• Aucun résultat trouvé

L’ascension vers la présidence du Conseil municipal de Paris

Des circonstances particulières ont amené le futur ministre à se lancer en politique à une époque très animée.

A.- Préludes à une élection

L’entrée en politique de Pierre Baudin se fait par le truchement posthume de son oncle Alphonse. Une succession d’événements au cours des années 1888 et 1889 le pousse à déclarer sa candidature aux élections municipales de 1890.

1888 est une date importante pour Pierre Baudin car c’est une année de commémoration pour son oncle Alphonse. Le 14 novembre, en effet, le Conseil municipal de Paris adopte une proposition lue à la tribune par son président, Alphonse Darlot « au milieu du plus profond recueillement. » Il s’agit de se rendre en corps, le dimanche 2 décembre « à 2 h de l’après midi » au cimetière Montmartre pour déposer une couronne sur la tombe d’Alphonse Baudin,

« l’héroïque défenseur de la République ». Le peuple républicain de Paris est convié à témoigner avec le Conseil « dans un calme recueillement, de son inébranlable attachement au droit, à la liberté et à la République1 ». Pierre Baudin n’est pas complètement étranger à cette initiative car il fait partie de la Ligue républicaine antiplébiscitaire à l’origine de cette manifestation en l’honneur de la République et de l’un de « ses défenseurs les plus symboliques2 ».

Cinq jours plus tard, le 19 novembre, le Conseil général de la Seine prend la même disposition. De nombreux comités républicains, municipalités, associations diverses les imiteront les jours suivants, en particulier, les francs-maçons.

Pourquoi cette cérémonie qui fait suite à celle du 22 septembre à Nantua au cours de laquelle une statue d’Alphonse Baudin a été inaugurée3 ?

1 APP, Ba 99, fol. 319.

2 La Lanterne du 11 novembre 1888.

3 Voir prologue.

Il s’agit de faire front au boulangisme au faîte de sa popularité. Le général a été élu, dans l’année, dans quatre départements1 au cours d’élections législatives complémentaires.

Dans les rangs républicains, on sert les coudes. Le ministère Floquet, investi en avril 1888, est perplexe. Le boulangisme est en hausse. En plus, pendant les vacances parlementaires, éclate un scandale provoqué par les propos tenus par un député socialiste Numa Gilly. Il est maire de Nîmes et a été élu en 1885 sur une liste de radicaux élargie à quelques socialistes. Rendant compte de son mandat à Alès, le 3 septembre 1888, il a dit son écœurement devant les marchandages et concussions opportunistes. Évoquant Wilson, poursuivi l’année précédente, il s’est écrié : « sur trente-trois membres de la commission de budget, vous avez au moins vingt Wilson… » L’opinion publique est portée à donner raison au député du Gard. Gilly fait-il le jeu des boulangistes ? Des opportunistes n’hésitent pas à l’affirmer et à avancer, au grand émoi de Gilly, que la caisse boulangiste assurera les frais du procès que le député-maire de Nîmes aura à soutenir pour diffamation. Concernant cette période effervescente, l’historien socialiste Alexandre Zévaès écrit: « L’affaire des décorations, la fuite de Grévy, les révélations de Numa Gilly, la catastrophe de Panama qui se profile à l’horizon2 : ah ! depuis deux ans, quelles illustrations, quelles vignettes éclairant l’histoire des gouvernements opportunistes 3!... »

Avocat depuis décembre 1885, âgé de 25 ans, Pierre Baudin est, à cette époque, un inconnu du grand public. D’ailleurs, lors du défilé, il ne s’est pas mis en avant. Il n’y avait ce jour-là qu’un Baudin : c’était Alphonse4. Le cortège formé place de l’Hôtel de Ville à 11 h aurait compté au départ 2 000 personnes mais augmenta progressivement sur le parcours.

Boulevard Rochechouart, où le président Darlot prononça son discours, la police l’estimait entre 30 et 35 000 participants5. Toujours selon la même source, les étudiants qui étaient 200

« furent très applaudis ».

Dès le lendemain de la cérémonie, le nom de Pierre Baudin apparaît pour la première fois dans la presse. On apprend qu’un jeune député de Paris, est à l’agonie en Algérie où il se repose. Des élections partielles sont à prévoir. Or, pendant le défilé du 2 décembre, le conseiller municipal radical du quartier de Bercy (12e), Lyon-Alemand6, cheminant avec son collègue le docteur Dubois, du quartier de la Santé (14e), se fait présenter Pierre Baudin à qui il dit que ses amis et lui seraient décidés à proposer sa candidature. Il ajoute: « Le nom que vous portez, sans parler des qualités personnelles que j’ai pu apprécier dans plusieurs réunions publiques, vous désignent comme le seul candidat capable de faire échec à la candidature Boulanger. Permettez-nous de disposer de vous et au besoin de vous faire violence. Vous

1 En avril 1888 dans le Nord (son option) et en Dordogne, puis en août à nouveau dans le Nord, après avoir démissionné, en Charente-Inférieure et dans la Somme. Cf, Garrigues, Le Général Boulanger, p. 147 et suiv.

Aussi Zévaès, Au temps du boulangisme, pp. 100 à 115.

2 Le 14 décembre 1888, le gouvernement a déposé un projet de loi afin de proroger le paiement des sommes dues par la Compagnie universelle du Canal de Panama. L’affaire n’éclatera que trois ans plus tard.

3 A. Zévaès, Au temps du boulangisme, p. 120.

4 Le défilé n’a pas eu le succès escompté. On attendait plus de 100 000 personnes, voire 300 000 pour certains ; il n’y en eut pas 10 000, selon d’autres. Mais la Lanterne du 4 décembre indique 300 000 ! Le Radical du même jour écrit : « Manifestation admirable, simple, imposante, décisive ». Elle a duré deux heures selon la plupart des journaux. Le même jour, à Nantua, le sous-préfet a déposé une gerbe devant la statue d’Alphonse Baudin, en présence de 300 personnes.

5 APP, Ba 99, fol. 337.

6 Il est essayeur de la Monnaie, selon M. Nogaï, Les conseillers municipaux…, p. 167.

vous devez à votre parti et au souvenir de votre glorieux oncle1 ». Très ému, P. Baudin aurait répondu simplement : « Je suis à la disposition de mon parti, et comme mon oncle, je ferai ce qu’exigera l’intérêt de la République ». Interrogé par La France, P. Baudin est resté très prudent. Le journal se pose d’ailleurs la question relative à son parti. Lequel ? « Est-il radical, est-il opportuniste comme on le dit ? Nul ne le sait et lui-même nous a répondu que le moment n’était pas encore venu de parler ».

La France fait cependant comprendre à Pierre Baudin, « qu’en France, à Paris surtout, il ne suffit pas d’être le neveu de son oncle pour s’imposer aux électeurs. M. Baudin, futur candidat à Paris, est mieux placé que qui que ce soit pour se rappeler que son père (sic2), le frère du glorieux Baudin, avait été par les soins de Delescluze, présenté aux suffrages des électeurs dans trois arrondissements de Paris. Il échoua partout. »

Auguste Hude3 étant décédé le 22 décembre 1888, à Mostaganem, l’élection partielle doit avoir lieu le 27 janvier 1889. Qui sera opposé à Boulanger candidat aux suffrages des électeurs parisiens? Un congrès antiboulangiste doit en décider.

Il se réunit le 6 janvier 1889. Il y a environ 370 personnes, dont Clemenceau. Anatole de la Forge4, député de la Seine, préside.

Maujan prend la parole le premier. Ancien saint-cyrien, passionné de politique, ce républicain a démissionné de l’armée pour se présenter à une législative partielle dans l’Hérault sans succès. En 1885, après avoir créé un journal socialiste, La France libre, à l’existence éphémère, il s’est représenté aux législatives en tête d’une liste radicale, sous le thème de l’antiboulangisme, toujours en vain. Il sera récompensé de sa persévérance en 1889 en étant élu dans le 10e arrondissement, contre un boulangiste. En attendant, en ce mois de janvier 1889, il prononce une charge très dure contre le général Boulanger, rappelant son séjour à Belley5, les lettres au duc d’Aumale, etc., et sans ambages, propose le nom de Pierre Baudin à la grande surprise de l’assistance. Maujan explique : « Il ne faut pas que le peuple parisien fasse à la République, une suprême injure en donnant la majorité au général Boulanger au premier tour. La candidature Baudin est de nature à prévenir cette calamité. »

Cette proposition ne suscite pas l’enthousiasme des congressistes même après le défilé du 2 décembre. Selon le Journal de l’Ain, un conseiller municipal, Charles Laurent est ensuite intervenu et « a tué » la candidature de Pierre Baudin par cette seule phrase : « Ce n’est pas en République qu’on doit accueillir un candidat simplement parce qu’il est le neveu de son oncle6 ». La Lanterne du 8 janvier écrit que « la candidature de Baudin ne trouva aucun écho ». En fait, Pierre obtient deux voix contre 234 au président du Conseil général, Jacques qui sort grand vainqueur de cette compétition. « Ce distillateur du quartier de Plaisance, écrit Jean Garrigues, vieux républicain sexagénaire, est loin d’être un ténor du parti radical. Afin de

1 Cité par La France du 5 décembre 1888.

2 Il s’agissait, comme on l’a vu, de son oncle Georges.

3 Il avait 37 ans. Maire d’Issy-les-Moulineaux, il avait été élu sur une liste radicale en 1885.

4 Né en 1821, il a fait une carrière de diplomate, puis de préfet (au 4 septembre 1870) et surtout de journaliste (au (au Siècle). Député de la Seine depuis 1881, il ne va pas être reconduit en septembre 1889 car on lui préfère Jules Joffrin contre Boulanger.

5 Le colonel Boulanger a commandé la garnison de Belley entre 1874 et 1880. C’est de là qu’il écrivit au duc d’Aumale pour le remercier de l’avoir aidé dans sa carrière.

6 Le Journal de l’Ain du 7 janvier 1889.

pourfendre le général prestigieux, les républicains divisés, n’ont pu choisir qu’un anti-héros à la pâle figure1. »

Les autres candidats sont Abel Hovelacque, ancien président du Conseil municipal (en 1886), futur député en cette même année 1889, dans le quartier de la Salpêtrière2 (13e), qui obtient 69 voix, le journaliste Auguste Vacquerie3 avec 58 suffrages, le président en titre du Conseil municipal, Alphonse Darlot (3 voix seulement) et Boulé4, 2 voix comme Pierre Baudin.

Ce sont là les débuts très modestes de notre héros en politique…

On a donc beaucoup prononcé le nom de Baudin depuis quelques mois. Mais c’était Alphonse. Pour Pierre, dont les amis connaissent les idées avancées- il est résolument radical-socialiste - très intéressé par les questions sociales, bénéficiant d’une longue tradition familiale républicaine, le moment est venu et la tentation est grande d’essayer de se faire un prénom. Il s’est donc employé à soutenir la candidature de Jacques et en a profité pour se faire mieux connaître.

On le voit, par exemple, le 11 janvier 1889, devant 500 personnes, participer à une réunion, rue St-Jacques, organisée par l’Union des républicains du 5e arrondissement. Il a même fait une longue conférence sur « les crimes de l’Empire » et terminé par un appel chaleureux en faveur de la candidature de Jacques5 ». Le 16 janvier, nouvelle conférence, intitulée : « De la République à l’Empire », 8 rue Titon, devant un auditoire d’une centaine de personnes. Baudin a rappelé les divers événements des années 1848 et 1849, notamment la création des ateliers nationaux dont la suppression amena une insurrection. « La démocratie a-t-il dit en terminant, doit avoir constamment à l’esprit les événements d’hier, pour le cas où une personnalité quelconque chercherait à se substituer au gouvernement en s’appuyant sur les partis réactionnaires. Il faudrait par des mesures énergiques l’arrêter dans ses tentatives, la République étant nécessaire au développement des idées sociales6. »

Lors d’une réunion rue Bignon, le 22 janvier, devant près de 2 000 personnes, P. Baudin se trouve dans sa future circonscription, le 12e arrondissement. Le sénateur Georges Martin et Lyon-Alemand l’accompagnent au bureau pour vanter les mérites de leur candidat : Jacques.

Un orateur rappelle que le Faubourg Saint-Antoine « avait toujours été le rempart de la République ». Paroles dont va se souvenir P. Baudin…

On ne redira pas ce que fut la désillusion des vrais républicains le soir du 27 janvier 1889… alors que le pays se prépare à célébrer le centenaire de la Révolution de 1789 et l’Exposition universelle avec la Tour Eiffel. Mais la campagne électorale n’a pas été inutile pour Pierre Baudin. Il a su intelligemment y faire sa place en faisant des conférences ce qui permet au public de fixer son attention sur un visage. Se faire un prénom : voilà son objectif.

1 J. Garrigues, Le général Boulanger, p. 215.

2 Il a battu Planteau, boulangiste, député sortant. C’était un écrivain touche à tout assez prolifique. Il mourut en 1896 à 52 ans.

3 Journaliste et poète, il écrivait notamment dans le Rappel, journal radical. Il était le frère de Charles, mari de Léopoldine Hugo qui se noya avec lui en septembre 1843.

4 (Parfois écrit Boulay), il représente les guesdistes (Parti ouvrier français) et les blanquistes (Comité révolutionnaire central). Édouard Vaillant, sollicité, a refusé « pour des raisons personnelles » (APP, Ba 626).

Les possibilistes se sont ralliés à Jacques. (Zévaès, Histoire de la Troisième République, p. 182)

5 APP. Ba 100, fol. 12.

6 APP. Ba 100, fol. 17.

Mais l’année 1889, est encore une année Alphonse Baudin. Pour l’anniversaire du 4 août 1789, les Républicains ont décidé le transfert au Panthéon, le 4 août 1889, des cendres de Lazard Carnot, Marceau, La Tour d’Auvergne (grenadier des armées de la Révolution), et … d’Alphonse Baudin.

La Patrie du 5 août raconte que le 3 août à 7 h 30 du soir, « après la fermeture des portes du cimetière Montmartre, on a procédé à l’exhumation du corps de Baudin », en présence de responsables du cimetière, d’un délégué du préfet de la Seine, de celui du préfet de police, et du président du Conseil municipal, Chautemps. Mais surtout, Pierre Baudin,

« neveu, avocat » et le docteur Baudin1, « cousin », assistaient à la cérémonie mortuaire.

D’après le journal, le cercueil qui contient les restes de Baudin « n’a pas plus d’un mètre de longueur. Après l’exhumation, il a été déposé sous le pont qui traverse le cimetière. A 9 h, un fourgon des pompes funèbres est venu le prendre pour le conduire au Panthéon. MM. Baudin l’ont accompagné pendant son trajet. Au Panthéon, il n’a été délivré aucun reçu (sic) du cercueil de Baudin ».

Le lendemain, la cérémonie officielle a été très discrète, en tout cas, beaucoup trop aux yeux de nombreux radicaux. La note quotidienne du préfet de police tient en quelques lignes, signalant que le président de la République Sadi Carnot « a été l’objet de manifestations sympathiques de la part de la foule nombreuse qui se trouvait aux abords du monument2. »

Mais le Radical a des regrets : « La ville devait être tendue de draps blancs comme une procession, tapissée de fleurs, pleine de l’émotion communicative… (…) Qui donc resterait chez soi, sous le soleil de midi, en pleine lumière ? Paris entier se mettrait en marche vers le Panthéon », écrit Tony Révillon qui ajoute : « Les organisateurs de la fête en ont décidé autrement. Ils ont voulu faire convenable, digne, modeste ; ils ont fait petit. On ne célèbre pas Carnot, Hoche, Kléber3 (sic) comme des parents de province qu’on rapporte au caveau de famille. Il faut pour ces grands hommes, pour ces grands exemples, les empressements et les enthousiasmes de la foule, des cris sur les lèvres, des larmes dans les yeux, des pâleurs sur les fronts ! On a cru bien faire, on s’est trompé4. »

Après deux années bien animées pendant lesquelles le souvenir de son oncle a eu les faveurs de la presse, en particulier à l’occasion des manifestations des 2 décembre 1888 et 4 août 1889, Pierre Baudin estime le moment venu de se lancer dans la bataille des municipales de 1890.

La brillante réussite de Boulanger le 27 janvier 1889 contre Jacques5, d’un côté, et la présence de son oncle au Panthéon, de l’autre, vont, à la fois par revanche et par encouragement, stimuler son zèle républicain et sa volonté de se présenter aux prochaines élections municipales.

1 Qui a hébergé Pierre au début de ses études à l’École de droit.

2 APP, Ba 100. Voir aussi la brochure éditée par l’Association générale des étudiants de Paris, créée quelques années auparavant : « Les fêtes de l’Université de Paris en 1889-1890 », p. 7. Les étudiants parisiens ont assisté en corps à la cérémonie du Panthéon. Ils précisent que toute la rue Soufflot « était décorée par deux rangées de mâts espacés de 12 m, surmontés de drapeaux tricolores. »

3 Emporté par son enthousiasme, Révillon ajoute à la liste Kléber qui est et reste à Srasbourg… Il est vrai que lors de la préparation de cette cérémonie quelqu’un avait suggéré d’ajouter ce glorieux général à la liste.

4 Le Radical du 5 août 1889.

5 Boulanger obtient 241 000 voix contre 162 000 à Jacques.

B.- Le choix de Paris

Pierre Baudin n’ignore pas la situation très spéciale de la capitale en ce qui concerne sa mise sous tutelle de l’État. Il faut la résumer avant de présenter le choix du candidat pour le quartier des Quinze-Vingts.

1.- La capitale sous surveillance : la loi du 14 avril 1871

Depuis les premières élections au suffrage universel du Conseil municipal, les 23 et 30 juillet 1871, celles des 27 avril et 4 mai 1890 sont les septièmes. Pierre Baudin y participe pour la première fois. On sait que le pouvoir de cette assemblée a été réduit à la portion congrue par la loi du 14 avril 1871.

Dès le 4 septembre 1870, la République proclamée, se pose la question du statut de la capitale. Celle-ci n’a connu un maire - au sens plein du mot - qu’à deux reprises : entre 1789 et 1794 et en 1848. Mais en dehors de ces deux courtes périodes, selon la formule d’Yvan Combeau1, « Le Paris-municipal est en fait une coquille vide de pouvoir politique. »

Depuis Bonaparte, le préfet de la Seine et le préfet de Police gardent une main ferme sur Paris. La Révolution de 1848 bouleverse très provisoirement ce dispositif et bien vite on revient au statu quo ante. Le Second Empire, dont le régime juridique est imité du Premier, ne touche pas aux institutions parisiennes2. Le conflit permanent entre la capitale et le pouvoir étatique va-t-il être résolu après la chute de Napoléon III ? C’est ce que beaucoup de républicains espèrent… La déception sera grande.

Le Conseil municipal est désormais élu au suffrage universel. C’est l’acquis majeur. Il se compose de 80 membres. Léon Say a fait adopter un amendement consacrant le quartier comme base d’élection. Il pense que c’est un moyen d’atténuer le rôle politique de la capitale.

Les 20 arrondissements de Paris élisent donc chacun quatre membres du conseil (un par quartier) au scrutin individuel3 à la majorité absolue au premier tour et à la majorité relative au second. La durée du mandat est de trois ans. (A partir de 1896, elle sera de quatre ans).

Il faut avoir 25 ans pour être éligible, être électeur à Paris ou être inscrit au rôle d’une des quatre contributions directes.

La loi dispose en outre qu’un maire et trois adjoints sont nommés dans chaque arrondissement par le gouvernement. Leurs fonctions sont incompatibles avec celles de conseiller municipal. Celui-ci ne peut être conseiller général ou conseiller d’arrondissement d’un autre département puisqu’il est ipso facto conseiller général de la Seine.

Depuis la loi du 21 mars 1831, les conseillers ne percevaient aucune indemnité.

Cependant, depuis 18814, compte tenu de l’importance du travail et des frais occasionnés, un crédit sert à rembourser les conseillers ayant effectué des dépenses en liaison avec leur mandat. Cette somme atteint en moyenne 6 000 francs par an et par conseiller au moment où

1 Yvan Combeau, Paris et les élections municipales sous la Troisième République. La Scène capitale dans la vie politique française. L’Harmattan. 1998. p. 23. Nous suivons de près cette thèse pour le présent chapitre. Voir aussi la thèse de Nobuhito Nagaï, Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914). Les publications de la Sorbonne. 2002.

2 Seuls, les pouvoirs des préfets sont élargis.

3 Autre différence ave les autres communes qui votent, elles, au scrutin de liste.

4Et après de nombreuses tentatives infructueuses des conseillers eux-mêmes pour obtenir des indemnités.

P. Baudin entre au Conseil en 1890. Longtemps contestée par la Cour des Comptes, cette pratique ne sera régularisée que par la loi du 8 avril 1914… Par ailleurs, il faudra attendre 1905 pour voir se créer une caisse de retraite pour les conseillers municipaux et pour qu’ils

P. Baudin entre au Conseil en 1890. Longtemps contestée par la Cour des Comptes, cette pratique ne sera régularisée que par la loi du 8 avril 1914… Par ailleurs, il faudra attendre 1905 pour voir se créer une caisse de retraite pour les conseillers municipaux et pour qu’ils