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iv. Résultats et interprétation

Dans le document Effets masqués en analyse prédictive (Page 102-110)

F. Applications de la méthode AEL

F.2. iv. Résultats et interprétation

Dans cette première étape, nous testons plusieurs méthodes de discrimination sur la base Référendum afin de déterminer quelle est la meilleure méthode de discrimination à utiliser.

D’après le tableau F.2.1., nous choisissons les SVMs linéaires parce que cette méthode présente le plus faible taux d’erreur de classification en validation croisée.

Fonction de discrimination Erreur en validation croisée

Analyse discriminante 15.4%

SVMs linéraires 14.2%

SVM avec noyau polynomial (degré 2) 14.9%

Tableau F.2.1. Scores de validation croisée

Définissons tout d’abord les notations formelles des variables. x(1) : EXTR x(2) : OPP x(3) : CAMP x(4) : PROJET x(5) : CONSTR x(6) : CONF

Les résultats de l’analyse FANOVA nous donnent les contributions par variable.

Pour les mêmes raisons que précédemment, le nombre de bins le plus adapté dans ce cas pour faire un compromis entre le niveau de la description (nombre de bins) et la précision dans la mesure des effets (variance des estimateurs des effets dans chaque bin) est 8.

Nous reportons à présent dans le tableau F.2.2. ci-après la mesure de ces effets locaux relatifs au sein des huit bins.

Tableau F.2.2. Effets locaux relatifs Référendum (SVM)

Par praticité, nous représentons ces résultats dans le spectre AEL de la figure F.2.1. ci-après.

Afin de pouvoir interpréter ces résultats de la manière la plus fiable possible, nous effectuons comme précédemment des tests de normalité et d’égalité.

Tests de normalité

Chaque case contient la valeur de la statistique de test pour la variable et le bin correspondant, puis la mention « rej. » si l’hypothèse de normalité peut être rejetée avec un risque de moins de 5% et « norm » dans le cas où l’hypothèse de normalité n’est pas rejetée.

Tableau F.2.3. Tests de normalité Référendum

Ici aussi, la plupart des distributions empiriques ne contredisent pas l’hypothèse de normalité. En effet seulement 4 hypothèses sont rejetées sur les 48 hypothèses testées. Nous pouvons donc, sereinement passer à l’analyse des résultats des t-tests.

Tests d’égalités

Ensuite nous appliquons des t-tests en prenant en compte les différences de variance entre les groupes non appariés traités.Les résultats de ces t-tests sont présentés dans les tableaux F.2.4. à F.2.9. Chaque case contient la valeur de la statistique de test pour la variable et le bin correspondant, puis la mention « diff » si l’hypothèse d’égalité entre les valeurs des moyennes peut être rejetée avec un risque de moins de 5% et « rej.» dans le cas où l’hypothèse d’égalité n’est pas rejetée et où l’on ne peut donc pas conclure à la différence entre les valeurs des moyennes.

A nouveau, la quasi-totalité des tests nous indique que les différences entre les effets sont significatives et la plupart des cas de rejet correspondent à des comparaisons entre bins voisins. Ceci confirme comme que le choix de 8 bins était ici aussi adapté.

Tableaux F.2.4-9. Tests d’égalité Référendum

Interprétation des résultats

Analysons les effets locaux, variable par variable.

La variable CONF nous indique que le manque de confiance des électeurs envers l’avenir a toujours joué quelque soit le bin en faveur du Non. Cet effet est plus important encore à la marge (impacts de 41 et 36% sur les bins 4 et 5) que pour les extrêmes (impacts de 5 et 21% pour les bins 1 et 8). On peut donc considérer que le facteur confiance a joué à la marge en défaveur du référendum et que si celui ci s’était déroulé dans un contexte socio-économique plus favorable l’issue du vote aurait pu basculer en faveur du Oui.

La variable CONSTR a un impact limité mais très souvent en faveur du Oui. Ses principaux effets peuvent être observés sur les bins 1 et 4 avec des influences de –13 et –14%. Cela signifie que l’adhésion des électeurs à la construction européenne a influencé le vote non seulement des plus convaincus (bin 1) mais aussi d’un certain nombre d’indécis (bin 4). Mais cette influence n’a pas suffit à faire basculer le vote en faveur du Oui. Ceci est particulièrement remarquable par le fait qu’elle n’a eu aucune influence sur les indécis qui ont finalement tranché contre le référendum (bin 5).

La variable PROJET nous indique que le manque d’adhésion des électeurs envers le contenu du projet de Constitution a toujours joué quelque soit le bin en faveur du Non. Cet effet n’est pas particulièrement plus marqué à la marge qu’aux extrêmes, oscillant toujours de 20%. Il est cependant intéressant de noter, que son impact a été nul pour les plus farouches partisans du Oui (bin 1). Ceci signifie que les pro-européens les plus convaincus ont à travers ce vote principalement affirmé, au-delà du contenu intrinsèque du projet, leur opinion en faveur de l’Europe.

La variable CAMP constitue par opposition à la variable CONF un exemple des critères de choix exerçant principalement son influence sur les bins extrêmes (vs les bins à la marge). En effet, ses impacts sur les 1 et 8 sont respectivement –18 et +12%, alors que ses impacts sur les bins marginaux avoisinent zéro. Ceci s’interprète par le fait que les opinions des électeurs avant la campagne ont eu plus d’influence aux extrêmes qu’à la marge. Il semble en effet logique que les électeurs aux opinions les plus tranchés soient aussi ceux qui ont pris le plus tôt leur décision vis-à-vis du choix de vote. Par contre, il est à noter que la campagne n’a

quasiment joué aucun rôle dans la prise de décision finale des électeurs indécis. La campagne n’a donc pas été déterminante dans ce scrutin et a laissé la place aux opinions a priori.

La variable OPP est la seule dont l’impact change de signe en fonction des bins. Ceci signifie que la proximité des électeurs envers les partis d’opposition a autant joué en faveur du Oui que du Non. Ceci peut s’expliquer par la diversité des consignes de vote émises par les différents partis y compris souvent au sein même de ces partis. Globalement on peut tout de même signaler que l’influence du parti joue davantage sur les bins extrêmes que sur les bins marginaux (impacts –56, -35, +23 et +27% sur les bins 1, 2, 7 et 8 ; contre –8 et –17% sur les bins 4 et 5) et que sur ces bins marginaux leur impact a plutôt joué en faveur du Oui.

Enfin, la variable EXTR a quelque soit le bin une influence positive plutôt faible, oscillant autour de 12%. On peut cependant souligner que plus on s’approche du Non, plus son impact s’amplifie (-8, 6, 10, 10, 12, 14, 14 et 16% des bins 1 à 8). Ceci signifie que les consignes de vote des partis extrêmes en défaveur de la Constitution ont porté leur fruit, et ce de manière plus cohérente que dans le cas des partis d’opposition traditionnels.

En conclusion et pour répondre à notre problématique initiale, nous pouvons dire que ce vote n’était en aucun cas un vote de sanction contre la poursuite de la construction européenne. Sur la question de savoir s’il s’agissait d’un vote sur la politique intérieure, les résultats nous indiquent certes une influence des partis politiques sur l’issue du vote mais la proximité avec un parti d’opposition semble avoir davantage influencé à la marge en faveur du Oui que du Non. D’après cette analyse, la victoire du Non tiendrait donc davantage au manque général d’adhésion des électeurs envers un projet flou desservi par une campagne peu influente et un contexte général de morosité. Ces résultats éclairent d’un nouveau jour les mécanismes ayant fait basculer à la marge l’issue du scrutin en défaveur de la Constitution européenne.

Dans le document Effets masqués en analyse prédictive (Page 102-110)