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L’approche scientifique, une priorité pour le DIE de phytothérapie

Partie 2 : Contexte, méthodes et modalités de création

A. L’approche scientifique, une priorité pour le DIE de phytothérapie

pédagogiques (besoin de l’aide d’informaticiens dans la mise en place d’une plateforme d'apprentissage en ligne (LMS : Learning Management System), par exemple).

Il faut également organiser les visites pédagogiques et trouver des intervenants pour ces dernières.

La création d’une formation continue en phytothérapie vétérinaire nécessite de rassembler beaucoup de données que ce soit en matière de pédagogie, de législation ou d’organisation. Grâce à la présentation du dossier ainsi obtenu, il a été finalement accepté que cette formation voit le jour à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes en Janvier 2018. La naissance d’une telle formation initie également quelques discussions et perspectives pour les années à venir.

IV.

Discussion et perspective autour du DIE

A. L’approche scientifique, une priorité pour le DIE de phytothérapie

Les controverses sur les médecines alternatives telles la phytothérapie représentent un frein pour le développement de cette thérapie. L’approche diagnostique du vétérinaire en revanche doit être rigoureuse et scientifique. C’est pour ces raisons que les vétérinaires doivent rester rigoureux quelle que soit la thérapie envisagée afin de respecter le code de déontologie qui dit : « Le vétérinaire acquiert l'information scientifique nécessaire à son

144 exercice professionnel, en tient compte dans l'accomplissement de sa mission, entretient et perfectionne ses connaissances » (Section XII de l’Article R.242-33 du paragraphe 1er « Devoirs généraux du vétérinaire » du Code de Déontologie vétérinaire).

i. Importance de l’approche scientifique

L’approche scientifique est essentielle dans le contexte actuel, à la fois pour enrichir les données et améliorer l’utilisation de la phytothérapie mais aussi pour assurer la crédibilité du vétérinaire face aux clients.

La démarche scientifique que doit avoir le vétérinaire dans son diagnostic quelle que soit la thérapie envisagée est un thème déjà abordé en 2001 par Darcy Shaw, président du CVMA (Canadian Veterinary Medical Association CVMA). Dans un de ses articles parut sur le Canadian Veterinary Journal, il explique qu’il y a beaucoup de controverses autour des traitements dits « parallèles » à cause du manque de données scientifiques de bonne qualité. Pour lui, cela ne veut pas autant dire que les traitements traditionnels reposent sur des données de meilleures qualités mais l’allopathie s’appuie sur des principes pathophysiologiques reconnus. Il recommande aux vétérinaires de garder un esprit ouvert et d’envisager tous les traitements possibles, qu’ils soient traditionnels ou alternatifs, même si on ne peut expliquer toutes les modalités de leurs actions pour le moment. Cependant, Darcy Shaw précise qu’il ne faut pas pour autant en oublier la rigueur scientifique pour déterminer les effets bénéfiques et nocifs des traitements prescrits. Il conclut : « La croissance, le prestige et la survie économique de la profession dans l'avenir dépendront de la conviction de la population que les vétérinaires appuient leurs diagnostics et leurs choix de traitements sur des données scientifiques de qualité supérieure. » (Shaw, 2001).

En 2001, l’American Veterinary Medical Association (AVMA), publie des lignes directrices concernant l’utilisation des médecines alternatives en pratique vétérinaire. Les auteurs précisent que les vétérinaires doivent évaluer de manière critique la littérature et les autres sources d’informations sur le sujet et sont encouragés à promouvoir la recherche autour de ces thérapies pour établir des preuves de sécurité et d'efficacité (AVMA, 2001).

Plus récemment, en 2014, au cours d’un congrès allemand de phytothérapie vétérinaire, le secrétaire général de la Société Suisse de Phytothérapie médicale (SSPM), Beat Meier, a déclaré que pour se développer et avoir une perspective d’avenir, la phytothérapie avait besoin de recherches. Les méta-analyses déjà effectuées et les recherches encore en cours sont autant de preuves de l’efficacité, de la pertinence et de la rentabilité de cette thérapie (Meier 2014).

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ii. Propositions du DIE pour une approche scientifique

Dans l’intérêt d’une approche raisonnée et dans le but de faire progresser les connaissances autour de la phytothérapie, il a paru essentiel d’intégrer la lecture et la compréhension d’articles scientifiques au DIE. Le « Document maître de phytothérapie 2018 » précise : « Ce DIE s’appuiera sur des connaissances pratiques et scientifiques basées sur des publications indexées (>700 articles référencés dans le domaine, incluant des essais cliniques) ».

Il a donc été intégré des plages horaires destinées à observer l’état des lieux en

matière de recherche, comprendre les difficultés des essais cliniques, et aborder la notion de preuve traditionnelle en phytothérapie.

D’autres heures de présentation ont été proposées afin d’analyser de façon critique des études cliniques. L’objectif est de s’exercer à avoir un esprit critique en s’appuyant sur quelques grands remèdes de phytothérapie ayant fait l’objet de nombreuses recherches (Valériane, Millepertuis, Ginkgo…).

Puis, un créneau sera consacré à l’étude des particularités en matière de recherche en phytothérapie. Cette présentation permettra de comprendre les techniques de recherche et les limites de la phytopharmacologie*.

Enfin, une partie du programme quotidien de la formation sera réservé pour l’aspect recherche et prospective en étudiant ce que pourrait apporter les méthodes des Omics* aux recherches en phytothérapie.

iii. D’autres pistes à envisager pour avoir une approche scientifique

Pour aller plus loin, la recherche d’autres pistes à envisager pour avoir une approche scientifique permet de découvrir de nouveaux moyens d’aborder la phytothérapie de façon rigoureuse et scientifique.

Par exemple, Beat Meier, déjà cité précédemment, pense que le fait que ce soit créé le Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC) dans l’European Medicinaes Agency (EMA), est un premier pas pour pouvoir associer des résultats scientifiques au marché des produits phytothérapeutiques (Meier, 2014). En effet, ce comité est chargé de compiler et d’évaluer les données scientifiques sur les substances végétales, leurs préparations et mélanges pour soutenir l’harmonisation du marché européen.

Ce comité, intéressant pour le développement de la phytothérapie, ne s’intéresse qu’aux produits à base de plantes destinés à la consommation humaine. Il serait donc important de voir se développer dans les années à venir un même comité pour soutenir la recherche vétérinaire en phytothérapie.

En 2016, le rapport de l’ANSES a proposé une grille de lecture pour les vétérinaires afin d’affiner leur esprit critique (Figure 15). Cette grille a été présentée dans la partie IV « Réglementation autour de la phytothérapie vétérinaire et actualités » dans ce mémoire (ANSES, 2016).

146 Dans cette même année, une étude anglaise a proposé une approche scientifique particulière pour une « bonne pratique » en ce qui concerne l’utilisation des plantes médicinales chinoises (Flower et al., 2016). Le but est de reprendre la théorie des cinq éléments de Tsou Yen qui est appliquée à la médecine chinoise habituellement. L’application de cette théorie dans le but de construire un diagnostic clinique raisonné est proposée par les auteurs de cette étude. Les cinq éléments sont alors associés à différents thèmes présenté dans la Figure 28.

Figure 28 : La théorie des cinq éléments adapté à l’approche scientifique pour une « bonne pratique » de la phytothérapie vétérinaire (Flower et al., 2016)

Cette théorie appliquée permet d’avoir une approche plus complète des données autour de la phytothérapie et de multiplier ainsi les sources d’information. Cela permet de créer une mosaïque de preuves sans pour autant en privilégier une par rapport à l’autre. Les cycles générateurs et de contrôle permettent de créer une dynamique entre les différentes sources et fait naître quelque chose de productif. Cette vision rejoint la vision de l’Evidence Based medicine (EBM) dans laquelle la bonne pratique est définit comme étant une combinaison à part égale entre l’expérience clinique individuelle et la meilleure preuve scientifique disponible.

B. Des outils et des intervenants au service de l’enrichissement