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C- Limite de mon travail

3. La méthodologie du travail

3.3 Justification de cette méthode recherche

Ce travail s’inscrit dans le courant qualitatif et herméneutique de la recherche biographique. Nous cherchons à comprendre à travers la biographisation, le vécu des enseignants haïtiens au sujet de leur métier. C’est ainsi que, « Le projet fondateur de la recherche biographique s’inscrit dans le cadre d’une des questions centrales de l’anthropologie sociale, qui est celle de la

constitution individuelle : comment les individus deviennent-ils des individus? Question qui en

convoque aussitôt beaucoup d’autres qui concernent la complexité des rapports entre l’individu et ses environnements (historiques, sociaux, culturels, linguistiques, économiques, politiques), entre l’individu et les représentations qu’il se fait de lui-même et de ses relations aux autres, entre l’individu et la dimension temporelle de son expérience et de son existence 158

». Elle se donne pour tâche d’explorer les multiples configurations narratives et permet à l’individu de se structurer, de construire son identité et d’interpréter ses expériences dans des registres pluriels de son existence (la famille, l’école, la santé, le travail). Donc, elle est inscrite dans une démarche compréhensive en cherchant à comprendre l’autre à travers ses vécues, ses parcours de vie, son histoire de vie. C’est pourquoi, dans le cadre de mon mémoire, nous avons choisi la méthode de la recherche biographique. Ce choix est motivé pour deux raisons.

157 Paul Ricoeur, (1983), Temps et récit I, Paris, Seuil, 1983, p. 105.

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La première raison est liée à notre sujet de recherche : Le métier d’enseignant en Haïti : biographisation et professionnalisation des parcours d’enseignants. Ce sujet demande un dialogue, un échange entre chaque enseignant pour arriver à saisir le sens qu’il donne à leur activité dans un premier temps. Dans un second temps, pour essayer de comprendre ce désengagement des enseignants, il faut arriver à prendre en compte la dimension biographique de la personne, de son trajectoire de vie, de son parcours de vie dans toute son intégralité. Vu que la vie d’un individu n’est pas morcelée, il faut tenir compte de sa biographie dans ses dimensions socio-économiques de l’individu. « La biographie est nécessaire pour décrire les entités individuelles, les représentations du monde et les perceptions internes des propres états du sujet 159». Et comment il faut le faire ? Nous pensons qu’il suffit de le faire dans une asymétrie interactionnelle entre l’enquêteur et l’enquêté, c’est-à- dire un dialogue entre les deux acteurs autour d’une thématique ou une question précise. Et c’est à partir de cette relation que l’enquêteur aura la possibilité de saisir les sens que l’enquêté a donné à leurs actions à travers son discours. Momberger disait : « Les hommes se présentent leur vie dans le langage et la syntaxe des récits ; ils font de leur vie une ou des histoires, et cela non seulement lorsqu’ils la racontent dans des actes de récits délibérés adressés à d’autres ou à eux-mêmes, mais de manière incessante, dans l’activité mentale de représentation et de construction de soi, par laquelle chaque individu vérifie, maintient, élabore, la figure intérieure et extérieure qu’il reconnait ou ressent comme étant soi-même 160…». Ce qui nous a amené à réfléchir davantage sur l’importance du récit dans notre vie quotidienne, du langage et la complexité du sujet pour arriver à interpréter le sens que le sujet donne à ses actions. La réflexion de Momberger est en harmonie avec la pensée de Benveniste qui disait : « C’est dans et par le langage que l’homme se construit comme sujet 161». L’homme en tant que sujet est un être individuel qui a la capacité de s’autodéterminer. Il se construit par le langage et celui-ci constitue son essence même car il le permet de se définir dans le temps et dans l’espace. Nous sommes parti de l’idée simple selon laquelle la vie de l’homme s’inscrit dans un espace tridimensionnel, ces trois dimensions sont d’ailleurs interdépendantes et ne peuvent être distinguées et séparées l’une de l’autre : l’insertion de l’homme dans le temps, son insertion dans l’espace, son insertion sociale c’est-à-dire les trois

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Alain Blanchet et Al. (1985), Op. cit, p.30.

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Christine Delory-Momberger., (2014), Op. cit, pp.15-16.

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dimensions sont interconnectées. L’évangéliste Saint Jean dit : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes162 ». Le langage naît pour faciliter une communication efficace entre les hommes, le vivre ensemble. Il est, d’ailleurs, un pouvoir.

La seconde raison de ce choix peut être définie par le fait que, toujours dans le cadre de mon sujet de recherche, nous avons l'intention de comprendre les raisons qui expliquent l’abandon des enseignants qualifiés haïtiens. La recherche biographique représente dès lors pour moi, le meilleur outil de recueil de données et d’interprétation qui me permettra de prendre connaissance du vécu et du parcours professionnel de la vie des enseignants haïtien. Cette recherche nous permettrait de comprendre comment est biographié le vécu des enseignants haïtiens ?