons, à partir des considérations précédentes, caractériser la conception tractarienne du sens comme suit : une proposition pourvue de sens sera soit a) une proposition qui est l’image d’un état de choses possible, soit b) une proposition plus complexe construite à partir de propositions plus élémentaires qui elles, sont des images d’états de choses possibles. C’est en cela que la théorie wittgensteinienne des propositions peut être assimilée à l’atomisme logique – et la philosophie wittgensteinienne être dite « analytique » – puisque toutes les propositions complexes peuvent être décomposées –

analysées – de telle sorte qu’elles se révèlent être des fonctions de vérité de propositions élémentaires (TLP 5). Leur vérité dépend de la vérité de propositions élémentaires, ces propositions élémentaires affirmant la subsistance d’états de choses (TLP 4.21) : « si la proposition élémentaire est vraie, alors l’état de choses subsiste, si elle est fausse, l’état de choses ne subsiste pas » (TLP 4.25). Les propositions élémentaires sont en fait des combinaisons de noms (TLP 4.221) c’est-à-dire des symboles simples qui réfèrent à des éléments simples de la réalité, les fameux objets (TLP 2.02) du Tractatus qui, une fois combinés, composent les états de choses atomiques (TLP 2.01).

Ainsi, comme en ce qui a trait à l’atomisme russellien, l’atomisme wittgensteinien repose sur deux thèses distinctes, l’une d’ordre méthodologique, l’autre d’ordre métaphysique (Cheung, 2017). D’une part, en ce qui a trait à la thèse méthodologique, Wittgenstein croit, comme Russell, en la possibilité pour l’analyse logique d’exhiber la structure logique véritable du langage et d’aboutir à un niveau ultime d’analyse où ne résideraient que les noms simples qui sont les constituants les plus élémentaires des propositions. D’autre part, et pour ce qui est de la thèse métaphysique, l’auteur du Tractatus défend qu’une proposition est rendue vraie par l’existence de faits atomiques.

Nous voyons donc mieux, dès à présent, comment l’analyse logique du langage conduit Wittgenstein à concevoir la réalité comme étant ultimement composée d’objets simples : pour être pourvues de sens, les propositions de notre langage doivent être composées d’expressions dont les constituants réfèrent, en dernière analyse, aux objets simples qui constituent les états de choses atomiques32. L’analyse logique doit ainsi résulter en une notation – sorte de langage-calcul « primaire » ou « idéal » – exhibant clairement la structure