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2 Autour de la langue anglaise

2.3 L’anglais dans le monde : les différents types d'anglais

Il n’est pas question ici de relater l’histoire de la langue anglaise, ni de remonter à ses origines, ni de développer l’historique de sa diffusion. Pour des lectures sur ces thématiques, nous recommandons au lecteur de consulter World Englishes de Melchers & Shaw (2013) et English: One

Tongue, Many Voices de (Svartvik & Leech, 2016). Néanmoins les zones géographiques (pays, villes,

etc.) où il est parlé ainsi que ses différentes variétés que l’on peut rencontrer dans les quatre coins du globe nous intéressent.

D’un point de vue générique, l’anglais provient de l’Angleterre et s’est vite diffusé dans le monde, pour diverses raisons que nous venons d'aborder plus haut (colonisation, mondialisation, Internet, etc.). Aujourd’hui, la langue anglaise est parlée par plusieurs millions de personnes dans le monde, réparties dans trois grandes zones. Nous préférons ce terme à celui de « circles » utilisés par certains auteurs (Kachru, 1992), car le mot renvoie à l’idée de cloisonnement/enfermement, même si c’est l’idée de concentricité qui est mis en avant. Or, l’idée de « zones » illustre pour nous cette perméabilité et variabilité à laquelle la langue anglaise est soumise. Mais pour des questions de présicion, nous revenons tout de même sur l’idée des cercles, telle que rencontrée dans la littérature. Selon Kachru (1992, voir Tableau 4 ci-dessous) l’anglais serait parlé dans un cercle interne (inner circle), un cercle extérieur (outer circle) et un cercle élargi (expanding circle). Le premier cercle contiendrait un infime nombre de pays où l’anglais est la langue première de la majorité des habitants (Royaume-Uni, États-Unis, Australie). Dans le deuxième cercle, un nombre assez important de personnes auraient l’anglais comme L2 ou langue (semi)officielle (Pakistan, Inde, Nigéria). Dans la plupart des cas, ces personnes possèdent déjà une ou plusieurs langue(s) première(s), différentes de l’anglais. Enfin le troisième cercle englobe tous les autres pays où

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l’anglais est appris et utilisé comme langue étrangère (Chine, Égypte, Indonésie). Cette dernière catégorie retient notre attention du fait de la variabilité qui subsiste dans ces pays. La façon dont l’anglais est utilisé, en tant que langue étrangère varie selon les pays. Le statut de l’anglais dans les pays nordiques (Danemark, Norvège, Finlande et Suède) et en Allemagne, par exemple, n’est pas comparable au statut de cette langue dans un pays comme la France où l’anglais est moins pratiqué (Roussel & Gaonac’h, 2017). Faudrait-il revisiter ce système de classement proposé par Kachru (1992), en y ajoutant une quatrième zone ? Ceci mérite des recherches approfondies quant aux critères de classement.

Tableau 4 : les trois catégories de pays où l’anglais a un statut particulier. Adapté de Melchers & Shaw (2013, p. 8).

Inner Cercle Outer Cercle Expanding Circle

Most people have English as first language: UK, USA, Caribbean, Canada, Australia, New Zealand

People need English for secondary education, politics, law, business inside the country: India, “Anglophone” Africa, Philippines, Singapore, Bangladesh?

People need English for communication in business, politics, education, etc., primarily with speakers of other languages from outside the country: most European and East Asian countries

Au sein de ces trois zones on distingue une pluralité d’anglais. En raison de cette multitude de zones (cercles) où l’anglais est parlé et de cette pléiade de types d’anglais, cette langue est devenue de loin la langue la plus « hétérogène ». On pourrait également parler de dialectes ou de variétés d’anglais, car, malgré les différences dues à de nombreux facteurs, ils possèdent tous un socle commun : « l’anglais ». C’est pour cette raison que le terme de World Englishes est plutôt employé pour rendre compte des variétés d'anglais parlées dans le monde (Jenkins, 2003 ; Kachru, Kachru, & Nelson, 2009 ; Melchers & Shaw, 2013). Dans les sections suivantes, nous allons développer deux types d’anglais que sont l’anglais britannique et l’anglais américain.

2.3.1 L’anglais britannique / américain vs. la RP / le GA

Parmi les types d’anglais présentés ci-dessus, nous nous intéressons à deux d’entre eux en particulier : l’anglais parlé au Royaume-Uni et l’anglais parlé aux États-Unis. En effet, nous utilisons ces deux types comme accents de référence (témoins) auxquels les apprenants sont le plus exposés dans le cadre scolaire et aussi parce qu’ils sont considérés comme étant « neutres » et plus « compréhensibles » (Wells, 1982). Pour nous, le fait qu’ils soient les plus connus et documentés

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nous procure une bibliographie assez riche pour la recherche. Il y a aussi la diversité au sein de ces zones, qui peut être source de richesse mais également de complexité. Pour la compréhension de la suite de ce travail, nous souhaitons apporter quelques points de précision quant aux termes que nous utilisons pour désigner les types d’accents. Par « anglais britannique » ou « anglais américain », nous entendons l’ensemble de tous les types d’anglais (dialectes et accents), parlés sur les îles britanniques et dans tous les États-Unis d’Amérique. Nous distinguons, de ce fait, l’anglais britannique de la Received Pronunciation (RP) et l’anglais américain du General American (GA). En effet, il n’est pas rare de rencontrer dans des ouvrages les termes Anglais britannique et RP, utilisés comme des synonymes. Il en est de même pour l’anglais américain et le GA. Le cas du français peut être considéré comme semblable. Par français, qu’il soit standard ou non, nous entendons l’ensemble de la langue française parlée sur tout le territoire français (y compris les départements, régions et collectivités d'outre-mer), ainsi que le français parlé dans les dizaines de pays francophones dans le monde. Mais, si nous voulons entrer dans les détails, en prenant en considérations les accents français, nous aurons autant de variétés que de zones géographiques : les accents du midi, alsacien, breton, parisien, le « Chti », ou encore les accents suisse, belge, québécois, congolais, malgache, sénégalais, etc. Remarquons que malgré toutes ces variétés, le terme « les français du monde », par référence à l’expression World Englishes (cf. Figure 2 ci- dessous), n’est pas encore entré dans les usages dans la sphère francophone, ou plus précisément en France. L’utilisation du terme au pluriel changerait-il la donne ? Ou plutôt, qu’apporterait-il, sur le plan politique, de dire « les français du monde » ? Dans quel sens le maintien du terme au singulier reflète-t-il le protectionnisme et l’élitisme du français parisien ? Pour l’instant nous n’avons pas de réponses à ces questions. Notre argument est de montrer simplement que la RP et le GA constituent des sous-variétés (standards) parmi tant d’autres. Le tableau ci-dessous illustre mieux le point de vue que nous défendons quant aux variétés d’anglais qui existent dans le monde. Nous développerons davantage notre propos sur trois variétés, dans ce qui suit.

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Figure 2 : le cercle des « anglais » du monde de McArthur (1998, p. 97 cité dans Jenkins, 2003, p. 18).

2.3.2 Diversité linguistique dans les îles britanniques

Les Anglais ne parlent pas tous le même anglais, contrairement à ce que l’on pourrait croire. L’anglais parlé au Royaume-Uni et en Irlande est loin d’être homogène. Dans la première édition du livre « English accents and dialects » (Hughes & Trudgill, 1979), les auteurs avaient traité onze (11) accents et dialectes. La toute dernière édition (5) présente, au bout de 30 ans, 30 variétés d’anglais parlées sur ces territoires (Hughes, Trudgill, & Watt, 2012). Selon les auteurs, ce chiffre ne couvre que les grandes variétés connues jusqu’à ce jour (p. vii). Nous rappelons, comme le soulignent les auteurs, que ces variétés diffèrent, tant au niveau de la prononciation, que de la grammaire et du lexique. Aussi, faut-il préciser que ces variétés portent le nom de leurs milieux (régions, villes, villages, etc.) et peuvent varier selon le statut social des locuteurs. Dans ce qui suit, nous nous contentons uniquement de présenter brièvement les aspects phonétiques notoires de deux grandes variétés qui sont la RP et le Cockney. Il nous semble importants de les présenter parce que le premier est plus connu, documenté et « neutre » alors que le deuxième est celui qui

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est parlé dans la capitale, Londres, et donc plus diffusé et accessible aux étrangers. Les autres accents sont simplement mentionnés à titre d’exemple30

.

2.3.2.1 La Received Pronunciation (RP)

La RP est le nom assigné à l’anglais parlé aux Royaume-Uni (Wells, 1982). Cet appellation est beaucoup critiquée par certains linguistes qui se refusent à l’utiliser, car elle suppose que les autres accents ne sont pas acceptés (received). Mais Hughes, Trudgill et Watt (2012) assurent que « received » aujourd’hui devrait être compris dans le sens d’une variété qui est largement comprise par beaucoup de personnes. Nous partageons cet argument en tant que didacticien, mais emploierons tout de même le terme RP pour des raisons de simplicité et pour rester dans la lignée des travaux existants. Notons que les termes suivants, moins connotés, sont également employés : « Standard British English » (SBE) (Modiano, 1996, p. 11), « Standard English English » (SEE) (Melchers & Shaw, 2013, p. 49) ou « Standard Southern British English » (SSBE) (Hughes, Trudgill, & Watt, 2012, p. 3). Cet anglais dit standard est également appelé British Broadcasting Corporation (BBC), car il était auparavant l’accent utilisé pour la diffusion des informations à la radio et à la télévision. C’est également l’anglais de prestige qui était parlé par la classe aisée et éduquée, parmi les aristocrates et à la cour royale.

Nous traitons la RP avant les autres variétés pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en raison de son caractère non-localisé, c’est-à-dire qui n’est associé à aucune ville ou région particulière. Il est parlé seulement par une infime minorité (environ 5%) de certaines couches sociales, à travers tout le royaume. Selon Hughes, Trudgill, & Watt (2012, p. 3), il est impossible, de s’appuyer sur la prononciation d’un locuteur RP pour dire sa provenance géographique. En même temps, ces auteurs (op.cit, p. 40-1) précisent que la RP admet aussi des variations phonétiques selon sa localisation. Par exemple, il semblerait que certains locuteurs de la RP utilisent la plosive glottale /ʔ/ à la place de /t/ dans certains contextes : /ˈmætə/ devient /ˈmæʔə/ pour le mot matter. Serait-ce une influence du Cockney, dont nous parlerons ci-dessous ? Ensuite, elle est la norme (modèle de prononciation) qui est utilisée dans l’enseignement de l’anglais langue étrangère en Angleterre et dans la majorité des pays étrangers qui privilégient la prononciation britannique. Un apprenant de la RP aurait donc de fortes chances d’être compris partout au Royaume-Uni, et au-delà. Pour cette

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raison, il est devenu l’accent le plus étudié et documenté de tous. Hughes, Trudgill, & Watt (2012, p. 4) expliquent que : « Oddly, and misguidedly, many people believe it to be the accent that is closest to

the standard written form of English, as though the connection between spelling and pronunciation were somehow more direct for RP than for other accents ». Par conséquent, la RP constitue la

prononciation de référence à laquelle tous les autres accents sont comparés. Nous allons procéder de même : les variétés que nous citons ci-dessus reposent sur la comparaison avec le système phonétique de la RP, en utilisant les symboles de l’API31

.

Tableau 5 : Les sons de la RP, classés par catégories.

Vo yel les Monophtongues Brèves /ɪ/-/kɪt/ (kit) /ɛ/-/drɛs/ (dress) /æ/-/træp/ (trap) /ɒ/-/lɒt/ (lot) /ʊ/-/fʊt/ (foot) /ə/-/əˈɡen/ (again) /ʌ/-/strʌt/ (strut) Longues /iː/-/fliːs/ (fleece)

/ɑː/-/pɑːm/ (palm) /ɔː/-/fɔːs/ (force) /uː/-/ɡuːs/ (goose) /ɜː/-/nɜːs/ (nurse) Diphtongues Centrifuges /eɪ/-/feɪs/ (face)

/aɪ/-/praɪs/ (price) /aʊ/-/maʊθ/ (mouth) /ɔɪ/-/tʃɔɪs/ (choice) /əʊ/-/ɡəʊt/ (goat) Centripètes /ɪə/-/nɪə/ (near) /ʊə/-/kjʊə/ (cure) /ɛə/-/skwɛə/ (square)

Triphtongues32 /aɪə/-/ˈtaɪə/ (tyre)

/eɪə/-/ˈleɪə/ (layer) /aʊə/-/ˈtaʊə/ (tower) /əʊə/-/sləʊə/ (slower) Co ns on nes

Plosives /p/-/paɪp/ (pipe)

/b/-/bentʃ/ (bench) /t/-/taʊn/ (town) /d/-/dʌk/ (duck) /k/-/kaɪnd/ (kind)

31 L'alphabet phonétique international (API) est un ensemble de symboles (lettres, signes diacritiques) mis au point par l’association phonétique internationale, utilisé dans la transcription phonétique des sons du langage parlé et de toutes les langues du monde. https://www.internationalphoneticassociation.org/

32 Certains spécialistes y ajoutent des triphtongues mais attirons l’attention sur le fait que cet avis n’est pas partagé par tous dans la communauté des phonéticiens. Certains considèrent que ce sont des diphtongues qui se terminent par un schwa (Hughes, Trudgill, & Watt, 2012, p. 53-54).

42 /ɡ/-/ɡəʊ/ (go) Fricatives /f/-/fɪʃ/ (fish) /v/-/ˈvæmpaɪə/ (vampire) /s/-/sɪt/ (sit) /z/-/zen/ (zen) /θ/-/θæŋks/ (thanks) /ð/-/ðen/ (then) /h/-/haʊs/ (house) Nasales /n/-/nəʊz/ (nose) /m/-/maɪ/ (my) /ŋ/-/ ˈdaɪvɪŋ / (diving)

Affriquées /tʃ/-/tʃiːt/ (cheat)

/dʒ/-/dʒʌdʒ/ (judge)

Latérales /l/-/leɪk/ (lake)

Semi-voyelles /w/-/weɪv/ (wave)

/j/-/jɒd/ (jod)

Approximantes /ɹ/-/red/ (red)

2.3.2.2 Les accents de Londres

Le cockney est connu en tant qu’accent communément parlé dans la capitale du Royaume-Uni. Toutefois, certains auteurs y ajoutent l’Estuary (Wells, 1982) et le Mid-Indian (Hughes et al., 2012). Les caractéristiques de ces deux derniers ne font pas l’objet de discussion dans cette partie, bien qu’ils partagent des points communs. Nous nous concentrerons sur le Cockney dont nous présentons ici quelques aspects phonétiques.

La deuxième voyelle de city et de happy est réalisée en /i/ et non en /ɪ/ ;

Le son /h/ est souvent absent dans les mots (/ɒt / à la place de /hɒt/ pour le mot hot). Quand il est présent, il est réalisé dans des syllabes accentuées ;

 Les fricatives labio-dentales /f/ et /v/ sont réalisées à la place des dentales /θ/ et /ð/. Ainsi,

think, Cathleen, path deviennent /fɪŋk/ / ˈkæfliːn / / pɑːf / (au lieu de /θæŋk/, /ˈkæθliːn/, / pɑːθ/)

et than, another, breathe deviennent /væn/, /əˈnʌvə/, /briːv/ (à la place de /ðæn/, /əˈnʌðə/, /briːð/). Ce phénomène serait bien connu dans la prononciation de certains francophones lorsqu’ils parlent anglais. Nous pourrions nous demander si l’accent français a plutôt influencé le Cokney ;

Les mots comme paws et pause, bored et board sont réalisés différemment. Pour ces derniers, la RP utilise la même voyelle /ɔː/ (/pɔːz/, /pɔːz/, /bɔːd/, /bɔːd/) ;

 La laterale /l/ est très souvent vocalisée, c’est-à-dire réalisée comme une voyelle. Ainsi, les mots Paul, mall, milk, table, well, etc. sont prononcés /poʊ/, /moʊ/, /mɪʊk/, /ˈtæɪbʊ/, /wɛʊ/ au lieu de /pɔːl/, /mɔːl/, /mɪlk/, /ˈteɪbəl/, /wɛl/ ;

 La terminaison <-ing> est réalisée /ɪn/ ou parfois /ɪnk/ au lieu de /ɪŋ/ (ˈnʌfɪn/ ou /ˈnʌfɪnk/ pour /ˈnʌfɪŋ/ en RP) ;

 Les plosives sourdes /p t k/ sont beaucoup plus aspiré qu’en RP. Parfois il y a une certaine affrication pour le /t/, qui devient un /ts/ ([tsɪi] pour [thiː]) ;

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 Les diphtongues /eɪ/, /əʊ/, /aɪ/ et /aʊ/ sont produites /æɪ/, /ʌʉ/, /ɑɪ/ et /æə/ respectivement.

2.3.2.3 Autres variétés répertoriées au Royaume-Uni

À côté de ces deux variétés, les suivantes sont également répertoriées : les accents de Norwich, de Bristol, de Southampton, de Pontypridd, de Walsall, de Leicester, de Bradford, de Hull, de Liverpool, de Manchester, de Middlesbrough, de Carlisle, d’Edinburgh (rhotique33

), d’Aberdeen, de Belfast, de Dublin et de Galway (Hughes et al., 2012, p. 73). À noter que les caractéristiques les plus significatives concernent les oppositions vocaliques. Nous allons à présent voir de l’autre côté de l’Atlantique avec l’anglais aux États-Unis.

2.3.3 Diversité linguistique aux États-Unis

De même que dans le cas de l’anglais parlé dans les iles britanniques, il existe de nombreuses variétés linguistiques aux États-Unis. Elles sont cependant moins nombreuses et présentent une assez grande uniformité (Viel, 1981, p. 33), en comparaison avec les anglais britanniques. L’anglais américain étant en général une variété rhotique, la différence la plus notoire que nous ayons pu souligner est la non-rhoticité. Cette prononciation non-rhotique est adoptée par certains états du Sud et les vieux ports de l’Est, qui ont su conserver un lien avec leurs ancêtres anglais. Parmi ces dialectes et accents, nous pouvons citer celui de New York, Boston, Philadelphie, New England, Nouvelle-Orléans, Mobile, Savannah, Charleston, etc. Ces derniers possèdent un statut particulier dans la mesure où ils partagent des caractéristiques du GA et en même temps certaines autres de la RP. Ainsi, sur le plan consonantique, ces accents sont non-rhotiques : les mots au sein desquels les r post-vocaliques apparaissent, sont prononcés comme en RP (car_/kɑː/, park_/pɑːk/, yard_/jɑːd/, etc.). En ce qui concerne les voyelles, certaines sont plutôt réalisées à la RP, notamment celles du champ lexical BATH (GA = /bæθ/, Boston = /bɑːθ/). La non-rhoticité a aussi entraîné la réalisation des diphtongues de la RP (cf. exemples de la RP). Toutefois, les tap et le yod- dropping sont présents.

33 Un accent rhotique est un accent dans lequel le son /r/ est prononcé partout dans les mots où il se trouve. Par exemple en anglais américain qui est rhotique, le mot car est prononcé /kɑ:r/ au lieu de /kɑ:/ en anglais britannique qui est non-rhotique (cf. méthodologie pour plus de détail.).

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2.3.3.1 Le General American (GA)

Le GA ou le Network English est aux États-Unis, ce que la RP représente au Royaume-Uni. Aujourd’hui, ils auraient les mêmes statuts, mais leur histoire est tout à fait différente. La RP a une histoire bien particulière, elle a pris source dans une région géographique définie alors que le GA a émergé d’un ensemble d’accents parlés par des personnes ayant des origines différentes (les Britanniques, les Allemands, les Néerlandais, les Afro-américains, les Latino-hispaniques, etc.). Le GA est l’accent le plus parlé au centre du pays. La majorité des caractéristiques de la RP peuvent également lui être appliquées. Nous les résumons en ces quelques points :

 Une langue standard parlée sur tout le territoire américain ;

 Une norme de prononciation enseignée aux apprenants étrangers ;

 Un accent de radiodiffusion ;

 Une langue parlée par la majorité des américains ;

 Une langue connaissant aussi des variations ;

 Une langue énormément étudiée et documentée ;

 Une langue de prestige et sans connotation ;

 Une langue ne possédant pas de caractéristiques régionales marquées.

Tableau 6 : Les sons du GA.

Vo yel les Monophtongues Brèves /ɪ/-/kɪt/ (kit) /ɛ/-/drɛs/ (dress) /æ/-/træp/ (trap) /ʊ/-/fʊt/ (foot) /ə/-/əˈɡen/ (again) /ʌ/-/strʌt/ (strut) Longues /iː/-/fliːs/ (fleece) /ɑː/-/pɑːm/ (palm) /ɔː/-/fɔːs/ (force) /uː/-/ɡuːs/ (goose) /ɜː/-/nɜːs/ (nurse) Diphtongues Centrifuges /eɪ/-/feɪs/ (face) /aɪ/-/praɪs/ (price) /aʊ/-/maʊθ/ (mouth) /ɔɪ/-/tʃɔɪs/ (choice) /oʊ/-/ɡoʊt/ (goat) Centripètes /ɪə/-/nɪə/ (near) /ʊə/-/kjʊə/ (cure) /ɛə/-/skwɛə/ (square)

Triphtongues34 /aɪə/-/ˈtaɪə/ (tyre)

34 Certains spécialistes y ajoutent des triphtongues mais attirons l’attention sur le fait que cet avis n’est pas partagé par tous dans la communauté des phonéticiens. Certains considèrent que ce sont des diphtongues qui se terminent avec un schwa (Hughes, Trudgill, & Watt, 2012).

45 /eɪə/-/ˈleɪə/ (layer) /aʊə/-/ˈtaʊə/ (tower) /əʊə/-/sləʊə/ (slower) Co ns on nes Plosives /p/-/paɪp/ (pipe) /b/-/bentʃ/ (bench) /t/-/taʊn/ (town) /d/-/dʌk/ (duck) /k/-/kaɪnd/ (kind) /ɡ/-/ɡoʊ/ (go) Fricatives /f/-/fɪʃ/ (fish) /v/-/ˈvæmpaɪə/ (vampire) /s/-/sɪt/ (sit) /z/-/zen/ (zen) /θ/-/θæŋks/ (thanks) /ð/-/ðen/ (then) /h/-/haʊs/ (house) /ʍ35/- /ʍɛr/ (where) Nasales /n/-/nəʊz/ (nose) /m/-/maɪ/ (my) /ŋ/-/ˈdaɪvɪŋ/ (diving)

Affriquées /tʃ/-/tʃiːt/ (cheat)

/dʒ/-/dʒʌdʒ/ (judge)

Battue /ɾ/-/sɪɾi/ (city)

Latérales /l/-/leɪk/ (lake)

Semi-voyelles /w/-/weɪv/ (wave)

/j/-/jɒd/ (jod)

Approximantes /ɹ/-/red/ (red)

Dans le tableau 4, nous pouvons remarquer que l’inventaire phonémique du GA n’est pas aussi différent de celui de la RP. Le GA possède deux consonnes de plus que la RP : le tap (/ɾ/) et le /ʍ / réalisé par certains américains dans les mots commençant par wh - when, where, which, while et

why (Brulard, Carr, Durand, & Navarro, 2015, p. 121-122). Sur un plan vocalique le GA ne réalise pas

le /ɒ/ de /lɒt/ (lot). La voyelle de GOAT est plutôt /oʊ/. Les diphtongues centripètes (/ɪə/ de /nɪə/ (near), /ʊə/ de/kjʊə/ (cure), /ɛə/ de /skwɛə/ (square) sont inexistantes en raison de la rhoticité. En effet, en plus de l’ajout de r à la fin des voyelles et là où la RP utilise une diphtongue, le GA emploie une voyelle à laquelle un r est ajouté. Fear, poor, square, stir deviennent /fɪə, pʊə, skwɛə/ en RP et /fɪr, pɔːr, skwɛr/ en GA. Les triphtongues reçoivent également un r (/aɪər/ de /ˈtaɪər/ (tyre), /eɪər/ de/ˈleɪər/ (layer), /aʊər/ de /ˈtaʊər/ (tower) et le /oʊər/ de/sloʊər/ (slower).

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2.3.3.2 Autres variétés répertoriées aux États-Unis

Dans le livre The Atlas of North American English : Phonetics, Phonology and Sound Change, William Labov, Sharon Ash et Charles Boberg (2006) font l’inventaire des accents présents aux États-Unis d’Amérique. Nous en évoquons certains, sans trop de précision. Il s’agit de l’accent de l’ouest (San Francisco, Los Angeles, Las Vegas), de l’est (New England), des Mid-Atlantic States (New York, Baltimore, Philadelphie), du Midland (Columbus, Kansas city, Pittsburgh, Cincinnati et St. Louis), du sud (Charleston, New Orleans, Atlanta) et du nord (Chicago, Detroit, Syracuse). Nous avons déjà mentionné plus haut qu’outre certains accents non-rhotiques (New York, Boston, Philadelphie, New England, Nouvelle-Orléans, Mobile, Savannah, Charleston), les locuteurs des autres états ont un accent rhotique et parlent de manière pratiquement homogène, se rapprochant du GA.

Nous venons de voir les différentes variétés qui sont présentes dans les iles britanniques et aux États-Unis, avec leurs spécificités sur le plan phonétique (les anglais britanniques et les anglais américains). Avant cela, nous en avons profité pour éclairer et justifier l’utilisation des quelques termes dans cette portion de notre travail, notamment la distinction entre l’anglais britannique/américain et la RP/ le GA. Ces derniers, nous l’avons souligné, représentent des standards de prononciation pour la plupart des populations et également une norme sur laquelle se repose l’enseignement/apprentissages de l’anglais L2. Quel serait le sentiment des apprenants d’anglais face à cette multitude de variétés ? En sont-ils conscients ? Si oui, sur quels fondements choisissent-ils la variété qu’ils souhaiteraient apprendre ? Et sinon, comment réagissent-ils lorsqu’ils le découvrent ? Telles sont les questions que nous nous posons, d’un point de vue de