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atypique et conquérant (1898-1908)

Une deuxième phase dans la vie politique de Pierre Baudin commence avec son entrée à la Chambre des députés en 1898 lors des élections générales. Il sera réélu au Palais-Bourbon, quand il quittera son arrondissement parisien pour l’Ain en 1900, lors d’une élection partielle, et poursuivra brillamment la série en 1902 et en 1906. Nous le suivrons dans cette deuxième partie jusqu’à son départ, en janvier 1909, pour le Sénat. Auparavant, il aura été ministre et obtenu plusieurs présidences d’associations ou de sociétés, ce qui prouve le prestige dont il bénéficiait. Ce sera la « belle époque » de Pierre Baudin.

C’est désormais sur la scène nationale que P. Baudin va devoir illustrer ses talents de radical-socialiste. Quelles idées politiques et sociales, voire économiques traduisent cette idéologie en cette année 1898 où il devient député et sera bientôt ministre ? Ses écrits, notamment dans la Lanterne, le journal des radicaux, sont là pour nous informer. (Chapitre 1)

A la Chambre des députés, le représentant du XIe arrondissement va se montrer très actif et va rapidement s’imposer, comme il l’a fait au Conseil municipal, en spécialiste du budget.

L’intérêt de cette phase dans la vie de Baudin est sa confrontation avec l’affaire Dreyfus qui occupe l’essentiel des journaux parisiens. Il est intéressant de voir les réactions de notre jeune député et celle de ses amis radicaux devant le déferlement des passions suscités par cet épisode extraordinaire de la vie politique française1. Pendant cette courte période où il exerce effectivement ses fonctions de député parisien (un an et demi y compris une partie comme ministre2), Baudin ne va pas cesser d’écrire mais s’arrêtera de publier dès son entrée dans le cabinet Waldeck-Rousseau, en juin 1899. (Chapitre 2)

La défense de la République est le thème fédérateur de la période qui intéresse l’unique ministre radical-socialiste de Waldeck-Rousseau et le député de Belley élu en juillet 1900, alors qu’il est encore ministre pour deux ans. Baudin va montrer son indépendance d’esprit par rapport à sa famille politique puisque celle-ci n’est guère enthousiasmée, au départ, par le personnage de Waldeck-Rousseau, trop à droite à son goût même s’il est authentiquement républicain. (Chapitre 3)

L’arrivée au pouvoir d’Émile Combes succédant à Waldeck-Rousseau en juin 1902 va semer un certain trouble parmi quelques radicaux, dont Baudin, ne partageant pas la lutte jugée excessive contre les congrégations. En octobre 1904, lors du congrès du parti, notre héros qui ne se prive pas depuis janvier 1903 de critiquer publiquement le gouvernement, sera exclu avec quelques autres du comité national du parti. Nous devrons analyser cette phase parfois pénible pour Baudin, notamment dans l’Ain où il doit se battre contre ses collègues parlementaires restés fidèles au combisme. Son radical-socialisme est à l’épreuve. (Chapitre 4)

Après le départ d’Émile Combes, il va rapporter de nombreux dossiers et être élu par ses pairs rapporteur général du budget pour les années 1905 et 1906. C’est l’apogée du député spécialiste des matières financières. Pendant cette période, Pierre Baudin effectue, au Palais-Bourbon, un travail parlementaire considérable : 68 rapports au total répartis par moitié ou

1 Voir sur cet épisode, parmi tant d’autres ouvrages, le petit livre très suggestif de Madeleine Rebérioux, La République radicale ?, p. 3 à 41.

2 A l’époque on peut être parlementaire et ministre en même temps.

presque (36 et 32) entre ces deux années1. La plupart sont rédigés au nom de la commission du budget où son rôle est essentiel. Mais le député de l’Ain se dépense également sans compter pour assurer sa réélection dans sa circonscription de Belley, en mai 1906. Il fonde le Réveil de l’Ain et en assure la direction pour lutter victorieusement contre les combistes emmenés par Pochon. Nous le suivrons pendant cette période jusqu’à son départ pour le Palais du Luxembourg en janvier 1909. (Chapitre 5)

Parallèlement à son activité au Palais-Bourbon, et en particulier en 1905, 1906 et 1907 (ces deux dernières années sous Clemenceau qu’il n’aime guère), P. Baudin va cumuler les présidences dans le privé et va donc s’éloigner un peu de la Chambre.

Le journaliste prend une vraie dimension nationale et est choisi comme président de l’Association des journalistes sportifs qui se crée en 1905 et comme vice-président des journalistes parisiens en 1907. On sait qu’à trois reprises, il a été amené à diriger un journal2. On verra aussi dans ce chapitre le réseau favori de Pierre Baudin, c’est-à-dire celui des lettres et des arts. (Chapitre 6)

Enfin, on va découvrir que ce radical-socialiste est aussi un capitaliste. Il va même être nommé - et ce n’est pas le moins surprenant pour un radical - président de la banque franco-américaine en 1906 et président de la société internationale des écoles Berlitz, en 1907, l’année où il se remarie. (Chapitre 7)

Atypique, d’un côté, conquérant, de l’autre. Tel nous apparait le député P. Baudin, personnage attachant et bourreau de travail.

1 Rappelons qu’en 1904, l’intéressé n’a produit aucun rapport, mis à part le projet de résolution présenté de concert avec un grand nombre de ses collègues, relatif aux caisses de retraites des associations de presse (séance du 8 mars 1904). On a bien compris que son peu d’enthousiasme pour la politique de la majorité ne l’a guère incité à accomplir un travail forcené pendant cette période au Palais-Bourbon.

2 La Volonté, le Courrier de l’Ain et le Réveil de l’Ain. Il dirigera bientôt le Voltaire.

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