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Article 4. Migration, mobilisation citoyenne et réseaux sociaux

2. La mobilisation citoyenne en faveur des migrants de la Route des Balkans : une typologie

2.2 Internet-supported

À côté de ces initiatives, il y a celles qui ont été créées au niveau local, sur le terrain, notamment dans les villes confrontées au passage des migrants, et pour lesquelles Facebook est un outil complémentaire de communication et de mobilisation. Il est ainsi question de Dear Refugees : Welcome to Croatia154, Refugee Aid Serbia (RAS)155 et son pendant Refugee Aid Miksaliste156, et enfin Group 484 Serbia157.

Dear Refugees : Welcome to Croatia

Dear Refugees : Welcome to Croatia est née en août 2015 sur Facebook pour promouvoir l’initiative Welcome158 et le site Internet The Croatian central refugee information159. L’initiative Welcome est un collectif formé de plus de quatre cents individus et bénévoles, de plus de soixante organisations de la société civile parmi lesquelles un club de football, qui se mobilise en faveur des migrants. Son objectif est multiple et fait montre à la fois d’une mobilisation sociale et politique. Ainsi, l’association vient en aide aux migrants de manière concrète, sur le terrain, en leur apportant de l’aide humanitaire et en coordonnant son action avec d’autres entités telles que la Croix-Rouge Croate ou encore les autorités qui s’occupent des questions relatives à l’asile mais aussi en mettant à

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https://www.facebook.com/dobrodosli.dragi.imigranti/?ref=br_tf&epa=SEARCH_

BOX. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

155 https://www.facebook.com/refugeeaidserbia/?__tn__=%2Cd%2CP-R&eid=ARCPykCDynjhTn6Tj3gM2Wtoz7TVFzHoM0ucqiScBnIpsc1MHF53pjqFj DHYouX5oqOz9ri73lLylIXs. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

156 https://www.facebook.com/RefugeeAidMiksaliste/?__tn__=%2Cd%2CP-

R&eid=ARDHIx5IZjcAzt9sHEo5lKmF6RJ35Mzzwfhn53RJk6p-r_OnQGabNKonsgroCJ2rcuPUzBdgTgQviM0X. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

157 https://www.facebook.com/484Grupa/timeline. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

158 http://welcome.cms.hr/index.php/en/about. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

159 http://welcome.cms.hr/index.php/en/. Consulté le 7 juillet 2017.

la disposition des migrants un nombre important d’informations utiles, relayées par le site internet et par la page Facebook.

En parallèle, l’initiative milite pour une politique migratoire nationale qui respecte le droit international humanitaire et la protection des réfugiés, et pour une meilleure coopération intergouvernementale au sein de l’Union européenne, en dénonçant les centres de rétention, et les maltraitances et violences envers les migrants.

Autant la page Facebook, - qui comprend une communauté de 14'117160 membres -, que le site Internet disponible en quatre langues (croate, anglais, allemand, arabe), regorgent de vidéos et de photos d’ateliers de sensibilisation organisés dans différents coins du pays, mais aussi d’articles d’autres actions sur le terrain, relatives à ce sujet. Par ailleurs, Dear Refugees : Welcome to Croatia est signataire, avec Amnesty International, Human Rights Watch et d’autres ONGs, d’une lettre ouverte adressée au Parlement Européen concernant les violences envers les migrants161.

La page Facebook et les rubriques du site Internet, - à savoir News

! Organizations, I want to help ! et It matters -, accordent aussi une place importante à la dénonciation des refoulements à la frontière croate et bosniaque, et à la criminalisation de la solidarité envers les migrants. En outre, la rubrique It matters compile une série conséquente d’articles qui explique la nécessité de l’engagement civique, et incite à la mobilisation à la fois en tant qu’individu et en tant que communauté locale, en faveur de la cause migratoire. Dans le prolongement de cet appel à la mobilisation citoyenne, Dear Refugees : Welcome to Croatia s’intéresse de près à la question de l’intégration des migrants en Croatie dont elle s’empare en organisant par exemple, des événements tels que Conference Communities of practice in integration process.

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https://www.facebook.com/dobrodosli.dragi.imigranti/?ref=br_tf&epa=SEARCH_

BOX. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

161 https://www.guengl.eu/content/uploads/2019/04/Croatia-and-Bosnia-push-

backs-Letter- EC.pdf?fbclid=IwAR1T9NEXvjGfnkc9tjJlszpRTy4tmlAmIzfQrOYqaxgwpe85Q-apbOuDhp4.

Refugee Aid Serbia (RAS)

Refugee Aid Serbia (RAS)162, est un regroupement de citoyens, d’associations et d’entreprises locales de Belgrade, mis sur pied en 2015, et qui a commencé son activité au centre de réfugiés Miksaliste, pour ensuite éteindre son activité au-delà de la ville et de son but premier d’apporter de l’aide d’urgence aux migrants qui transitaient par la Serbie dans leur avancée vers l’Europe occidentale. Pour répondre aux besoins grandissants des migrants qui traversent et pour certains, restent bloqués dans la capitale serbe, la RAS délègue rapidement l’aide d’urgence à une association nouvellement crée, Refugee Aid Miksaliste, pour se concentrer sur des activités à moyen et à long terme, à l’exemple du monitoring sur la situation des migrants en Serbie, de l’éducation, de la sensibilisation à la cause des migrants et de l’engagement communautaire à travers le pays. Dans cette perspective, Refugee Aid Serbia (RAS) et Refugee Aid Miksaliste créent chacune sa propre page Facebook, en août respectivement en novembre 2015, qui comprend 11'754163 et 5'444164 membres.

Si le nombre de membres qu’elles enregistrent est notable, pour la région des Balkans occidentaux et pour la cause des migrants, il faut le relativiser car d’une part, il n’est pas vraiment représentatif de l’engagement actif de ces membres, et d’autre part, il inclut un nombre important de personnes vivant en dehors des pays des Balkans occidentaux, que ce soit la diaspora ou des citoyens étrangers. En outre, au-delà de leur visibilité sur Internet, leur impact réel est difficilement mesurable mais pourrait être jugé assez faible, car influer sur l’opinion d’un large public et lui faire intégrer une nouvelle façon de voir et d’appréhender une réalité demande du temps et de l’engagement constant.

Toujours est-il que l’activité de Refugee Aid Serbia (RAS) et Refugee Aid Miksaliste sur le terrain mobilise un nombre conséquent de personnes et se traduit par une riche palette

162 https://refugeeaidserbia.org. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

163 https://refugeeaidserbia.org. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

164 https://www.facebook.com/RefugeeAidMiksaliste/?__tn__=%2Cd%2CP-

R&eid=ARDHIx5IZjcAzt9sHEo5lKmF6RJ35Mzzwfhn53RJk6p-r_OnQGabNKonsgroCJ2rcuPUzBdgTgQviM0X. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

d’activités parmi lesquelles des sessions d’information et de formation pour les migrants et les enfants migrants, à travers des cours de langues, de mathématiques et de sciences, mais aussi de formation pour les bénévoles qui souhaitent s’engager auprès de l’association. À cela s’ajoute la mise sur pieds de divers projets dans le but de créer du lien social, comme la constitution d’équipes de football et de jardinage entre migrants et locaux. En outre, elles organisent des événements caritatifs afin de lever des fonds pour ses initiatives de sensibilisation et pour ses projets à plus grande portée, à l’exemple de l’Odyssey Project165. Le projet Odyssey se donne pour objectif d’organiser des Routes festivals aux importants points de transit, de la Turquie à la Belgique, afin de sensibiliser les communautés locales à la cause migratoire, en l’humanisant et en dédiabolisant le discours sur les personnes qui cherchent refuge en Europe166.

Néanmoins, au cœur de l’activité de RAS il y a l’appel à la mobilisation communautaire et à l’engagement individuel en faveur des migrants, notamment par le bénévolat, et à l’ouverture sur l’Europe. Celui-ci est clairement explicité sur la page Facebook et sur le site Internet : Mobilizing communities. Making the difference.

Par ailleurs, Refugee Aid Serbia compte une cinquantaine de bénévoles de près de trente pays différents167 qui répondent aux appels lancés sur Facebook et qui apportent ensuite leur soutien ponctuel sur place, en Serbie. Cet appel clair à l’engagement citoyen est d’autant plus important dans cette région d’Europe qu’il est généralement insuffisant et peu visible aux yeux des populations locales (excepté peut-être celui porté par les grandes ONG internationales) ou, s’il est visible, attire encore une certaine méfiance. Dans les deux cas, l’explication réside dans la méconnaissance des acteurs informels de la démocratie, du fait que les régimes politiques longtemps en place n’ont pas encouragé la reconnaissance de la société et de la vie sociale sur laquelle ils gardaient un pouvoir politique, et encore moins le dialogue avec celle-ci.

En revanche, l’appel à la mobilisation communautaire et à l’engagement civique individuel a davantage d’écho auprès d’une

165 http://refugeeaidserbia.org/odyssey-project/, consulté le 6 juillet 2017.

166 http://www.facebook.com/refugeeaidserbia/, consulté le 6 juillet 2017.

167 Idem.

population jeune et connectée, notamment sur les réseaux sociaux, bien que l’intensité de sa participation soit aussi discutable. Toujours est-il que la Serbie, de par les circonstances engendrées par la crise migratoire de ces dernières années, s’est plus largement emparé de la cause des migrants, en entraînant dans sa mouvance aussi des associations plus anciennes à l’exemple du Group 484 Serbia qui soutient l’appel à l’engagement citoyen, notamment sur Facebook.

Group 484 Serbia : de l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie à la crise migratoire européenne de 2015

Le Group (Grupa) 484 Serbia168 est né dans le contexte de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et de ses conséquences désastreuses, et continue son engagement en faveur des migrants qui arrivent en Europe depuis 2015. Effectivement, fondé au milieu des années 1990, afin de venir en aide à 484 familles qui ont trouvé refuge en Serbie après l’Opération “Oluja” (Tempête) de l’armée croate qui s’est livrée à un nettoyage ethnique en Krajina169, Group 484 Serbia est dès lors de toutes les causes de la région, reliées aux migrations. Ainsi, il a offert de l’aide humanitaire et psychologique, de même que juridique, aux réfugiés en provenance de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine, à la fin des années 1990 aux personnes déplacées du Kosovo, et depuis 2014 à celles qui fuient les conflits au Moyen-Orient et cherchent refuge en Europe.

Au fil du temps, l’initiative s’est transformée en une organisation structurée qui utilise une approche systémique dans son activité, étendue progressivement à l’éducation et à la recherche sur la migration forcée en particulier, et la migration en général, afin d’influer sur la réflexion et le développement des solutions et des politiques durables en Serbie. En outre, le Group 484 œuvre à la sensibilisation et à la responsabilisation des communautés locales et des jeunes quant à l’ouverture et à la tolérance envers la diversité

168 http://grupa484.org.rs/en/group-484/. Consulté le 6 juillet 2017.

169 http://www.balkaninsight.com/en/article/croatia-ngo-launches-ads-for-storm-

victims-07-25- 2017?utm_source=Balkan+Insight+Newsletters&utm_campaign=3cc009933d- BI_DAILY&utm_medium=email&utm_term=0_4027db42dc-3cc009933d-319724389, Balkan Insight, 25 juillet 2017.

culturelle et ethnique. Actuellement, l’organisation déploie son activité autour de trois dimensions-programmes.

Il y a d’abord PRIMO Programme – Integrated Support Programme, qui d’une part, soutient les groupes vulnérables dans une optique d’entreprenariat social à travers la création d’associations et de coopératives, et d’autre part, encourage les institutions nationales à développer un cadre légal et stratégique inclusif basé sur les principes définis par l’Agenda 2020 de l’Union européenne. We and the Others,est un programme né en réponse à la politisation de la culture et de l’éducation dans le pays, et s’adresse particulièrement aux jeunes. We and the Others promeut, à travers l’organisation d’événements et des publications, la pensée critique basée sur la connaissance de l’histoire de la région et le respect de la diversité sociale comme une valeur et une richesse.

En 2011, Group 484 crée le think-tank Centre for Migration (CEMI)170 dans le prolongement de sa contribution à la réflexion sur la politique migratoire en Serbie et au débat sur la migration dans la région. Le but du CEMI est de renforcer sa recherche théorique et empirique sur les politiques reliées à la migration forcée et rendre davantage visible sa propre vision du potentiel de développement économique et démocratique que la migration peut avoir dans un pays et pour sa population locale. Ce faisant, elle tend à influencer les acteurs clés de la migration, à savoir la société civile, la communauté académique, les institutions nationales serbes et l’Union européenne, notamment par la mobilisation de sa communauté Facebook dont les membres sont plutôt actifs bien que leur nombre ne s’élève qu’à 2'321171.

2.3 Internet-based vs. Internet-supported

Les réseaux sociaux à l’exemple de Facebook, incarnent plusieurs types de connexions interpersonnelles à la fois virtuelles et réelles, de rapports identitaires et d’appartenance locale et globale, mais aussi de formes de mobilisation citoyenne, individuelles et

170 http://grupa484.org.rs/en/about-cemi/. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

171 https://www.facebook.com/484Grupa/timeline/. Dernière consultation, le 02 novembre 2019.

collectives, traditionnelles et nouvelles, qui s’entremêlent et ce faisant, donnent naissance à un monde hybride et à un nouvel espace d’autonomie (Castells, 2012 : 222). Celui-ci se traduit par

« la capacité d’un acteur social à devenir un sujet en définissant son action autour de projets initiés indépendamment des institutions de la société, selon ses valeurs et ses intérêts, et qui se concrétise par la mise en réseau avec des acteurs sociaux semblables, soient-ils individuels ou collectifs » (Castells, 2012 : 231). Au cœur de ce monde hybride et de ce nouvel espace d’autonomie il y a les réseaux sociaux, notamment Facebook, et les associations qui se sont créées autour de la cause des migrants de la Route des Balkans.

Dans ce contexte, Facebook joue au moins deux rôles, selon l’usage dont il est fait : il incarne l’opportunité pour des initiatives d’être créées ; et il renforce les ressources d’une initiative existante, en termes de collaboration et de coordination, d’engagement et de visibilité, notamment transnationale. En d’autres termes, Facebook est soit instigateur soit facilitateur de mobilisation citoyenne, bien que cette dernière ne soit pas toujours rendue possible, ou du moins, pas sur le long terme et à grande échelle. Il arrive en effet que la plateforme sociale ne parvienne pas à mobiliser et à perdurer au-delà de l’actualité, comme cela s’est passé avec les deux associations mentionnées plus haut dans cet article, à savoir Refugee Aid Macedonia et Help refugees children in Macedonia.

L’explication est à chercher dans plusieurs facteurs qui sont tout autant de limites des réseaux sociaux comme Facebook, que j’ai brièvement mentionnées plus haut (p. 6) et que je développe ci-dessus.

Il y a d’une part le fait qu’il s’adresse principalement à une population connectée voire jeune, dans les pays des Balkans occidentaux, ce qui restreint la portée de la cause et du message qui l’accompagne.

En ce sens, lorsque la cause est exprimée exclusivement sur Internet et elle s’adresse à un public trop ciblé ou échoue d’atteindre un large public, le risque c’est qu’elle affaiblisse le potentiel démocratique qui la caractérise et endommage par la même occasion, la représentativité de la société civile à l’intérieur d’un pays et « de la société globale » lorsque la portée d’une cause est à la fois locale et globale comme dans le cas de la cause des migrants (Van Laer, J. & Van Aelst, P., 2010 : 1161).

Plus spécifiquement, une partie des associations en faveur des migrants créées exclusivement sur Internet par les populations macédoniennes, serbes ou croates, a connu des difficultés pour mobiliser des personnes, que ce soit en tant que membre du groupe Facebook ou en tant que bénévole, ou si elles sont arrivées, elles ont peiné à les garder durablement. Cela est dû au fait que Facebook est considéré comme « l’instrument par excellence des liens faibles » (Kavanaugh et al., 2005)172, dans le sens où la plateforme sociale peut attirer facilement et rapidement un nombre important de personnes à se joindre à une cause, en augmentant ainsi le potentiel de mobilisation réelle, comme elle peut tout aussi facilement et rapidement le désintéresser. C’est en effet, au moment où de « membre » il devient « usager », qu’un individu choisit souvent de se désengager, pour rejoindre ou pas, une nouvelle cause, car Internet ne permet pas la création de liens forts et de confiance (Diani, 2000 ; Clark & Themudo, 2003 ; Tilly, 2004b)173 mais plutôt des liens latents (Haythornthwaite, C., 2005). Cette idée renforce le concept d’homme modulaire avancé par Gellner, à savoir un engagement libre et réversible pour une cause.

En revanche, Facebook sert davantage les associations qui sont déjà actives et implémentées au niveau local, à l’exemple de Refugee Aid Serbia ou du Group 484 Serbia. Facebook ne supprime donc pas les formes traditionnelles des mouvements sociaux, au contraire, il appuie ces modèles (Van Laer, J. & Van Aelst, P., 2010 : 1161) de mobilisation citoyenne, organisée et auto-gérée au niveau local, en leur offrant de nouvelles opportunités d’action174, de communication et d’engagement transnational. Facebook est en l’occurrence une plateforme d’interaction, de production d’idées et d’inclusion pour des pratiques sociales alternatives aux approches dominantes, à l’exemple des « communautés d’intérêts » (Mazzella, 2014 : 71). Lorsqu’elles dépassent les frontières géographiques, linguistiques et culturelles, ces « communautés d’intérêts » forment des espaces transnationaux, avec lesquels les individus peuvent s’identifier en raison de l’appartenance multiple, facilitée par Internet

172 Van Laer, J. & Van Aelst, P. « Internat and social movement action repertories

», Information, Communication and Society, vol. 13, no. 8, 2010, p.1163.

173 Ibid.

174 Van Laer, J. & Van Aelst, P. « Internat and social movement action repertories

», Information, Communication and Society, vol. 13, no. 8, 2010, p.1149.

qui confère aux territoires une réalité concrète matérialisée par des contacts virtuels175.

Les réseaux sociaux, et notamment Facebook, structurent ainsi non seulement la communication mais également les interactions interpersonnelles et intergroupes, en contractant la relation espace-temps et en redéfinissant de cette manière, les appartenances et les identités, de même que les rapports à la société nationale et transnationale. Autrement formulé, les dynamiques sociales investissent de nouveaux réseaux, en l’occurrence sociaux, qui recomposent, à différentes échelles, les sociétés et les territoires auxquels les individus appartiennent ou adhérent en fonction de leurs valeurs et du sens qu’ils donnent à leurs intérêts. Cela est d’autant plus important pour les Balkans occidentaux qu’en raison de leur histoire et de leur passé politique, les rapports sociaux étaient étroitement intégrés aux institutions de l’Etat voire à l’Etat, alors que la configuration des rapports démocratiques sont davantage régulés par une interaction constante entre pouvoir et contrepouvoir, entre Etat et société civile.

Conclusion

L’existence d’une vie sociale non-étatique prenant la forme d’une sphère autonome d’auto- organisation, notamment par l’associatif, est un fait dans les pays des Balkans occidentaux dans le contexte précis de la crise migratoire actuelle. Cela a également le mérite de rendre visible et audible l’expression d’un besoin et d’une volonté de socialisation démocratique au niveau régional et transnational. C’est dire que les associations citoyennes nées au niveau local et s’appuyant sur les réseaux sociaux, incarnent un espace d’engagement se situant en dehors du cadre de participation formel à l’organisation de la vie sociale et de la société. Il n’en reste pas moins que cela soulève certains questionnements, notamment en termes de pérennité et d’impact réel sur ses participants et les sociétés qui les constituent.

175 Cattacin, S. et Iremciuc, A. « Mobilité, réseaux et innovation. Nouveau paradigme dans la recherche sur la politique migratoire ? », Eurolimes, vol. 23-24 Migration at European Borders, 2017, p. 53.

Effectivement, les démocraties en transition comme celles des pays des Balkans occidentaux, posent d’autres défis que dans les pays de l’Europe de l’Ouest aux initiatives et associations à l’exemple de celles mentionnées dans cet article. Elles ne peuvent travailler contre l’Etat mais seulement avec son concours, ce qui est particulièrement difficile dans un contexte politique mouvant. À cela s’ajoute un engagement bénévole somme toute faible et qui peine à se généraliser, alors qu’il est indispensable au ralliement des membres d’une société à une cause, notamment à celle des migrants. Et pour cause, car l’implication au sein d’une association en tant que bénévole est généralement comprise au niveau

Effectivement, les démocraties en transition comme celles des pays des Balkans occidentaux, posent d’autres défis que dans les pays de l’Europe de l’Ouest aux initiatives et associations à l’exemple de celles mentionnées dans cet article. Elles ne peuvent travailler contre l’Etat mais seulement avec son concours, ce qui est particulièrement difficile dans un contexte politique mouvant. À cela s’ajoute un engagement bénévole somme toute faible et qui peine à se généraliser, alors qu’il est indispensable au ralliement des membres d’une société à une cause, notamment à celle des migrants. Et pour cause, car l’implication au sein d’une association en tant que bénévole est généralement comprise au niveau