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CHAPITRE 2 CADRAGE CONCEPTUEL DANS L’ADOPTION D’UNE

2.7 Justifier et vendre un choix de politique et de stratégie de maintenance

Il n’y a pas un standard de politique de maintenance applicable à tout type d’actif durant toute sa durée de vie. Le choix de la politique et la stratégie de maintenance doit être justifié et s’aligner obligatoirement sur la politique et la stratégie de l’entreprise. Même si le responsable du service de maintenance ne fait usage des mêmes concepts techniques que la haute direction de l’entreprise, ils doivent avoir un langage commun de prospérité pérennisée de l’entreprise qui est fondé sur l’aspect économique. L’aspect économique doit s’appuyer sur un rapport optimal de coût-bénéfice et coût-efficacité, un respect des normes et réglementations, une qualité irréprochable des produits et services, etc. Il revient donc au gestionnaire de maintenance de choisir une politique et une stratégie de maintenance appropriée en vue de satisfaire aux exigences de la haute direction.

Cependant, compte tenu de l’aspect purement technique et scientifique qu’exige la gestion de la maintenance au sein de l’entreprise, la haute direction ne peut comprendre à priori les retombées et les justifications de choix d’une telle ou telle politique de maintenance. Le responsable de maintenance doit alors en collaboration avec le responsable de la production, vendre son choix éclairé à la haute direction en se basant sur certains critères et indicateurs technico-économiques facilement perceptibles et compréhensibles et ce, en démontrant une gestion optimale des actifs dont il a la charge.

Le choix de politique de maintenance doit être optimal et doit s’appuyer sur la fiabilité, la disponibilité, la maintenabilité, les coûts, la performance du parc d’actifs sous gestion durant leur cycle de vie. Ce choix devra être pensé au premier niveau par le responsable de maintenance en stricte collaboration avec le responsable de la production.

La figure 2.9montre une zone optimale de coûts entre le correctif et le préventif exécutés sur un actif et est fonction de sa fiabilité opérationnelle, de son historique, de sa sollicitation, des changements de normes et réglementations, de la concurrence, des ressources humaines et

financières disponibles, etc. Cela signifie en réalité qu’un compromis doit toujours être trouvé en maintenance corrective et maintenance préventive.

Toute forme de maintenance est donc applicable pourvu que son choix soit justifié. Par exemple, pour optimiser les ressources investies pour la maintenance des actifs à chaque étape de leur cycle de vie, une maintenance logistique (en anglais: Life Cycle Cost maintenance) peut être utile.

Pour des actifs intelligents de conception complexe et critiques dans une entreprise où la fonction maintenance est très bien organisée, une maintenance prédictive infonuagique peut être adoptée. Elle peut être raffinée à long terme par une maintenance basée sur la fiabilité.

Par contre une simple politique de maintenance corrective sera suffisante pour gérer les actifs peu critiques ou installées dans des entreprises ou l’exécution de tâches de maintenance requiert des compétences non disponibles dans l’entreprise, ou encore des actifs dont un remplacement par défaillance seraient préférables aux coûts à consentir pour sa maintenance préventive. Aussi, les entreprises à production de masse recherchant une compétitivité de classe mondiale, peuvent opter pour une TPM.

G. P. Sullivan. et al. (2010) ont suggéré des concepts économiques clés devant tenir lieu de langage commun entre le service de maintenance et la haute direction afin de faciliter la justification et la vente du choix d’une politique de maintenance pour un parc d’actifs donné : - le ratio entre les coûts globaux d’installation et des bénéfices réalisés durant la première

année d’exploitation des actifs : le bénéfice simple;

- le retour sur investissement qui est le ratio entre des bénéfices réalisés sur les capitaux globaux investis;

- L’actuelle valeur monétaire nette: qui représente la différence entre l’actuelle valeur des cash-flows futurs (les brutes d’autofinancement) et les coûts initiaux du projet;

- Les coûts du cycle de vie (Life-cycle cost): qui représentent l’actuelle valeur de tous les coûts associés au projet (G. P. Sullivan. et al., 2010).

Par ailleurs, les parties prenantes de l’entreprise peuvent décider d’impartir partiellement ou totalement le service maintenance de leurs actifs. En outre, certaines formes de maintenance telles que la maintenance prédictive infonuagique peuvent avoir leur logiciel de gestion de la maintenance des actifs sous de logiciel Service (SaaS: Sofware as a Service) par un prestataire de service infonuagique. Les avantages d’une telle impartition de service peuvent être entre autres la réduction des coûts dispendieux nécessaires pour l’installation et la maintenance de la plateforme informatique ainsi que les compétences exigibles pour leur gestion.

Ainsi, si l’entreprise se tourne vers un prestataire de service, elle ferait plus d’économies en faisant des abonnements pour des facturations soit par utilisateur soit par utilisation. C’est un projet comme tout autre qui nécessite un investissement afin d’évaluer les aspects coûts- avantages et coûts-efficacité. Il est donc nécessaire de suivre une démarche technico- économique rigoureuse permettant d’aboutir à une justification de l’adoption d’une politique de maintenance prédictive infonuagique. Le prestataire de service aussi bien que le responsable de maintenance doit suivre cette démarche de justification technico- économique. Le prestataire de service la suivra pour convaincre le responsable de maintenance et le responsable de la production à adopter une politique de maintenance donnée dont les avantages sont parfois peu connus par les décideurs. Le responsable de maintenance ainsi que de la production devront être convaincus de la justification du choix de la politique de maintenance pour amener la haute direction à donner son aval et fournir les investissements et le soutien nécessaires à son adoption.

Dans un tel contexte, l’élaboration d’un référentiel multicritère technico-économique pour illustrer et rendre palpables les opportunités technico-économiques de l’adoption d’une politique de maintenance prédictive infonuagique afin d’aider à un changement de politique de maintenance est donc nécessaire. Cette démarche s’appuie sur une comparaison des

différentes formes de maintenance les plus connues: correctif, préventif systématique et préventif conditionnel. En outre, elle doit se fonder sur des aspects coûts, qualité, ressources humaines, santé et sécurité, disponibilité, fiabilité, cycle de vie, indicateurs de performance, la compétitivité, la concurrence. Enfin, un changement de politique de maintenance doit avoir un impact positif sur la gestion des actifs. Ainsi, la nouvelle politique de maintenance retenue doit permettre de saisir des opportunités d’amélioration des systèmes de gestion des actifs de l’entreprise (GMAO, ERP, EAM, etc.).

Enfin, une mesure de la performance de la gestion de maintenance pourra servir d’arbitre entre les parties prenantes de l’entreprise.

Figure 2.9 Nécessité de trouver un équilibre entre correctif et préventif Tirée de Deloux, Castanier et Berenguer (2012), p.15)

Résumé du deuxième chapitre

Dans ce chapitre 2 de ce mémoire, nous avons examiné les concepts utiles dans l’adoption d’une maintenance prédictive infonuagique .Puisque cette forme de maintenance est une forme très évoluée de la fonction maintenance au sein de l’entreprise, nous avons fait le tour des différentes formes de maintenance qui sont adoptables par toute entreprise. Ensuite nous avons expliqué la maintenance hébergée dans l’info nuage avec ses avantages. Nous avons examiné les différentes technologies de maintenance prédictive ainsi que leurs différentes applications sur les actifs industriels. Le cas particulier d’une application biomédicale et hospitalière a été abordé. Puisque l’adoption d’une maintenance prédictive infonuagique doit être bien justifiée et doit s’aligner sur la politique de l’entreprise, il est nécessaire que le service de maintenance en collaboration avec le service de la production de l’entreprise parle un langage économique approprié pour vendre cette politique à la haute direction, Ainsi, nous avons examiné les indicateurs de performance ainsi que les termes technico- économiques sur lesquels fonction maintenance et fonction production doivent s’appesantir. Ce langage de justification technico-économique est le même que celui de tout prestataire de service voulant amener les responsables de l’entreprise à l’adoption d’une politique de maintenance prédictive infonuagique. La GMAO a pour fonction la gestion informatisée de la fonction maintenance, et doit englober la gestion de la maintenance prédictive, Mais avec l’adoption de la maintenance prédictive certaines insuffisances de la maintenance prédictive affectent les fonctionnalités des GMAO dont les coûts d’acquisition et de maintenance sont assez dispendieux et entraînent une incohérence temporelle entre les deux concepts qui devraient être complémentaires. Ainsi, nous avons analysé comment en hébergeant la maintenance prédictive dans un environnement infonuagique elle devient plus avantageuse à être adoptée et son interopérabilité avec la GMAO enrichit les fonctionnalités de cette dernière pour le bien d’une gestion optimale des actifs de l’entreprise. Enfin une description de la solution //m4 de Matricis informatique Inc qui s’inscrit bien dans la logique d’enrichissement des fonctionnalités de GMAO par la maintenance conditionnelle ou prédictive infonuagique, a été faite.

Enfin, une analyse des opportunités technico-économiques que présente l’adoption d’une maintenance prédictive infonuagique pour enrichir les fonctionnalités des progiciels de GMAO a été faite sans toutefois concevoir la trousse de ces opportunités technico- économiques. Cette conception serait le cœur du troisième chapitre.