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L agriculture britannique en Oregon, 1820-1830

II. La conquête agricole de l Oregon, 1800-1840

II.2. L agriculture britannique en Oregon, 1800-1830

II.2.1.2. L agriculture britannique en Oregon, 1820-1830

II.2.1.2. L agriculture britannique en Oregon, 1820-1830

II.2.1.2.1. Les régions fertiles de l Oregon

Malgré la superficie du territoire de l’Oregon, soit de la latitude 42° au sud du parallèle 49°40’ au nord et de l’océan Pacifique à l’Ouest jusqu’aux Montagnes Rocheuses à l’Est, les terres arables sont restreintes. Seulement trois zones géographiques sont propices à l’agriculture : les vallées de la Columbia, de la Willamette et de Cowlizt. Le Capitaine américain Charles Wilkes, en mission de reconnaissance en Oregon, constate la richesse de la région au nord de la Columbia, en terme de terres agricoles cultivables :

“Plumondon […] is an expert trapper, informed me that the country lying north of the Columbia, between the Cowlitz and Cape Disappointment, is generally rough and rugged, with numerous streams of water, and in many places a rich soil: it is extremely well timbered, and is capable, when cleared, of growing grain, and other agricultural produce”.765

De même, le potentiel agricole de la région n’échappe pas à Nathaniel Wyeth, qui voit en Oregon la réalisation de la doctrine utilitaire :

“The best part of this country that I have seen is on the Wallemet [Willamette] but I am informed that there is a good section of country near Pugets Sound and on the Cowliskie [Cowlizt] River”.766

La nature du sol de ces régions est excellente pour la culture. Le rôle du Gouverneur Simpson pour le début de l’exploitation agricole est notable dans la mesure où il a été le premier à ordonner de cultiver, comme l’illustre le passage suivant extrait de sa correspondance :

“The Athabasca River is one of the finest streams I have seen in the Country, […] the Soil rich which with the Climate in the lower parts would be favorable to cultivation”.767

765 Charles Wilkes, op.cit., p. 57.

766 Nathaniel Wyeth, op.cit., p. 52.

767 Frederick Merk (ed.), George Simpson s Journal, op.cit., p. 29.

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II.2.1.2.2. Le développement de l agriculture britannique, années 1820 Le Gouverneur Simpson tourne son attention vers l’agriculture dans les années 1820,768 alors qu’il réorganise le commerce des fourrures du Département de la Columbia. Son intérêt pour l’agriculture s’inscrit dans sa politique de restructuration. La politique d’économie de Simpson marque le début du développement agricole en Oregon. Il décide de commencer à cultiver des terres à proximité des forts de la HBC. D’après Holman, en 1839, la HBC dispose de vingt forts dans la région de l’Oregon.769

Simpson a dû justifier sa démarche au sein de sa hiérarchie. En effet, le Comité de Londres doit approuver que les trappeurs employés par la HBC tournent leurs efforts vers l’agriculture. Selon Simpson, l’agriculture fait partie intégrante de la HBC, dans la mesure où les économies engendrées par la diminution des importations des matières premières constituent un intérêt commercial pour la HBC. Simpson montre en exemple le Fort George pour en justifier les bienfaits au sein du Comité de Londres :

“This Post is agreeably situated in a fine plain nearer the Forks of the Okanagan and main River; the Soil is much the same as at Spokane and produces the finest potatoes I have seen in the Country. Grain in any quantity might be raised here, but cultivation to any extent has never been attempted, indeed throughout the Columbia no pains have been taken to meet the demands of the trade in that way which was a great oversight or neglect as corn in abundance might have been produced at little or no Expense at the Door of every Establishment but those in charge have preferred the less troublesome and more costly mode of Importing them from England Boston or California and employing extra men to deliver it into their Shores. It has been said that Farming is no branch of the Fur Trade but I consider that every pursuit tending the lighten the Expense of the Trade is a branch […]”.770

Le développement agricole des forts ne s’est pas effectué sans difficulté, compte tenu des terrains escarpés, des forêts denses et des fortes précipitations sur la côte.771 Le Gouverneur Simpson a choisi de relocaliser le centre agricole de Fort George (anciennement Astoria) au Fort Vancouver en 1824.772 Le Fort George ne dispose pas assez d’espace pour une grande entreprise agricole comme l’envisage le Gouverneur Simpson. En effet, les terres arables y sont rares puisque la majorité du terrain est caillouteuse, pentue et cette contrée est principalement couverte par une dense forêt difficile à défricher. De plus, le Fort George se situe au sud de la Columbia, ce qui implique un problème supplémentaire au niveau de la

768 Margaret Ormsby, op.cit., p. 60.

769 Frederick V. Holman, op.cit., p. 32.

770 Frederick Merk (ed.), George Simpson s Journals, op.cit., p. 50.

771 James P. Gibson, Farming the Frontier, op.cit., p. 67.

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juridiction dans les désaccords de démarcation qui sévit entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Le cœur de la discorde entre les deux nations demeure la question de la navigation sur la Columbia, ce qui motive la relocalisation du fort à Vancouver, au nord de la Columbia :

“[…] and might find itself [Ft. Vancouver] in American territory if the Columbia River should be chosen as part of the international boundary”.773

Le Fort Vancouver présente de nombreux avantages par rapport au Fort George. Son emplacement sur la côte du Pacifique facilite l’approvisionnement par voie maritime.

McLoughlin a effectué de nombreux relevés topographiques au nord de la rivière Columbia en 1825 :

“He [McLoughlin] soon saw that the place for a great trading and supply post should be further up the Columbia River”.774

Le Fort Vancouver devient le pivot des activités agricoles de la HBC. Selon Holman dans Dr.

John McLoughlin, the Father of Oregon, en 1838, la ferme du Fort Vancouver couvre 3 000 acres (soit près de 1 214 hectares), comprend deux scieries et quatre moulins à farine.775 De plus, le fort est le point de départ des exportations de la HBC :

“Ft. Vancouver is the only spot, from Ft. Georges upwards, where a farm of any size could be opened”.776

Ainsi, la visite du Gouverneur Simpson au Département de la Columbia en 1824-1825 a eu un effet bénéfique : le nombre de fermes augmente, le commerce maritime des fourrures et le commerce du sud de la Columbia prospèrent.777

II.2.1.2.3. La création d un Eden agraire

Le potentiel agricole de l’Oregon est considérable. Ceci engendre la propagation de l’idée que la nature y est généreuse, puisque la plupart des récits relatent le faible effort à

772 ibid, p. 29.

773 Douglas Leechman, «‘I sawed Garden Seeds’ », op.cit., p. 32.

774 Frederick V. Holman, op.cit., p. 27.

775 ibid, p. 28.

776 William Slacum, op.cit., p. 16.

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effectuer pour défricher un terrain et commencer à le cultiver. Comme le montre cet exemple extrait du rapport de Slacum, mandaté par le secrétaire d’État John Forsyth, pour explorer l’Oregon en novembre 1835778 :

“I consider the Willamette as the finest grazing country in the world, […] the lands abound with richer grasses, both in winter and summer […]”.779

Les estimations de Slacum montrent que le territoire de l’Oregon n’attend plus qu’à être cultivé. L’agriculture devient au centre de la discorde entre les États-Unis et le Royaume-Uni :

“[…] it may be fairly estimated that the valleys of the rivers certainly within the limits of the United States, contain at least 14,000,000 of acres of land of first quality, equal to the best lands of Missouri or Illinois. The Indians west of the Rocky Mountains, between the Columbia and 42° north latitude, may be estimated at 100,000, two-thirds of who are armed by the HBC”.780

II.2.1.2.4. Les conséquences de l agriculture britannique en Oregon Le désir de développer la qualité des provisions des forts de la Compagnie a pour but d’accroître le commerce puisque la HBC dépense moins d’argent pour les vivres. Les efforts ne sont pas vains. L’agriculture est rentable, comme l’illustrent les propos de Leechman :

“In the course of time, satellite farms were established and they too repaid many times over the work expended on them. The importation of provision from England for the far west was brought to an end. Meat, grain, fruit, and vegetables were grown in abundance, and foodstuffs were exported to Russian America, to California, and to Hawaii. Simpson had been proved abundantly right”.781

La HBC atteint ainsi le but d’obtenir l’autonomie des forts pour son approvisionnement :

777 Richard S. Mackie, op.cit., p. 53.

778 “[…] to obtain some specific and authentic information in regard to the inhabitants of the country in the neighborhood of the Oregon, or Columbia River; and, generally, endeavor to obtain all such information, political, physical, statistical, and geographical, as may prove useful or interesting to this Government” (William Slacum, op.cit., p. 1).

779 ibid, p. 16.

780 ibid, p. 17.

781 Douglas Leechman, «‘I sawed Garden Seeds’», op.cit., p. 32.

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“We will continue to deliver wheat to the HBC, but hereafter think it would be proper to erect a flour mill at the Cowlitz”.782

La création d’un Oregon agricole par la HBC est couronnée de succès, comme en témoigne la diversification des activités agraires :

“That the business of the Company shall be or consist in the Cultivation of Land and the rearing of Flocks and Herds of Animals and the Sale of the Wool Hides Tallow and other [sic]

Articles and produce to be obtained therefore and generally in the purchase and sale of all other articles whatsoever (except furs and peltries) which may be deemed advantageous to the Company […]”.783

2II..2. La « Puget Sound Agricultural Company », années 1830

La Puget Sound Agricultural Company (PSAC) représente la culmination des efforts agricoles britanniques initiés par George Simpson. La société agricole exploite toute la région du Département de la Columbia. Les données utilisées proviennent des manuscrits des archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Winnipeg, Manitoba, au Canada.