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2.3 M´ethodologie d’´evaluation

3.1.3 Interpr´etation des r´esultats

Contrairement `a nos hypoth`eses initiales1, le voyant associ´e `a une situation d’urgence

(voyant rouge) n’induit pas de r´eponses significativement di↵´erentes (en termes de temps

1selon lesquelles « les di↵´erentes situations exp´erimentales, induites par la pr´esentation de signaux `a

E↵ets Couleurs X Bip Rouge Sans Bip Rouge Avec Bip

Temps de r´eponse 3,902 3,937

Dur´ee DPO 4,000 3,917

D´elai apparition DPO 1.635 1.475

D´elai Action - DPO 1.431 2,958

D´elai apparition Potentiel 0,993 1.430

E↵ets Couleurs X Bip Orange Sans Bip Orange Avec Bip

Temps de r´eponse (p=0,02) 6,753 1.547

Dur´ee DPO 3,412 2,867

D´elai apparition DPO 4,394 0,547

D´elai Action - DPO 3,241 1.540

D´elai apparition Potentiel 2,159 0,636

E↵ets Couleurs X Clignotement Rouge Fixe Rouge Clignotant

Temps de r´eponse 3,833 4,670

Dur´ee DPO 3,818 5,000

D´elai apparition DPO 1.514 1.883

D´elai Action - DPO 2,050 3,000

D´elai apparition Potentiel 1.273 1.075

E↵ets Couleurs X Clignotement Orange Fixe Orange Clignotant

Temps de r´eponse 4,118 5,225

Dur´ee DPO 2,875 4,000

D´elai apparition DPO 2,667 2,362

D´elai Action - DPO 1.529 5,188

de r´eponse, de r´eponses ´emotionnelles, de d´elais de perception, etc.) de celles induites par le voyant associ´e `a une situation peu urgente (voyant orange). La pr´esentation de voyants se distinguant par leur couleur (rouge versus orange) ne suffit sans doute pas `a cr´eer une di↵´erence dans le partage des ressources attentionnelles chez le conducteur.

La r´eponse comportementale attendue suite `a la pr´esentation des voyants di↵`ere selon qu’il s’agit du voyant orange ou du voyant rouge. Dans le premier cas, le sujet doit faire un appel de phares alors que dans le second cas, il doit freiner pour ´eviter un obstacle r´eellement pr´esent sur sa voie. Des d´elais de r´eponse di↵´erents pourraient s’expliquer par le fait qu’il s’agit de r´eponses comportementales di↵´erentes. Mais, le temps de r´eponse et le d´elai de perception (li´e au d´elai d’apparition des signaux physiologiques) sont sensible- ment les mˆemes pour les voyants rouges et oranges. Le voyant rouge n’est pas per¸cu plus rapidement et n’entraˆıne pas de r´eponse plus rapide que le voyant orange. L’hypoth`ese concernant l’e↵et du degr´e d’urgence des signaux n’est pas pour autant `a rejeter dans une conduite r´eelle, il faut plutˆot retenir que son op´erationnalisation pr´esente par un voyant rouge et par un voyant orange n’est pas concluante.

D’une fa¸con g´en´erale, la comparaison des r´eponses comportementales (temps de r´e- ponse) et physiologiques (d´elai d’apparition de la DPO et du potentiel) montre une cer- taine coh´erence dans les r´esultats 2 :

– La couleur des voyants n’a d’e↵et ni sur les temps de r´eponse, ni sur les d´elais d’ap- parition de la DPO et du potentiel. Les r´eponses au voyant rouge sont sensiblement les mˆemes que celles au voyant orange.

– En revanche, le bip sonore associ´e au voyant a un e↵et important sur les temps de r´eponse et sur les d´elais d’apparition de la DPO et du potentiel : la pr´esence d’un bip sonore diminue le temps de r´eponse, que la r´eponse soit physiologique ou comportementale. Ces r´esultats sont coh´erents avec notre hypoth`ese selon laquelle « la modalit´e auditive associ´ee `a l’allumage de voyants (modalit´e visuelle) induira une r´eponse di↵´erente que la modalit´e visuelle seule.»

teurs » et « le voyant associ´e `a une situation urgente induirait des r´eponses di↵´erentes (temps de r´eponse plus courts, stress, r´eactions ´emotionnelles, etc.) chez le conducteur que le voyant associ´e `a une situation peu urgente »

– Le clignotement d’un voyant a ´egalement un e↵et sur les temps de r´eponse et sur les d´elais d’apparition de la DPO et du potentiel : le clignotement du voyant augmente le temps de r´eponse, que la r´eponse soit physiologique ou comportementale.

– L’interaction entre le bip sonore et la couleur du voyant tend `a avoir le mˆeme e↵et sur les temps de r´eponse et sur les d´elais d’apparition de la DPO et du potentiel. Le bip sonore associ´e `a un voyant orange diminue le temps de r´eponse, que la r´eponse soit physiologique ou comportementale, comparativement `a un voyant orange sans bip sonore associ´e. Mais, cet e↵et n’est plus observable pour le voyant rouge : l’ajout d’un signal sonore `a un voyant rouge n’am´eliore pas la rapidit´e des r´eponses, que les r´eponses soient physiologiques ou comportementales.

Notre principal probl`eme lors de l’interpr´etation des r´esultats est de d´eterminer si les com- portements observ´es chez les conducteurs sont dus aux signaux que nous pr´esentons ou aux caract´eristiques de la situation de conduite. Nous avons choisi, comme le pr´econisent di↵´erents auteurs (De Waard, 1996 ; Eggemeier et Wilson, 1991 ; O’Donnell et Eggemeier, 1986), d’utiliser des tˆaches secondaires proches des tˆaches de conduite. Lorsque le conduc- teur fait un appel de phare, nous pouvons affirmer (puisque nous sommes en conduite sur piste, sans trafic) que c’est en r´eponse `a l’allumage du voyant orange. Nous pouvons alors calculer le temps de r´eponse du sujet `a ce voyant. En revanche, lorsque le v´ehicule arrive `a proximit´e d’un obstacle signal´e au conducteur par un voyant rouge et que le sujet freine, nous ne pouvons pas di↵´erencier si c’est une r´eponse au voyant qui s’est allum´e ou parce que la situation de conduite, bien per¸cue et comprise par le conducteur, exige que celui-ci ralentisse. L’analyse vid´eo des mouvements oculaires du sujet nous permet de savoir si le sujet a bien regard´e dans la direction du voyant situ´e sur le tableau de bord, mais nous n’avons pas la certitude que le sujet a r´eellement per¸cu ce signal. Il peut freiner parce qu’il a per¸cu directement l’obstacle et non pas `a cause du voyant.

Nous voyons ici l’importance d’avoir un groupe contrˆole compos´e de sujets ayant comme seule consigne de conduire normalement sur le circuit. Aucun signal ne leur serait pr´esent´e et nous pourrions ainsi savoir quels sont les comportements de conduite en fonc- tion des portions du circuit. L’introduction d’un tel groupe contrˆole a ´et´e retenue pour

nos exp´eriences suivantes.

Par ailleurs, notre protocole ne nous permettait pas d’habituer le sujet `a l’interface du « syst`eme anti-collision » et surtout, cette interface ´etait assez rustique. Elle ne se com- posait que d’un voyant rouge qui s’allumait en clignotant ou de mani`ere fixe avec un bip sonore associ´e. Un ´ecran implant´e dans le tableau de bord, di↵usant des informations plus ´elabor´ees (type texte) nous aurait sans doute permis d’obtenir des r´esultats plus pr´ecis. Malheureusement, il n’a pas ´et´e possible de modifier fortement le poste de conduite du v´ehicule exp´erimental et d’installer dans celui-ci un ´ecran muni d’une interface modifiable. Notre protocole exp´erimental a donc dˆu ˆetre construit avec la contrainte de ne pouvoir utiliser que deux voyants d´ej`a existants sur le tableau de bord. Nous avons alors s´elec- tionn´e le voyant des feux anti-brouillard comme voyant peu stressant (voyant orange) et le voyant du frein `a main comme voyant stressant (voyant rouge). Nous avons choisi ces deux voyants pour les raisons suivantes :

– Concernant le voyant peu urgent, le voyant des « feux anti-brouillard » peut ˆetre allum´e durant une situation de conduite sans signifier la pr´esence d’un danger ou d’une d´efaillance. Sa couleur orange est d’ailleurs associ´ee `a un voyant« informatif ». – En revanche, en situation de conduite r´eelle, si le voyant « frein `a main serr´e » est allum´e ou s’allume alors que nous roulons, le danger est imminent. Nous avons donc pens´e que ce voyant garderait sa connotation « Attention danger » pour le conducteur, mˆeme si la source du danger n’´etait pas celle habituelle.

Cette hypoth`ese ne semble pas v´erifi´ee. Les sujets n’ont probablement pas tous conduit « comme ils en avaient l’habitude ». Les voyants ne semblent pas avoir gard´e leur conno- tation habituelle puisque certains sujets ont r´epondu plus vite aux voyants peu urgents qu’aux voyants urgents.

Nous voyons donc ici les limites de la conduite en situation exp´erimentale, mˆeme la conduite (sur piste) d’un vrai v´ehicule et non d’un v´ehicule simul´e. Mˆeme si la consigne donn´ee au sujet lui indiquait quelle devait ˆetre sa tˆache principale et lui demandait de conduire le plus naturellement possible, certains sujets ont concentr´e leur attention sur la d´etection des voyants et ne cessaient de regarder le tableau de bord, au d´etriment de

leur conduite et de leur s´ecurit´e. . .Il existe `a cet ´egard une variabilit´e importante entre les sujets concernant leur investissement dans cette tˆache secondaire, variabilit´e difficile `a contrˆoler.

Insistons sur le fait que les param`etres que nous avons choisis dans cette exp´erience sont g´en´eralement utilis´es dans la litt´erature comme des indicateurs de la variation de la charge attentionnelle li´ee `a l’ajout d’une tˆache secondaire. Or, nous voulons ˆetre capables d’´evaluer les variations de charge attentionnelle et surtout savoir comment se r´epartissent les ressources attentionnelles entre la tˆache de conduite automobile et le traitement d’in- formations pr´esent´ees `a l’int´erieur du v´ehicule. Les di↵´erents indicateurs choisis ne per- mettent pas de distinguer ais´ement les di↵´erents modes de pr´esentation et des r´eponses assez surprenantes ont ´et´e observ´ees. Par exemple, alors que le signal sonore associ´e au voyant orange avait pour e↵et de diminuer consid´erablement le temps de r´eponse du sujet, comparativement au temps de r´eponse au voyant orange seul, le signal sonore n’a pas eu d’e↵et significatif pour le voyant rouge. On peut donc se demander quelle est, en situation d’urgence, la signification que les sujets accordent au bip sonore, s’il est vraiment utile ou non, ou bien si c’est un artefact du protocole exp´erimental.