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Le commerce de l Oregon/ de la Columbia, 1800-1830

I. L aube de conflits anglo-américains en Oregon, 1770-1842 1770-1842

I.2. La prépondérance britannique en Oregon, 1800-1830

I.2.3.1. Le commerce de l Oregon/ de la Columbia, 1800-1830

advantage, both private and public, under the privilege of their charter, and would prove, in fact, the complete fulfillment of the conditions, on which it was first granted”.315

2I..3. L Empire de la HBC de la Columbia, 1800-1830

L’hégémonie britannique en Oregon réside dans le commerce de la fourrure. Le système économique bâti par la HBC surpasse les entreprises américaines qui ne parviennent pas à détrôner leur rivale. Quelle est l’étendue de l’empire commercial britannique dans la région de la Columbia ?

I.2.3.1. Le commerce de l Oregon/ de la Columbia, 1800-1830

I.2.3.1.1. Le potentiel du Département de la Columbia

“The riches of the [Columbia] Country […] there cannot be the slightest doubt”.316 Les castors sont la clef du développement de l’Oregon. La richesse contenue dans leurs fourrures est la cause de la compétition entre les trappeurs rivaux, qui cherchent à détenir le monopole du commerce de l’Oregon et de l’Asie. Ce potentiel ne laisse pas les marchands indifférents :

“The limits of the Bay and Straits […] comprise a very considerable extent; […]. The countries abound in most kind of Quadrupeds, etc. whose skins are of great value”.317

Jusqu’aux années 1800, l’exploitation des fourrures ne couvre pas tout le territoire de l’Oregon, mais seulement la vallée de la Columbia, qui abrite un nombre considérable de castors :

“The numerous signs of beaver with during the recent search for timber gave evidence that the neighborhood was a good ‘trapping ground’”.318

315 Alexander Mackenzie, op.cit., p. 416.

316 Frederick Merk (ed.), George Simpson s Journals, op.cit., p. 74. C.f. les 14 vaisseaux américains engagés dans le commerce maritime pour l’année 1801 uniquement.

317 Edward Umfreville, op.cit., p. 51.

318 Washington Irving, op.cit., p. 402.

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La fourrure est destinée aux marchés européens. Le castor est très prisé en Europe en raison de la demande de fourrure pour la confection de chapeaux. Les articles en peaux de castor sont chers et les accessoires en peaux sont des articles de luxe. En Europe, la mode des chapeaux en fourrure permet le développement économique de l’Oregon par l’exploitation des fourrures. Les épices et le thé ont permis d’instaurer le commerce avec l’Asie ; de la même manière, les fourrures ont ouvert la voie au commerce de l’Oregon :

“By the time of the Restoration in England a gentleman of fashion paid as high as four guineas for his hat, or as much as a skilled workman earned in six months”.319

Dans le Nord-Ouest, les ressources sont abondantes et bon marché, ce qui rend le commerce des fourrures lucratif, comme l’atteste Alexander Ross. Il est possible d’échanger des peaux avec les Indiens à des prix défiant toute concurrence :

“When any of our people, through more curiosity, wished to purchase an Indian head-dress composed of feathers, or a necklace of bears’ claw, or a little red earth or ochre out of any of their medicine bag, the price was enormous; but a beaver skin, worth 25 shillings in the English market, might have been purchased for a brass finger-ring scarcely worth a farthing;

while a dozen of the same rings was refused for a necklace of birds’ claws, not worth half a farthing. Beaver, or any kind of fur, was of little or no value among these Indians [the Snakes];

they were never having any trader for such articles among them. Nor could they conceive what our people wanted with their old garments”.320

De plus, une peau s’échange pour deux dollars, soit l’équivalent d’une journée de salaire :

“There is a description of currency here, called beaver money; which seems to be among the whites what blankets are among the Indians. The value of the currency may be estimated from the fact that a beaver-skin represents about 2 $ throughout the country”.321

Les trappeurs échangent des objets courants contre des fourrures, qui sont très prisées dans les marchés européens. Des matières premières abondantes et peu chères sont vendues à Canton ou en Europe à des prix exorbitants. Les côtes de l’Oregon deviennent le rendez-vous des marchands. Ainsi, le commerce de la fourrure en Oregon peut être apparenté à de « l’or brun » :

319 Marjorie W. Campbell, op.cit., p. 3.

320 Alexander Ross, The Fur Hunters of the Far West, op.cit., p. 258.

321 Charles Wilkes, op.cit., p. 128.

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“Two leading objects of commercial gain have given birth to wide and daring enterprise in the early history of the Americas; the precious metals of the south, and the rich peltries of the north. […] the adroit and buoyant Frenchman and the cool and calculating Briton have pursued the less splendid, but no less lucrative, traffic in furs amidst the hyperborean regions of the Canadas, until they have advanced even within the Artic circle”.322

I.2.3.1.2. Le rôle du Gouverneur Simpson dans le développement du commerce de la Columbia, 1824-1825

Le développement de l’Oregon doit beaucoup à l’intérêt que porte le Gouverneur Simpson323 à la région. En effet, il s’implique très fortement dans les affaires de la HBC en Oregon :

“I can scarcely account for the extraordinary interest I have taken in its affairs, the subject engrosses my attention almost to the exclusion of every other, in fact the business of this side has become by hobby”.324

Le Gouverneur Simpson visite pour la première fois le département de la Columbia en 1824 et constate une disparité entre le potentiel de la région et les profits effectués par la HBC. Il tente de remédier au problème en introduisant une meilleure gestion. La politique de croissance du département de la Columbia de George Simpson participe aux développements britanniques de l’Oregon :

“At Ft. Nez Percés as at Thomson’s River and Spokane House large quantities of Luxuries and European provisions are annually consumed at a prodigious coast and for no other good reason than that they are preferred to the produce of the Country which is cheap and abundant; while this ruinous system continues it is not surprising that the Columbia Department is unprofitable but from what I can see and learn no question exists in my mind that by introducing economy and regularity […] it may be made a most productive branch of the Company’s Trade […]”.325

322 Washington Irving, op.cit., p. 183.

323 George Simpson a débuté sa carrière au sein de la HBC comme simple employé. À partir de 1821, et ce, jusqu’à sa mort en 1860, il devient l’administrateur principal de la Compagnie en Amérique du Nord. En tant que gouverneur (l’équivalent de directeur général de la Compagnie), il gère les Départements du Nord-Ouest, de la Columbia et de la région de Rupert, depuis Montréal et de la colonie de Red River. Simpson effectue de nombreux voyages dans tous les Départements de la HBC tout le long de sa carrière, notamment en 1824-1825 et 1828-1829 dans la région de l’Oregon.

324 Frederick Merk (ed.), George Simpson s Journals, op.cit., p.123.

325 ibid, p. 58.

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Le Département de la Columbia est caractérisé par une mauvaise organisation. Le commerce de la Columbia est mal géré puisque seulement moins de 20 000 peaux sont récoltées en quatorze ans dans les quatre établissements permanents du Département.326

“Everything appears to me on the Columbia on too extended a scale except for the Trade”.327

Le Gouverneur instaure une politique d’économie. Simpson décide de réduire les frais d’opération du Département en diminuant les coûts d’exploitation. À une meilleure gestion s’ajoute une réduction du personnel pour effectuer des économies sur les salaires annuels :

“I cannot help thinking that no economy has been observed, that little exertion has been used, and that sound judgment has not been exercised but that mismanagement and extravagance has been the order if the day. It is now however necessary that a radical change should take place and we have no time to lose in bringing it about”.328

I.2.3.1.3. Le commerce de la fourrure, source de prospérité

“The whole coast as far as furs are concerned is taken up by the HBC”.329

Le système économique britannique en Amérique du Nord est fondé exclusivement sur le commerce des fourrures. Selon Richard Mackie, de 1813 à 1843, le Département de la Columbia peut être assimilé à une colonie commerciale britannique.330 Mille hommes sont employés dans vingt et un postes permanents.331 Les années 1820 représentent l’âge d’or du commerce de la fourrure.

326 ibid, p. 16.

327 ibid, p. 65.

328 ibid, p. 65.

329 Nathaniel Wyeth, The Correspondence and Journals of Captain Nathaniel J. Wyeth, 1831-1836 (Eurene, Or.:

Oregon University Press, 1899), To Mess. Tucker and William and Henry Hall, Esp. (Boston), from Heads of Lewis River, July 4, 1833, p. 63.

330 Richard S. Mackie, op.cit., p. 313.

331 Robert M. Martin, Hudson Bay s Territories and Vancouver Island, with an Exposition of the Chartered Rights, Conduct and Policy of the Honorable Hudson s Bay Corporation (London: T. & W. Boone, 1849), p. 54.

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“The 1820s proved to be a crucial decade in the struggle for an empire in the trans-Mississippi West”.332

Le développement britannique de l’Oregon s’inscrit dans le fonctionnement du second Empire britannique où la juridiction territoriale n’est pas encouragée. L’empire de la HBC est fondé sur une chaîne de forts. Ils sont protégés comme des zones stratégiques navales et dirigés depuis Londres.333 Le commerce prime sur la possession territoriale.334

Simpson voit le commerce de la Columbia dans une perspective nationale, qui serait bénéfique au Royaume-Uni :

“Having worn the subject of the trade of the Northwest Coast nearly threadbare I shall conclude my remarks thereon by giving it as my humble opinion that if the Honorable Committee enter into it on the scale proposed it will turn out highly advantageous to the concern and at no very distant period become an important branch of Commerce in a national point of view”.335

Avec l’exploitation du bois et la pêche des saumons de la Columbia, le commerce de la fourrure est une source de développement économique pour la région du Pacifique Nord-Ouest :

“It was the fur trade, in fact, which gave early substance and vitality to the great Canadian provinces”.336