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De l’histoire à la fiction:

III.1.1. Itinéraire identitaire

ce roman comme nous l avons vus est inspiré d une histoire vraie, il retrace l itinéraire d un homme, et de quarante années d existence : il s agit de autobiographie du protagoniste Léon l Africain, qui a écrit les quatre parties

1

– Maalouf, Amin. Léon l Africain, p, 365.

2

qui constituent le roman. Ecrire ses souvenirs revient pour lui de trouver sens à sa vie, comment il a fait pour être ainsi, comment il s est met en quête de son identité ?

mettant tous ses espoirs dans la recherche de l autre par le biais du voyage, Léon l Africain se retrouve, au terme de cette quête, en possession une autre chose : la réconciliation avec soi-même. Finalement il se rend compte que toutes ces années d errance lui ont été bénéfiques d un point de vue identitaire.

Menant ses premières années d enfance paisiblement, le protagoniste quitte le lieu de ses origines par les forces de l exclusion et de l intolérance et qui a erré tout autour de la méditerranée, de son propre gré ou au gré des évènements, à la recherche d une terre accueillante, à Rome il se trouve seul à un monde inconnu, perds ses repères, regrette sa vie d autrefois mais en revanche, il acquiert de l expérience. Durant tous ses voyages Léon rencontre autres hommes à travers lesquels il parvient enfin à mieux se connaître. est en favorisant l échange avec autrui, en communiquant avec des personnes que l on ne connaît que l on découvre sa véritable identité. La quête des autres passe par conséquent avant celle de soi.

Tout au long du roman, la quête d identité garde un surprenant caractère d universalité, tant dans sa finalité que dans ses structures, à savoir, faire accéder l individu à son être véritable (l essence de l homme).

Tous ses voyages deviennent le symbole d une recherche qui semble être à origine celle d une identité mais qui aboutit à une découverte : la connaissance de soi. Pourtant ses découvertes successives au sujet du soi ne parviennent pas à le satisfaire. Cette insatisfaction et son besoin de vivre des expériences nouvelles conduisent le protagoniste à pousser plus avant sa recherche de nouveaux horizons. son insatiable appétit de voyage le conduira jusqu au front au plus fort de la guerre .

« le châtiment du Caire et le feu du Tombouctou »

l itinéraire du narrateur le mène à des expériences multiple pour devenir un autre, pour découvrir ce qu il est en réalité, il lui faut se dégager de toute sorte d appartenance : «je ne demande jamais à Dieu qu’il me préserve des calamités ; seulement qu’il me préserve du désespoir. Aie confiance : quand le très

haut te lâche d’une main, il te rattrape de l’autre », « n’avais-je pas quitté, à la Mecque, la main droite du Dieu ?A Rome j’allais vivre au creux de sa main gauche ! »1

sa restructuration débute alors avec la reconnaissance d autres civilisations et un lent travail de purification, un travail qui aboutit à l apparition en lui d un homme nouveau : il fallait qu il se cohabite avec de nouveaux territoires, qu il en vienne à ne plus se stabiliser, qu il se sépare de toute appartenance nationale, puisque l avenir «les bruits du lointain m’appelaient, il était écrit que je ne resterais pas sourd à leur tentations.»21. pour devenir maître de son propre

destin et découvrir le véritable sens de son existence.

est au prix d un grand périple, loin de chez lui, que Léon réalise la valeur de homme et la vérité de son essence. Cette découverte est à ce point capitale qu elle efface tout le reste, en refusant toute idée de repli sur soi ou toutes étroitesse d esprit et toute uniformité.

« Lorsque tout le monde s’agglutine autour d’une même opinion, je m’enfuis : la vérité est sûrement ailleurs ».32

Léon l Africain, pendant de langues années, n a songé qu à creuser, fouiller pour trouver la vérité, n y parvient qu au prix de la perte du lien physique qu il entretenait avec ses proches, avec ceux qu il aimait ou qu il

entourait.

« Il était écrit que je passerais d’une patrie à l’autre comme on passe de vie à trépas, sans or, sans ornement, sans autres fortune que ma résignation à la volonté du très-haut. »43

la quête de l identité est aussi chez le narrateur, une recherche d un bonheur qui est également quête d un lieu et un espace où l on aspire au retour de la première nature. Sa quête passe donc par un retour vers l état originel. Il quitte son milieu natale et celui de son enfance pour y revenir finalement, pour affirmer une véritable conscience de soi. Une fois retrouvé son identité originel, il est libre de retourner vers ses premier lieux.

« je n’ai plus d’autre désir que de vivre, au milieu des miens, de longues journées paisibles. Et d’être, de tout ceux que j’aime, le premier à partir. Vers ce lieu ultime où nul n’est étranger à la face du créateur. »54.

1

– Maalouf, Amin. Léon l’Africain, p. 293.

2 –Ibid, p.281. 3 – Ibid, p. 353. 4 – Ibid, p. 3 5 – Ibid, p. 365.

cette renaissance résulte d une connaissance et d une compréhension de soi en parvenant à déchiffrer l énigme de sa recherche. Ce qu il cherche se révèlera finalement n être autre que lui-même. Il retrouve par-delà la joie de vivre, la spontanéité et se sent enfin en harmonie avec lui-même.

Il s est donc produit une véritable évolution chez le protagoniste : si au début il n a pas cessé de s interroger au sujet de son itinéraire, il atteint à la fin du roman un parfait état de lucidité.