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Essai 2 : IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES REVENUS AGRICOLES : UNE

4. Résultats et interprétations

4.2. Interprétations des résultats

Les résultats que nous venons d’obtenir sont instructifs sur quatre points de façon générale. Premièrement, nous observons que les estimations avec les fermes modernes quelque soient les zones, la base globale et toutes les variantes ne sont pas significatives pour nos variables d’intérêt, c’est-à-dire les températures et les précipitations. Cela nous indique que les fermes modernes ne sont pas sensibles au climat. Il se peut qu’elles possèdent un système d’irrigation ou de drainage qui ne les rendent pas dépendantes du climat.

Deuxièmement, les estimations avec la base globale (qui ne tient pas compte des zones climatiques) ne montrent aucune significativité de nos variables d’intérêt qu’on soit dans l’ensemble de l’échantillon, dans les fermes traditionnelles ou modernes uniquement. Or nous remarquons que le Centre et le Nord sont sensibles aux températures et aux précipitations dans l’échantillon total et aussi pour les fermes traditionnelles. Ce constat nous montre que si l’on estime le modèle ricardien sans tenir compte des zones climatiques, il peut arriver que cela masque les sensibilités de certaines zones particulières. Troisièmement, les estimations dans la zone Sud ne sont pas significatives dans tous les cas de figure. Deux interprétations possibles peuvent être données. La première est que le Sud ou Littoral est constitué de villes « lagunaires » dont l’agriculture bénéfice largement de ses plans d’eau sans compter la forte pluviométrie en présence. La seconde est que sur la base de notre échantillon, la zone sud est celle qui bénéficie d’un plus grand pourcentage de fermes modernes (soit environ 11% par rapport à l’ensemble des fermes du Sud contre environ 2,7 et 2,4% respectivement pour le Centre et le Nord). Ces deux causes qui ne sont certes pas exhaustives peuvent expliquer la non-sensibilité des fermes du Sud aux variables climatiques.

Quatrièmement, la main d’œuvre salariée est significativement positive dans le Centre, le Nord et la base globale. Cela signifie que plus la main d’œuvre par hectare augmente, plus le revenu net par hectare augmentera quelque soient les cas de figure. Les types de sols sont significativement négatifs pour le centre et le Nord pour l’échantillon total de toutes les fermes et pour les fermes traditionnelles uniquement. Les sols dominants dans le Nord et le Centre, relativement au sol dominant du sud choisi comme référence diminuent le revenu net par hectare et semblent donc ne pas être assez propices de façon générale pour l’agriculture. Ce résultat n’est pas étonnant d’autant plus que d’un point de vue agronomique, les sols ferrugineux qui dominent ces zones Centre et Nord ont une fertilité très basse.

79 En plus, la longue saison sèche impose des conditions culturales assez contraignantes, c’est-à-dire qu’il faut cultiver des plantes à cycle court et résistantes à la chaleur comme le maïs ou le sorgho. (Dabin et al, 1960)

Plus précisément, nos variables d’intérêt sont significatives dans le Centre et le Nord. Dans le

centre, avec l’échantillon total et traditionnel et quelques soient les variantes, la température et

son terme quadratique sont significatifs respectivement avec des signes positifs et négatifs ; ce qui traduit une relation concave entre le revenu net par hectare et la température. La figure 6 nous montre que le revenu net par hectare augmente lorsque la température augmente et atteint son maximum à 25,9°C avant de baisser.

Figure 2.5 : Fonction de réponse de la température pendant les saisons de pluies au Centre

Sur la figure 2.5, A, M, S et B représentent respectivement la température minimale de l’échantillon, la température moyenne, la température à laquelle le revenu est maximal, et la température maximale de l’échantillon. A’, M’, S et B’ représentent respectivement le revenu net atteint avec la température minimale, le revenu à la température moyenne, le revenu maximal et le revenu atteint à la température maximale

De même, dans le centre, avec l’échantillon total et traditionnel et quelques soient les variantes, la précipitation et son terme quadratique sont significatifs respectivement avec des signes positifs et négatifs traduisant aussi une relation concave entre le revenu net par hectare et les précipitations. La figure 2.6 nous montre aussi que le revenu net par hectare augmente lorsque les précipitations augmentent, atteignant son maximum à environ 1197 mm avant de baisser.

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Figure 2.6 : Fonction de réponse des précipitations pendant les saisons de pluies au Centre

Sur la figure 2.6, A1, M1, S1 et B1 représentent respectivement les précipitations minimales de l’échantillon, les précipitations moyennes, les précipitations auxquelles le revenu est maximal, et les précipitations maximales de l’échantillon. A1’, M1’, S1’ et B1’ représentent respectivement le revenu net atteint avec les précipitations minimales, le revenu aux précipitations moyennes, le revenu maximal et le revenu atteint aux précipitations maximales

Concernant le Nord, le résultat est presque identique avec celui du Centre. La température et la pluie sont significatives ainsi que leurs termes quadratiques, respectivement avec des signes positifs et négatifs. Cela traduit aussi qu’il existe une relation concave entre le revenu net par hectare et les variables climatiques dans le Nord.

La figure 2.7 montre la relation entre le revenu net par hectare et la température. Le revenu augmente avec la température avant de baisser à partir d’environ 27,5C.

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Figure 2.7: Fonction de réponse de la température pendant les saisons de pluies au Nord

Sur la figure 2.7, A2, M2, S2 et B2 représentent respectivement la température minimale de l’échantillon, la température moyenne, la température à laquelle le revenu est maximal, et la température maximale de l’échantillon. A2’, M2’, S2’ et B2’ représentent respectivement le revenu net atteint avec la température minimale, le revenu à la température moyenne, le revenu maximal et le revenu atteint à la température maximale.

La figure 2.8 montre aussi la relation revenu-précipitation au Nord. Le revenu net par hectare augmente quand les précipitations augmentent jusqu’au maximum d’environ 1003 mm avant de baisser.

Figure 2.8 : Fonction de réponse des précipitations pendant les saisons de pluies au Nord

Sur la figure 2.8, A3, M3, S3 et B3 représentent respectivement les précipitations minimales de l’échantillon, les précipitations moyennes, les précipitations auxquelles le revenu est maximal, et les précipitations maximales de l’échantillon. A3’, M3’, S3’ et B3’ représentent

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respectivement le revenu net atteint avec les précipitations minimales, le revenu aux précipitations moyennes, le revenu maximal et le revenu atteint aux précipitations maximales.

Pour mieux interpréter les résultats significatifs obtenus dans le Centre et le Nord, nous calculons les impacts marginaux des températures et pluies aux points moyens conformément à l’équation (4) et les élasticités32 du revenu net par hectare aux points moyens par rapport aux températures et aux pluies. Les résultats sont indiqués dans le tableau 2.9 ci-dessous.

Tableau 2.9 : Impact marginal du climat sur le revenu (FCFA/ha) (à partir des coefficients du

tableau 2.6de l’échantillon total)

*** Significativité à 1%, ** 5%, les élasticités sont entre parenthèses.

Les résultats du tableau 2.9 nous montrent que les températures et les pluies ont respectivement un impact marginal négatif et positif. Par zone, l’impact marginal de la température est plus élevé au Nord qu’au centre. De même, l’impact marginal des précipitations est plus élevé au Nord qu’au Centre. Plus précisément, au centre, lorsque la température augmente en moyenne de 1°C, le revenu net par hectare baisse d’environ 3880 FCFA. Dans le Nord, une augmentation en moyenne de la température de 1°C baisse le revenu net par hectare de 141 000 FCFA. Concernant les précipitations, une augmentation de 1mm des pluies augmente le revenu net par hectare d’environ 400 FCFA au Centre et 500 FCFA au Nord. Le Nord apparait donc comme plus sensible aux variables climatiques que le Centre, du moins aux niveaux des températures et précipitations moyennes. Ce résultat semble cohérent avec la réalité puisque la zone Nord ivoirienne a un climat plus sec avec une grande saison sèche et des sols pas très adaptés à l’agriculture comme nous l’avons mentionné plus haut.

32 Méthode de calcul en annexe4

33Pour le calcul des impacts marginaux au Centre, nous choisissons la variante 3 du tableau 2.6 qui contient à la fois la température et la pluie.

Variables Centre33 Nord

Températures en °C -3880** (-0,39) -141000*** (-21,12) Précipitations en mm 400** (1,75) 500*** (2,95)

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