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INTRODUCTION DE LA PARTIE 1 :

Cette première, partie doit aussi être lue comme une partie liminaire. Elle comporte trois chapitres. Le premier fait état de la littérature dans le domaine des représentations mentales de l'espace et expose plus en détail une théorie fondatrice : celle de Kevin Lynch. Le deuxième chapitre présente les méthodes élaborées et utilisées au cours de ce travail de recherche. Il insiste particulièrement sur la technique des cartes mentales, le problème de leur fiabilité et de leur fonctionnalité . Le troisième chapitre présente les terrains d'enquête.

1. "Caractère de ce qui est fonctionnel", c'est-à-dire "qui s'adapte à son but" selon le dictionnaire Petit Larousse Illustré 1991.

1- HISTORIQUE DE LA PENSÉE DANS LE DOMAINE DES REPRÉSENTATIONS MENTALES DE L'ESPACE

1-1- La littérature dans le domaine des représentations mentales de l'espace :

Le thème des représentations mentales est apparu dans la littérature géographique au début des années 70 avec celui de la perception et de

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l'espace vécu . Ils ont été repris par de nombreux auteurs, soit comme thèmes principaux de recherche, soit sous forme allusive ou en complément d'autres travaux.

Les premiers travaux sur T'espace vécu", la perception et les représentations de l'espace furent anglo-saxons. Ce sont ceux de K. Lynch en 1960, de D. Lowenthal en 1961, de P. Gould ou de Th. Saarinen en 1966 et de D. Appleyard dès 1962. Quelques années plus tard des chercheurs français se penchent sur le sujet sans avoir connaissance, pour la plupart d'entre eux, des premiers essais anglo-saxons. Ces chercheurs français sont : J. Gallais en

1967, A. Frémond en 1968 et A. de Metton en 1969.

Géographes français et anglo-saxons poursuivent le même but : saisir entre les hommes et les lieux d'autres rapports que des relations purement matérielles ; établir les éléments de rapports psychologiques entre les hommes et les lieux fréquentés ou non.

Mais les deux écoles prirent deux orientations différentes. Les géographes anglo-saxons s'intéressèrent surtout aux phénomènes perceptifs, sur des parcours urbains : K. Lynch ; dans la même équipe de travail et sur la qualité de vie : D. Appleyard ; à propos de paysages : D. Lowenthal ; ou d'accidents climatiques : Th. Saarinen. Les chercheurs français élaborèrent une notion

1. Abraham Moles (1992) définit l'espace vécu comme un "ensemble de lieux juxtaposés ou dispersés, séparés par des distances où il n'y a "rien de remarquable", et caractérisés par rapport à une catégorie définie d'observateurs ou d'utilisateurs humains."

Moles, Abraham (1992), "Vers une psychogéographie", Encyclopédie de géographie, Edition Economica, pp. 178-205

plus synthétique, celle de l'espace vécu, afin de mieux saisir la région : J. Gallais ; A. Frémond ; ou le quartier : M.-J. Bertrand, A. Metton, espaces- énigmes classiques de la géographie française.

Dans les deux cas, les chercheurs inversent les perspectives habituelles de la géographie. L'espace, ensemble de lieux, devient un objet construit et perçu par des sujets que sont les hommes vivant en société.

En France notamment, après une grande vogue des études d'aménagement sans souci marqué des rapports des "aménageurs" aux "aménagés", et au moment même où le développement d'un nouvel outil, les méthodes quantitatives et l'usage de l'ordinateur, impose de nouvelles questions sur les objets de la recherche, la démarche est tout à fait nouvelle. Elle constitue une sorte d'interrogation sur les rapports qui fondent la Géographie, après plusieurs décennies de silence épistémologique de la discipline.

Ainsi, les travaux sur l'espace vécu s'inscrivent bien comme une note particulière et interrogative, dans le courant de la nouvelle géographie des années 70.

Il existe un lien entre ces trois thèmes d'étude : l'espace vécu, l'espace perçu et les représentations de l'espace. L'espace perçu est lié au sensoriel. Nos cinq sens et quelquefois un sixième plus subjectif que l'on pourrait appeler le sens affectif, nous renseignent sur notre milieu environnant. L'espace perçu sert à la confection des représentations mentales. L'espace vécu est lié aux pratiques réelles, à l'influence des aménagements urbains sur la vie des citadins. C'est pourquoi, on parle, ci-dessus de rapport des "aménageurs" aux "aménagés". L'espace vécu influence aussi les représentations mentales de l'espace. Ainsi, les difficultés rencontrées pour parcourir un trajet peuvent allonger les distances mentales, en revanche une bonne répartition des équipements publics peuvent les raccourcir, un aménagement peut2

constituer un repère majeur dans une représentation mentale, etc.

Sur l'espace vécu, la perception et les représentations de l'espace, de très nombreuses recherches furent menées entre 1970 et 1981, particulièrement en France, en Belgique, en Italie, en Espagne. Certaines ne sont qu'affaire de

1. Ceci peut être le fait d'un nouveau plan de circulation, d'embouteillages, etc. 2. On observe des répétitions du verbe "pouvoir" car rien n'est automatique dans le domaine de la per- ception, des représentations de l'espace. Le pouvoir n'est pas obligatoirement effectif .

mode, elles ont au moins le mérite de révéler cet effet de mode, c'est-à-dire une focalisation d'intérêts multiples autour d'un thème, souvent en reflet d'une préoccupation de l'époque, d'un mouvement idéologique. Beaucoup de contributions venant d'autres disciplines telles la sociologie, la psychologie, l'architecture, l'aménagement, la littérature, ... apportent des éclairages intéressants sur ces sujets : espace vécu, espace perçu, représentations de l'espace.

- Quelques travaux majeurs sur les représentations mentales de l'espace :

On a voulu citer, dans cette première partie, les travaux qui ont servi d'étai à cette recherche. Au-delà de la connaissance préliminaire à tout travail, ils ont apporté leurs méthodes à chaque étape de la thèse : hypothèses, réalisation des terrains et analyses.

Concernant les études sur les pratiques et les représentations mentales de la ville, Kevin Lynch1 est le pionnier. Ses recherches ont ouvert une

perspective neuve en permettant de comprendre les choix, les décisions et les comportements des individus à partir d'un certain nombre de processus de formation d'images mentales. Il examine la qualité visuelle de la ville américaine en étudiant la représentation mentale de la ville chez ses habitants. Le contenu de ses travaux est exposé en détail plus avant.

Antoine Bailly est une référence essentielle pour ce travail car il explique que les représentations sont au coeur de toute étude géographique. Il justifie l'utilisation du terme "représentation mentale" et même celui de "carte mentale" dans un contexte scientifique. Antoine Bailly intègre la notion de représentation à toute étude en géographie humaine. Ses conceptions de la discipline qu'est la géographie sont au centre de notre sujet puisque selon lui : "chaque étude géographique est une représentation du monde et des pratiques humaines, au sens de représentation mentale, qui prend son sens dans le

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