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L’articulation entre publications et les communautés scientifiques

2.1 La sociologie des sciences

2.1.3 L’articulation entre publications et les communautés scientifiques

philosophie de la science pendant les années soixante (Ramírez, 2003).

L’apport de Kuhn permet ainsi de mieux comprendre les changements réalisés dans la conception de communauté scientifique dans la sociologie des sciences dans les années subséquentes. Car si dans la présente étude nous tentons d’identifier des éléments distinctifs de la recherche en communication visibles dans les revues examinées, par contre les limites imposées par la méthode choisie, la bibliométrie, empêchent de rendre compte des aspects culturels, cognitifs et subjectifs qui orientent la production scientifique dans le champ des études canadiennes en communication.

2.1.3 L’articulation entre publications et les communautés

scientifiques

D’autre part, W. O. Hagstrom dans son livre The scientific community publié en 1965 abandonne l’idée que des normes puissent régir la communauté scientifique, et qu’un

système normatif puisse conditionner les comportements individuels. Les seuls principes de régulation sont les principes du marché. Il signale que,

The organization of science consists of an exchange of social recognition for information. But, as in all gift—giving, the expectation of return gifts (of recognition) cannot be publicly acknowledge as the motive for making the gift. A gift is supposed to be given, not in the expectation of a return, but as an expression of the sentiment of the donor toward the recipient. […] Not only does the desire for recognition induce the scientist to communicate his results; it also influences his selection of problems and methods. He will tend to select problems the solution of which will result in greater recognition, and he will tend to select methods that will make his work acceptable to his colleagues. (Hagstrom, 1965: 13, 17)

Les scientifiques échangent ainsi leurs productions respectives (résultats, théories, connaissances) contre de la reconnaissance (diplômes, prix, postes, crédits). Sans productions à échanger, le scientifique n’acquiert pas de poids dans l’institution (publish or perish). La motivation d’un chercheur provient de l’estime qu’il reçoit de la part de la communauté, et celle-ci, en échange, obtient des connaissances. Les normes mertoniennes sont donc remplacées par celles du marché, par ce système de don–contre-don. Avec Hagstrom, mentionne Michel Dubois, « l’unité de la communauté scientifique n’est plus appréhendée de façon exclusive à partir du concept de “norme” dans sa dimension morale (Merton) ou technico-cognitive (Kuhn), mais dans un rapport étroit avec celui d’échange orienté vers la satisfaction d’intérêts différenciés » (Dubois, 1999: 117). Hagstrom conçoit donc « la communauté scientifique comme une institution autonome par rapport au reste de la société » (Dubois, 1990: 117), au sein de laquelle la motivation première du scientifique est d’obtenir de la reconnaissance et une manière de l’obtenir est à travers l’acte de publier.

Les scientifiques profitent des canaux des communications, en particulier des journaux scientifiques, pour faire valoir leur travail et obtenir ainsi de la reconnaissance auprès de leurs pairs. L’acceptation des articles par les journaux scientifiques contribue au prestige du scientifique qui l’a produit. Hagstrom

s’intéresse tout particulièrement au contrôle social interne à la science, dont les autorités qui contrôlent l’accès aux réseaux de communication scientifique peuvent refuser la publication d’articles jugés inutilement polémiques.

The thesis presented here is that social control in science is exercised in an exchange system, a system wherein gifts of information are exchanged for recognition from scientific colleagues. Because scientists desire recognition, they conform to the goals and norms of the scientific community. Such control reinforces and complements the socialization process in sciences. (Hagstrom, 1965: 52)

Selon Michel Dubois, Hagstrom reprend à son compte la théorie du don–contre-don de Mauss, et « suggère que les échanges entre scientifiques impliquent une logique conflictuelle, mais il ne développe guère dans ses analyses cette dimension de l’échange — sinon pour montrer comment le contrôle social interne à la science parvient à réguler les controverses scientifiques » (Dubois, 1999: 121-122). Par contre, selon Dubois, d’autres sociologues des sciences insistent plutôt sur la nature « agnostique » de la communauté scientifique : « Les scientifiques n’entretiennent pas des relations de “coopération” ni même de “coopération compétitive”, ils luttent les uns contre les autres » (Dubois, 1999: 122).

Dans ce sens, en poursuivant le récit de Dubois, pour Pierre Bourdieu, la communauté scientifique est un champ social, un espace socialement structuré, un champ de forces, un champ de luttes.

Le champ scientifique comme système des relations objectives entre les positions acquises (par les luttes antérieures) est le lieu, c’est-à-dire l’espace de jeu, d’une lutte de concurrence qui a pour enjeu spécifique le monopole de l’autorité scientifique inséparablement définie comme capacité technique et comme pouvoir social, ou si l’on préfère, le monopole de la compétence scientifique entendue au sens de capacité de parler et d’agir légitimement (c’est-à-dire de manière autorisée et avec autorité) en matière de science, qui est socialement reconnue à un agent déterminé. (Bourdieu, 1975: 91-92)

Selon Bourdieu, il faut analyser les conditions sociales de production de ce discours, qui constituent, à son sens, à la fois la structure et le fonctionnement du champ scientifique. Le champ universitaire est donc analogue au champ scientifique, car y résident les conditions de sa production (système de la science), ainsi que de sa reproduction (système d’enseignement).

Cette notion de champ formulée par Bourdieu montre que l’activité scientifique est une activité sociale ordinaire : « L’univers “pur” de la science la plus “pure” est un champ social comme un autre, avec ses rapports de force et ses monopoles, ses luttes et ses stratégies, ses intérêts et ses profits… » (Bourdieu, 1975: 91). Les analogies économiques mobilisées par Bourdieu montrent que les pratiques des chercheurs ne sont pas désintéressées. Toute pratique scientifique est dirigée par un intérêt pour l’acquisition d’autorité scientifique (prestige, reconnaissance, célébrité, etc.), ainsi que par un intérêt politique envers la maximisation du profit proprement scientifique.

En poursuivant ce but, chaque chercheur développe des stratégies qui maximisent le « lucre scientifique », c’est-à-dire l’obtention de la reconnaissance de ses pairs, car ceux-ci sont à la fois ses principaux consommateurs et ses principaux concurrents. « Ainsi, la définition de l’enjeu de la lutte scientifique fait partie des enjeux de la lutte scientifique, et les dominants sont ceux qui parviennent à imposer la définition de la science selon laquelle la réalisation la plus accomplie de la science consiste à avoir, être et faire, ce qu’ils ont, sont ou font » (Bourdieu, 1975: 96).

C’est ainsi que la notion de « champ scientifique » selon Bourdieu met en évidence que la création du savoir scientifique ne se développe pas dans un espace créatif où les chercheurs recherchent seulement la vérité scientifique, mais dans un champ de lutte dans lequel le plus important est d’obtenir du crédit scientifique. Quand Bourdieu propose l’idée selon laquelle l’activité scientifique est génératrice de produits symboliques et qu’elle est caractérisée comme un processus socioculturel et idéologique fondé sur les réseaux sociaux en tant que pratiques de communication, il élargit le regard sur les stratégies particulières développées par les chercheurs, qui

sont toujours déterminées par la structure du champ scientifique spécifiquement localisé, car :

Il n’est pas de « choix » scientifique — choix de domaine de recherche, choix des méthodes employées, choix du lieu de publications, choix […], de la publication rapide de résultats partiellement vérifiés ou de la publication tardive de résultats pleinement contrôlés qui ne soit pas un de ses aspects, — le moins avoué et le moins avouable évidemment —, une stratégie politique de placement au moins objectivement orientée vers la maximisation du profit proprement scientifique, c’est-à-dire, de la reconnaissance susceptible d’être obtenue des pairs-concurrents. (Bourdieu, 1975: 95)

À partir de la notion de champ telle que la définit Pierre Bourdieu (1975), nous pouvons considérer que le domaine scientifique constitue un champ relativement autonome et clos, les acteurs y formant une sorte de communauté. Celle-ci se définit par les caractéristiques communes que partagent ses membres : les valeurs, les croyances, les pratiques, et ce que Bourdieu appelle l’« habitus ». L’habitus est constitué par l’ensemble des règles apprises et incorporées par les scientifiques d’un domaine donné. Il reflète leur expérience passée et définit les attitudes et les comportements. Les attitudes et les comportements d’un scientifique sont donc définis d’une part par son habitus (celui de sa communauté) et par la position qu’il occupe dans son champ scientifique (Bourdieu 1975).

En outre, comme l’indique bien Dubois (1999),

Bourdieu écarte de son analyse toute référence à la nature des traditions scientifiques, au contenu des théories et aux a priori épistémologiques des scientifiques. Son objectif fondamental est d’établir une critique sociologique de la conception immanente du développement de la science et de masquer l’univocité de son propos derrière une rhétorique du dépassement des antagonismes. « Sous peine de revenir à la philosophie idéaliste, qui accorde à la science le pouvoir de se développer selon la logique immanente (comme le fait encore Kuhn lorsqu’il suggère que les “révolutions scientifiques” ne surviennent qu’à la suite de l’épuisement des “paradigmes”), il faut supposer que les investissements s’organisent par une référence à une anticipation — consciente ou inconsciente — des chances moyennes de profit (qui se spécifient

encore en fonction du capital détenu) » (Bourdieu, 1975: 94, cité par Dubois, 1999: 123)

De cette façon, pour Pierre Bourdieu le monde social est divisé en champs (économique, politique, culturel, artistique, scientifique, universitaire, etc.) qui constituent des lieux de compétition structurés autour d’enjeux spécifiques (Bourdieu, 1979). D’où le fait qu’il soit indispensable d’analyser comment, à l’intérieur de chaque champ, s’établit la lutte entre les agents (ou acteurs) qui le constituent pour l’appropriation du capital commun. Car, dans un champ donné, le « capital culturel » (diplômes, connaissances acquises, codes culturels, façons de parler, « bonnes manières »), le capital social (relations, réseaux de relations), le capital symbolique (l’honneur) sont des ressources aussi utiles que le capital économique (biens financiers, patrimoine) dans la détermination et la reproduction des positions sociales. La distribution inégale des capitaux explique les « stratégies » différentes des agents, leurs manières d’appréhender les situations, leurs façons de s’exclure ou de s’adouber. Cela signifie analyser aussi la manière dont un agent est situé dans son propre champ, ainsi que la place que son champ occupe dans l’espace national ou international. Il faut donc observer la structure interne du champ pour cerner les luttes entre dominants et dominés, c’est-à-dire des groupes d’individus inégaux du fait de leurs positions différentes dans la structure de la distribution du capital.

D’ailleurs, les théories de Hagstrom et de Bourdieu accordent une place importante au concept d’intérêt. « La communauté scientifique s’apparente à un marché sur lequel les producteurs s’affrontent pour défendre au mieux leurs intérêts » (Dubois, 1999: 129). Dans cette ligne de travaux, d’autres sociologues des sciences ont observé de quelles manières les membres d’une communauté scientifique dirigent leurs efforts vers différents intérêts : l’obtention de reconnaissance, d’autorité scientifique, et en particulier pour l’acquisition de crédibilité. Pour mettre en évidence cette recherche de crédibilité dans la communauté scientifique, Latour et Woolgar (1986) observent l’organisation et les pratiques de recherche situées en laboratoire, c’est-à-dire qu’ils font la description de la recherche « sous forme d’actes » : l’écoute

des paroles, la lecture des textes, l’examen des instruments, pour montrer comment les chercheurs dirigent leurs pratiques.

Fortement influencés par la tradition « ethnométhodologique » et situés dans le programme anthropologique de la science, Latour et Woolgar montrent dans

Laboratory Life (1986) « de quelle manière, à travers leurs pratiques quotidiennes, les

scientifiques construisent matériellement le contexte dans lequel les résultats de leurs recherches obtiennent une signification et, par voie de conséquence, une application » (Dubois, 1999: 46).

Par conséquent, les chercheurs investissent dans des domaines et des sujets leur garantissant les plus grands rendements en crédibilité. Ces investissements peuvent se traduire par des publications, mais également par d’autres formes de production scientifique : formation des étudiants, mise au point d’un équipement, conseils, etc. Selon Dubois, « Latour et Woolgar proposent de remplacer la notion d’“autorité scientifique”` [présentée par Bourdieu (1975)] par celle de “crédibilité” » (Dubois, 1999:126), laquelle porte sur la capacité des chercheurs à pratiquer la science de façon efficace.

The notion of credibility can thus apply both to the very substance of scientific production (fact) and to the influence of external factors, such as money and institutions. The notion of credibility allows the sociologist to relate external factors to internal factors and vice versa. The same notion of credibility can be applied to scientists’ investment strategies, to epistemological theories, to the scientific reward system, and to scientific education. Credibility thus allows the sociologist to move without difficulty between these different aspects of social relations in science. (Latour et Woolgar, 1986: 198)

La notion de crédibilité fait donc partie d’un processus de légitimation, ou cycle de crédibilité, dont la publication scientifique apparaît comme un élément indispensable au chercheur dans sa quête de légitimité : un article entraîne la reconnaissance par les pairs, génératrice de subventions; les subventions investies dans un nouvel

équipement donnent lieu à de nouvelles productions de données, puis à de nouveaux articles qui assurent un supplément de reconnaissance, etc.

Comme résultat, « la communauté scientifique décrite par Latour et Woolgar s’apparente à un marché dans lequel la valeur d’une marchandise dépend du jeu de l’offre et de la demande, du nombre de chercheurs et de l’équipement des producteurs » (Dubois, 1990: 127).

Let us suppose that scientists are investors of credibility. The result is the creation of a market. Information now has value because, as we saw above, it allows other investigators to produce information which facilitates the return of invested capital. There is a demand from investors for information which may increase the power of their own inscription devices, and there is a supply of information from other investors. The forces of supply and demand create the value of the commodity, which fluctuates constantly depending on supply, demand, the number of investigators, and the equipment of producers. Taking into account the fluctuation of this market, scientists invest their credibility where it is likely to be most rewarding. Their assessment of these both explains scientists’ reference to “interesting problems”, “rewarding subjects”, “good methods”, and “reliable colleagues” and explains why scientists constantly move between problem areas, entering into new collaborative projects, grasping and dropping hypotheses as the circumstances demand, shifting between one method and another and submitting everything to the goal of extending the credibility cycle. (Latour et Woolgar, 1986: 206-207)

Pour Latour et Woolgar, ce qui cherche les scientifiques, c’est d’assurer la conversion de leurs investissements en nouveaux investissements, « selon une modalité globalement circulaire, et d’assurer l’extension de ce cycle de reconversion » (Dubois, 1990 : 127). Par conséquent, « Les scientifiques investissent leur crédibilité là où ils espèrent la rentabiliser » (Dubois, 1990 : 127). Selon Dubois,

Si, à la différence de P. Bourdieu, l’inspiration marxiste de la théorie de B. Latour et S. Woolgar n’apparaît pas comme une évidence; ceux-ci soulignent pourtant l’influence des commentaires de Marx sur la valeur d’usage et la valeur d’échange pour leur propre conception de l’accumulation de la crédibilité :

« […] la conversion soudaine de la valeur d’usage en valeur d’échange pourrait bien s’appliquer à la production scientifique des faits. La raison pour laquelle on produit tant d’énoncés est que chacun est sans valeur d’usage, mais a une valeur d’échange qui permet la conversion et accélère la reproduction du cycle de crédibilité.» (Latour & Woolgar, 1988 : 218, cité par Dubois, 1999: 128) Latour et Woolgar décrivent également dans Laboratory Life la construction des carrières individuelles sans séparer le sujet résultant de l’activité de construction des faits qui surviennent durant le parcours. Leur tendance à analyser le comportement des scientifiques dans une perspective économique capitaliste en termes d’investissements en crédibilité, et bien qu’elle reconnaisse que la production rationnelle de la science pure s’accompagne de stratégies politiques, réduit le comportement des scientifiques à des calculs rationnels et à la rentabilité maximale du capital symbolique des chercheurs.

Par ailleurs, le programme « anthropologique » (Martin, 2005) de la production de connaissances dans le laboratoire auquel appartient Latour et Woolgar est résumé par Karin Knorr Cetina en termes de projet empirique « constructiviste », qui fait la relation des produits de la science à un processus social de négociation lequel est toujours situé dans un temps et dans un espace spécifique. Les procédures scientifiques sont conçues à partir de concepts tels « indetermancy » et « contextual

contingency »; ainsi, il est possible d’expliquer le changement scientifique à partir

d’une logique d’investigation opportuniste, « opportunistic logic of research », qui est conduite par un raisonnement analogique ou « analogical reasoning ». Ainsi,

We have postulated that variable transscientific fields traversed and sustained by resource-relationships rather than professional membership groups such as “scientific communities” constitute the webs of social relations in which the scientist situate their laboratory action. […] We have illustrated in the case of the scientific paper the process of conversion (or perversion) with which the circulation of scientific objects must be associated in a reality market by local, contextual, socially situated breeds of action. And we have argued that this process of conversion can be seen as a mechanism of social connection— mediated by the fission and fusion of interests—which operates in transscientific fields. (Knorr Cetina, 1981: 152)

Knorr Cetina signale deux dimensions du problème de l’organisation contextuelle de l’action scientifique : une liée avec à l’« unity of the sciences » ou « communautés scientifiques » et une autre liée aux mécanismes d’intégration qui caractérisent ces unités. Ces mécanismes sont expliqués par la plupart des sociologues des sciences mentionnés précédemment à partir des analogies économiques, en tant que mécanismes que tout scientifique utilise pour l’obtention de reconnaissance et de crédit scientifique. Cependant, le concept de crédit, selon Knorr Cetina, ne doit pas être confondu avec celui de reconnaissance introduit par des études antérieures, car, pour les scientifiques :

What is of interest is the acceleration and expansion of the reproductive cycle which produces new and credible information: that is information for which the costs of raising an objection are as high as possible. Reproduction for the sake of reproduction is the mark of pure, scientific capitalism. (Knorr Cetina, 1981: 71)

Selon Knorr Cetina, le modèle « économique » de Bourdieu définit d’une manière cohérente ses objectifs pour expliquer le système social de la science, mais non pour rendre compte du comportement individuel des scientifiques. Des problèmes comme celui-ci conduisent Knorr Cetina à remplacer le concept de « communauté scientifique » par celui de « variable transscientific fields », c’est-à-dire les réseaux des rapports symboliques qui dépassent les frontières d’une communauté scientifique ou un domaine scientifique. Car, selon Knorr Cetina, il faut considérer les produits scientifiques comme le résultat d’un processus de construction. Par conséquent,

On the most general level, transscientific fields appear to be the locus of a perceived struggle for the imposition, expansion and monopolisation of what are best called resource-relationships. Resource–relationships are at stake, for example, when a position is to be filled by a scientist, when money is to be distributed among scientists or groups of researchers, when a speaker is to be chosen for a scientific lecture, or when a result produced by a scientist is incorporated into the research of others. The respective decisions usually relate to the value of the prospective resource (whether a candidate or a candidate’s

work) in the going games of those who make the selection. (Knorr Cetina, 1981: 83)

Ici, l’œuvre de Knorr Cetina — comme celle de Bourdieu — se connecte directement avec les études de la constitution des champs universitaires comme celui de la communication, car,

To speak of transscientific fields constituted by resource-relationship is to say that these relationships are basically the same, whether they establish a link between scientists of the same speciality group or between scientists and non-