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3. Les trois phases clés des périodes de formation au sein des structures

3.2. Pendant la période de formation dans les structures d’accueil

3.2.1. L’accueil

Le premier jour du stage (ou du contrat d’apprentissage) et les quelques jours qui suivent sont souvent des journées de découverte pour tout le monde, le jeune comme le(s) tuteur(s). Le jeune rencontre dès lors son tuteur formel, les différents professionnels en poste. Il découvre les lieux et le fonctionnement de la structure. Cette élève de terminale ASSP le souligne :

On nous montre la structure, on nous explique un peu comment ça se passe, combien il y a d’équipes, comment est le roulement entre les équipes, ce qu’elles font chacune (élève de terminale ASSP).

A son arrivée, le jeune est accueilli en général par le dirigeant de la structure, le responsable ressources humaines (pour les structures d’une certaine taille) ou le supérieur hiérarchique du ou des futurs tuteurs pratiques. Il est présenté ensuite au tuteur formel quand celui-ci n’est pas l’un d’entre eux, ainsi qu’à l’ensemble du collectif de professionnels en place avec lequel il sera amené à travailler, et au sein desquels évolue son ou ses tuteurs pratiques.

Souvent, le tuteur formel demande au jeune de venir un peu avant l’heure, afin de faire les présentations avant que le travail des professionnels commence. Il veille ainsi à ce que sa première journée débute au mieux.

Moi j’aime bien qu’ils arrivent déjà dix minutes avant l’heure le premier jour.

Parce qu’après, le truc, c’est que comme nos aides-soignantes, voir même les AVS, arrivent à 8 heures, elles à 8 heures elles sont déjà dans le service, à prendre les infos, etc. Du coup l’élève, le premier jour, il y a déjà un petit décalage qui se crée, je n’aime pas ça. J’aime bien avoir le temps de leur présenter le personnel avec qui ils vont être, et puis comme ça on fait un petit point. C’est deux-trois minutes, mais ça met en confiance l’élève, et puis ça permet aussi au personnel professionnel de… voilà, d’avoir la présentation officielle, de faire un petit point. « Est-ce que vous avez déjà fait des toilettes ? Qu’est-ce que vous savez faire ? » Etc. Et puis après ils montent ensemble tranquillement dans les étages (tuteur, cadre infirmier, EHPAD).

On peut rappeler ici que certains tuteurs de PFMP organisent une sorte de pré-accueil, en demandant à rencontrer le jeune qu’ils sont appelés à recevoir quelques semaines, voire quelques mois avant le démarrage du stage.

Au cours de la première journée ou des quelques journées qui suivent, le tuteur formel propose souvent au jeune de faire le tour des locaux ou des autres services présents sur le site. S’orienter dans l’espace ou la structure est du reste la première chose à apprendre pour le jeune, en particulier dans le secteur de la sécurité-incendie, où il s’agit d’intervenir sur de larges et denses espaces, mais également dans le secteur des services à la personne où il existe par exemple dans un EHPAD différentes unités pour accueillir les personnes âgées. Il s’agit aussi de faire découvrir au jeune les autres acteurs (autres catégories de professionnels intervenant sur le site, usagers ou « clients » de la prestation…) et de le faire identifier comme stagiaire ou apprenti par ces derniers.

Tout ce processus d’accueil et d’intégration vise surtout à mettre en confiance et à « mettre à l’aise » le jeune, ce qui est une condition importante pour favoriser sa mise au travail et ses apprentissages à venir. En effet, alors que le milieu professionnel demeure pour lui inconnu ou peu familier, ce processus doit permettre son « apprivoisement » si l’on peut dire. Dans les structures accueillant des personnes âgées, une attention, une vigilance et une bienveillance toute particulières sont par exemple portées à l’attention des stagiaires.

Quel lien avez-vous fait entre votre activité de travail et cette responsabilité de tutorat ?

— Eh bien je pense que ça fait partie de ma fonction, déjà, c’est important. Et puis moi j’essaie vraiment de considérer que le stagiaire n’est pas là pour nous aider. Il faut l’accueillir et lui donner envie de… envie d’être bien et de travailler, pas le dégoûter du métier, quoi. Je pense que c’est important. Que le stagiaire se sente bien accueilli, qu’il soit encadré… Moi je préviens toujours mon personnel dans les transmissions : voilà, il y a un stagiaire qui arrive, je leur mets toujours un petit mot pour les prévenir qu’une stagiaire arrive ce jour-là…

— Vous le pensez comment, justement, l’accueil de la stagiaire ?

— Déjà qu’elle soit attendue, qu’elle ait son casier, qu’on prévoie le repas le midi… Moi je l’introduis toujours, je lui dis qu’il ne faut pas qu’elle hésite à me solliciter, à me poser des questions, s’il y a quelque chose qui ne va pas qu’elle vienne me voir… Et puis l’équipe est assez réceptive, généralement ça se passe bien. Elles sont bien dans cette optique qu’on est là pour les former et qu’elles sont là pour apprendre. Leur donner envie, quoi. Et puis les introduire aussi auprès des résidents, parce que ce n’est pas toujours facile, à 16-17 ans, de se retrouver face à une personne âgée (responsable foyer logement, tutrice).

Ce processus est également l’occasion d’une première évaluation du jeune. Faire d’emblée un premier point permet déjà au tuteur formel de se faire une idée sur son niveau, ses connaissances effectives, où il en est arrivé sur le plan de son cursus de formation, son expérience en termes d’activités, ses souhaits en la matière, ses capacités actuelles, notamment pour réaliser certaines actions comptant parmi les plus difficiles ou les plus ingrates du métier, son comportement, avec le repérage éventuel de « premières failles », sa propension à s’impliquer et à apprendre… Cette première évaluation n’est donc pas sans effet potentiel sur l’attitude qui va être adoptée d’emblée par le tuteur, quant à ses choix initiaux en matière d’objets à transmettre et de modes de transmission, et même à son degré d’implication à venir.

Les deux-trois premiers jours ils font essentiellement de l’observation. Ou alors ils vont être sur un même poste, mais ils vont faire de l’observation et on ne va pas trop leur demander de faire des choses. On va leur demander de participer à la toilette, ou de conduire un ou deux résidents en salle à manger, ou de retaper un lit… On essaie d’y aller de manière progressive. Surtout qu’on ne sait pas comment va réagir l’élève qui est en face. Parfois ils arrivent, ils n’ont pas fait de stage personne âgée avant, donc ça peut être compliqué pour eux, parce que ça peut ramener à… Il peut y avoir des histoires de vie un petit peu compliqué, par rapport au grand-père, à la grand-mère, il peut y avoir cet effet miroir qui n’est pas toujours très bien perçu par le jeune, de voir comment est-ce qu’on va vieillir, même parfois nous, à nos âges, on a du mal à se positionner. Il y a aussi le fait qu’on rentre dans la démence, il y a l’intimité, il y a toute cette perte au niveau des acquis, tous les deuils qu’il faut faire quand ils rentrent en institution, les résidents… Ça peut les remuer, parfois. On n’est pas à l’abri qu’il y ait un décès, ils ne sont pas forcément à même de pouvoir le gérer. Donc ça se dose, quoi. C’est pour ça que les rencontrer avant et leur demander un peu ce qu’ils ont fait et ce qu’ils veulent faire, ça permet aussi d’avoir un petit peu une idée, et de savoir… Est-ce qu’il va être capable ?… S’il y a beaucoup, beaucoup de timidité, je ne vais pas trop le mettre avec les aides-soignantes d’entrée pour faire des petites toilettes où il y aura des problèmes d’incontinence importants et tout ça. Il ne faut pas non plus les dégoûter du métier d’entrée de jeu, quoi. Il faut y aller de manière assez progressive (tutrice, infirmière coordinatrice en EHPAD).

Au cours de cette phase d’accueil, le tuteur formel peut aussi remettre des documents au jeune, censés faciliter son intégration ou la réalisation de son futur rapport de stage : le livret d’accueil quand il existe, divers documents présentant la structure et ses activités… Le tuteur le fait aussi à ce stade dans un souci d’organisation.

Donc d’entrée je leur ai préparé un porte-vues où ils ont déjà pas mal de documents dedans, parce qu’à force de remplir les rapports de stage et de voir ce qui était demandé, c’est toujours plus ou moins les mêmes informations qui sont demandées, donc plutôt que de répéter plusieurs fois et de faire le perroquet, je leur donne le livret d’accueil… ils ont déjà une présentation de la

structure et puis déjà pas mal de choses qui sont à leur disposition à l’accueil. Il y a le livret d’accueil, il y a la moyenne d’âge de l’établissement, il y a un exemple de protocole qui peut être utilisé, il y a le plan de l’établissement… Il y a pas mal de documents… Je leur dis qu’ils ont la possibilité d’avoir accès à ce porte-vues, et que si jamais il y a des infos qui ne sont pas dans le porte-vues, parce qu’on ne pense pas à tout, et puis il y a des spécificités particulières en fonction de chaque établissement, là ils prennent rendez-vous, ils viennent me voir et puis on re-complète à ce moment-là, ils ont la possibilité de faire des photocopies… (tutrice, infirmière coordinatrice EHPAD).

Pour les jeunes, l’enjeu au moment de cette phase d’accueil est surtout de se faire accepter, sinon apprécier par leur tuteur et les différents professionnels en place. Il leur faut savoir se montrer

« volontaire », « curieux », « agréable », souvent aussi aller un peu au-devant de certains professionnels qui sont susceptibles de rester dans un premier temps en retrait.

En principe, le jeune remet à son tuteur tous les documents transmis par l’établissement de formation afin qu’il puisse en prendre connaissance, cibler les activités à lui faire réaliser en fonction des compétences à évaluer, et pratiquer un suivi en lien avec les enseignants/formateurs.