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L’apprenant en IUT génie mécanique et productique

Langue de formation en I.U.T

1.3 L’apprenant en IUT génie mécanique et productique

1.3.1 Le diplôme universitaire de technologie (DUT)

Le diplôme universitaire de technologie (DUT) est un diplôme national créé en 1966. Les IUT dispensent l’enseignement menant à l’acquisition de ce diplôme. Il s’agit d’une formation professionnalisée en deux ans, accessible après le baccalauréat ou son équivalent. Les études peuvent s’effectuer en formation initiale à temps plein sur une durée de 4 semestres donnant droit à 120 crédits européens (ECTS) ou bien en apprentissage. Le département Génie mécanique et productique, crée en 1967, est l’une des quinze spécialités appartenant au secteur de la production.

Ces IUT sont répartis sur tout le territoire français et leur ancrage dans les régions est très important, comme le rappelait le Président de l’Assemblée des Directeurs d’IUT de France, Jean-François Mazoin, en 2011:

Les IUT sont intimement liés à leurs territoires tant du point de vue social que du point de vue économique, parce que ces deux aspects ont présidé à leur création. (EsprIUT, 2011: 12)

Cette notion d’ancrage régional ou territorial a également une influence au niveau des horaires et contenus d’enseignement ; elle est donc présente dans les Programmes Pédagogiques Nationaux (PPN). Ces programmes de DUT sont définis nationalement par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ils sont rénovés régulièrement, l’avant-dernière version étant celle effectuée en 2005 (<PPN, 2005>). La nouvelle version entre en vigueur en septembre 2013 et coïncide avec l’arrivée des apprenants issus des nouveaux baccalauréats technologiques (<PPN, 2013>). Pour nos recherches, nous nous sommes basées sur la version 2005, celle qui était en vigueur alors. Ainsi, en 2005, les PPN des différentes spécialités furent modifiés afin d’harmoniser la formation offerte par les IUT avec le paysage européen et le cursus LMD. Dans la troisième partie de la thèse, nous effectuerons une comparaison avec la version 2013.

Les PPN précisent la finalité de la formation, les horaires, les coefficients ainsi que les modalités pédagogiques et les modalités de contrôle des connaissances et des aptitudes. Là également, la notion de territoire d’implantation de l’IUT, d’ancrage au territoire joue un rôle prépondérant. Le PPN de 2005 précise :

La filière GMP ne comporte pas d’option. Dans le cadre de l’adaptation à l’environnement, notamment professionnel, 10% maximum de l’horaire total (1800 h) peut, le cas échéant, orienter la formation, notamment en fonction du tissu industriel local. (<PPN 2005 : 3>)

Une « adaptation à l’environnement » et au « tissu industriel local » sont susceptibles de provoquer une modification des horaires dans les divers IUT de France. Ceci est notamment le cas à l’IUT GMP de Toulouse III, puisqu’il existe une spécialisation aéronautique.

1.3.2 Provenance des entrants en IUT GMP

Le PPN mentionne deux types d’origine principaux des entrants. Un module d’adaptation doit permettre de niveler les différences :

Au semestre 1, un module d’adaptation permet de tenir compte de la présence d’étudiants issus de baccalauréats de séries différentes. Il fournit les éléments techniques de base aux bacheliers de type scientifique et renforce les connaissances scientifiques des bacheliers de type technologique. Son objectif est de réduire le taux d’échec pouvant apparaître dès les premières semaines du cursus. (2005 : 7)

L’hétérogénéité qui peut résulter de cette double provenance est reconnue ici comme possible source d’échec. En fait, le recrutement est, en règle générale dans le département, composé d’un tiers de titulaires de baccalauréat technologique sciences et techniques industrielles (STI), un tiers de bacheliers scientifiques, mathématique physique et sciences du vivant (SSVT) et le dernier tiers de bacheliers sciences de l’ingénieur, baccalauréat

scientifique (SSI), avec parfois quelques étudiants issus du baccalauréat professionnel. Cette différence de provenance entre des bacheliers de type scientifique (SSVT ou SSI) et des bacheliers de type technologique (STI) ne peut manquer d’influer sur les résultats en anglais, bien que l’anglais ne soit pas mentionné comme source de différence. Ceci sera un des thèmes abordés par notre recherche.

Une comparaison entre les épreuves d’anglais des deux types de baccalauréat permet une meilleure connaissance des antécédents des apprenants en anglais. Les deux épreuves évaluent la compréhension écrite et la production écrite. En premier lieu, la différence concerne la durée et le coefficient de l’épreuve. Pour le baccalauréat scientifique (BS), l’épreuve dure trois heures avec un coefficient trois alors que pour le baccalauréat technologique (BT), elle est de deux heures avec un coefficient deux. La longueur des textes et leur origine montre ensuite une différence de difficulté notable. Elle varie pour le BS de textes de 60 lignes, extraits d’œuvres littéraires, de poèmes, d’éditoriaux ou de faits de société analysés par la presse écrite à des textes pour le BT d’environ 30 lignes, extraits d’un journal, d’une revue ou d’un roman, par exemple. De plus, alors que pour le BS, la compréhension est évaluée autant pour ce qui est du « sens explicite du texte » que pour « sa signification profonde ou implicite. », pour le BT, elle porte uniquement sur le « sens littéral » du texte, donc une compréhension au premier niveau.

L’expression personnelle, quant à elle, est évaluée pour le BT par des réponses à une ou deux questions « simples » sur le texte alors que pour le BS l’expression peut être libre ou semi-guidée avec support du texte ou non et doit véritablement démontrer une capacité à défendre une opinion et effectuer un commentaire dans une langue juste et riche.

Finalement, la répartition des points selon le baccalauréat reflète également cette différence de difficulté. Pour le BS, compréhension et expression ont le même coefficient. Pour le BT, la compréhension est notée sur 12 alors que l’expression est sur 8.

Le baccalauréat technologique STI a été remplacé en 2012-2013 par la série STI2D. L’épreuve du baccalauréat en anglais a été redéfinie en 2011, avec une première mise en application à compter de la session 2013 (<EducationGouv, 2011>). Adossée au Cadre européen commun de référence pour l’apprentissage et l’enseignement des langues (CECRL,

2000), l’épreuve d’anglais comprend désormais deux parties : une partie écrite et une partie orale (cette évaluation orale se déroule pendant le temps scolaire).

Pour la série STI2D, en compréhension écrite, des questions sont posées sur le texte, mais cette fois elles portent aussi bien sur « le sens explicite du texte que sur sa signification

etc. » (<Studyrama, 2013>). Ceci efface quelque peu les disparités entre baccalauréat scientifique et technologique, puisque le premier niveau de compréhension requis pour le baccalauréat technologique précédent n’est plus le seul concerné. Pour la production écrite, le texte doit être « simple et construit » (ibid.). Le candidat donne son opinion et commente un fait de civilisation, ce qui s’apparente davantage à ce qui est mentionné pour le baccalauréat scientifique. Là également, ces changements semblent viser à aplanir les différences. De plus, la compréhension écrite et la production écrite sont notées sur 10 points chacune comme pour les séries S.

1.3.3 Evolution des Programmes Pédagogiques Nationaux d’anglais

Nous avons effectué une étude de l’évolution des PPN en anglais pour les départements de GMP, depuis la création des IUT jusqu’à 2005 afin de rappeler brièvement, d’une part, l’évolution de l’importance accordée à l’anglais (nombre d’heures) et, d’autre part, l’évolution des objectifs et des méthodes utilisées.

Grâce aux PPN consultés de 1970 à la période actuelle, nous avons pu établir le tableau suivant : Années 1970 1977 1982 1986 1991 1997 2005 Baccalauréat C, D, S 60 60 60 96 116 120 120 E, SSI 105 122 120 96 116 120 120 F1, STI 105 122 120 96 116 120 120

Tableau 1—Evolution du nombre d’heures d’anglais en GMP de 1970 à 2005

L’alignement des horaires d’anglais selon les séries de baccalauréat s’est effectué en 1986, avec une baisse sensible des heures des entrants provenant des baccalauréats E et F1 de 120 heures à 96 heures et une hausse de 60 à 96 heures au bénéfice des baccalauréats scientifiques C et D de l’époque. Ensuite, à partir de 1991, le nombre d’heures d’anglais a augmenté à nouveau pour tous. Notons qu’il avait presque doublé pour les baccalauréats scientifiques depuis les années 1970 et s’était maintenu pour les baccalauréats E et F1.

Nous constatons que le mouvement actuel est inversé par rapport aux premiers horaires des IUT GMP. En effet, les baccalauréats technologiques STI (anciens F) ont un niveau horaire d’anglais en IUT égal à celui des baccalauréats scientifiques mais sont considérés comme pouvant avoir besoin d’un volume accru d’heures en anglais. Le baccalauréat E, devenu SSI est un baccalauréat scientifique et rejoint le baccalauréat S.

Une évolution est visible également au niveau de la définition, des objectifs et méthodes. Une annexe à la circulaire 880 du 14 septembre 1970 indique :

Il est indispensable de développer chez les étudiants l’intérêt pour les langues étrangères dont la connaissance et la pratique sont fondamentales. Dans ce but, on s’attachera à les former à la compréhension du vocabulaire technique, économique ou social. On s’efforcera d’utiliser des moyens audio-visuels. (Ministère de l’Education nationale, 1970 : 21)

L’intérêt, la motivation de l’apprenant apparaissent ici comme points centraux à développer. L’insistance sur le vocabulaire spécialisé est notable. L’utilisation des moyens audio-visuels est recommandée, ce qui correspond à l’analyse de Claude Puren (1988: 284) dans laquelle il rappelle que la méthodologie audiovisuelle était la méthodologie dominante en France dans les années1960 et 1970.

Puis, l’approche communicative et interculturelle apparaît nettement avec un document du CNDP de 1981, l’objectif de l’enseignement en langues étrangères se déclinant selon les quatre savoir-faire (compréhension et expression orales, compréhension et expression écrites). Il est, de plus, fait mention que l’enseignement d’autres disciplines peut s’effectuer en anglais et que les stages à l’étranger forment une « application enrichissante de cet enseignement » (CNDP, 1981 : 45).

Puis, l’arrêté du 8 août 1991 mentionne le terme « communication » dans sa définition :

Fournir un instrument de communication à la fois professionnel et général dont la pratique est devenue indispensable par l’internationalisation des relations. (Ministère de l’Education nationale, 1991 : 54)

La langue est considérée comme essentiellement instrumentale, comme outil de communication. De plus, la double orientation vers l’anglais général et le domaine professionnel est clairement précisée. Puis, dans le B.O. du 30 juillet 1998 <PPN, 1998>, la formule ci-dessus est conservée. Un complément important est apporté, celui visant à « sensibiliser aux faits de civilisation des pays concernés » (211). Les objectifs sont en grande partie identiques, avec cependant deux ajouts : l’un en expression orale où l’apprenant devra être capable d’expliquer le fonctionnement d’un appareil ou d’un système à partir d’une notice technique ; l’autre en expression écrite où l’apprenant doit pouvoir rédiger une lettre de motivation.

Le PPN de 2005 conserve la même formulation de début que celles de 1991 et 1998 et détaille les objectifs par semestre, afin de s’inscrire dans le cursus européen. Là encore, l’apprenant doit pouvoir utiliser la langue courante afin de communiquer de façon générale dans le cadre d’une relation interpersonnelle. Il doit également pouvoir utiliser la langue dite

« technique », langue de base à une collaboration professionnelle possible. De plus, il est précisé que, hormis les aspects linguistiques purs, il doit être tenu compte des différences culturelles.

La dimension d’inter-culturalité est présente, reflétant la nécessité d’insertion des futurs techniciens dans un monde globalisé, et ceci s’applique donc au domaine aéronautique technique industriel, qui nous intéresse dans cette thèse.

1.3.4 La licence professionnelle et son recrutement

Nettement plus récente que le DUT, la licence professionnelle créée en 1999, est homologuée au niveau de qualification II (correspondant à bac +3, alors que le DUT est à niveau III, bac+2), et confère le grade de licence aux diplômés. Le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche précise que :

la licence professionnelle répond aux engagements européens qui prévoient un cursus licence adapté aux exigences du marché du travail en Europe ainsi qu’à la demande de nouvelles qualifications entre le niveau technicien supérieur et le niveau ingénieur-cadre supérieur.

Elle doit permettre aux étudiants qui le souhaitent d’acquérir rapidement une qualification professionnelle répondant à des besoins et des métiers clairement identifiés. (<Ministère de l’enseignement supérieur, 1>)

Cette troisième année s’inscrit clairement dans le cursus LMD européen. Elle s’effectue en un an, dont 12 à 16 semaines de stage. L’aspect territorial est très présent là encore, impliquant le tissu industriel et les partenariats locaux. Ainsi, dans notre département GMP de Toulouse, la licence professionnelle Techniques Industrielles en Aéronautique et Spatial (TIAS) a été proposée à la rentrée 2011. Elle s’effectue en formation initiale classique, en alternance ou bien en formation continue avec quatre possibilités de parcours différenciés (Travail Collaboratif, Eco-Conception, Industrialisation, Qualité en Production). En 2013, elle est uniquement proposée en alternance, un mois à l’IUT alterné avec un mois en entreprise.

En licence professionnelle en IUT, la provenance des apprenants peut être diverse. La différence la plus sensible se situe entre les apprenants titulaires d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) et ceux titulaires d’un DUT ; nous étudierons ces différences dans la deuxième partie de notre thèse. Rappelons que le BTS qui s’effectue en deux ans après le baccalauréat, le plus souvent dans un lycée d’enseignement secondaire, est un diplôme national de l'enseignement supérieur. Il s’inscrit dans le cursus LMD européen. L’apprenant acquiert une qualification professionnelle et le brevet de technicien supérieur est délivré au titre d'une spécialité professionnelle (<Légifrance, 2>).

Ainsi dans le domaine qui nous intéresse ici, il existe un BTS Aéronautique (ex-Maintenance et exploitation des matériels aéronautiques), mis en place à la rentrée 2009 avec les partenaires industriels. Le recrutement est différent de celui des IUT : il s’effectue majoritairement auprès des titulaires du baccalauréat STI, spécialités génie mécanique, génie électronique et électrotechnique, quelques bacheliers S et d’autres issus du baccalauréat professionnel. Sur le site internet Studyrama il est précisé qu’une « maîtrise parfaite de l’anglais est obligatoire. Toute la documentation technique des avions et les logiciels de maintenance sont rédigés en anglais » (<Studyrama, 2011>). Dans le référentiel du diplôme, il est indiqué que le nombre d’heures d’anglais est de 240 heures en deux ans, soit le double de l’horaire du DUT GMP (<Ministère de l’enseignement supérieur, 2>).

Les meilleurs apprenants BTS peuvent poursuivre leurs études en licence professionnelle. La licence TIAS a recruté, en septembre 2011, 30 titulaires d’un BTS et 40 titulaires d’un DUT. En 2013, elle recrute le même nombre d’étudiants avec cette même répartition d’origines.