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PARTIE I. INTRODUCTION GENERALE

3. F ACTEURS ANTHROPOMETRIQUES ET RISQUE DE TUMEURS COLORECTALES

3.1. L’« épidémie » d’obésité

a. Définition du surpoids et de l’obésité

Le surpoids et l’obésité correspondent à une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a proposé une définition internationale en 2000 (93) pour les adultes, qui repose sur l’indice de masse corporelle (IMC) dont la formule est la suivante :

m)² en (Taille kg en Poids IMC=

Cette mesure est simple et a l’avantage d’être similaire pour des personnes de sexe ou d’âge différents (au delà de 18 ans toutefois) ; ainsi elle permet d’effectuer des comparaisons au sein d’une population ou entre populations. Plusieurs seuils ont été définis, permettant de classer les personnes selon leur statut pondéral (Tableau 1).

Tableau 1: Classification OMS de l’indice de masse corporelle

Statut pondéral maigreur < 18,5 kg/m² normal 18,5 - 24,9 kg/m² surpoids 25,0 - 29,9 kg/m² obésité modérée 30,0 - 34,9 kg/m² obésité sévère 35,0 - 39,9 kg/m²

obésité massive ou morbide ≥ 40 kg/m²

Cependant, l’IMC ne donne qu’une indication approximative car il ne correspond pas forcément au même degré d’adiposité d’un individu à l’autre, puisqu’il ne prend pas en compte la notion de masse musculaire et de masse grasse. Notamment, dans les populations asiatiques, la prévalence des maladies chroniques liées à l’obésité est beaucoup plus importante à des IMC inférieurs à 25 kg/m² que dans les populations occidentales. L’OMS a considéré que les seuils internationaux n’avaient pas à être modifiés, mais que pour la plupart des populations asiatiques, des seuils supplémentaires pouvaient être ajoutés : ≥ 23 kg/m² représentant un risque accru et ≥ 27,5 kg/m² représentant un risque élevé (94).

D’autre part, la répartition de la masse grasse dans le corps aurait une influence sur le développement des maladies chroniques : l’obésité androïde (ou abdominale, caractéristique de l’obésité masculine) serait plus délétère que l’obésité gynoïde (dépôt plus périphérique, notamment au niveau des fesses et des cuisses, caractéristique des femmes non ménopausées). Le tour de taille, le tour de hanches et le ratio tour de taille/tour de hanches ont été proposés comme indicateurs de la répartition de la masse grasse des individus. Dans les populations à peau blanche, on considère que les hommes et femmes ayant un tour de taille supérieur à 94 et 80 cm respectivement sont à risque augmenté de complications métaboliques, et à risque sensiblement augmenté pour un tour de taille de 88 cm chez les femmes et 102 cm chez les hommes (93).

Pour les enfants, la définition est différente et plus complexe en raison de la croissance staturo-pondérale. Il n’est pas possible d’appliquer un seul et unique seuil et donc la même méthode de calcul d’IMC que pour les adultes : les valeurs seuils d’indice de masse corporelle pour la définition du surpoids et de l’obésité varient en fonction de l’âge et du sexe. Des courbes ont donc été élaborées, en prenant la croissance des enfants dans les années 1960 comme référence, et c’est à partir de celles-ci que le statut de surpoids ou d’obésité sera défini (95). D’autre part, une définition internationale a été proposée en 2000 (96), se basant pour chaque âge et sexe sur des seuils d’indice de masse corporelle définissant le surpoids et l’obésité. Cette définition a l’avantage d’offrir une continuité avec celle de l’adulte puisque les valeurs définissant le surpoids et l’obésité rejoignent à 18 ans les seuils de 25 et 30 kg/m² utilisés chez l’adulte.

b. Prévalence de l’obésité

La prévalence de l’obésité a augmenté rapidement et de façon importante dans les pays industrialisés, que ce soit chez l’adulte ou chez l’enfant. A l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a doublé en 30 ans et en 2008, le surpoids concernait 1,5 milliard de personnes de 20 ans et plus. Parmi ces 1,5 milliard de personnes en surpoids, plus de 200 millions d’hommes et près 300 millions de femmes étaient obèses. De même l’obésité infantile est devenue un problème majeur de santé publique : on estimait en 2010 que le surpoids concernait près de 43 millions d’enfants de moins de cinq ans (97).

i. Chez l’adulte

Les enquêtes ObEpi ont été initiées en 1997, et consistent en l’envoi de questionnaires à 20000 ménages représentatifs de la population française. Elles permettent donc d’estimer la prévalence de l’obésité en France, ainsi que son évolution, puisqu’elles sont renouvelées tous les trois ans. Ainsi, la prévalence du surpoids était de 29,8% en 1997, 30,6% en 2000, 31,5% en 2003, 30,6% en 2006 et 31,9% en 2009. Les chiffres correspondant pour l’obésité sont de 8,6%, 10,1%, 11,9%, 13,1% et 14,5% pour 1997, 2000, 2003, 2006 et 2009 respectivement (98;99). Ainsi, si la prévalence du surpoids tend à se stabiliser, la prévalence de l’obésité continue à augmenter. D’autre part, la prévalence du surpoids est plus importante chez les hommes que les femmes (en 2006, 37,6% pour les hommes contre 24,3% pour les femmes), alors que celle de l’obésité est plus importante chez les femmes (en 2009, 13,9% pour les hommes contre 15,1% pour les femmes). Enfin, les prévalences de surpoids et d’obésité augmentent avec l’âge, pour atteindre un maximum entre 60 et 69 ans, et diminuer ensuite à des âges plus élevés. Le tour de taille a également été mesuré dans ces enquêtes, et parallèlement à l’IMC, il a augmenté au cours du temps. Pour les hommes, le tour de taille moyen est passé de 91,2 cm en 1997 à 94,8 cm en 2009, alors que le tour de taille moyen des femmes est passé de 79,7 cm en 1997 à 85,5 cm en 2009.

ii. Chez l’enfant

L’obésité infantile a également fortement augmenté depuis 20 ans, et ce dans tous les pays industrialisés (100;101). En France, pour des enfants en âge d’être scolarisés (4 à 17 ans) et en utilisant les définitions des 90ème et 97ème percentiles des courbes de référence pour définir les seuils de surpoids et d’obésité, les prévalences du surpoids et de l’obésité sont passées de 10,0% et 2,5% respectivement en 1980 à 11,7% et 3,2% respectivement en 1990 (100). Les études INCA (Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires) 1 et 2 ont également permis d’estimer l’évolution récente de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez des enfants français (102). Ces études sont composées d’un échantillon représentatif de la population française et ont eu lieu en 1998-1999, puis en 2006-2007. Pour des enfants âgés de 3 à 14 ans, la prévalence du surpoids est passée de 15,2% en 1998 à 14,5% en 2006, et n’a donc pas augmenté. La prévalence de l’obésité est quant à elle passée de 3,5% à 2,9% et a donc baissé légèrement, notamment dans la tranche d’âge des plus jeunes, de 3 à 6 ans (passage de 6,3% à 3,0%). Cette baisse a également été retrouvée dans une autre étude (103). Ces résultats peuvent peut-être s’expliquer par la mise en place du premier Plan National

Nutrition Santé en 2001 afin d’améliorer la santé des français, dont l’un des objectifs était de réduire l’obésité infantile.

Parallèlement à l’augmentation de l’obésité infantile depuis 20 ans, une augmentation du nombre de bébés nés avec un poids élevé à la naissance a également été observée dans divers pays (104;105). En France, la tendance a été la même jusqu’en 1995 environ, date à partir de laquelle le poids moyen de naissance a diminué (106). Or, un poids élevé de naissance a été associé à un risque accru d’obésité dans l’enfance et à l’âge adulte, ce qui n’est pas le cas des petits poids de naissance (107).