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Chapitre 4 – Anciennes et nouvelles agglomérations, aspects morphologiques

C. De l’îlot à la maison

Après s’être intéressé à des aspects de morphologie générale au travers du choix du site et du plan adopté, il convient de s’interroger sur l’organisation interne des îlots, sur le parcellaire et sur l’implantation des maisons dans ces villages et ces bourgs. Les données étant très lacunaires avant 1250 en Gascogne gersoise, les comparaisons entre cette période et la suivante sont difficiles. Il s’agit donc de présenter les rares évolutions perceptibles entre 1250 et 1330, et un état des lieux de la situation à cette date.

L’îlot

L’îlot peut être défini comme un « espace constitué de parcelles et de constructions circonscrit par des rues355 ». Il présente donc, selon le plan adopté par l’agglomération, des formes variées qui sont fonction du plan global de l’agglomération et du tracé de la voirie.

Dans les villages et bourgs au plan orthogonal, ils sont donc naturellement la plupart du temps quadrangulaires. Ils peuvent être carrés ou rectangulaires, ces formes pouvant elles-mêmes être déformées aux abords de l’enceinte lorsque celle-ci recoupe le parcellaire préexistant. C’est le cas notamment dans bon nombre de bastides, comme à Barcelonne-du- Gers, Cologne ou Solomiac par exemple (fig. 4-62 et 63). Le plus souvent, ces îlots de plan orthogonaux sont rectangulaires. Il n’y a guère que dans les bastides où l’on retrouve dans certains cas des îlots carrés. Dans les villages castraux ou ecclésiaux au plan orthogonal, les îlots ont tendance à être beaucoup plus allongés que dans les bastides. Cela est particulièrement visible sur le plan de Gaudonville (fig. 4-61). Le réseau viaire secondaire y est en effet moins développé que dans la plupart des bastides. Seule celle de Montréal fait figure d’exception avec des îlots allongés, recoupés dans leur longueur par des ruelles qui accentuent encore cet effet (fig. 4-70).

Dans les agglomérations de type « village-rue », il n’y a pas véritablement d’îlot, puisque toutes les maisons donnent sur la rue par l’avant et sur l’enceinte par l’arrière. Nous pouvons tout de même voir dans l’alignement du bâti le long de la voie une certaine forme d’allongement et donc des îlots plutôt rectangulaires non recoupés par des ruelles transversales. Cela est visible, par exemple, sur le plan de Castelnau-d’Anglès (fig. 4-71).

Dans les villages et les bourgs au plan centré, les îlots ont tendance à être enveloppants autour du point central même si ce n’est pas toujours le cas. Cette forme se retrouve de manière beaucoup plus prégnante dans les villages de plan radioconcentrique. L’aspect enveloppant des îlots est en effet accentué par le fait qu’ils suivent les courbes de niveaux et la topographie naturelle du site, comme à Castelnau-Barbarens (fig. 4-72).

La parcelle

Subdivision de l’îlot correspondant à une unité de propriété foncière, la parcelle est définie par des limites parcellaires qui se superposent le plus souvent, pour les périodes qui nous intéressent, à des limites physiques constituées par des murs de maison ou de clôture. Les parcelles peuvent être de formes diverses et plus ou moins couvertes par des édifices bâtis.

Dimensions

Une vingtaine de chartes de coutumes de villages et bourgs gersois donne les dimensions des emplacements qui doivent être lotis (tab. 4-10).

Site Origine Date de la

charte Dimensions Rapport

14 Barran bastide 1279 12 x 4 perches 1/3

15 Bassoues ecclésiale 1325 40 x 20 rases 1/2

25 Biane (c. Montaut-les-Créneaux) bastide 1295 15 x 12 rases 4/5

27 Bivès castrale 1283 24 x 12 rases 1/2

39 Castelnau-d’Arbieu castrale 1263 24 x 12 rases 1/2

50 Céran castrale 1270 1 x … rases ?

52 Cologne bastide 1287 15 x 5 stades 1/3

105 Marestaing bastide 1272 4 x 8 cannes 1/2

120 Monfort bastide 1275 12 x 4 stades 1/3

136 Ornézan castrale 1322 35 x 12 coudées 1/3

145 Polastron castrale 1276 16 x 32 rases 1/2

153 Pujaudran castrale 1273 4 x 12 brasses 1/3

168 Saint-Blancard castrale 1303 12 x 24 rases 1/2

182 Saint-Martin-Binagre (c. Crastes) bastide 1278 12 x 4 stades 1/3

189 Saint-Sauvy bastide 1275 12 x 4 stades 1/3

190 Saint-Yors (c. Bazian) castrale 1307 24 x 12 rases 1/2

199 Solomiac bastide 1322

1327 5 x 14 brasses 60 x 20 rases / 15 x 5 cannes 1/3 1/3

212 Villefranche bastide 1293 18 x 15 rases 5/6

Celles-ci sont précisées dans des unités de mesure variables, mais il est presque toujours possible de définir le rapport entre la largeur et la longueur de la parcelle. Ce rapport est le plus souvent de 1/2 ou 1/3. Seules, les coutumes des bastides de Biane (c. Montaut-les-Créneaux) et Villefranche donnent des dimensions ne correspondant pas à ces rapports, respectivement 4/5 et 5/6. Il ressort de l’étude de ce tableau qu’il n’y a pas véritablement de relation entre un rapport 1/2 ou 1/3 et la date de fondation de l’agglomération. Ainsi, pour les dix mesures connues avant 1300, six ont un rapport 1/3 et quatre un rapport 1/2. Pour les cinq mesures connues après 1300, deux ont un rapport 1/3 et trois un rapport 1/2. Il semble tout de même y avoir un lien entre l’origine de l’agglomération et le rapport entre largeur et longueur de parcelle. Six bastides sur les neuf pour lesquelles les mesures sont connues présentent ainsi un rapport de 1 à 3. Les trois exceptions sont les deux précédemment citées, Biane (c. Montaut-les-Créneaux) et Villefranche, et celle de Marestaing. Cette dernière ne présente pas non plus le plan habituel des bastides centrées sur la place de marché.

Sur une période plus large, Benoît Cursente note une évolution avec, à la fin du XIIIe

siècle, une tendance à avoir des parcelles plus longues, jusqu’à un rapport de 1 à 4 entre la largeur et la longueur356. Il note par ailleurs que les places des castra sont initialement plus ramassées (rapport 1/2) avant de s’allonger pour se rapprocher des rapports courants dans les bastides (1/3). Ces conclusions ne semblent pas s’appliquer à la Gascogne gersoise de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle, mais à une aire géographique plus vaste et une période plus longue, commençant plus tôt. Pour la période que nous étudions, les données sont plus homogènes.

Quelques mesures de parcelles ont été effectuées sur le terrain, principalement à Montréal qui a fait l’objet d’une étude du bâti plus approfondie que les autres sites357. Malheureusement, la charte de fondation de cette bastide ne précisant pas les dimensions des lots, il n’est pas possible de faire des comparaisons entre les données textuelles et archéologiques. Les parcelles des îlots les plus proches de la place mesurent en moyenne 8 m sur 20 m, soit un rapport d’environ 2 à 5. Vers l’est, les parcelles sont plus étroites (fig. 4-70). Les vestiges bâtis y sont aussi moins nombreux pour le Moyen Âge et ne sont pas antérieurs au XVe siècle. Il est donc difficile de savoir si dès la fondation les parcelles proches

de la place étaient prévues plus larges que les autres ou si les parcelles éloignées plus étroites témoignent de remaniements postérieurs ou d’une extension de la bastide.

356 CURSENTE, Benoît, Des maisons et des hommes, La Gascogne médiévale (XIe-XVe siècle), PUM, Toulouse, 1998, p. 235.

357 Aucune des rares maisons médiévales observées dans certains sites du tableau 4-10 n’a été étudiée en

détail et n’a fait l’objet d’une visite faute de temps. Aucune mesure n’a donc pu être effectuée pour ces sites. Il serait utile d’y revenir afin de confronter les mesures proposées par les chartes médiévales avec celles observables sur le terrain.

Formes et orientation

Ces différentes mesures de parcelles montrent que celles-ci sont principalement de forme allongée, même si les rapports sont variables. C’est aussi ce qui ressort de l’étude planimétrique. Sans confrontation avec des vestiges visibles sur le terrain, il est nécessaire de rester prudent quant à l’interprétation des limites parcellaires comme étant d’origine médiévale. Sur une dizaine de plans nous retrouvons ce que Gilles Séraphin nomme un parcellaire binaire358. Les parcelles y sont bâties sur la totalité de leur surface et regroupées « en doubles lanières ». Elles ne sont donc pas traversantes. Elles sont de forme assez ramassée, souvent proche du carré. Des parcellaires proches de ce qui est décrit dans cet article pour le Périgord, le Quercy et le Rouergue, ont été repérés en Gascogne gersoise359.

Cependant, il n’a pas été possible d’affirmer qu’ils sont ici bien d’origine médiévale, faute de vestiges conservés.

Les parcelles sont généralement toutes orientées de la même manière au sein d’une même agglomération360. Elles sont toujours perpendiculaires aux rues principales. C’est le

cas autant dans les bastides et autres agglomérations au plan orthogonal, que dans celles où le plan est linéaire. Dans les villages et bourgs radioconcentriques, les parcelles sont perpendiculaires à la pente et donc aux rues transversales. Seules celles qui se trouvent le long des rues polarisées ont une orientation différente, ainsi qu’on peut le voir sur le plan de Pessan (fig. 4-53). Les agglomérations au plan centré n’ont pas une, mais plusieurs orientations de parcelles. En effet, celles-ci ne sont pas toutes orientées selon le même axe et donc parallèles, mais elles sont orientées vers le centre de l’agglomération. Cela est particulièrement visible sur le plan de Fourcès (fig. 4-46).

Dans les bastides, un retournement d’orientation s’opère au niveau des places, afin que toutes les maisons soient perpendiculaires à la place, et dans certaines l’orientation des parcelles est aussi retournée le long des deux rues transversales qui partent de la place. Elles ne sont donc plus alors toutes orientées de la même manière, mais selon deux axes que sont les deux rues principales de l’agglomération. Les parcelles situées le long de ces rues présentent alors toutes leur côté le plus étroit sur la rue. C’est le cas par exemple à Barcelonne, à Cologne ou à Saint-Clar (fig. 4-68).

Pleins et vides

La surface enclose des agglomérations n’était pas bâtie dans son ensemble. Outre les rues et les places qui constituent des espaces vides nécessaires à la circulation, une partie

358 SÉRAPHIN, Gilles, « Un modèle de parcellaire médiéval : le parcellaire binaire », in La maison au Moyen Âge

dans le Midi de la France, 2, SAMF, Toulouse, 2009, p. 37-51.

359 Voir notamment les plans de Cassaigne, Cazaubon, Gimbrède, Lialores (c. Condom), Marsolan, Mauroux,

Miradoux, Pergain-Taillac, Saint-Antoine et Saint-Puy dans le volume d’Atlas (vol. 4).

360 PINON, Pierre, « Le parcellaire des villeneuves médiévales planifiées », in CURSENTE, Benoît (dir.), Habitats

des îlots pouvait ne pas être dévolue à des constructions, mais à des cours ou des jardins. Plusieurs cas de figure ont été observés dans les agglomérations gersoises.

Des îlots entiers sont parfois destinés à ce type d’espace non bâti. C’est le cas à Bassoues où, nous l’avons déjà vu, les îlots le long de l’enceinte, au nord et au sud du village, sont encore aujourd’hui occupés par des jardins (fig. 4-55). Ailleurs, des cours ou des jardins peuvent être aménagés à l’arrière des maisons, sur la même parcelle. C’est le cas dans plusieurs bastides comme à Cologne ou àBarran (fig. 4-73). Enfin, dans certains cas, des cours peuvent être aménagées en cœur de parcelle, entre un premier corps de bâtiment donnant sur la rue et un second donnant, soit sur une ruelle, soit sur un autre bâtiment. Elles sont nécessaires à l’éclairage des pièces dans le cas de parcelles longues. La présence de ces cours n’a que rarement été observée dans les sites du corpus, mais trop peu de maisons et de cœurs d’îlot ont été visités pour affirmer qu’il n’y en a pas plus. Cette disposition est attestée dans certaines villes de la zone d’étude, à Nogaro par exemple361. Ce pourrait être

le cas à La Romieu (fig. 4-74). En effet, deux des maisons observées (parcelle AB 159 et 364) présentent une façade extérieure en cœur d’îlot qui correspond bien à une façade de maison (fig. 4-75 et 76). Cependant, en l’absence de vestige visible d’un édifice médiéval donnant sur la place, il n’est pas possible d’affirmer qu’il y avait bien deux corps de bâtiment sur cette parcelle, l’un sur la place et l’autre au fond, contre l’enceinte.

Il est malheureusement difficile d’aller plus loin dans l’analyse du rapport entre pleins et vides à la fin du Moyen Âge dans les agglomérations gasconnes, faute de sources suffisamment précises et d’une analyse architecturale détaillée de l’ensemble des cœurs d’îlot des agglomérations du corpus. En effet, l’étude planimétrique ne suffit pas pour déterminer ce qui était bâti ou non sur une parcelle à la fin du Moyen Âge. De ce point de vue, un exemple intéressant est cette maison de Monfort où l’on voit clairement que l’actuel mur arrière de la maison, donnant sur une cour, était en réalité un mur intérieur (fig. 4-77). Les arrières voussures de deux portes, au rez-de-chaussée et au premier étage, l’attestent, ainsi que les traces d’une cheminée disparue et le placard du rez-de-chaussée.

Une étude plus approfondie des maisons accolées aux enceintes pourrait aussi permettre de déterminer si celles-ci l’étaient dès l’origine ou s’il s’agit d’édifices bâtis en fond de parcelle à la place de cours ou de jardins. Les observations qui ont pu être faites sur cette question dans quelques villages et bourgs montrent que la construction des maisons et de l’enceinte est souvent plus ou moins contemporaine362. Ainsi, à La Romieu, nous voyons

au premier plan le mur d’enceinte depuis les fossés et au second plan une maison de la même période dont ne subsistent que les trois murs d’enveloppe (fig. 4-78). À Fourcès, une des maisons observées semble avoir sa maçonnerie en partie liée avec celle du mur d’enceinte (fig. 4-79)363.

361 CURSENTE, Benoît, Des maisons et des hommes …, op. cit., 1998, p. 240.

362 Voir notamment les notices d’inventaire concernant les maisons de Fourcès (vol. 3, p. 193), Montesquiou

(vol. 3 p. 371), La Romieu (vol. 3, p. 503) ou encore Sarrant (vol. 3, p. 592).

La maison

Compte tenu de l’ampleur du corpus, seules quelques maisons médiévales ont pu être visitées au cours de cette enquête. En y ajoutant les données tirées des sources textuelles et les observations en série faites depuis la voie publique, il est possible de proposer quelques pistes de recherche (fig. 4-80).

Maisons et topographie

Dans toutes les agglomérations étudiées, l’implantation tient compte, naturellement, de la topographie du site. Dans la plupart des cas, sur les sites présentant une certaine pente, les maisons possèdent un étage de soubassement qui fait office de cave.

Dans les villages-rues et pour les îlots implantés le long des enceintes sur les sites d’éperon, cet étage de soubassement n’est accessible que depuis la partie habitation de la maison. Aucun accès n’était prévu initialement depuis l’extérieur de l’enceinte. Aujourd’hui, la plupart de ces maisons ont des portes donnant directement sur les fossés et il est difficile de déterminer la distribution initiale de ces édifices (fig. 4-81).

Lorsque ces maisons sont implantées en cœur d’agglomération, elles occupent généralement la totalité de parcelles traversantes. À Montréal, plusieurs de ces maisons ont pu être visitées. Les étages de soubassement ouvrent directement sur une ruelle de service située à l’arrière des maisons (fig. 4-82). Un accès par l’intérieur existe aussi par le biais d’une porte en arc brisé (fig. 4-83) et d’un escalier maçonné au niveau du mur de refend qui partage la parcelle en son centre. Ces étages de soubassement ont clairement une fonction de cave. Les murs maçonnés reposent directement sur le rocher retaillé (fig. 4-84) et, du côté de la ruelle, le mur n’est percé que d’une porte en arc brisé et d’un jour (fig. 4-85). Plusieurs de ces étages de soubassement conservent par ailleurs des puits.

Aucune cave totalement enterrée n’a été observée dans les villages et les bourgs étudiés. Cependant, il faudrait visiter plus d’intérieurs de maisons pour affirmer avec certitude qu’il n’y a pas de cave dans certains sites, qui ne seraient pas discernables depuis la voie publique.

Matériaux et caractéristiques de construction

Toutes les maisons observées antérieures au milieu du XIVe siècle sont bâties en pierre, en moyen appareil de calcaire d’extraction locale, en général. Pour autant, il est possible que certaines maisons en pan-de-bois conservent des structures de cette période, mais elles restent difficiles à dater. Les chartes de coutumes font souvent mention de bois dans les matériaux utiles à la construction des maisons, sans préciser si ce bois est utilisé pour les murs ou uniquement les planchers et la charpente. Les mentions de « maysons

indiquent tout de même que des maisons bâties en pan-de-bois devaient exister à cette période. Ailleurs, il peut être question ponctuellement d’autres matériaux de construction. À Bonas, en 1292, la pierre doit être utilisée pour le mur arrière des maisons formant l’enceinte364. En 1312, à Castelnau-d’Arbieu, la brique est employée pour couvrir et édifier

les maisons365.

La grande majorité des maisons antérieures à 1330 se développe sur un rez-de- chaussée et un étage, souvent surmonté d’un comble à surcroît (fig. 4-86). Seules les quelques maisons de Montréal qui ont été visitées, notamment celles de l’îlot dans l’angle nord-ouest de la place, conservent des vestiges médiévaux sur quatre niveaux (un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage et un étage de comble). Ces maçonneries médiévales ont notamment pu être observées dans la maison de la parcelle BM 221 sur tous les étages. Le développement de cette maison sur quatre niveaux était perceptible sur l’élévation postérieure donnant sur la ruelle, mais ne pouvait être imaginée depuis la rue Parisot (fig. 4-87). L’analyse de l’intérieur de la maison a permis de déterminer que les murs mitoyens ainsi que le mur de refend étaient bien médiévaux et conservés sur toute la hauteur de l’édifice (fig. 4-88).

Dans cet exemple, et comme dans la plupart des sites du corpus, les maisons sont mitoyennes. Elles partagent donc un mur en commun au niveau de la limite parcellaire. Cela suppose un accord entre voisins au moment de la construction et de reconstructions postérieures. Les andrones ou entremis sont quasiment absents des modes constructifs de la Gascogne gersoise. Ils n’ont pu être observés qu’à La Romieu, entre certaines maisons de l’îlot nord de la place (fig. 4-75). Aucune des bastides ne semble posséder ce type de dispositif alors même qu’à Monpazier (Dordogne), par exemple, le recours aux andrones entre deux maisons est systématique. Cependant, une étude plus approfondie pourrait peut- être permettre de mettre en avant ce type de structure. Ainsi, les fouilles de plusieurs castra de la bordure méridionale du massif central montrent que les deux cas de figure ont pu coexister à la fin du Moyen Âge366. Cette absence d’androne conduit à une autre observation

concernant les maisons gersoises : elles sont toutes à mur gouttereau sur rue. Les toits à deux pans déversent donc les eaux de pluie d’un côté sur la rue et de l’autre sur la ruelle ou la cour, en arrière de la maison.

Des maisons polyvalentes

Les informations concernant les maisons dans les chartes de coutumes sont très lacunaires. Elles ne mentionnent jamais les fonctions de ces édifices ou s’ils abritent un

364 « placeas suas claudentibus de muro lapideao in castro » (Bibliothèque d’études méridionales, Fonds

Mousnier, transcription des coutumes de Bonas de 1292 conservées à Paris, Bibliothèque Mazarine, ms 3144).

365 La version publiée est une traduction, le terme d’origine n’est pas connu (BLADÉ, Jean-François (éd.),

Coutumes…, op. cit., 1864).

366 POUSTHOMIS, Bernard, « Plan des maisons », in COLIN, Marie-Geneviève, DARNAS, Isabelle, POUSTHOMIS-

DALLE, Nelly, SCHNEIDER, Laurent (dir.), La maison du castrum de la bordure méridionale du Massif Central (XIe- XVIIe siècles), Supplément n°1 à AMM, 1997, p. 59-66.

artisanat ou du commerce. La faiblesse du corpus de maisons bien conservées ne permet que très rarement de répondre à cette question. Ainsi, même à Montréal et à La Romieu où plusieurs maisons ont été visitées, la façade sur la rue ou sur la place a disparu sous l’action