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de patrimoine neuchâtelois

AVANT-PROPOS

2. L’hypothèse de restitution

2.2. L’étage inférieur 1. Plan et élévation

Notre restitution de l’étage inférieur du mausolée s’appuie sur de maigres indices : le plan au sol des fondations, le diamètre de la colonne engagée donné par le tambour No 21 et celui de la base, extrapolé du fragment No 17. Il s’agit donc de proposer un ordre engagé dans un dé de maçonnerie revêtu peut-être de grand appareil ou plus simplement crépi, qui laisse place en façade à une porte donnant accès au caveau que suggère le plan des fondations, porte que nous avons renoncé à souligner d’un encadrement architectural, faute d’indices (cf. fig. 4).

Le diamètre maximum D de 11/4 p. que nous avons retenu pour la colonne engagée autorise une restitution sur plan carré de quatre supports angulaires distants de 10 p., soit 8 D d’axe en axe, colonnes en façade avant, pilastres en façade arrière pour respecter la frontalité de l’édifice et trouver un emplacement pour le petit fragment de pilastre No 16.

En élévation, cet étage inférieur présente une hauteur totale de 15 p.

(ou 12 D) si l’on admet une base haute de 5/8 p. (ou 1/2D), un fût appro-chant 8 D de hauteur (911/12 p. = 7,93 D) et un chapiteau composite haut de 7/6 D (ou 111/24 p.), la hauteur sous architrave s’établissant ainsi à 12 p. (soit 9,6 D). Un entablement s’impose en couronnement, que nous avons supposé à corniche modillonnaire, haut de 3 p., soit 1/4 de la hauteur sous architrave ; l’architrave, la frise lisse et la corniche mesurent respectivement 5/6 p., 5/6 p. et 8/6 p., cette dernière y compris le chanfrein sommital attesté par le fragment conservé No 57.

La crépis à deux degrés de 1 p. de hauteur chacun, que nous avons supposée encadrer l’édifice au niveau des fondations, lui donnait optique-ment une meilleure assise, mais n’avait pas de fonction architectonique : elle était sans doute formée de blocs de grand appareil reposant sur de

très modestes fondations qui auront disparu. Nous lui avons donné un développement de 15 p., égal à la hauteur de l’étage inférieur.

La façade mesurait ainsi, du sol au faîte de l’acrotère sommital, 341/3 p., soit 2 p. pour la crépis de base, 15 p. pour l’étage inférieur, 12 p. pour l’édicule supérieur, 2 p. pour son fronton sans la frise de couronnement et 31/3 p. pour l’acrotère.

L’étage inférieur recèle un évidement dont les fondations de l’édifice ont gardé le plan asymétrique. Nous avons supposé qu’il indiquait un caveau situé au-dessous du niveau d’accès, et rétabli la symétrie axiale au-dessus. En donnant aux murs de petit appareil une épaisseur de 21/3 p., l’étage inférieur mesure extérieurement 12 p. d’angle à angle des plinthes des colonnes ou pilastres engagés, 111/4 p. au nu des colonnes ou des pilastres d’angle, 102/3 p. au nu des murs eux-mêmes, sur lequel ceux-ci ne font qu’une saillie de 7/24p., inférieure au rayon des colonnes. Ce point a été critiqué par P. André et pose en effet quelques problèmes esthétiques de dissymétrie apparente du galbe des fûts26. Mais on retiendra que des colonnes engagées, sur plus de leur moitié semble-t-il, sont déjà connues à l’étage du monument de Théron à Agrigente27, au socle de celui des Istacidii à Pompéi28, ou encore dans certains naïskoi funéraires de Tarente29, et que le plan des fondations de notre monument n’autorise pas un entraxe plus grand des supports angulaires fictifs. Tant par le choix des matériaux, que par leur mise en œuvre sur un noyau de petit appareil, on est d’ailleurs plutôt ici confronté à une architecture décorative d’applique qui doit conserver au dé de l’étage inférieur son caractère massif, compact et aveugle, opposé à celui très aéré de l’édicule d’étage, mais manifester aussi la fron-talité de l’édifice, en réservant les colonnes engagées à la façade principale.

2.2.2. Le caveau

Pénétrant dans le caveau, qui mesure 6×6 p. environ, on parvient également au point le plus ardu de notre hypothèse de restitution (fig. 6).

Les exemples bien conservés de tels dispositifs sont quasiment inconnus dans les provinces occidentales et nous contraignent à de pures suppositions.

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26On a pu les résoudre en recreusant le parement du mur au contact des fûts, dégageant ainsi leur galbe sur un diamètre complet et le soulignant d’un cerne d’ombre.

27J. CHARBONNEAUX, R. MARTIN, F. VILLARD, Grèce hellénistique, (1970), fig. 50 p. 54.

28GROS2000, pp. 408-409, fig. 480.

29E. LIPPOLIS, « Organizzazione delle necropoli e struttura sociale nell’Apulia ellenistica. Due esempi : Taranto e Canosa », in H. VON HESBERG, P. ZANKER (éd.), Römische Gräberstrassen.

Selbstdarstellung, Status, Standard (1987), pp. 139-154, en particulier fig. 36, p. 149 pour un naïskos de Tarente.

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Fig. 6. Wavre. Restitution hypothétique du monument. Coupe sur l’axe du caveau et de l’édicule.

Ech. 1:75. (SPMS, Christian de Reynier, 2001).

L’accès frontal au caveau du mausolée de Wavre semble bien attesté par la lacune des fondations sur ce côté, qui était peut-être comblée par une dalle de seuil. Sa couverture était probablement assurée par une voûte de petit appareil en plein cintre. A l’intérieur, nous avons proposé, non sans une bonne part de provocation, tous les types connus de dispositifs : – un ossuaire souterrain dans l’évidement du massif de fondation, accessible par une trappe ménagée dans le sol du caveau ; – un arcosolium couvert par une voûte surbaissée, occupant près de la moitié de la largeur des fondations, particulièrement massives, du côté nord-ouest, qui pourrait accueillir un sarcophage ; – des loculi ou de simples étagères recevant des urnes le long du mur sud-ouest, aux fondations plus larges que son répondant du nord-est. En fait, l’existence même d’un caveau peut être discutée, surtout si l’on admet que la cella de l’édicule supérieur pouvait accueillir les ou des défunts ; l’étage inférieur du monument a aussi bien pu être bâti au-dessus d’une tombe à incinération préexistante, en laissant un accès frontal à celle-ci, pour des cérémonies de libation par exemple.