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à l’accompagnement proposé par les structures d’aide à la création d’entreprise

Dans le document Ce que entreprendre permet d’apprendre (Page 56-58)

Quand un jeune exprime le désir de créer son activité dans le cadre d’une période de chô- mage, le premier réflexe des conseillers Pôle emploi consiste à lui proposer de participer à un atelier d’information dédié à la création, lors duquel un intervenant expose tous les grands enjeux de la création, les étapes types, les aides financières possibles et accessibles, les différents statuts et recense les principales questions à se poser. Cependant, ce premier niveau d’information n’est pas formateur et sert surtout à confirmer le désir de créer. Même

Principaux cursus de formation : filières sélectives

Formation Intitulés Niveau d’accès Durée

BTS – Management des unités commerciales – Comptabilité et gestion

des organisations

Bac 2 ans

DUT – Gestion des entreprises et des organisations

– Management des organisations – Techniques de management

Bac 2 ans

Licences pro Entrepreneuriat BTS ou DUT formation initiale ou continue

1 an

Écoles de commerce post-bac Bac 4 à 5 ans

Grande école de commerce et de gestion

– Business school – Sup de Co

– École de management

Après 2 années de classes préparatoires ou après une licence, voire un master universitaire

3 ans en moyenne

DU Création d’entreprise (Cergy-Pontoise)

Licence

Formations initiale et continue DU Création d’activité création

d’entreprise

BEP/CAP Ou sur dossier

Formation continue uniquement 1 an

DU Créateur d’activité Proposé par un accompagnant mission locale du Groupement de créateurs

6 mois

Master universitaire – Administration des entreprises – Entrepreneuriat

– Management

Après un master universitaire ou un cursus en écoles de commerce ou d’ingénieur

1 an

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les formations plus longues, qu’elles soient proposées par Pôle emploi, la chambre de commerce et d’industrie (CCI), l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), le Centre national d’enseignement à distance (CNED) ou encore les ré- seaux d’entrepreneurs, sont rarement satisfaisantes parce que trop généralistes. De fait, les créateurs recherchent une aide plus individualisée dans une logique d’accompagnement. En France, c’est la mission qui a été dévolue aux boutiques de gestion (BGE), implantées sur tout le territoire. Ouvertes à tous, elles apportent une aide précieuse pour définir les objectifs du projet, structurer la démarche de création et la confronter à la réalité :

« Ils [la boutique de gestion] nous ont poussées à nous poser des questions, ils ne savaient pas où il fallait chercher les réponses mais ça nous permettait de prendre du recul, de pas nous laisser embri- gader dans des concepts. » (Julie.)

Elles offrent également un service de « couveuse » pour tester une offre si celle-ci n’exige que peu d’investissements. Sinon, elles peuvent renvoyer vers des incubateurs spécialisés comme ça a été le cas pour Pablo. Porteur d’une innovation technologique qui requiert des financements élevés pour approfondir ses recherches et déposer des brevets, Pablo se lance à temps plein seulement parce qu’il parvient à être accompagné par l’incubateur de Midi- Pyrénées spécialisé dans le soutien à l’innovation. Cette structure lui permet d’accéder aux premiers fonds et à l’expertise indispensables à l’analyse d’opportunité et d’envergure que nécessite son produit.

Cependant, les boutiques de gestion peuvent se trouver désœuvrées pour accompagner les jeunes dans leur démarche d’innovation sociale. Les outils traditionnellement disponibles ne sont pas adaptés pour structurer des projets visant certes une viabilité financière mais dont l’objectif est avant tout de répondre à une problématique sociétale. Ça a été le cas pour Julie qui relate :

« Quand on leur parlait de nos concepts innovants, ils ne comprenaient pas trop les tenants et les aboutissants parce qu’ils n’étaient pas dans le milieu. C’était une béquille, on savait qu’ils étaient là mais il ne fallait pas non plus compter sur eux pour certaines questions comme ce qu’on peut faire avec un statut d’autoentrepreneur, sur de la prévention santé qui dépend normalement de la chambre d’agriculture avec la création de coffrets-repas… »

D’autant plus que la structure de Julie et Léa, comptant parmi ses parties prenantes autant les collectivités publiques, l’État, les entreprises que les particuliers, nécessite un statut qui permettrait de toutes les représenter et de les faire dialoguer. Le statut spécifique de la société coopérative et participative (SCOP) leur paraît le plus adapté mais, comme elles n’appartiennent pas au milieu de l’économie sociale et solidaire émergent, elles ont du mal à trouver les informations nécessaires.

C’est pourquoi, certains territoires ont créé des structures locales originales. C’est le cas à Grenoble de Cap Berriat, lieu de ressources, de construction de dynamiques collectives et pépinière d’associations. La structure a mis à disposition de Nicolas des moyens concrets pour monter son projet conçu d’emblée autant comme un vecteur d’insertion profession- nelle pour lui que comme un levier d’utilité sociale. Si le soutien apporté est de même nature que celui proposé par les boutiques de gestion (financements possibles, création d’outils de communication, définition des publics visés, cheminement dans la réflexion et même des locaux), il est spécifiquement adapté au statut associatif qui permet de créer une activité économique poursuivant une mission d’intérêt général non lucrative.

Amélie explique que de son côté elle a éprouvé de vraies difficultés à identifier le bon interlocuteur alors qu’elle était, dès le début de sa démarche, clairement en demande de soutien. La nature de son activité manque de crédibilité aux yeux de son conseiller Pôle emploi, qui, de fait, ne lui propose pas de participer aux ateliers de création d’entreprise :

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« Franchement, quand tu arrives à Pôle emploi et que tu dis que tu es sociologue, il faut y aller blindé. Dès le premier rendez-vous, on m’a dit d’ouvrir mes champs de possibilités, de m’orienter vers autre chose. Il [le conseiller Pôle emploi] ne nous a pas beaucoup aidées alors que l’on avait demandé un rendez-vous pour parler de notre volonté de créer notre entreprise. Il ne nous a jamais proposé de formation ou quoi que ce soit. » (Amélie.)

Pour sa part, Christine se voit tout de même proposer par sa conseillère un atelier de deux heures. Cependant, elle explique : « Quand tu dis que tu veux créer un cabinet d’études en sociologie, là carrément, il n’y a plus personne. » Elle continue donc ses recherches par elle-même pour trouver une formation pertinente, qu’elle repère dans un des clas- seurs mis à disposition par Pôle emploi mais qu’aucun de leurs deux conseillers ne leur avait suggérée. En remplissant leur dossier de candidature, elles continuent de prospecter. Mais les structures auxquelles elles s’adressent leur renvoient la même incompréhension : « Notre projet était vraiment flou pour eux. Ils ne connaissaient pas du tout la sociologie, ni le cabinet. » Elles finissent par rencontrer le Groupement de créateurs de Sénart qui leur convient et leur offre le cadre d’échanges pour mettre à l’épreuve leur projet. Bien sûr, le Groupement de créateurs n’est pas plus connaisseur sur le fond que les autres structures, mais il leur pose toutes les questions nécessaires pour valider la solidité de leur projet :

« Super bien dans le fait de vouloir faire émerger une idée de création. On avait des entretiens régu- lièrement, toutes les deux ensemble. On parlait du projet de l’entreprise que l’on voulait créer avec une personne du Groupement. Et elle avait toujours de bonnes questions en fait. On travaillait sur nos motivations, sur les problèmes que l’on pouvait rencontrer éventuellement parce que l’on est deux. […]. Du coup, ça devenait plus concret pour nous. »

Tout l’enjeu pour ces jeunes créateurs est donc de trouver, au tout début de leur démarche, la structure d’accompagnement pertinente pour leur transmettre les rudiments du métier d’en- trepreneur. Il s’agit d’apporter un soutien individualisé, les aidant à prendre conscience des étapes à franchir et des réflexes à adopter plutôt qu’un enseignement, même si celui-ci peut s’avérer utile sur les aspects vraiment techniques de la gestion, notamment la compréhension des documents financiers. Ainsi Julie considère clairement que son cursus universitaire a été une force dans son parcours d’entrepreneuse, comparativement à un cursus en école de com- merce qui aurait pu, pour une future entrepreneuse, lui sembler le plus approprié :

« Le fait qu’on ne soit pas sorti d’une école de commerce, ça fait notre force aujourd’hui. On se retrouve dans une situation, on identifie la problématique, on apporte des solutions pour essayer de trouver des dispositifs. Ça c’est uniquement la démarche de recherche qu’on apprend à l’uni- versité qui nous permet de nous adapter. On aurait été dans une école de commerce, on n’aurait pas eu cette compétence-là, on se serait retrouvées entre quatre murs et on n’aurait pas réussi à les dépasser. On crée tout le temps pour répondre à la problématique ou à ce qu’on nous demande. »

En effet, la meilleure école reste pour un entrepreneur celle du terrain qui consiste à ap- prendre en faisant.

Dans le document Ce que entreprendre permet d’apprendre (Page 56-58)