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L’articulation du national et du territorial

Afin d’atteindre les objectifs de cohésion, d’engagement et de mixité annoncés, un programme précis a été construit au niveau de la MPSNU, et notamment avec les ministères et institutions partenaires du dispositif. Ce programme a donné lieu à un document de cadrage et d’orientation et à des fiches de cadrage présentant les sept modules :

§ Défense, sécurité et résilience

§ Développement durable et transition écologique § Citoyenneté et institutions nationales et européennes

§ Autonomie, connaissance des services publics et accès aux droits § Activités sportives et de cohésion

§ Culture et patrimoine

§ Sensibilisation à l’engagement et préparation des phases 2 et 3 du SNU Ainsi que les trois bilans individuels :

§ Bilan de santé

§ Évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française § Bilan de compétences incluant une composante numérique.

Transmis aux équipes-projets, les documents de cadrage ont donné lieu à la construction de plannings, fruits d’une appropriation des modules par les équipes-projets et des opportunités en termes de ressources territoriales.

Parallèlement, le national a également assigné à l’ensemble des territoires la mise en place deux temps quotidiens :

§ le lever des couleurs ;

§ les temps de démocratisation internes. Ainsi que la participation à des temps forts nationaux :

§ Match de la coupe du monde féminine de football France-Nigéria § Commémoration du 18 juin, ;

§ Fête de la musique le 21 juin. ; Et l’organisation de la cérémonie de clôture.

Le cadrage national des activités se trouve dans les fiches de cadrage et d’orientation centrées sur chacune des sept thématiques obligatoires, autour desquelles les contenus du séjour de cohésion s’articulent. Ces fiches de cadrage et d’orientation et les annexes qui les accompagnent, très complètes, avaient vocation à guider les équipes départementales dans la construction de la maquette pédagogique des séjours. Il s’agissait, tout en s’inscrivant dans une logique de préfiguration et en

laissant des marges de manœuvre à l’initiative locale, de définir les grandes orientations pédagogiques permettant l’élaboration de maquettes adaptées aux capacités de mobilisation locales.

Les programmes ont été élaborés conformément au cahier des charges de la préfiguration du SNU. Chacune des activités des programmes — dans le planning hebdomadaire — a été très explicitement rattachée à l’une ou l’autre des composantes du cahier des charges.

Ainsi, à partir d’un thème, un certain nombre de temps/activités ont été proposés aux jeunes. Sur le site 9 (dans un lycée) par exemple, le module « Défense, sécurité et résilience » s’est décliné avec des temps :

– de mémoire nationale ;

– de commémoration du 18 juin dans une commune des environs ; – de sécurité et ordre public ;

– de sécurité civile et secours ; – de protection et gestes d’urgence ; – de sécurité civile et secours ; – des gestes qui sauvent.

Sur le site 6 (dans un lycée) le même module a consisté en : – une rencontre avec un ancien déporté ;

– une visite au mémorial de Caen et sur les plages du débarquement ; – un temps sur la sécurité routière ;

– un parcours d’orientation ; – une « randonnée mémoire » ;

– un temps sur les risques et menaces et attentats ;

– une intervention du SDIS (service départemental d’incendie et de secours) sur les gestes qui sauvent ;

– une sensibilisation à la cyber sécurité.

Notons que certaines activités concernaient plusieurs modules : ainsi sur l’un des sites, la visite du mémorial de Caen et des plages du débarquement s’inscrivait dans le  module « défense, sécurité et résilience nationales », mais aussi dans celui sur «  citoyenneté et institutions nationales et européennes ». Sur le site 12 (dans un centre de vacances) comme sur plusieurs autres sites, le module « développement durable et transition écologique » a consisté à agir au quotidien tout au long du séjour – tri des déchets, utilisation de gourdes par exemple –, plutôt qu’à organiser des temps de formation circonscrits.

Au moment de la présentation du cadrage national, durant la formation des cadres de direction où étaient présents les membres des équipes-projets et les cadres de direction, ceux-ci ont émis leur souhait d’une marge de manœuvre face à ce qu’il leur a semblé être un cadrage de la MPSNU trop important. Finalement, ce cadre national ne semble pas avoir constitué un frein dans l’organisation de programmes « aux couleurs locales » : au contraire, il a été considéré comme suffisamment ouvert et a laissé place à des interprétations permettant de proposer de nombreuses

activités en lien avec les territoires. Ce choix d’associer largement les acteurs du territoire a été unanimement suivi sur les différents sites.

« On a souhaité tirer parti de la vitalité associative du territoire, avec une présence importante de l’éducation populaire. » (Extrait d’entretien avec l’équipe-projet du site 4 – dans un lycée.)

« Beaucoup de partenaires ont tapé à la porte et [la DDCS] nous ont demandé à chaque fois si on en voulait ou pas. On a eu un vrai appui de l’équipe-projet. En construisant le programme, je savais avec quels partenaires je voulais travailler. Le PIJ [point information jeunesse], l’UFOLEP [Union française des œuvres laïques d'éducation physique], etc. Même si on m’a aiguillé sur certains acteurs — qui n’ont pas toujours été les plus satisfaisants — j’ai pu travailler avec mon réseau pour construire le projet. » (Extrait d’entretien

avec l’équipe de direction du site 8 – ni dans un lycée ni dans un centre de vacances.)

En revanche, les exigences portées par la MPSNU ont été réajustées au fil de l’eau (avec l’ajout de modules jusque tard dans le calendrier) et ont été vécues comme contraignantes, les équipes évoquant les nombreux modules obligatoires dans le cadre d’un séjour de 12 jours. Elles ont ainsi limité les plages disponibles pour mener les activités initialement prévues et organiser la progression souhaitée. Ainsi, par exemple, sur le site 10 (dans un lycée), la volonté de l’équipe-projet était de mettre en œuvre un principe de progression, autour de 3 séquences permettant aux jeunes de se préparer graduellement à l’engagement (apprendre à se connaitre et faire corps, appréhender les possibles et coopérer, se positionner et s’engager). Finalement, cette progressivité a été difficile à mettre en œuvre, du fait des nombreux modules obligatoires qui sont venus s’ajouter progressivement.

« Si c’était à refaire, il faudrait un nombre d’activités moins important et se donner le temps de dérouler le fil de ces activités jusqu’au bout. Les activités s’enchaînent trop. Avoir une activité par jour, pas plus. Une activité le matin et l’après-midi le temps d’y travailler. Il faudrait aussi un cadrage national moins important, s’appuyer sur les forces du territoire. […] On avait des plages horaires et énormément de thématiques à traiter. En positionnant tout ce qui est obligatoire, il ne reste plus beaucoup de temps. » (Extrait d’entretien

avec un membre de l’équipe de direction du site 11 – centre de vacances.)

« À l’avenir, il faudra faire attention au dosage des thématiques. Il sera compliqué si on sature les stages SNU de 12 jours de figures imposées. À un moment donné, face à un trop-plein d’injonctions, on ne peut pas avoir une équipe pédagogique qui joue son rôle : créer une cohérence à l’échelle des journées, une progressivité, un aménagement du rythme de la session… Il ne faut jamais reproduire ici ce qui est fait dans le temps scolaire — gestes de secourisme, code de la route… – au risque que le scolaire s’en désiste. Il ne faut pas que le SNU devienne la voie de garage pour tout ce qui sera demandé dans le temps scolaire. » (Extrait d’entretien avec l’équipe-projet du site 8 – qui n’est ni un lycée ni un centre de vacances.)

Au-delà du trop-plein perçu de modules et activités obligatoires, ce sont les demandes nationales de dernière minute qui ont nécessité le rajout d’activités ou des modifications de planning qui ont causé le plus de troubles et ont engendré l’annulation de certaines activités, notamment en extérieur, ce qui a fortement impacté la communication, souvent chaotique, du planning au cours du séjour.

« On a des modules “tout faits” qui arrivent, donc on doit renoncer à des activités. Au final, ça donne un rythme un peu effréné parce qu’on a voulu faire rentrer le maximum de choses. On a renoncé à des activités, par exemple une activité sport-santé avec un coach, et réduit d’autres activités, comme la boxe.

Ce qui était compliqué, c’était la co-construction avec le niveau national. On construisait des choses, on mobilisait des partenaires, on se mettait d’accord, puis on revenait un mois plus tard pour s’entendre dire « en fait on va faire autrement. » (Extrait d’entretien avec l’équipe-projet du site 10 – dans un lycée.) « Le planning change tous les jours, on court après les infos. La faute du national qui a demandé une adaptation constante, jusqu’au dernier moment, c’est trop compliqué à gérer sur un projet de cette ampleur. » (Extrait d’entretien avec un cadre de compagnie du site 14 – ni un lycée ni un centre de vacances.)