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CHAPITRE I : LES VISAGES DE LA RHÉTORIQUE

A. L’évolution de l’enjeu rhétorique dans le Gorgias

1. Introduction

a. Remarque sur la recherche de la structure du dialogue

Quand on lit un dialogue de Platon, il est essentiel d’un point de vue méthodologique d’en comprendre la structure. Victor Goldschmidt s’est fait le défenseur de cette approche structuraliste dans son ouvrage sur les dialogues de Platon. Il oppose deux modes d’explication de la composition d’un dialogue. D’un côté, il y a la mise au jour de la structure philosophique du texte, liée à une méthode qui « cherche, et se cherche » et qui consiste à dévoiler la progression dialectique. De l’autre, il s’agit plutôt de révéler des règles de composition, le dialogue étant composé de manière littéraire (dans le but de plaire). Si l’analyse de la structure est effectivement essentielle pour comprendre les textes platoniciens, il semble néanmoins que l’on ne peut pas réduire la composition littéraire chez Platon à un souci esthétique, car le διαλέγεσθαι employé par Socrate avec ses interlocuteurs61 ne se réduit jamais à une pure argumentation logique. Il s’agit au

60 Il fait d’ailleurs de même dans le Ménexène en faisant un pastiche de l’oraison funèbre, dans le Banquet

avec les éloges d’Éros ou encore dans le Phèdre avec le discours de Lysias.

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contraire de réfuter là et maintenant, à l’aide du logos, un propos vivant, incarné, porté par une âme particulière dans un contexte spécifique62. Dès lors, que le dialogue se

découpe en quatre grandes étapes (sans compter le prologue), trois discussions successives63 de Socrate avec Gorgias, Pôlos, Calliclès puis le mythe final, ne relève pas

d’un souci purement formel ou d’un art de plaire, mais répond à une cohérence où chaque partie du dialogue joue un rôle qui se comprend par rapport au tout. R. Clavaud remarquait à ce sujet : « … très souvent, chez Platon, ce n’est pas telle section isolée d’une de ses œuvres qui permet de juger l’ensemble ou qui exprime sa pensée intime ; c’est le rapport de toutes ces parties et les rectifications mutuelles qu’elles nous invitent à faire. »64 Si tel personnage intervient à tel moment, coupe la parole ou réagit, c’est qu’il

y a une certaine nécessité à cette intervention, dictée par une cohérence chez l’interlocuteur65. En ce sens, l’organisation du propos dans le dialogue se comprend

d’abord à partir de la rencontre entre des personnages porteurs de conceptions profondément divergentes et qui conditionnent leurs participations et leurs réactions à la discussion avec Socrate. Le Gorgias fait ainsi se rencontrer deux horizons opposés : Socrate porte une exigence de cohérence dialectique et se mesure à des personnages qui, eux, valorisent une cohérence rhétorique dont on mesure au fil du texte les conséquences néfastes. Cette différence de cohérence se comprend à partir de la cohésion psychologique interne des personnages. Les protagonistes possèdent des désirs, des opinions, une manière de parler, qui conditionnent leur manière d’être, leurs erreurs et leur ignorance66.

L’articulation entre les différentes discussions et la construction du dialogue doit donc se comprendre à partir de cette logique psychologique sur laquelle Socrate jouera d’ailleurs

62 On sait dans le Phèdre la supériorité donnée à l’oralité du fait de son caractère vivant sur le discours écrit,

qui n’a pas cette dimension, puisque comme une peinture, on ne peut interroger ces figures, (Phèdre, 275d).

63 Il s’agit d’une structure assez inhabituelle pour un dialogue platonicien comme le soulignait déjà

Friedländer, si ce n’est dans le premier livre de la République où trois interlocuteurs (Céphale, Polémarque, Thrasymaque) se succèdent également face à Socrate. Cf Friedländer, Paul, Platon. Band II, Die

Platonischen Schriften, erste Periode, Berlin, Allemagne, W. de Gruyter & Co, 1957, p. 226. 64 Clavaud, Le « Ménexène » de Platon et la rhétorique de son temps, p. 81.

65 Comme le souligne François Renaud : « Platon présente ses personnages avec leurs caractéristiques

propres et les fait parler et agir avec vraisemblance, selon le principe rhétorique de la justesse psychologique du portrait (reddere personae suna convenientia cuique) […] Il faut […] se demander pourquoi Platon met dans la bouche des personnages tel argument à tel moment. » Renaud, « La rhétorique socratico– platonicienne dans le Gorgias (447a–461b) », p. 72.

66 Monique Dixsaut souligne très justement : « Chacun tient le discours qu’il tient en fonction de ce qu’il

croit savoir, mais c’est une certaine orientation du désir qui détermine la figure propre de son ignorance : celui qui s’accroche à la vie croit savoir que la mort est un mal, celui qui aime l’argent tient pour bavardage la philosophie, l’ami de la gloire estime que la victoire et la réputation sont les seules preuves de valeur. Quand il est celui d’une opinion, l’énoncé est inséparable du sujet de l’énonciation. Ce sujet est constitué par ses désirs et ses passions, c’est cela qu’il croit être lui-même et qu’il affirme à travers toutes les opinions qu’il soutient… » Dixsaut, Monique, Platon : le désir de comprendre, Paris, J. Vrin, 2003, p. 71.

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pour réfuter ses interlocuteurs67 (d’autant qu’en prenant pour sujet la rhétorique, qui se

veut une puissance d’agir par le discours sur les âmes, la mise en scène du Gorgias se fait l’écho de ses propres interrogations). Pour comprendre la progression du dialogue, nous accordons donc de l’importance aux rôles joués par les personnages et à leur cohérence. Pour cette raison, il sera plus juste de parler d’une analyse du mouvement du dialogue, plutôt que de sa structure, le terme de « mouvement » désignant plus exactement la vitalité et l’organicité du texte platonicien.

b. La distribution des personnages dans le dialogue

Avant de commencer notre analyse, rappelons rapidement la façon dont se répartissent les interventions des cinq personnages, Chéréphon, Pôlos, Gorgias, Calliclès, Socrate dans le dialogue, sans rentrer pour le moment dans le détail de leur biographie.

Chéréphon68, ami de Socrate, semble être le plus effacé des protagonistes, il

intervient seulement à trois reprises dans le dialogue, mais cette présence a tout de même une certaine incidence. D’abord, il est la raison qui fait manquer à Socrate la conférence de Gorgias, parce qu’il a retenu le philosophe sur l’agora. Toutefois, se présentant comme un ami de Gorgias (447b2), il entend « guérir » (ἰάσομαι, 448b) la situation. Chéréphon est le personnage qui amorce le début de la conversation avec Gorgias, puis avec Pôlos. Or ce premier échange raté entre les deux disciples permet à Socrate d’intervenir et sa réaction attire l’attention du Gorgias69. Chéréphon relance également la première

discussion entre le maître de rhétorique et le philosophe en soulignant le vacarme approbateur de l’assistance (θόρυβος, 458c3). Chéréphon est également un rare allié de Socrate dans un contexte hostile au philosophe et à la philosophie. Son intervention dans une conversation centrée sur la rhétorique permet d’introduire subrepticement le thème du genre de vie. Il souligne à quel point il souhaite se consacrer à cette seule d’occupation qu’est le dialogue : « … Quant à moi personnellement, puissé-je, en tout cas, jamais

67 On pensera notamment au rôle joué par la honte dans le dialogue sur lequel nous reviendrons dans notre

quatrième chapitre et sur lequel la littéraire secondaire a été prolifique.

68 Disciple indéfectible de Socrate, Chéréphon (≥469–399) est décrit comme particulièrement grand et

ascétique dans les pièces d’Aristophane où il apparaît (les Oiseaux, les Nuées, les Guêpes). Il a choisi l’exil avec les démocrates en 404, pendant la tyrannie des Trente. Il était déjà mort au moment du procès de Socrate. Il est connu pour avoir demandé à la Pythie s’il y avait un homme plus sage que Socrate et a reçu une réponse négative. Voir la notice de Nails, Debra, The People of Plato: A Prosopography of Plato and

Other Socratics, Indianapolis, Hackett Pub., 2002, pp. 86‑87.

69 « Socrate : – Magnifique, Gorgias, est de toute évidence l’équipement oratoire dont a été pourvu Pôlos !

Malheureusement, la promesse qu’il avait faite à Chéréphon, il ne la tient pas. Gorgias : – Comment au juste, Socrate ? » (448d1–4).

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n’avoir d’occupation assez importante pour me faire délaisser un débat de cette qualité de cette importance et débattu dans de telles conditions, et me faire juger plus à propos de m’employer à autre chose » (458c5-7). Cette remarque annonce ainsi deux oppositions existentielles : la recherche de la vérité propre à la vie philosophique et la recherche du plaisir, critère rhétorique à l’aune duquel Calliclès juge le débat (458d4). On voit ainsi deux critères différents s’affronter pour apprécier la discussion.

Pôlos est d’une certaine façon le pendant rhétorique du disciple socratique qu’est Chéréphon. C’est d’ailleurs en lui répondant que le jeune « poulain » se manifeste pour la première fois. Ce disciple sicilien70 du maître de rhétorique Gorgias apparaît lui aussi

à deux moments distincts (début et milieu du dialogue) et s’impose de manière brutale dans la discussion. C’est la « pétulance » de sa jeunesse qui est invoquée pour expliquer son comportement. Sa première intervention résulte d’une volonté de substitution, il souhaite répondre à la place de Gorgias, mais ses répliques sont rapidement critiquées par Socrate. Cette attitude établit clairement le lien de maître et de disciple entre Gorgias et Pôlos, puisqu’il apparaît que le jeune homme s’est entraîné aux discours (448d1-2) et est capable d’imiter Gorgias. Écarté de la discussion pour n’avoir fait que l’éloge de la rhétorique sans expliquer ce qu’elle est, il se tait, jusqu’à ce que le dénigrement de l’art oratoire par Socrate finisse par l’exaspérer et le faire intervenir à nouveau. Il occupe alors le deuxième tiers du dialogue. Ses réactions vives et irréfléchies donnent un ton plus agressif71 à la discussion. Entre le sérieux du maître de rhétorique et l’intransigeance de

Calliclès, Pôlos est clairement moqué et tourné en dérision, ajoutant une touche d’humour à l’échange, par exemple : « Socrate : – Allons ! à l’âge que tu as, Pôlos, tu manques de mémoire ! Dans quelque temps, comment feras-tu ? » (466a) ou encore « Socrate : – Mais ma réponse, est-ce que tu la comprendrais ? » (463d). Mais c’est surtout sa défense de la figure du tyran qui fait de lui un interlocuteur beaucoup plus immoral que Gorgias. Pôlos estime en effet que les orateurs possèdent dans la cité un pouvoir immense à l’égal des despotes. Ce personnage introduit ainsi plus explicitement l’enjeu de la justice et de la liberté dans le dialogue.

70 Nous reviendrons plus en détail sur l’arrière–plan de ce personnage, dans notre deuxième chapitre,

section C.2.

71 Entre le sérieux du maître de rhétorique et l’intransigeance de Calliclès, Pôlos est clairement moqué et

tourné en dérision, ajoutant une touche d’humour à l’échange. « Socrate : – Allons ! à l’âge que tu as, Pôlos, tu manques de mémoire ! Dans quelque temps, comment feras-tu ? » (466a) « Socrate : – Mais ma réponse, est-ce que tu la comprendrais ? » (463d). « … Je ne dis rien encore de très clair ; mais Pôlos, lui, a la pétulance de sa jeunesse ! » (463e).

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Sur ces deux premiers personnages, on peut observer une construction en miroir : Chéréphon se substitue à Socrate pour poser les questions, Pôlos à Gorgias pour répondre, mais les deux disciples laissent rapidement la place à leurs maîtres respectifs. Toutefois, on notera que Chéréphon a lui été informé et soutenu par Socrate dans l’élaboration de ses interrogations, tandis que Pôlos ne semble pas recevoir de soutien ou d’aide de la part de Gorgias.

Son maître, Gorgias, donne son nom au dialogue72 alors qu’il n’en occupe que le

premier tiers73 où il est question de définir l’art qu’il enseigne. Si sa première discussion

avec Socrate pose le cadre théorique du traitement de la rhétorique, ses interventions dans la suite du dialogue jouent aussi de manière décisive. Gorgias participe avec intérêt à la discussion avec Pôlos pour encourager Socrate à poursuivre la discussion74 (463d-e), puis

pousse Calliclès à répondre alors que ce dernier se renferme dans le mutisme face à Socrate. Ces rappels à l’ordre dénotent ici une hiérarchie, le statut du maître de rhétorique possède un prestige qui lui permet d’asseoir son autorité sur les autres personnages et de permettre la continuité de la discussion. En ce sens, Gorgias est le personnage auquel on exprime le plus de respect et d’admiration dans le dialogue, ce qui est manifeste dans la façon dont Chéréphon s’adresse à lui, il fait également l’objet d’éloge et de flatterie par Pôlos, et est accueilli chez Calliclès.

Enfin, le dernier interlocuteur de Socrate est Calliclès. Il est le premier personnage à parler (447a1) et son nom est le dernier mot du dialogue prononcé (527d7). Il ouvre et clôt donc le texte. Il ne s’agit pas ici d’une simple symétrie esthétique. Cette figure athénienne est un point de convergence de tous les enjeux du dialogue. S’il n’est pas le disciple de Gorgias au sens où Pôlos l’est, Calliclès est le citoyen athénien qui héberge

72 Le titre des dialogues platoniciens correspond en général à l’interlocuteur principal. On peut pointer ici

que le personnage de Gorgias n’occupe qu’un petit tiers du dialogue, mais, comme le souligne Louis–André Dorion, cela s’explique sans doute du fait que son nom est beaucoup plus connu que celui de Pôlos et Calliclès, voir sa remarque dans son introduction à l’ouvrage Platon, Lachès ; Euthyphron, Paris, 1997, p. 75. De plus, nous n’avons aucune indication laissant penser que le titre du dialogue aurait été modifié ou altéré. Le Gorgias fait partie des titres des dialogues de Platon cités par Aristote, notamment dans les

Réfutations sophistiques (173a) et dans la Rhétorique (1408b). Sur Aristote comme source fiable pour les

titres des dialogues, on consultera l’ouvrage d’Alline, Henri, Histoire du texte de Platon, Genève, Slatkine, 1984, p. 55.

73 Pourtant, sa place est plus importante qu’on le pense, puisque toute la suite du dialogue illustre, les

répercussions de son enseignement et de son ignorance.

74 « Gorgias : – Eh bien ! Envoie–le promener, pour m’expliquer à moi ce que tu veux dire en appelant l’art

oratoire… » (463e) « Pas de ça, Calliclès ! Réponds plutôt, ne serait–ce que dans notre intérêt (ἡμῶν), et pour que la discussion se parachève (περανθῶσιν) ! » (497b). « Gorgias : – … Laisse Socrate mener sa réfutation de la façon qu’il lui veut (ἐξελέγξαι ὅπως ἂν βούληται) ! » (497b).

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Gorgias chez lui75 et qui introduit donc symboliquement le représentant de la rhétorique

dans la cité. Cette hospitalité rend manifeste son admiration pour le rhéteur et son intérêt certain pour apprendre la rhétorique afin de servir ses ambitions politiques personnelles. Sa discussion avec Socrate, la troisième, occupe la majeure partie du dialogue avant le mythe final, soit la moitié du texte (46 pages Stephanus sur 80). Or, sa présence au début et à la fin permet de mesurer l’évolution de l’ensemble de l’œuvre. Sa première intervention est un reproche espiègle et amical à Socrate. Sa deuxième souligne le plaisir que lui procure la discussion entre Gorgias et le philosophe. Quand il devient finalement le troisième interlocuteur de la conversation : il s’enlise dans une altercation violente avec Socrate au point de refuser de lui répondre. Calliclès est donc non seulement le dernier partenaire de Socrate et en même temps son interlocuteur le plus difficile et le plus coriace. Cela s’explique par la nature de leur conversation, il s’agit de déterminer quel genre de vie vaut le plus. À travers cette question, ce sont les choix et les mœurs d’Athènes qui sont considérés et critiqués.

Terminons ce rapide tour d’horizon par Socrate. Il est évidemment le personnage le plus structurant76 du dialogue. On peut remarquer qu’à lui seul il incarne l’unité du

dialogue. Le texte repose comme le souligne Monique Canto-Sperber « sur la cohérence d’une personnalité et sur la solidité d’un engagement de vie. »77 Face aux trois vagues

successives qui tentent de le renverser, Socrate se tient debout. Tout le dialogue exemplifie cette persévérance78, alors que les interlocuteurs sont incapables d’être

cohérents et de réfuter les thèses de Socrate. C’est ce qui lui permet notamment d’affirmer que celles-ci sont « enchaînées par des chaînes de fer et de diamant » (509a) ou que « tout au contraire, après la réfutation, au cours de ce long débat, des autres thèses, seule celle-

75 En revanche, contrairement à ce que certains commentateurs laissent entendre, le dialogue n’a pas lieu

dans la maison de Calliclès. Si on observe attentivement le prologue du dialogue, on verra que Socrate et Chéréphon rencontrent Calliclès sur le lieu où vient de se tenir l’epideixis de Gorgias, une salle avec du public (τῶν ἔνδον ὄντων, 447c7), mais viennent de la rater. On voit mal pourquoi Calliclès préciserait que Gorgias ait descendu chez lui et qu’il y invite Socrate si les protagonistes peuvent déjà le constater sur place et s’y inviter spontanément. Si Socrate et Chéréphon n’arrivent pas chez Calliclès directement, ils pourraient alors s’y déplacer suite à son invitation. Mais cette hypothèse est également fausse. Car Calliclès a simplement affirmé que si Socrate veut entendre la conférence de Gorgias, il peut venir dans sa maison quand il le souhaite pour que ce dernier lui refasse sa performance. Mais Socrate ne veut pas réentendre la démonstration de Gorgias, il veut s’entretenir avec lui, il n’a donc pas à aller chez Calliclès, puisqu’en terminant sa conférence dans la salle où il se trouve, Gorgias vient d’inviter les membres de l’assistance à lui poser des questions. Il est donc clair que l’ensemble du dialogue se déroule dans un lieu public, accessible à tous, et non pas dans la maison privée d’un citoyen. Ce point est important, car il change les conditions du dialogue, et notamment le rôle de la honte plus tard.

76 Notre troisième chapitre est consacré à la progression dialectique de sa discussion avec Gorgias. 77 Introduction par Monique Canto–Sperber à Platon, Gorgias, Paris, Flammarion, 2007, p.25. 78 « … Le genre de la philosophie, c’est de toujours dire pareil ! » (482a7–b1).

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ci demeure en paix » (527b). En réalité, Socrate fait subir un renversement à toutes les autres thèses de ses partenaires de dialogue en les réfutant, un mouvement que Calliclès remarquait déjà au début de sa propre intervention et que nous expliciterons.