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Chapitre 3. Urbanisme et marché du logement à Séoul Quelles spécificités et quels

1. Séoul, quelles particularités urbaines ?

1.1 L’évolution urbaine de Séoul à travers ses logements

Séoul est une ville dont l’urbanisation et l’habitat ont connu de grandes évolutions depuis la fondation de la capitale de la Corée73 au 14e siècle jusqu’au développement économique de l’actuelle Corée du Sud, suite à la Guerre de Corée (1950-1953). Nous allons dans cette partie présenter l’histoire et les évolutions de cette ville, du 14e siècle jusqu’à nos jours, à travers de son habitat.

Des maisons de moins en moins nombreuses

Les maisons74 sont, d’année en année, de moins en moins nombreuses à Séoul. On en compte environ 500 000 en 2000, près de 455 000 en 2005, puis d’environ 400 000 en 2010 à

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Les 70 migrants privilégiés que nous avons interrogés sont tous locataires à Séoul à l’exception d’une personne. C’est pour cette raison que nous nous intéressons spécifiquement au système de location. Si la plupart des migrants privilégiés n’achètent pas de logement en Corée du Sud, c’est parce qu’une partie d’entre eux voit leurs frais de logements pris en charge par leurs employeurs, n’ont pas l’intention de rester en Corée du Sud ou que les frais liés à l’achat d’un logement sont trop importants.

73 La ville de Séoul ne porte ce nom que depuis la libération de la Corée de l’occupation japonaise en 1945.

Avant la colonisation japonaise, dès 1910, la ville de Séoul se nommait Hanyang (Gelézeau 2003).

74 Est statistiquement comptabilisé et présenté, dans les données disponibles et exploitées du Housing Census

pour les années 2000, 2005, 2010 et 2015, comme une maison individuelle, les detached dwelling, dont le terme coréen est tanduk chutaek.

près de 300 000 en 201575. Elles représentaient 25% des logements à Séoul en 2000 et n’en représentent plus que 11% en 2015. Ainsi, leur part a baissé dans l’offre de logement séoulite, notamment au profit d’un type d’habitat que nous présenterons ensuite que sont les appartements dans des petits collectifs et dans des complexes.

Ces premières données reflètent une situation générale, qui est celle de la métamorphose du paysage urbain séoulite, mais ne suffisent pas à présenter l’hétérogénéité que recouvre le terme « maison », ni même les particularités des zones de Séoul dans lesquelles on les trouve. C’est pourquoi nous présenterons le type d’habitat varié qu’inclut le terme « maison » dans son usage statistique, ainsi que les zones de la ville dans lesquelles elles représentent une part non négligeable du bâti.

À partir de la carte 176, illustrant la part des maisons dans l’ensemble des logements à Séoul en 2015, on voit une différence entre le nord et le sud du fleuve quant à la présence plus ou moins élevée de maisons. On remarque en effet, que la part qu’elles représentent dans le bâti est plus importante au nord qu’au sud, mais aussi qu’elles constituent un type d’habitat important et éparpillé dans plusieurs quartiers77 du nord de la ville alors qu’elles sont concentrées dans une zone plus restreinte au sud de la ville.

Cette plus forte présence de maisons au nord de la ville de Séoul peut s’expliquer par le fait que certaines zones du nord correspondent à l’implantation historique de la ville. Autrefois nommée Hanyang, Séoul était habitée depuis l’antiquité, mais sa fondation en tant que capitale concorde avec l’avènement de la dynastie des Yi (1392-1910). Hanyang se trouve alors au centre du Royaume Joseon, permettant un accès facile à l’ensemble du territoire. Le choix du site est principalement lié à la géomancie78, celui-ci est enserré dans

75 Des cartes qui illustrent la part des maisons dans l’ensemble des logements à Séoul pour les années 2000, 2005

et 2010 se trouvent en annexe C (carte II, III, et IV).

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Toutes les cartes que nous avons réalisées l’ont été avec le logiciel Philcarto, cf. encadré n°6

77 La ville de Séoul est composée de 25 districts ou arrondissements, nommés gu. Chacun de ces districts est

divisé en plusieurs quartiers administratifs, nommés dong. Le découpage des gu et dong ont varié selon les années, en fonction de l’expansion de la ville et de son urbanisation. Une liste des arrondissements et de leurs quartiers se trouvent en annexe C. Une carte de Séoul et de ses arrondissements se situent également en annexe C (carte I).

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La géomancie est la traduction du terme chinois de fengshui. L’architecte et chercheur Pierre Clément, spécialiste des villes asiatiques, définit la géomancie comme « L’[art] d’implanter dans un site les constructions destinées aux vivants ou aux morts, afin qu’ils soient en harmonie avec l’univers. On croit que la terre est parcourue par des flux d’énergie et que cette énergie doit être captée pour acquérir puissance et richesse, garantir

l’écrin montagneux des « quatre collines », mais également pour des raisons de défense militaire, puisque le palais de la dynastie Yi faisant face au sud se trouve à proximité d’un affluent tout en étant relativement éloignée du fleuve Han (Gelézeau 2003).

santé et descendance. Cet art consiste à repérer, selon la morphologie du paysage, par l’analyse des montagnes et des eaux et selon l’orientation, les points où se concentre cette énergie » (1994 :176).

Encadré 6. Méthodologie cartographique

Pour réaliser les différentes cartes de notre thèse, nous avons mené plusieurs étapes que nous exposons ici. Nous présenterons dans un premier temps les logiciels Philcarto et Phildigit que nous avons utilisé pour la production de notre fond de carte et la manière dont nous l’avons exploité. Dans un deuxième temps, nous exposerons les difficultés auxquelles nous avons été confrontées lors de l’exploitation des données statistiques.

Nous avons utilisé le logiciel Philcarto afin de produire l’ensemble des cartes de la thèse. Philcarto est un logiciel de cartographie de données statistiques, crée par Philippe Waniez. Phildigit est un logiciel de création de fond de cartes conçu pour fonctionner avec Philcarto. Ce dernier dispose d’un certain nombre de fond de cartes mais, ne disposait malheureusement pas d’un fond pour la ville de Séoul. Nous avons ainsi dû en extraire un depuis un document officiel de la municipalité de Séoul où les quartiers (dong), de chaque arrondissement (gu), apparaissaient. A partir de l’extraction de ce fond de carte depuis un document PDF, nous avons dû, avec Phildigit, retracer les frontières de chaque quartier et de chaque district. Cette digitalisation impliquait ainsi d’assigner des noms de quartiers et d’arrondissement à des zones géographiques que nous avons digitalisées à l’aide du logiciel Phildigit. Le résultat de cette digitalisation est à la fois un document Excel où l’ensemble des quartiers digitalisés apparaissent, et un fond de carte reconnu par Philcarto. Il suffit par la suite de demander au logiciel Philcarto d’ouvrir le fond de carte et le document Excel avec les données quantitatives. Le logiciel fait ensuite correspondre les données quantitatives assignées à chaque quartier et produit les cartes.

Les données quantitatives à partir desquelles nous avons réalisées nos cartes sont multiples et ne correspondent pas aux mêmes échelles. En effet, certaines ne concernent que les arrondissements de Séoul alors que d’autres concernent les quartiers et les districts. Les données concernant la répartition résidentielle (de 2006 à 2011) des migrants privilégiés sont à l’échelle des quartiers et des arrondissements tout comme les données tirées du Housing Census (pour les années 2000, 2005, 2010 et 2015). Les données qui concernent la part des propriétaires ou locataires selon les contrats de location, ainsi que les données qui concernent la répartition résidentielle des étrangers selon leurs visas sont quant à elles, uniquement à l’échelle des arrondissements.

Nous avons toutefois été confrontée à une difficulté d’ordre méthodologique lors de la réalisation de la digitalisation du fond de carte de Séoul. La municipalité de Séoul a revu en 2011 les découpages et intitulés des quartiers administratifs de chaque arrondissement. Ce nouveau découpage administratif a rassemblé ensemble plusieurs quartiers de certains districts. Ainsi, alors que certaines de nos données correspondaient au découpage administratif de 2011, d’autres données étaient liés au découpage administratif précédent. Bien que ces changements ne concernent pas tous les quartiers de tous les arrondissements, nous avons dû retracer à partir du fond de carte obtenu sur le document de la municipalité de Séoul les nouvelles frontières de certains quartiers. En outre, il nous a fallu à partir des données quantitatives produites avant 2011, dont nous disposions, rassembler certains quartiers ensemble puisqu’ils étaient désormais compris dans les mêmes quartiers. Nous avons donc fait le choix de faire correspondre l’ensemble de nos données sur le découpage administratif le plus récent.

Au XVIIIe siècle, Hanyang compte plus de 200 000 habitants et concentre les pouvoirs politiques, culturels et économiques de la Corée. La ville est ceinturée de murailles à l’intérieur desquelles l’espace est hiérarchisé selon son rang. Bukchon (au nord, à proximité

Carte 1. La part des maisons dans l’ensemble des logements à Séoul selon les quartiers, en 2015

Discrétisation d’après la méthode de Jenks

Source : Statistics Korea, Housing Census, Housing Units by Type of Housing Units, 2015

Carte réalisée par Claire Gellereau, avec Philcarto

Exemple de lecture : Les maisons représentent entre 52% et 81% des logements dans les quartiers rouge foncé sur la carte, alors qu’elles ne représentent qu’entre 0% et 7% des logements dans les quartiers jaune pâle.

des palais) constitue le lieu de résidence des fonctionnaires de rangs supérieurs, tandis que Namchon, au sud, est le lieu de résidence des fonctionnaires de rangs inférieurs. Ce Séoul entre les murs s’oppose à la ville hors les murs, où vivent les paysans et les artisans. L’architecture des habitations est une architecture basse de maisons avec des cours, dont le toit est en tuile pour les yangban79 et en chaume pour le peuple. Une partie des maisons situées au nord de la ville de Séoul correspondent donc aux hanok, maisons « traditionnelles » en formes de U et disposant d’une cour en leur centre. La surface bâtie des hanok, dépendait du statut de leurs propriétaires. Celles des yangban étaient composées de 125 m² de surface bâtie et de 450 m² de terrain. Il reste aujourd’hui quelques maisons de ce type, principalement situées dans le quartier de Samcheong-dong (cf. carte 1), au sein duquel les maisons représentent 81% du bâti.

Photo 1. Des hanok dans le quartier de Bukchon (2013)

Placée sous le protectorat japonais entre 1905 et 1910, la Corée devient une colonie à partir de 1910. Durant la colonisation japonaise, des industries, des quartiers résidentiels et un camp militaire japonais s’implantent au-delà des enceintes sud d’Hanyang entraînant ainsi le

déplacement du centre de gravité de la ville vers le sud-ouest. L’espace urbanisé déborde ainsi les limites de la cité d’origine (Lett 1998). En outre, les Japonais instaurent une hiérarchie des ethnicités en Corée qui aboutit à une ségrégation résidentielle dans Séoul. Les Japonais se sont constitués leurs propres zones résidentielles autour de Yongsan, proche de la gare centrale. Ces quartiers ghettos sont d’après Alain Delissen de « parfaites répliques de villes japonaises, où ils avaient accès au pouvoir et à l’argent » (1999 :192). Durant la période coloniale, la Corée connaît une forte croissance démographique. En plus de trente ans, la population passe de 15 millions d’habitants à 25 millions. Les Japonais représentent 3 à 4% du total, soit 800 000 personnes. Sous l’effet de l’exode rural et de l’arrivée des colons, la population d’Hanyang passe à 900 000 en 1945.

Le 15 août 1945, la Corée est libérée de la colonisation japonaise suite à la pénétration des troupes soviétiques dans la péninsule. Entre 1945 et 1948, c’est un gouvernement américain qui administre le sud de la Corée, « en s’appuyant sur une minorité sociopolitique pour contrer les demandes réformatrices de la majorité apparente. » (Delissen, 1999b : 199). Entre juin et septembre 1950, l’Armée populaire de Corée enfonce les lignes sud-coréennes. La guerre de Corée débute et se termine en 1953. Durant cette guerre, une part importante du bâti est détruite. Il ne restait en 1953 plus rien des legs matériels de la colonisation japonaise.

Alors qu’entre 50% et 70% du bâti de Séoul est détruit pendant la guerre de Corée, la population de la ville n’a fait qu’augmenter passant à 1,6 million en 1950, notamment suite à l’arrivée de personnes venant de l’actuelle Corée du Nord (Lett 1998). Les Séoulites durent donc faire face à une pénurie de logements doublée d’une croissance démographique forte. C’est ainsi que deux phénomènes sont apparus dans les années 1950 et 1960. D’une part le développement de maisons illégales et insalubres (Lee 1971) ainsi qu’une sur-occupation80 des maisons « traditionnelles » qui n’avaient pas été détruites. C’est pourquoi certains quartiers où l’on remarque une forte présence de maisons ne correspondent pas aux zones historiques de la ville de Hanyang, mais plutôt à des zones d’habitat délabré construit après la guerre de Corée, marquée par une forte période industrielle et un exode rural important. Cette présence plus importante de maisons au nord plutôt qu’au sud de la ville s’explique également par l’absorption par Séoul de zones encore rurales dans les années 1970 (Gelézeau 2003).

80 Lee Hyo-Jae (cité par Lett en 1998) suite à une enquête menée dans les années 1960, explique que 50% des

maisons « traditionnelles » de la classe-moyenne établie, étaient occupées par plusieurs familles, accordant en moyenne à chacun de ces ménages une surface de 30m².

À l’opposé de ces maisons illégales ou des maisons « traditionnelles » de moins en moins occupées par les classes moyennes et supérieures, une partie de ces dernières se sont fait bâtir des maisons de style « occidental » à plusieurs étages (Lett 1998). En 2010, 17% des maisons à Séoul faisaient plus de 230 m², 21% faisaient entre 165 et 230 m² et 20% faisaient entre 130 et 165 m². Beaucoup de maisons de ce type sont actuellement situées dans certains quartiers du nord de la ville, comme dans ceux de Pyeongchang-dong ou Seongbuk-dong (cf. carte 2), au nord de l’ancien palais impérial, de part et d’autre de la montagne de Bukhansan. Alors qu’une partie des classes supérieures réside dans ce type de maison, de nombreux autres ont élu domicile dans les appartements construits au sud du fleuve dès les années 1970.

Photo 2. Une maison de type « occidental » dans le quartier de Pyeongchang (2014)

Ainsi, entre 1975 et 1985, l’extension urbaine s’est menée par l’accroissement du nombre de maisons au nord alors qu’au sud du fleuve elle s’est effectuée sous la forme de vastes complexes d’appartements, notamment dans les districts de Gangnam et Seocho (Gelézeau 2003). En effet, parallèlement à la construction de maisons et notamment afin d’endiguer le développement des bidonvilles, une politique de logement de masse est établie

au sud-est du fleuve Han. Le choix s’est porté sur cette zone parce que celle-ci était composée de rizières, permettant de conquérir des espaces encore vierges, mais aussi afin de cesser l’expansion de la ville de Séoul au nord et éviter de se rapprocher de la frontière nord- coréenne (Gelézeau 2003).

Des complexes d’appartements qui dominent la ville

Contrairement aux maisons qui sont de moins en moins nombreuses à Séoul depuis plus de 15 ans, le nombre d’appartements81 augmente. Environ 1 million en 2000, ils représentaient 51% des logements à Séoul. Leur nombre atteint 1 258 658 en 2005 et ils comptaient pour 54% des logements de la ville. Cinq ans plus tard, on dénombrait 1 485 869 appartements à Séoul et ils composaient 59% des logements. En 2015 on dénombrait 1 636 896appartements à Séoul, ils représentaient ainsi 59% des logements cette année-là. S’ils sont présents dans presque tous les quartiers de Séoul, on remarque cependant une très forte concentration de ce type d’habitats dans le sud-est de la ville. Leur présence, et le fait qu’ils représentent presque 100% des logements dans certains quartiers de Séoul, est liée à une politique de logement de masse initiée dans les années 1970 au sud-est de la ville et à l’image positive dont jouit ce type d’habitat auprès des Coréens.

81 Est statistiquement considéré, dans les données disponibles et exploitées du Housing Census pour les années

2000, 2005, 2010 et 2015, comme un appartement (dont le terme coréen est apateu) un logement situé dans un immeuble de plus de 5 niveaux. Des cartes qui illustrent la part des appartements dans l’ensemble des logements à Séoul pour les années 2000, 2005 et 2010 se trouvent en annexes C (cartes V, VI et VII).

Carte 2. La part des appartements dans l’ensemble des logements à Séoul selon les quartiers, en 2015

Discrétisation d’après la méthode de Jenks

Source : Statistics Korea, Housing Census, Housing Units by Type of Housing Units, 2015

Carte réalisée par Claire Gellereau, avec Philcarto

Exemple de lecture : Dans les quartiers rouge foncé, les appartements représentent entre 88% et 100% des logements alors que dans les quartiers jaune pâle ils ne représentent qu’entre 0% et 20% des logements.

En 1972, comme réponse au besoin croissant de logements à Séoul, une politique de logement de masse est lancée par les pouvoirs publics82. Elle aboutit à un assouplissement des procédures de développement de grands ensembles83 résidentiels, bien que les premiers immeubles collectifs, construits à la fin des années 1950 et durant les années 1960, intéressaient peu les Coréens. Ces appartements étaient de petite taille (20 à 35 m²), destinés à des catégories modestes et chauffés au charbon. Deux projets, l’un dans le quartier d’Ichon1 et l’autre dans celui de Banpobon connurent toutefois du succès, car les surfaces d’appartements étaient plus élevées (certains faisant jusqu’à 240 m²) et disposait d’un système de chauffage central et non plus au charbon, représentant une amélioration considérable du cadre de vie. Dès le début des années 1970, l’État84 encourage la construction d’immeubles de logements collectifs au sud du fleuve85 et met en place des mesures incitatives envers les catégories aisées afin de les attirer vers ces nouveaux logements.

En effet, l’État a organisé à Gangnam-gu la délocalisation de nombreuses entreprises, engageant du personnel qualifié, alors installées dans les arrondissements du nord. Les difficultés de circulation de l’époque, liées au faible nombre de ponts qui permettaient de rejoindre le sud du fleuve à partir du nord de la ville ainsi que l’attribution à des prix avantageux d’appartements par les chaebol86 constructeurs, à certains de leurs employés, ont ainsi incité ces derniers à quitter leurs habitations du nord de la ville vers Gangnam. Mais c’est principalement la réorganisation de la carte scolaire qui a amené la délocalisation des classes moyennes et supérieures vers le sud-est. L’État a incité les meilleurs établissements

82 L’Etat et les municipalités sont impliqués dans cette politique de logement de masse. L’Etat à travers le

Ministère de l’équipement et l’office national coréen du logement (ONCL) qui est chargé de réaliser les rands ensembles et les municipalités dont les plans d’urbanismes étaient soumis au contrôle de l’Etat (Gelézeau 2003).

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Valérie Gelézeau, tout au long de son ouvrage (2003), utilise le terme de « grand ensemble » pour traduire le plus concrètement possible le terme coréen « tanji ». Elle montre toutefois tout au long de son ouvrage et conclut celui-ci en expliquant que les grands ensembles en France et les tanji en Corée s’opposent. Alors que les grands ensembles en France évoquent « l’exclusion urbaine et le déclassement social, les seconds [tanji] l’intégration urbaine et l’ascension sociale » (2003 :259). Nous utiliserons pour notre part les termes de tanji et de complexe d’appartements pour ne pas que notre usage du terme de grand ensemble semble faire référence aux « grands ensembles populaires [qui] se multiplient dans les banlieues, créant un nouvel habitat de masse et, parfois, préparant les ghettos urbains de la fin de ce siècle » pour citer Christian Topalov (1987 :231).

84 Pour Valérie Gelézeau, « La loi d'encouragement à la construction du logement (promulguée en 1972) semble

avoir été conçue tout exprès pour encourager la construction des tanji. Les directives en sont claires : il s'agit de densifier les espaces résidentiels en privilégiant la construction du logement collectif et des IGH et en facilitant les procédures de développement résidentiel de masse. » (2003: 142).