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Discussion de l’adaptation dans les différentes utilisations du modèle « fonction de production »

Essai 3 : IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L’AGRICULTURE :

7. Objectif général de la thèse

2.4. Discussion de l’adaptation dans les différentes utilisations du modèle « fonction de production »

Les études basées sur un modèle « fonction de production » ont pour utilité de discuter des impacts des changements climatiques sur le rendement des cultures. La difficulté de ce type de modèle réside dans la prise en compte de l’adaptation qui est un facteur important dans l’évaluation des impacts des changements climatiques sur l’agriculture. En effet, les premières études aux niveaux régional et mondial que nous avons présentées plus haut ont tenté de prendre en compte l’adaptation. Cependant comme l’a critiqué Darwin et al. (1995), la méthode de prise en compte de l’adaptation par ces auteurs n’est pas appropriée car elle utilise la variation des rendements pour capter l’éventuelle adaptation des fermiers. Or il existe une large gamme de réactions d’adaptation potentielles avec les modèles de croissance des cultures par exemple. Ce dernier a lui-même proposé pour régler ce problème, une approche qui selon lui est viable économiquement. Il s’agit d’intégrer les ressources en terres et en eau, ce qui leur permet de simuler la façon dont le changement climatique affecte la disponibilité de terres agricoles appropriées, et en conséquence de

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permettre aux facteurs économiques de déterminer la nature et l'étendue des réponses adaptées aux changements climatiques par les agriculteurs.

A la différence de Darwin et al. (1995), Mendelsohn et al, (1994) vont faire une nouvelle proposition de l’évaluation de l’impact des changements climatiques sur l’agriculture qui tient aussi compte de l’adaptation mais en rompant totalement avec l’évaluation des rendements agricoles. Ces derniers, tout en reconnaissant l’originalité des modèles « fonction de production » leur reproche fondamentalement de ne pas prendre en compte de façon claire l’adaptation des fermiers et suggèrent donc leur nouvelle approche. Il s’agit du modèle Ricardien.

3. L’approche Ricardienne

3.1. La critique faite au modèle de « fonction de production »

L’étude de Mendelsohn et al., (1994)(MNS) constitue le fondement d’une nouvelle « école » d’évaluation des impacts des changements climatiques sur l’Agriculture. Le modèle ricardien est né de la critique de l’approche dite de « fonction de production ». En effet, la critique se base sur le fait que l’approche agronomique ne prenait pas en compte l’adaptation faite par les fermiers au fur et à mesure, devant les changements de température et/ou de pluie. C’est qu’ils ont appelé « the dumb-farmer scenario » en anglais ou « approche du fermier stupide ». La figure 1.2 décrit cette situation. MNS expliquent que le biais de l'approche fonction de production tient au fait qu'elle ne permet pas la substitution économique à mesure que les conditions changent. Par exemple, lorsque la température augmente dès le départ, la valeur obtenue du blé passe du point B au point C. A ce stade, les agriculteurs s’adaptent et passeront du blé au maïs. À mesure que la température augmente, l'approche de la fonction de production calculera que le rendement est tombé à F dans le blé, mais en réalité le blé n'est plus produit. La valeur réalisée est en fait beaucoup plus élevée, au point D où le maïs est maintenant produit. À une température légèrement plus élevée, la terre n'est plus utilisée de façon optimale pour le maïs mais passe au pâturage, et les estimations de la fonction de production qui ne permettent pas cette conversion surestimeront de nouveau les pertes dues au changement climatique. Enfin, au point E, même le meilleur modèle agricole prédit que le terrain n'est pas adapté à l'agriculture ou au pâturage et que les dégâts sont graves. Une approche plus complète pourrait trouver que la terre a été convertie en villages de retraite, à laquelle les personnes âgées affluent afin d’en profiter dans les hivers chauds et les climats secs.

Cela signifie donc que les auteurs de l’approche « fonction de production » omettent une partie des adaptations que les agriculteurs font habituellement en réponse à l'évolution des conditions économiques et environnementales. La plupart comme discuté précédemment supposent peu d’adaptation et calculent simplement l'impact des changements de température sur les rendements

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agricoles. Les modèles « fonction de production » ne prennent donc pas en compte l’adaptation complète des fermiers.

Figure 1.2:Biais dans les études de fonction de production

Source : Article de Mendelsohn et al, 1994.

L’omission de l’adaptation complète des fermiers constitue donc l’élément majeur qui marque la différence entre l’approche « fonction de production » et l’approche dite « ricardienne ». Ces omissions ont alors pour conséquences selon MNS, une surestimation des dommages dus aux changements climatiques puisque les adaptations progressives des fermiers face aux changements climatiques ne sont pas prises en compte.

Il convient de noter que l’approche « fonction de production » et l’approche « ricardienne » semblent ne pas faire mention l’une de l’autre par rapport au rôle joué par l’adaptation. En effet, Darwin et al, (1995) semblent ne pas tenir compte dans leur étude de la proposition de MNS alors que la proposition de ces derniers leur est antérieure. (Septembre 1994 contre Juin 1995). De plus, les études plus récentes que nous avons aussi présentées (Roudier et al. (2011)) rappellent la présence de l’approche de MNS dans les types d’études mesurant l’impact des changements climatiques qui a pour avantage de prendre en compte des options d’adaptations complètes. Le problème selon eux est que ce modèle ne peut pas définir quelles options d’adaptation ont été prises et aussi définir des résultats sans adaptation. En plus, la méthode ricardienne ne tient pas compte selon eux des coûts de la transition d'un climat à un autre, d'où une surestimation des avantages de l'adaptation.

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Ainsi, même si les études utilisant le modèle ricardien sont nombreuses, les deux types d’approches ne sont pas pour le moins « réconciliées ».

3.2. Présentation de l’Article fondateur du modèle ricardien : (Mendelsohn Nordhaus