K2alligraphie : un formalisme qui permet la création de notices explicatives. Bien que majoritairement inspiré du langage IBIS, nous l’avons adapté pour le rendre pleinement opérationnel et intégrable aux démarches d’écoconception.
1. Objectifs et principes de la K2alligraphie
La K2alligraphie est un formalisme graphique qui vise à partager les connaissances en ACV. Il offre un moyen de réaliser des documents qui se présentent comme des notices. Cette notice facilite la compréhension des choix effectués dans l’ACV mais surtout, elle offre un moyen de formaliser les raisonnements qui les ont amenés. Elle est organisée en grande partie selon la structure du logiciel utilisé pour réaliser l’ACV. Elle se veut être un complément au fichier source de l’ACV. Elle est construite par la même personne qui réalise l’ACV, et que nous appellerons par la suite l’analyste.
Tout comme le langage IBIS, la K2alligraphie organise les raisonnements autour de questions, propositions et arguments. Cependant, nous n’utilisons qu’une partie des nombreux symboles IBIS. Ces symboles sont suffisants pour formaliser les raisonnements en ACV et nous simplifions la retranscription. L’élément central est la question c’est-à-dire la formalisation précise du questionnement qui s’est posé à l’analyste : quel module du logiciel utiliser pour
modéliser cette étape du cycle de vie ? etc… Des propositions viennent ensuite répondre, ou du
moins proposer des alternatives de réponses à ces questions. Il est possible de préciser les propositions qui ont été finalement rejetées ou choisies. L’analyste doit formaliser l’ensemble des réponses qui ont été évoquées même celles non retenues. Ces propositions sont appuyées,
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ou attaquées, par des arguments qui doivent être également indiqués. Un aspect majeur de la K2alligraphie est de veiller à préciser le nom des personnes ou des services responsables des différents arguments. Ceci de manière à pouvoir, par exemple, les questionner directement. Les symboles utilisés par la K2alligraphie sont donnés dans le Tableau 35.
Symboles Descriptions Exemples
Question Quel matériau choisir dans le logiciel d’ACV ?
Quelle valeur indiquer dans cette case ?
Proposition de réponse, hypothèse possible,
idée de résolution Utiliser un acier standard générique
Argument qui soutient une proposition Ce matériau est le plus proche de la réalité à
être présent dans la base de données du logiciel
Argument qui s’oppose à une proposition Il ne s’agit pas du matériau réel
Proposition, hypothèse ou idée acceptée (s’il en existait plusieurs)
Proposition, hypothèse ou idée rejetée
(…)
Nom de la personne responsable d’un argumentTableau 35. Symboles utilisés par la K2alligraphie
2. Construction d’une notice par la K2alligraphie
Nous allons présenter deux procédures possibles pour la construction d’une notice par la K2alligraphie : la procédure séquencée et la procédure parallèle.
En procédure séquencée, la construction de la notice fait suite à la réalisation de l’ACV. Il s’agit pour l’analyste d’expliquer les choix qu’il a effectués, en indiquant les possibilités dont il disposait ainsi que les arguments qui les soutenaient ou les critiquaient. Il est pleinement envisageable de faciliter cette procédure en construisant une ébauche de notice à partir des données brutes de l’ACV. Le logiciel EIME permet par exemple d’exporter un rapport qui contient toutes les informations contenues dans l’étude ACV réalisée : nom des composants modélisés, des matériaux choisis etc.
La procédure parallèle revient à construire la notice en même temps que la réalisation de l’ACV. A chaque fois que l’analyste effectue un choix dans le logiciel d’ACV, il doit indiquer dans la notice les raisons qui l’ont poussé à le faire. Les possibilités d’automatisation, sans modifier les fonctionnalités du logiciel, sont plus faibles. Néanmoins, il est possible de disposer en amont d’une structure de notice en accord avec le logiciel (organisation par phase du cycle de vie, etc.).
3. Une forte intégration possible aux démarches d’écoconception
La K2alligraphie apporte une réponse aux besoins propres aux ACV mais son intérêt réside également dans sa capacité à s’intégrer aux démarches d’écoconception.
Nous venons de l’évoquer, la construction de notices par la K2alligraphie peut être facilitée par des fonctionnalités du logiciel d’ACV utilisé. La structure des notices étant par exemple générée automatiquement. Mais il est tout à fait possible d’intégrer intégralement la K2alligraphie au
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logiciel. Ceci dans le but d’améliorer à la fois la construction et la consultation de notices. Il est possible d’imaginer que la définition d’un élément101 déclenche la formalisation du raisonnement qui l’a entrainé et ce dans la même interface. Cette intégration de fonctionnalité de la K2alligraphie peut également faciliter la consultation de ces raisonnements. Nous pouvons concevoir qu’à partir du fichier source ACV, le lecteur puisse visualiser les raisonnements décrits par la K2alligraphie en survolant les éléments qui l’intéressent. L’intégration de la K2alligraphie au logiciel peut donc éviter l’utilisation d’un second document contenant les notices du fichier d’ACV. Les difficultés d’ajout de ces fonctionnalités étant, certes à l’heure actuelle, des verrous mais uniquement d’ordre technique.
Pour améliorer l’intégration de la K2alligraphie aux démarches d’écoconception, il est également possible de réduire son utilisation aux raisonnements strictement nécessaires. Selon les contextes industriels, il ne sera pas systématiquement essentiel de formaliser l’intégralité des raisonnements amenant aux choix effectués lors de l’ACV. Certaines phases du cycle de vie pouvant, par exemple, être omises si elles ne présentent pas de difficulté de modélisation. Le choix des éléments non pris en compte peut être effectué par des acteurs humains ou automatiques. En effet, pour identifier les raisonnements nécessaires à formaliser, il est envisageable de relever les éléments les plus consultés d’une notice existante.
La K2alligraphie offre également des moyens pour améliorer la traçabilité des données utilisées par une ACV : il est possible de typer les arguments utilisés dans les raisonnements. L’utilisation de balises visuelles permet de les différencier selon des catégories non exclusives. Nous pouvons préciser qu’un argument est lié à un document de référence. Ainsi, si ce document vient à être modifié, nous pouvons retrouver tous les arguments qui lui étaient liés. Lorsqu’un argument a été émis par un acteur, nous le caractérisons selon la nature de cet acteur : interne, expert ou fournisseur. Un acteur interne peut être une personne ou un service de l’entreprise. Un expert est une personne ou un organisme reconnu pour ses compétences environnementales et qui peut être interne ou externe. Ceci permet d’évaluer la maturité de l’argument selon l’acteur qui l’a proposé. La dernière catégorie permet de retrouver l’ensemble des données et arguments liés à un fournisseur, ce qui peut s’avérer utile lorsque que celui-ci vient à changer. Nous prenons également en compte les arguments liés à des produits de l’entreprise. Nous avons en effet remarqué que certains choix d’ACV étaient liés à des versions antérieures du produit analysé, voir à d’autres produits. Enfin, de nombreux choix sont guidés par les possibilités ou contraintes du logiciel, ou de la base de données utilisée pour réaliser l’ACV. C’est pourquoi il est utile de les regrouper dans une catégorie dédiée. La liste proposée dans le Tableau 36 présente une typologie non exclusive d’arguments utilisables par la K2alligraphie. Cette liste pouvant être enrichie selon les contextes d’utilisation.
Type d’argument Description et exemples
Acteur interne L’argument est lié à un acteur interne : Emma (responsable QSE), service marketing, usine… Expert L’argument est lié à un expert c’est-à-dire un acteur reconnu pour ses compétences environnementales. Fournisseur L’argument est lié à un fournisseur de l’entreprise.
Produit L’argument est lié à un produit ou une version d’un produit de l’entreprise Logiciel L’argument est lié au logiciel utilisé pour l’ACV.
Document de référence Il s’agit d’un document contraignant : normes externes, règlementation, procédures internes…
Tableau 36. Typologie d’arguments utilisée par la K2alligraphie
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