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PARTIE 1 : Historique du « problème lapin »

V) L’arrivée d’une nouvelle entreprise : le partage des lapins

Le 9 septembre 1997, l’entreprise localisée dans le nord de la France se rend au parc du Sausset. Un fureteur, deux techniciens et un technicien en « système d’information » mènent un diagnostic qu’ils accompagnent d’interventions au furet. Des dégâts de deux ordres sont constatés et rapportés de la manière suivante :

« Végétaux : La consommation systématique de certaines essences (sorbier) et des dégâts prononcés aux arbres et plantes du Parc tendant à réduire la diversité du milieu tant au niveau végétal (sélection directe) qu’animal (sélection indirecte) par le monopole alimentaire du lapin et la destruction des habitats favorables à d’autres espèces.

Terrassement : Des creusements de terriers provoquant une détérioration esthétique du site et des affaissements multiples pouvant causer des déstabilisations diverses (ouvrages, voiries, talus…) ».

A la fin de la journée, 55 lapins sont capturés. Ils sont sexés et pesés dans la perspective d’en tirer des informations sur « l’état des populations ». Pour l’entreprise, l’analyse des pesées « révèle un poids moyen par animal important (1,35 kg) ».

Cela s’explique par « la présence sur le site d’animaux âgés » considérés alors comme

« bons géniteurs». Ce constat témoigne selon eux « de l’insuffisance des actions précédentes ». « On parlera dans ce cas précis de prélèvements plutôt que de régulation » déclarent-ils. Pour la suite des opérations, toute la démarche proposée repose sur la mise

en place d’un « plan d’actions » pour « renforcer les campagnes de lutte »:

« Notre entreprise (…) a développé un concept de lutte efficace alliant : La mise en œuvre de techniques idoines selon l’espèce à traiter (…), une phase préparatoire (étude du site, plan d’action, calendrier), une phase opérationnelle (campagne intensive et maintenance) et enfin, une phase d’analyse et d’exploitation des informations (biotope, éthologie, capture, environnement) (…). L’application rigoureuse de ce concept assure une lutte efficace, permettant des résultats probants et durables, et garantissant sélectivité et maîtrise de l’évolution des populations ». (Courrier de l’entreprise de

99 Trente-deux jours d’interventions sont proposés par l’entreprise entre octobre et mars. Contrairement au modèle des reprises, la prestation prévoit l’abattage des lapins sur place et l’envoi des prises à l’équarrissage.

Bien qu’une nouvelle entreprise soit convoquée, la reprise menée par Equilibre 93 et le conseil en cynégétique continue. Néanmoins, cette arrivée ne se fera pas sans engendrer quelques préoccupations de la part du Président de l’association qui adresse une lettre au Directeur des Espaces Verts afin de négocier et proposer une nouvelle façon de gérer les lapins « En 1996, de mémoire, 1300 lapins ont été pris en 1 mois. Je pense que (nous

avons commencé cette semaine) en travaillant sur 3 mois et plus il ne restera plus grand-chose… Je comprends parfaitement qu’une autre société soit engagée mais je ne suis pas certain qu’elle puisse faire mieux. Une demande pressante : si cette société intervient, il sera particulièrement judicieux de réserver des secteurs afin que les fureteurs de l’une ou de l’autre société ne passent, repassent pas sur les garennes faites quelques jours avant, c’est très important ». Le président souhaite discuter d’une nouvelle modalité de

gestion pour connaître la possibilité de pérennisation des actions à mener :

« Je souhaiterais présenter un dossier qui nous imposerait le nombre d’animaux à

reprendre, à savoir, Sausset : nombre de vacations22 400, minimum à reprendre 2000. Dans tous les cas, les 400 vacations devront être effectuées. Exemple : si après 350 vacations les 2000 lapins sont repris les 50 vac restantes ne seront pas facturées. Si après 400 vac il n’y a pas 2000 lapins on continue à notre compte. Il en serait de même à la Courneuve ». Le président propose qu’une personne soit embauchée : « Ce garçon pourrait être une sorte de baromètre de la faune sauvage et s’occuper de sa gestion (lapins, pies, corbeaux, rats, tortues…), il devra monter une opération reprise s’il estime que c’est nécessaire à toute période de l’année. Il pourrait alors être accompagné d’un ou deux stagiaire d’une école agricole ce qui ne coûterait quasiment rien au Conseil Général. A titre personnel, je pense qu’après l’opération coup de poing de cette fin d’année, une personne plus quelques stagiaires peut parfaitement tenir la population à un seuil très bas (il pourrait au cours de l’année être occupé à d’autres tâches que nous pourrions définir comme le marquage des arbres morts). Maintenant je suis persuadé qu’un bon technicien cynégétique sur le site avec moi derrière pour le contact avec les Fédérations qui veulent du lapin permet de réguler un maximum et si c’est les techniciens

22 La définition du terme vacations n’est pas précisée dans le courrier, cela pourrait être un nombre d’heures de travail mais nous ne pouvons pas l’affirmer.

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des Fédés qui viennent reprendre sous sa direction, ça ne coûtera plus un sous aux espaces verts. C’est un peu à cela que je voudrais arriver en 2 ans. »

En attendant, les différents intervenants se partageront, sans concertation préalable, la gestion du lapin. Trois logiques d’intervention coexistent dans les parcs pendant la campagne 97-98 : la reprise en vue de repeuplement cynégétique, la destruction de lapins, et la fauconnerie. Le bilan de l’année est conséquent : 62 jours d’interventions toutes techniques confondues, qui permettront la capture de 2391 lapins. C’est la plus importante pression réalisée sur les lapins depuis le début des années 1990.

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VI) Un hiver rigoureux et une