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L’ACCOMPAGNEMENT DES CRÉATEURS D’ACTIVITÉ AU NIVEAU LOCAL : PAPRICA

Dans le document Ce que entreprendre permet d’apprendre (Page 74-76)

L’association Paprica est une couveuse d’activités pour les jeunes de 18 à 30 ans de l’agglomé- ration grenobloise. Elle a pour objectif de faciliter l’expérimentation d’activités et de projets non concurrentiels et à vocation sociale. La spécificité de Paprica tient à la promotion d’un mode d’en- trepreneuriat collectif qui repose notamment sur la mutualisation et l’échange entre les porteurs de projets. C’est une couveuse qui permet de :

– tester l’activité dans un cadre serein (hébergement juridique, suivi administratif et comptable) ; – bénéficier d’un accompagnement individuel tout au long du projet ;

– bénéficier de formations et de temps d’échanges collectifs ; – disposer de matériel et de locaux.

Les jeunes peuvent profiter d’un contrat d’appui au projet d’entreprise. Conclu pour un an et re- nouvelable deux fois, il permet de continuer à percevoir des prestations sociales (sécurité sociale, allocations chômage, revenu de solidarité active [RSA]).

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Enjeux de temporalité

Il est aujourd’hui notoire qu’il existe en matière d’accompagnement à l’entrepreneuriat une pluralité d’acteurs et d’interlocuteurs, plus ou moins éparpillés sur les territoires, qui plus est axés principalement sur la phase qui précède l’activité. Or la question de la tem- poralité représente un enjeu non négligeable pour accompagner l’entrepreneur en devenir, d’une part, au moment où l’envie d’entreprendre s’éveille et, d’autre part, à l’autre bout du processus, quand l’entrepreneur est mis à l’épreuve durant l’activité en marche. Au travers des entretiens réalisés, nous avons constaté une réelle inadéquation entre la demande d’ac- compagnement et l’offre disponible, selon l’indicateur de la temporalité.

Multitude d’accompagnateurs en amont

Dans les parcours étudiés, l’accompagnement le plus souvent évoqué est celui en amont de la création.

« En parallèle, on s’est fait suivre par un Groupement de créateurs de Sénart… et franchement, super bien. Pas super bien sur le côté pratique mais super bien dans le fait de vouloir faire émerger une idée de création. On avait donc des entretiens régulièrement […] on parlait du projet de l’entreprise que l’on voulait créer, il avait toujours les bonnes questions en fait. » (Christine et Amélie.)

Le « côté pratique » souligné dans ce témoignage a trait aux besoins inhérents au développe- ment de l’activité, or s’il n’apparaît pas comme le point fort dans cette expérience, l’accom- pagnement proposé a le mérite de soutenir les jeunes durant le processus d’émergence et de formalisation de l’idée. Certains jeunes sont d’ailleurs conscients de l’importance de cette phase initiale où les premiers jalons sont posés, et ce pour toute la durée de l’expérience :

« En tant que chômeur j’ai eu un petit accompagnement par une boutique de gestion, qui m’a donné les premiers trucs, une bonne première base, l’esquisse d’un business plan […] après ça n’a pas empêché de faire énormément d’erreurs, je crois que l’accompagnement a duré 6 mois. » (Antoine.)

Il faut ensuite laisser le temps de la maturation au jeune accompagné puis au projet ; d’autres questionnements seront posés par la mise en situation, par l’expérience quotidienne dans le face-à-face aux aléas de la création, spécifique à chaque secteur d’activité mais également à chaque créateur d’activité.

L’insuffisance de l’accompagnement pendant l’expérience de création d’activité

Parmi les personnes du panel, les seules qui abordent le sujet de l’accompagnement pen- dant l’activité le font au travers soit des incubateurs soit des prix-concours. Les incubateurs apparaissent d’ailleurs comme presque les seuls à être présents depuis le début, dès les premières interrogations.

« Déjà à l’époque de la création et tout au long, ils nous ont suivis […]. On a vu quel type de finan- cement je pourrais avoir, à quel public m’adresser, comment faire une plaquette de com’… sans eux, le projet n’existerait pas comme il est actuellement ». (Nicolas.)

« En fait, ils partent du principe que les gens sont autonomes et c’est aux gens de venir solliciter […] c’est aux gens de gérer. Après, sur certaines questions, il y a des formations de comptabilité pour apprendre à gérer sa comptabilité, il y a aussi des formations sur la communication, dispensées gratuitement, il suffit d’être adhérents de l’association. » (Nicolas.)

Si les incubateurs sont en principe ouverts pendant toute la durée de l’expérience créatrice, leurs professionnels misent néanmoins sur l’autonomie et le volontarisme des accompa- gnés. Or si certains de ces derniers sont prêts et capables de s’adapter à ce format, d’autres, notamment les moins autonomes, sont demandeurs d’un cadre plus sécurisant.

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« Quand on lance une idée, il faut qu’il y ait des études derrière. Je me rappelle quand j’ai eu l’en- tretien avec l’incubateur, j’avais présenté le projet et j’étais arrivé avec les attestations des concours remportés. Et là, on m’a dit qu’il ne fallait pas juste une idée pour se lancer, qu’il y a plus que ça. Ils avaient raison. » (Pablo.)

Les prix peuvent jouer à un mo- ment donné un rôle stimulant et formateur(voir « Apprendre en par- ticipant à des prix et concours », p. 59), favorisant l’échange d’expé- riences et la mise au jour du projet, mais ils ne sortent l’entrepreneur de sa solitude qu’un court intervalle. La concentration des dispositifs d’accompagnement en amont de la création peut vite devenir peu féconde pour le jeune entrepre- neur confronté aux difficultés quo- tidiennes, de tous ordres (financier, technique, humain).

Les différents parcours étudiés il- lustrent assez bien la dimension « expérimentielle » de la création d’activité. On peut envisager un ac- compagnement qui tienne compte de cet aspect-là, en mettant notam- ment en place les outils nécessaires à la prise de conscience des ap- prentissages en cours, et ce dès les

premiers questionnements, avant même la formalisation de l’idée. Aujourd’hui, peut-on affirmer que les jeunes créateurs d’activité ont été accompagnés dans la découverte et le développement de savoir-faire et savoir-être nouveaux ? Ont-ils été accompagnés dans ce changement de perspective, qui dépasse largement la création d’activité effective ?

Dans le document Ce que entreprendre permet d’apprendre (Page 74-76)