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Europe en crises ? Migration, mobilité et inclusion

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Thesis

Reference

Europe en crises ? Migration, mobilité et inclusion

IREMCIUC, Alexandrina

Abstract

Cette thèse tente à rapprocher par la réflexion interdisciplinaire la notion d'inclusion de celle de création d'un espace public démocratique dans les Balkans occidentaux, notamment sur la Route des Balkans, grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC), sur fond de crise migratoire européenne telle qu'elle s'est manifestée à partir de 2015. Ce faisant, elle poursuit trois objectifs : déceler les enjeux migratoires contemporains spécifiques aux Balkans occidentaux et leurs répercussions sur la migration à l'échelle européenne ; rendre compte dans ce contexte régional particulier de la création de nouveaux espaces transnationaux d'appartenance et de socialisation civique et démocratique grâce aux réseaux sociaux ; interroger la pertinence des politiques d'intégration dans des sociétés de plus en plus multiculturelles, constituées d'individus aux appartenances mouvantes, multiples et multiniveaux, dans des pays connus davantage comme source d'émigration plutôt que d'immigration, et par extension, dans l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne.

IREMCIUC, Alexandrina. Europe en crises ? Migration, mobilité et inclusion. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2019, no. SdS 135

URN : urn:nbn:ch:unige-1428455

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:142845

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:142845

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Europe en crises ? Migration, mobilité et

inclusion

THÈSE

présentée à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève

par

Alexandrina A. Iremciuc

sous la direction de

prof. Sandro Cattacin

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences de la société mention sociologie

Membres du jury de thèse:

Philippe Wanner, professeur ordinaire, Institut de démographie et socioéconomie, Université de Genève, Président du jury Mihaela Nedelcu, professeure associée, Institut de sociologie,

Université de Neuchâtel

Maximos Aligisakis, chargé de cours, Global Studies Institute, Université de Genève

Genève, 9 décembre 2019

(3)

La Faculté des sciences de la société, sur préavis du jury, a autorisé l’impression de la présente thèse, sans entendre, par-là, émettre aucune opinion sur les propositions qui s’y trouvent énoncées et qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur.

Genève, le 14 février 2015

Le doyen

Bernard DEBARBIEUX

Impression d'après le manuscrit de l'auteur

(4)

Table des matières

Table des matières iii

Résumé Vii

Présentation générale vii

Abstract xiii

General presentation Xiii

Remerciements Xvii

Liste des abréviations Xix

INTRODUCTION 1

La dualité de la migration dans les Balkans occidentaux 4 La société civile : quelle définition pour les Balkans

occidentaux ?

6 Du nationalisme ethnique à la démocratie : les Balkans

occidentaux dans la perspective de l’adhésion à l’Union européenne

9

Problématique et structure de la thèse 10

Cadre théorique et méthodologie 14

PARTIE I. La recherche scientifique sur la politique migratoire

25

Introduction à la Partie I 27

Article 1. Mobilité, réseaux et innovation. Nouveau paradigme dans la recherche sur la politique migratoire ?

31

Résumé 31

Première tendance : de la migration à la mobilité 33 Deuxième tendance : de l’appartenance nationale à la

citoyenneté multiple et urbaine

37 Troisième tendance : de la perspective de « l’emprise

étrangère » (Mahning, 1991 : 103) à l’innovation 43

(5)

Quatrième tendance : de la politique d’asile à la coopération au développement

44

Conclusion 48

Bibliographie 49

PARTIE II. L’Europe des migrations et les Balkans occidentaux. Etude de cas

57

Introduction à la Partie II 59

Article 2. La démocratie en Europe face au défi migratoire

63

Résumé 63

1. De quelques dimensions-clés du phénomène migratoire

64 1.1 Frontière et démocratie : les migrations

comme phénomène politique

65 1.2 Les migrations : un « phénomène social

total » (Mauss, 2007 (1923)) ?

66 1.3 Les migrants risquent de rester 66 2. Un révélateur des faiblesses de l’UE comme entité

politique transnationale

68 2.1 Une Union divisée face aux migrants 69 2.2 Des effets sur les futurs élargissements de

l’UE ? 70

3. Les caractéristiques du choc migratoire 73 3.1 Le problème du déséquilibre hommes-

femmes

74 3.2 La dimension de la société civile et des

réseaux sociaux

75 4. Une manne pour la criminalité dans les Balkans ? 77 5. La problématique du retour dans les pays sûrs 80 6. Quelques exemples de l’intégration des migrants 83

6.1 L’intégration professionnelle. L’exemple de la Suède

83 6.2 L’intégration civique. L’exemple de la Suisse 84

Conclusion 86

(6)

Bibliographie 88 Article 3. Migration crisis, social media and

democracy in the Western Balkans

91

Abstract 91

Social networks and social media 92

Social media and migration crisis 93

Migration crisis and civil society 96

Civil society and democracy 98

Conclusion 99

Bibliography 101

Article 4. Migration, mobilisation et réseaux sociaux.

Le cas de l’aide aux migrants sur la Route des Balkans

103

Résumé 103

1. Les mouvements sociaux dans les Balkans occidentaux

107 2. La mobilisation citoyenne en faveur des migrants

de la Route des Balkans : une typologie

110

2.1 Internet-based 111

2.2 Internet-supported 114

Dear Refugees : Welcome to Croatia 114

Refugee Aid Serbia 116

Groupe 484 Serbia : de l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie à la crise migratoire européenne de 2015

118

2.3 Internet-based vs. Internet-supported 119

Conclusion 122

Bibliographie 125

PARTIE III. Migration et intégration en Europe 129

Introduction à la Partie III 131

(7)

Article 5. Migration crisis and integration : a new yet permanent challenge for Europe ?

133

Abstract 133

Integration : a multidimensional and ambiguous concept 135 The European Union integration policy and tools 137

Integration : country case studies 141

Sweden 143

Germany 146

Italy 148

Conclusion 150

Bibliography 153

CONCLUSION 161

Crise migratoire et migration dans les Balkans occidentaux

164 Crise migratoire et société civile dans les Balkans

occidentaux

167 Crise migratoire et démocratie dans les Balkans

occidentaux

171

Europe en crises ? 174

Références bibliographiques 177

(8)
(9)

Résumé

Les migrations internationales aux marges de l’Union européenne, notamment dans les Balkans occidentaux, connaissent un regain d’intérêt avec la crise migratoire de 2015 qui révèle une évolution récente de la migration et de la socialisation civique et démocratique, grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Facteur important de transformation sociale et de mobilité dans la région, cette évolution va de pair avec de nouvelles formes des rapports sociaux et une redéfinition de l’appartenance individuelle et collective, ainsi que de l’intervention dans la sphère publique. De ce fait, ma thèse interroge deux notions.

La notion d’appartenance - devenue désormais mouvante et multiple, locale et transnationale -, telle qu’elle ressort de la réalité des migrants qui empruntent la Route des Balkans, et des acteurs sociaux comme les associations locales crées pour leur venir en aide. Et celle de l’intégration, notamment des politiques européennes d’intégration qui occultent les différentes formes d’inclusion, sa temporalité longue et la multitude d’acteurs - à l’exemple des sociétés civiles et des Etats -, et d’actions qu’elle implique au niveau national et transnational ; et appellent à une nouvelle manière de l’appréhender.

Présentation générale

La migration n’est pas une catégorie théorique mais empirique, née avec la construction des Etats-nations et qui renvoie au schéma intérieur/ extérieur, mouvement/ stasis (Cattacin et Iremciuc, 2017 : 48). Quant au phénomène migratoire, c’est un ensemble complexe qui mérite d’être analysé aussi sur le plan de ses conséquences, comme un phénomène social total (Mauss 2007), à savoir réunissant toutes les composantes de la société : politiques, économiques, sociales, culturelles et technologiques (nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et réseaux sociaux).

La politique migratoire européenne présente un décalage certain avec la réalité constamment mouvante des vagues migratoires, et appelle à une redéfinition de l’approche de la migration en Europe.

Ce constat est d’autant plus parlant depuis 2015 et la crise

(10)

migratoire qu’ont connu certes, les pays occidentaux mais également une région d’Europe qui n’est objet d’étude que lorsqu’elle traverse une crise - à l’exemple de l’éclatement de l’ex- Yougoslavie - ou lorsqu’elle est frappée par un phénomène global qui concerne l’ensemble des européens, comme la crise migratoire de 2015. Il s’agit des Balkans occidentaux.

Ancrée dans une démarche scientifique interdisciplinaire, cette thèse en articles prend appui dans une recherche empirique de la réalité migratoire dans les Balkans occidentaux, telle qu’elle s’est manifestée dès 2015. Ce faisant, elle constitue une ébauche propre à éclairer quelques dimensions-clés de la migration récente dans les pays candidats à l’Union européenne (Serbie, Macédoine) ou dernièrement entrés dans l’UE (Croatie). Plus précisément, cette thèse analyse la manière dont ces dimensions se répercutent sur les enjeux migratoires à l’échelle européenne où la pertinence des politiques d’intégration notamment, est remise en cause par l’appartenance multiple facilitée par les NTIC et les réseaux sociaux.

Les cinq articles qui composent cette thèse et qui sont résumés ci- dessous, constituent chacun et dans leur ensemble, des éléments de réponse à ma problématique.

Partie I. La recherche scientifique sur la politique migratoire

Article 1. Mobilité, réseaux et innovation. Nouveau paradigme dans la recherche sur la politique migratoire

?

Cet article retrace les tendances qui ont dominé ces dernières années dans la recherche scientifique sur la politique migratoire. Il s’agit notamment des quatre tendances suivantes : (1) le passage de la perspective de migration à celle de la mobilité ; (2) le changement du paradigme d’appartenance nationale en citoyenneté multiple et urbaine ; (3) le déplacement de l’approche de « l’emprise étrangère » vers la perspective de l’innovation ; et, finalement, (4) le passage de la politique d’asile à la coopération au développement. Ces tendances représentent tout autant de défis en matière de politique migratoire en Europe, et c’est de ce point de vue qu’elles sont analysées dans ce texte.

(11)

Partie II. L’Europe des migrations et les Balkans occidentaux

Article 2. La démocratie en Europe face au défi migratoire En 2015 plus d’un million de migrants ont traversé l’Europe déclenchant une crise que le Vieux Continent n’a su anticiper. Celle- ci a créée des divisions entre les Etats membres de l’Union européenne et mis en péril les politiques de libre circulation de même que les Accords de Schengen. Dès lors, cet article met en lumière quelques aspects importants de la crise migratoire, en développant trois hypothèses. La première postule que la crise est un phénomène politique qui a des conséquences sur la démocratie des Etats européens. La deuxième interroge le concept de Mauss, de « phénomène social total », afin de démontrer que la manière dont la crise est gérée pourrait gagner en efficience si elle était abordée comme un phénomène total. Et enfin, la troisième hypothèse fait référence aux effets de la crise migratoire sur le long terme et plus précisément, aux questions relatives à l’intégration des migrants en Europe et les politiques y relatives.

Article 3. Crise migratoire, réseaux sociaux et démocratie dans les Balkans occidentaux

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus d’un million de migrants ont traversé l’Europe en 2015, à travers plusieurs routes d’Afrique, d’Asie ou du Moyen Orient. Face à un nombre sans précédent de migrants arrivant sur le sol européen, les autorités en charge de l’asile sont sous pression et raniment de vives divisions entre les Etats membres au point que les pays en transit à l’exemple de la Croatie, de la Hongrie ou encore de la Slovénie, ferment progressivement leurs frontières. En parallèle, un nouveau type de migration se développe : la migration moderne et connectée, notamment sur les réseaux sociaux, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Ainsi, la question à laquelle cet article souhaite répondre est la suivante : quel est le rôle des réseaux sociaux dans le contexte de la crise migratoire sur la Route des Balkans ? Autrement dit, quel rôle incarnent les TIC dans les flux migratoires vers l’Europe ?

(12)

Article 4. Migration, mobilisation et réseaux sociaux. Le cas de l’aide aux migrants sur la Route des Balkans

Les réseaux sociaux sont de nos jours une partie intégrante du quotidien de nombreuses personnes à travers le monde. Faciles d’accès, offrant la possibilité de créer et de partager instantanément du contenu mais également d’exprimer des opinions voire des convictions, les réseaux sociaux sont devenus de véritables plateformes de communication, d’interaction et de participation citoyenne, à l’exemple des associations civiques. Sur fond de crise migratoire européenne, ces dernières années ont vu paraître sur la toile un nombre important d’initiatives et de regroupements civiques, en faveur des migrants qui ont traversé la Route des Balkans, et qui pour certains le chemin vers l’Europe s’est arrêté en Serbie, en Macédoine ou encore en Croatie. Initiées pas les populations locales de ces pays, ces associations interrogent le lien entre mobilisation citoyenne et réseaux sociaux dans une région d’Europe déjà en crise avant les vagues migratoires de 2015, et connue davantage comme source d’émigration plutôt que d’immigration. Et c’est précisément ce lien, dans le contexte des démocraties européennes en transition, qui est analysé dans cet article.

Partie III. La migration et l’intégration en Europe

Article 5. Crise migratoire et intégration : un nouveau mais permanent défi pour l’Europe ?

Le nombre important de migrants arrivés sur le sol européen depuis la crise migratoire de 2015, et les débats virulents déclenchés dans les médias et qui divisent l’opinion publique et les politiques, posent la question de l’inclusion de ces populations dans les sociétés européennes. Différent dans chaque pays, le processus d’intégration dépend de plusieurs facteurs : la manière dont un Etat se définit ; sa politique d’accueil ; le contexte politique et le dialogue socio-économique autour de l’inclusion ainsi que les droits politiques et civiques accordés aux migrants. Cependant, la question de l’intégration de ces nouvelles populations n’a pour l’heure pas beaucoup été étudiée. Dès lors, cet article met en évidence certains aspects importants de l’intégration en Europe, dans le contexte de

(13)

la crise migratoire. Plus précisément, il donne un aperçu global des politiques d’intégration de l’Union européenne et des mesures structurelles mises en avant par trois pays (la Suède, l’Allemagne et l’Italie) afin d’inclure les migrants sur leurs territoires. Cette perspective panoramique permet d’en dégager les principaux défis que les pays européens ont à relever en la matière.

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Abstract

The issue of international migration at the European Union’s borders, particularly in the Western Balkans, is subject to a renewal of interest with the 2015 migration crisis. This phenomenon highlights a recent trend in migration and, civic and democratic socialisation thanks to NITC. An important factor in the social transformation and mobility in the region, this evolution goes hand in hand with new forms of social relations and a redefinition of the collective and individual sense of belonging, as well as with a new way of intervention in the public sphere. Hence, my thesis questions two notions. The first one is the concept of belonging, which now became moving and multiple, local and transnational – as it appears from the reality of migrants transiting through the Balkans Route – and from social actors such as local associations created to support them. The second one is integration, more specifically the European integration policies that obscure the different forms of inclusion, its long term temporality, as well as the multiplicity of actors – such as civil societies and States -, and of actions that it implies at a national and transnational level; and call for a renew in the way of comprehending it.

General presentation

Migration is an empirical category, and the migration phenomenon a complex system which merits consideration, particularly from the point of view of its consequences, as a social global phenomenon (Mauss, 2007), meaning that it encompasses all components of society: politics, economics, social, cultural and new Information and Communication Technologies (NICT and social media).

There is a clear need for a new approach to migration in Europe, as the gap between European migration policy and the constant and moving reality of migration is considerable. This statement is particularly true since 2015 and the migration crisis that affected Western Europe, along with another region of the Old Continent which is only studied when it faces a crisis, such as the split of the former Yugoslavia, or when it is hit by a global phenomenon that concerns all Europeans – the Western Balkans.

(15)

Grounded in an interdisciplinary scientific approach, this study departs from an empirical research of the migratory reality in the Western Balkans and its developments since 2015. Its purpose is to outline the key aspects and recent trends of migration in candidate States to the European Union (Serbia, Macedonia) and new members of the EU (Croatia). Furthermore, it aims to describe the way in which these aspects have affected migratory issues on the European plane, where the effectiveness of integration policies is challenged by multiple belonging, notably through social media.

The following chapters are meant to answer, from different points of view, the questions that I address in this research.

Part I. The scientific research on Migration Policies

Article 1. Mobility, networks and innovation. A new paradigm in the research on migration policy?

This article outlines these last years’ dominant trends in the research on migration policy. Specifically, these have been: (1) the perspective switch from migration to mobility; (2) the paradigm of change from national belonging to multiple and urban citizenship ; (3) the shift from the « foreign control » approach to the innovation perspective; (4) the transition from asylum policy to a migration- development nexus. These four trends represent as many migration policy challenges in Europe, and this is precisely the point of view from which they are studied.

Part II. Europe of migrants and the Western Balkans

Article 2. Migration crisis, a new challenge for European democracies

In 2015, more than a million migrants crossed into Europe, sparking a crisis that the old continent had not anticipated. As a result, the European Union’s member States were divided, free movement politics and Schengen agreements were jeopardized. Hence, this paper aims to highlight some important aspects of this crisis while

(16)

formulating three hypotheses. The first one affirms that the migration crisis is a political phenomenon that has consequences on the democracy of the European States. The second one questions Mauss’ concept of « holistic social phenomenon » in order to show that the way in which the current migration crisis is dealt with could gain in efficiency if it is approached as a global phenomenon. The third refers to the migration crisis in the long run and, more precisely, to migrants’ integration process in Europe.

Article 3. Migration crisis, social media and democracy in the Western Balkans

According to the International Organization for Migration (IOM), in 2015 more than 1'000'000 migrants are estimated to have been travelling to Europe through various transit routes across Africa, Asia or the Middle East. Facing an unprecedented volume of arrivals, European asylum authorities are under pressure and deep internal divisions between Member States have been reignited, bringing in transit countries such as Croatia, Hungary and Slovenia to progressively close their borders to migrants. In parallel, a new type of migration is emerging : modern migration that relies on new technology, notably on social media. Hence, the question we address in this paper is the following : in the context of the migration crisis through the Western Balkans Route, what is the role of social media ? A sub-question concerns the contribution of social media to the migration flows towards Europe.

Article 4. Migration, Civic mobilisation and social media.

A case study of migrants’ support on the Western Balkans Route

Social media has become an integral part of everyday life for an considerable number of people around the world. Easy to access, giving the possibility of creating and instantly sharing content but also to express opinions and convictions, social media has become a real platform of communication, interaction and civic participation, as is the case for civic associations, for example. In the context of the European migration crisis, an important number of civic initiatives and groups have been created online in the past few

(17)

years, with the objective of providing support to the migrants transiting through the Balkans Route, some of which settled in Serbia, Macedonia and Croatia. Initiated by local populations of these countries, these associations question the link between civic participation and social media in a region of Europe already in crisis before the 2015 migrant waves, and better known as an emigration rather than an immigration region. This link, as it appears within the context of European democracies in transition, is precisely the object of this article.

Part III. Europe of migrants and integration

Article 5. Migration crisis and integration : a new yet permanent challenge for Europe ?

The endless flow of migrants coming to Europe since 2015 and the virulent debates in the media dividing public opinions and politicians, raise the question of migrants’ future inclusion in European countries of arrival and final destination. Different in each country, the integration process depends on several factors: the way the country defines itself as a Nation; its welcoming culture and welfare model;

the political context and dialogue around socio-economic inclusion as well as civic and political rights for migrants. Nonetheless, integration has received minimal attention and its policies have not been considered as a research priority so far, hence this paper aims to highlight some important aspects of migrants’ inclusion in Europe, in the context of the on-going crisis. More precisely, this article is offering an overview of the European Union integration policy and tools and of the structural measures put forward by three countries (Sweden, Germany, Italy) in order to integrate the migrants who have settled and continue to arrive on their territory with the purpose to reside. This panoramic perspective will allow us to pick up the main challenges European countries will have to face in terms of migrants’ inclusion into the society.

(18)

Remerciements

Cette thèse est le résultat d’un long cheminement réflexif, personnel et professionnel, à la fois enrichissant, déstabilisant et compliqué, où les moments de satisfaction et de joie se sont mêlés à des périodes de doute et d’hésitation, surmontées par la force et la persévérance. Elle est également le résultat d’un effort certes individuel mais soutenu par la bienveillance, les encouragements et les conseils avisés de plusieurs personnes.

Il y a d’abord le Professeur Sandro Cattacin, qui s’est montré présent pendant les hauts et les bas, nombreux il faut le dire, que cette thèse et que ma vie, ont connu. Je le remercie vivement pour son soutien et pour sa compréhension, pour ses conseils et pour sa direction. Je le remercie également pour la co-écriture de l’article qui ouvre cette thèse.

Il y a ensuite François Saint-Ouen, avec qui j’ai partagé deux ans riches en échanges professionnels et intellectuels mais aussi humains, échanges qui ont nourrit le mandat du Ministère suisse des Affaires étrangères, le Geneva Hub for Democracy. Je le remercie pour ces moments de partage et pour tout ce qu’ils m’apportent depuis. Je le remercie aussi pour la co-écriture de l’article qui introduit l’étude de cas de cette thèse.

Je ne peux parler du Geneva Hub for Democracy sans mentionner le Centre européen de la culture et son président d’honneur, Dusan Sidjanski. Je le remercie pour l’entente cordiale que nous avons toujours eue. Je le remercie aussi pour le soutien financier qu’il a mobilisé pendant un an du Fond Pierre et Christophe de Margerie, afin de contribuer au bon déroulement de cette thèse.

Je remercie tout aussi sincèrement Patricia Van Gene -Saillet, pour sa constante et précieuse bienveillance tout au long des deux ans du Geneva Hub for Democracy.

Le cheminement de cette thèse, bien que difficile, aurait été encore plus pénible sans les personnes qui me sont proches.

Il y a ma sœur, Angelica, qui en dépit de ses remarques parfois maladroites, m’a encouragé à sa manière, dans la finalisation de cette recherche. Je la remercie beaucoup. La lecture de ces lignes la fera certainement sourire et provoquera un moment de partage qui nous est propre. Un de plus.

(19)

Il y a aussi Gregory, dont la présence, le soutien et les conseils m’ont été très précieux. Je le remercie tout simplement d’avoir été et d’avoir su être là, aux moments délicats de ma vie et à ceux déterminants pour ma thèse.

Il y a enfin Ioan, que je remercie pour son enthousiasme et pour la relecture des textes en anglais.

Je remercie enfin, les différentes personnes qui, consciemment ou pas, volontairement ou sans véritablement le réaliser, m’ont accompagné tout au long de ces années et de cette recherche, jusqu’à son aboutissement.

(20)

Liste des abréviations

AMIF Fonds Asile, migration, intégration

BAMF Bundesamt Für Migration und Flüchtlinge BiEPAG The Balkans in Europe Policy Advisory Group BLI Bureau lausannois d’intégration

CBP Common Basic Principles CEC Centre européen de la culture

CERN Organisation européenne pour la recherche nucléaire

CIRE Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers CSD Centre d’étude de la démocratie

EESC European Economic and Social Committee

EU European Union

EUI European University Institute

FIMM Forum pour l’intégration des migrantes et des migrants

FRONTEX Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes

ICT Information and Communication Technologies ID Identity Document

IFRI Institut français des relations internationales IOM International Organisation for Migration JHA Justice and Home Affairs

MARRI Migration, Asylum, Refugees Regional Initiative NTIC Nouvelles technologies de l’information et de la

communication

OECD Organisation for Economic Co-operation and Development

OIM Organisation Internationale pour les migrations OUR Organisations de travail associé

PIB Produit intérieur brut

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RAS Refugee Aid Serbia REAG/

GARP

Reintegration and Emigration Programme for Asylum- Seekers in Germany/ Government Assisted Repatriation Programme

SEA Single European Act

TEU Treaty of Maastricht on European Union

TIC Technologies de l’information et de la communication

UE Union européenne

UNHCR United Nations High Commissioner for Refugees

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À Alexandru, mon père, décédé ce triste dimanche du 15 octobre 2017

(23)
(24)

INTRODUCTION

(25)
(26)

Introduction

Les Balkans occidentaux sont une région complexe de par leur histoire, les guerres et leurs répercussions sur la société, l’économie et la démocratie, qui s’est imposée dès la fin de l’ancienne Yougoslavie1 comme la seule alternative aux régimes nationalistes et à la guerre, et dont la politique locale et l’Union européenne s’est rapidement emparée dans la perspective de l’adhésion à l’institution supranationale2.

Les sociétés des Balkans occidentaux se sont reconstruites et recomposées au fil des conflits régionaux engendrés par l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie, les guerres du Kosovo et leur lot de déplacements forcés et prolongés, par le départ d’un nombre important de jeunes pour l’Europe de l’Ouest et plus récemment, par l’immigration extra-européenne. C’est dire que la question de la migration dans la région pose de nombreuses interrogations en termes d’appartenance collective et individuelle, et d’inclusion mais également de mobilisation citoyenne en faveur des migrants, d’autant plus lorsqu’elles sont révélées par un contexte politique régional en transition et européen en crise, et un monde en pleine mutation, notamment numérique avec le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Parler dès lors de la migration dans les Balkans occidentaux implique nécessairement d’interroger la société civile connue pour être faible (Adler, 2003) mais stimulée par la crise migratoire européenne de 2015, et les enjeux sociétaux et politiques qui y sont liés, et qui s’entremêlent aux tensions internes diverses et aux relations complexes à l’Union européenne, en vue de l’adhésion.

D’où l’importance d’aborder la présente thèse à trois niveaux interconnectés : migration, société civile et démocratie, qui sont

1 L’Accord de Dayton qui a mis fin à la guerre, a mené à la création de cinq Etats sur le territoire de l’ex-Yougoslavie : la Slovénie, la Croatie, la Bosnie et Herzégovine, la Yougoslavie, composée ultérieurement de la Serbie et du Monténégro, et la Macédoine.

2 Conseil européen – Thessalonique, 19 et 20 juin 2003, Conclusions de la

Présidence, ch. V, art. 40-43,

file:///C:/Users/alexa/AppData/Local/Packages/Microsoft.MicrosoftEdge_8wekyb 3d8bbwe/TempState/Downloads/Conseil_europ_en__Thessalonique_19___20_j uin_2003_Conclusions_de_la_Pr_sidence%20(1).pdf

(27)

chacun problématisés et contextualisés dans les paragraphes qui suivent.

La dualité de la migration dans les Balkans occidentaux

La migration constitue un facteur important de transformation sociale3 pour les Balkans occidentaux en raison de sa double implication. La première, renvoie à la crise migratoire européenne de 2015, telle qu’elle s’est manifestée sur ce qu’on a communément appelé la Route des Balkans, et qui a mené à une mobilisation citoyenne en faveur des migrants extra-européens qui la traverse, notamment grâce aux réseaux sociaux (Boyd et Ellison, 2007 ; Stenger et Coutant, 2013). Cette mobilisation citoyenne a fait naître un mouvement social (Diani, 1992) qui s’oppose à un discours politique dominant dans la région, bien que sa portée soit limitée et son action encore en développement.

Les Balkans représentaient depuis 2012 déjà une voie alternative et moins périlleuse à la Méditerranée pour les migrants4 mais elle n’a commencé à être au centre des questions migratoires qu’à partir de 2015 lorsque les flux se sont intensifiés5. Bien que la Route des Balkans ait existé et été souvent empruntée par les migrations dans l’histoire de l’humanité, dans ce contexte précis je parle de la Route des Balkans comme synonyme des trois pays-étapes6 (Corbineau, 2016 : 184) qui la constituent, à savoir la Serbie, la Macédoine et la Croatie, et à la période allant d’août 2015 à mars 2016. La première date coïncide avec une double décision politique, notamment la fermeture des frontières hongroises et l’ouverture des frontières de

3 Corbineau, C. « Migration et asile en Serbie : une européanisation des politiques publiques et associatives ? », Géocarrefour vol. 3, no. 89, 2017, p.2.

4 Vathi, Z. « Adressing migration of unaccompanied minors from and through the Western Balkans », International Organization for Migration, Regional Report

2015, p. 9.

http://www.albania.iom.int/publications/reports/IOM%20Regional%20Report%20 on%20UAMs%20in%20Western%20Balkans.pdf

5 Dérens, J.-A. « Les Balkans, périphérie oubliée de l’Europe ? », Études, vol.

septembre, no. 9, 2016, pp. 17-18.

6 Les pays-étapes sont entendus ici comme des lieux qui constituent des espaces de vie, de rencontre et d’auto-organisation

(28)

l’Allemagne d’Angela Merkel, lors du Sommet européen de Vienne7. La deuxième date est celle de la signature de l’accord entre la Turquie et l’Union européenne 8, qui marque la fermeture officielle de la Route des Balkans, après qu’elle ait vu passer en un an près d’un million de migrants et de réfugiés9.

Bien que principalement associée, dans l’actualité politique européenne, aux migrants en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique qui l’empruntent pour arriver en Europe occidentale, la Route des Balkans joue un rôle comparablement quasi aussi important pour les citoyens des Balkans occidentaux qui partent vers les pays de l’Union européenne.

La deuxième implication de la migration dans les Balkans occidentaux fait ainsi référence à l’émigration d’une partie conséquente de la population locale, jeune et éduquée. Cette tendance s’inscrit dans l’histoire régionale longue et remonte à l’ancienne Yougoslavie qui avait, dès les années 1950, signé des conventions avec l’Allemagne et la Turquie pour exporter sa main d’œuvre surnuméraire afin de limiter le chômage10. Ce phénomène a été amplifié par l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie qui a provoqué le départ, provisoire ou durable, de plusieurs millions de personnes, mais qui ne sont pas pour autant retournées au pays une fois la paix revenue11. Au contraire, l’émigration perdure12, - en raison notamment de l’échec des politiques économiques et sociales mises en place depuis la fin des guerres13, de la corruption des élites politiques et du manque de perspectives14 -, au point de

7 https://www.bmeia.gv.at/en/european-foreign-policy/foreign-policy/western- balkans-summit-vienna-2015/

8 https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2016/03/18/eu-turkey- statement/

9 Krulic, J. « La Route des Balkans », Revue Après-demain, vol. 3 no.39, 2016, pp.10 -11.

10 Dérens, J.-A. « Les Balkans, périphérie oubliée de l’Europe ? », Études, vol.

septembre, no. 9, 2016, p. 19.

11 Idem.

12 Entre 2010 et 2015, près de 200'000 citoyens des Balkans occidentaux ont émigrés, notamment des kosovars et des macédoniens. S. Sievert et al., Europe’s Demographic Future, Berlin Institute, 2017, cité par Florent Marciacq, « L’Union européenne a-t-elle encore une stratégie en matière d’élargissement ? », Fondation Jean Jaurès, France, mars 2019, p. 2.

13 Jean-Arnaud, Dérens « Les Balkans, périphérie oubliée de l’Europe ? », Études, vol. septembre, no. 9, 2016, p. 5.

14 Ibid., pp. 5 – 7.

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devenir une problématique préoccupante pour l’ensemble de la région, et plus particulièrement pour certains pays à l’exemple du Kosovo, surtout lorsqu’associée à un taux de natalité extrêmement faible couplé à une absence de politique publique qui favorise ou incite du moins, le retour au pays.

Par conséquent, l’émigration des citoyens des Balkans occidentaux et l’immigration par défaut, des populations extra-européennes vers cette région, ouvre la voie à un nombre de nouveaux défis sur le long terme comme la question démographique, celle de la gestion de la vieillesse et du manque de qualification de la population locale restée au pays auxquels se juxtapose celui de l’accueil et de l’inclusion, plus ou moins durable, des nouvelles populations venues d’ailleurs15.

La société civile : quelle définition pour les Balkans occidentaux ?

Entre août 2015 et mars 2016, les frontières des Balkans occidentaux n’ont eu de cesse de varier entre fermeture et ouverture, ce qui a provoqué des réactions contrastées de la part des politiques et des populations locales. En effet, pour contrer l’attitude politique, une partie des populations locales s’est mobilisée en faveur des migrants qui traversaient, et pour un nombre croissant qui restent bloqués en Serbie, en Macédoine ou en Croatie, par la création de différentes associations, grâce aux réseaux sociaux. La mouvance qu’entraîne ces associations rend compte de l’état d’une société à un moment donné de son histoire16 et d’une notion complexe qui correspond à cet espace-temps : la société civile17.

15 « Les Balkans occidentaux, entre intégration et fragilités. Compte-rendu du colloque du 14 décembre 2017 », Interaxions, Le cercle de réflexion de la DGSE, France, août 2018, pp. 24-25.

16 Reszler, A. « Société civile ou Société ? », La Revue Transitions, 2003, vol. 42, no. 2, Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, p. 20. http://cevipol.ulb.ac.be/fr/cahiers-et-notes/la-revue- transitions/transitions-2003-vol-42-n-deg-2

17 Aligisakis, M. « La société civile : un concept de son espace-temps », La Revue Transitions, 2003, vol. 42, no. 2, Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, pp. 1-10.

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La société civile (Dahinden et Moret, 2008 : 227) des Balkans occidentaux pose un certain nombre de problèmes qui se situent aussi bien au niveau de sa définition que de la pertinence de son application, et qui sont étroitement liés à la structure particulière de l’ancienne Yougoslavie, notamment à son « système de l’autogestion étendue »18 qui rend flous les contours de la sphère politique et civile de la société. Ce système se traduit par la décentralisation de l’économie tout en restant une économie d’Etat, à savoir que les entreprises deviennent des acteurs économiques libres et autonomes afin de pouvoir agir sur le marché selon les lois de la libre concurrence sous le label d’ « organisations de travail associé » (OUR)19, alors que le pouvoir politique et décisionnel demeure aux mains du Parti.

À ce système s’ajoute une division en Républiques et en Régions, ce qui a rendu la tâche difficile pour qu’une société civile prenne forme, d’une part car l’Etat fait fi devant ses attaques, et d’autre part, car elle est inéluctablement dirigée vers le nationalisme20. Cette idée est appuyée par l’opposition qu’Ernst Gellner21 fait entre société civile et nationalisme, et pour qui la faiblesse d’une société civile est directement proportionnelle au faible développement économique, qui explique par ailleurs que la transition post-communiste en Yougoslavie ait pris la forme du nationalisme violent22. En d’autres mots, la société civile de l’ancienne Yougoslavie est faible en raison de la crise économique de la fin des années 1980 qui a conduit à la régression de la société dans son ensemble et qui s’est transformé en crise nationaliste, surtout en Serbie23.

18 Adler, J. « La société civile et la fin du communisme en Yougoslavie », in Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, La Revue Transitions, vol. 42, no. 2, 2003, p. 121.

19 Idem.

20 Adler, J. « La société civile et la fin du communisme en Yougoslavie », in Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, La Revue Transitions, vol. 42, no. 2, 2003, p. 122.

21 Gellner, E. Conditions of Liberty, Civil society and its rivals, London, Hamish Hamilton, 1994, cité par Adler, J. « La société civile et la fin du communisme en Yougoslavie », in Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, La Revue Transitions, vol. 42, no. 2, 2003, 122-123.

22 Adler, J. « La société civile et la fin du communisme en Yougoslavie », in Quelle société civile pour l’Est européen (eds.) Maximos Aligisakis et André Reszler, La Revue Transitions, vol. 42, no. 2, 2003, pp. 122-123.

23 Ibid.

(31)

À cette dimension économique s’ajoute une explication de nature culturelle (Adler, 2003), et plus précisément la vision quelque peu collectiviste de la famille élargie et les croyances religieuses qui sont davantage un espace d’affirmation de l’identité nationale face à l’Autre que de liberté contre l’Etat, renforcées par une existence dans l’espace des Républiques et des Régions uniquement, et non au niveau de l’ancien Etat yougoslave24. Cela revient à dire que la société civile est en l’occurrence, plurielle et se confonde avec les spécificités de chaque République et chaque Région, ce qui rend encore davantage complexe sa définition et ses contours.

L’éclatement de l’ancienne Yougoslavie a fait émerger une société civile dont les spécificités sont enracinées dans l’histoire régionale et nationale, et dont les modes participatifs et d’expression demeurent encore difficiles à saisir mais qui se réunissent néanmoins, depuis récemment, dans deux traits communs : opposition croissante à l’Etat, alors qu’auparavant elle n’était que partielle, et création de nouveaux espaces25, d’autonomie (Castells, 2012 : 222) j’ajouterais, grâce aux réseaux sociaux. En témoigne la multiplication des manifestations depuis quelques années, en Serbie, en Macédoine26, et dans le prolongement desquelles s’inscrit aussi le mouvement citoyen en faveur des migrants de la Route des Balkans27.

Au vu de ces considérations, la définition que je propose pour parler de la société civile dans les Balkans occidentaux est celle d’un corps social pluriel et en constante mutation. Et c’est dans ce sens-là qu’elle sera utilisée tout au long de ce travail. Cette définition n’a pas de prétention autre que de rendre compte d’une réalité contextualisée et mise en évidence par l’étude empirique à laquelle cette thèse s’est aussi prêtée.

24 Ibid, p 124.

25 Ibid, p. 125.

26 Trégourès, l. « Un nouveau printemps sans renouveau ? », Fondation Jean Jaurès, France, mars, 2019, p. 1.

27 Dérens, J.-A. « Les Balkans, périphérie oubliée de l’Europe ? », Cairn.Info, 9 septembre, 2016, pp. 26-27.

(32)

Du nationalisme ethnique à la démocratie : les Balkans occidentaux dans la perspective de l’adhésion à l’Union européenne

L’héritage historique des Balkans occidentaux joue un rôle primordial dans le processus de développement de la société civile, de démocratisation et de construction de l’Etat (Linz et Stepan, 1996, cités par Keil, 2012 : 2), particulièrement laborieux dans cette région. Effectivement, depuis l’éclatement de l’ancienne Yougoslavie, les Etats nouvellement formés ont connu des évolutions différentes28, à l’exemple des pays de la Route des Balkans.

Alors que la Croatie a rejoint l’Union européenne en 2013 après une dizaine d’année de dialogue approfondi et de négociations avec l’UE, la Serbie qui a le statut de pays candidat depuis 2012, marque une transition plus lente et complexe vers la perspective européenne, bien que la crise migratoire européenne de 2015 ait été pour elle une manière de consolider son euro-compatibilité dans la gestion des flux de migrants bloqués sur son territoire29. Quant à la Macédoine, située en marge des Balkans occidentaux et candidate à l’Union européenne depuis 2015, elle demeure fragile et empreinte de relations interethniques tendues30, fragilité appuyée davantage par le contexte de la Route des Balkans qui n’a fait que ressortir le malaise politique national profond31.

L’évolution à plusieurs vitesses des Etats de l’ancienne Yougoslavie fait montre de la capacité de chaque pays à mettre en œuvre les exigences de Bruxelles en vue de leur adhésion, au nom de laquelle la gestion de la crise migratoire de la Route des Balkans est devenu un enjeu majeur, notamment en termes de stabilité de la région, plus importante aux yeux de l’Union européenne que l’encouragement

28 Keil, S. « Comment expliquer la stagnation démocratique dans les Balkans occidentaux ? », Politiques méditerranéennes, La Turquie- Les Balkans, Med 2012, p. 1.

29 Krulic, J. « La Route des Balkans », Revue Après-demain, vol. 3 no.39, 2016, p.10 -11.

30 Ibid, p. 2.

31 Krulic, J. « La Route des Balkans », Revue Après-demain, vol. 3 no.39, 2016, p.10 -11.

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d’une société civile32. Cette évolution inégale entre pays s’explique par les caractéristiques des systèmes politiques des Balkans occidentaux, notamment le fait qu’un nombre d’entre eux n’ont pas encore mis en place « un système de partis articulé autour de la séparation traditionnelle entre conservatisme, libéralisme et socialisme/ social-démocratie (Linz & Stepan, 1996 ; Schedler, 1998, cités par Keil, 2012 : 3) »33 et que les partis ethniques sont prédominants34. Or, le renforcement de la démocratie dans la région passe indéniablement et simultanément par des alternatives politiques et le développement d’une société civile démocratique, critique et engagée, et plus précisément par le développement de nouvelles formes de participation citoyenne sur des thématiques locales à portée globale, à l’exemple de la cause migratoire sur la Route des Balkans.

Problématique et structure de la thèse

La crise migratoire de 2015 est plurielle et a des implications à différents niveaux : institutionnel supranational et national, c’est-à- dire au sein de l’Union européenne et de ses Etats membres ; régional, notamment des Balkans occidentaux et ses pays candidats à l’Union européenne ; des acteurs sociaux protagonistes de la migration, à savoir les sociétés civiles et les associations d’aide aux migrants ; et enfin, des migrants eux-mêmes.

En concentrant ma recherche et ma problématique sur les Balkans occidentaux, notamment les pays de la Route des Balkans, je souhaite comprendre l’implication de la dynamisation à différentes échelles, - locale, nationale et transnationale -, de l’appartenance et de l’inclusion, grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC), dans une crise et un processus migratoire en

32 BiEPAG, "The Crisis of Democracy in the Western Balkans. Authoritarianism and EU Stabilocracy", BiePAG Policy Paper, mars 2017, cite par Marciacq, Florent « L’Union européenne a-t-elle encore une stratégie en matière d’élargissement ? », Fondation Jean Jaurès, France, mars 2019, p. 4.

33 Keil, S. « Comment expliquer la stagnation démocratique dans les Balkans occidentaux ? », Politiques méditerranéennes, La Turquie- Les Balkans, Med 2012, p. 3.

34 Idem.

(34)

cours, que je tente de mettre en évidence plutôt que de percer l’entièreté de sa complexité.

Mon postulat de départ est que d’un côté, les TIC offrent une autre dimension à la migration, à la mobilité et à l’espace-temps, en recomposant les sociétés et les territoires qui demeurent pourtant ancrés dans l’histoire et les rapports identitaires locaux ; et de l’autre côté, que l’inclusion en tant que processus social est en décalage avec son acception de politique d’intégration en raison notamment de cette recomposition des sociétés et des territoires, et qu’elle mérite dès lors, d’être redéfinie afin de mieux saisir sa complexité.

En interrogeant les notions d’appartenance et d’intégration, je tente de répondre à la question suivante : quelles sont les implications sociales et politiques de la capacité d’une partie de la société civile à se mobiliser en faveur des migrants arrivés sur les territoires des Balkans occidentaux depuis 2015, étant donné l’héritage historique de la région et la consolidation démocratique35 (Linz & Stepan, 1996 et Schedler, 1998)36 encore inachevée ?

Les Balkans occidentaux sont un terrain propice pour la recherche sur la migration en raison de leur histoire et de leur peuplement complexe, du statut de candidat à l’adhésion de l’Union européenne, et de la crise migratoire et de ses implications au niveau de la migration, de la société civile et de la démocratie. Les analyser sous ces trois dimensions, est dès lors intéressant et pertinent à plus d’un titre. La migration dans la région pose des défis particuliers car elle doit désormais composer avec une double identité qui est celle d’une région d’émigration et nouvellement d’immigration. Cela a des effets certains sur la démographie, l’économie, sur les politiques nationales et sur les relations avec l’Union européenne, mais aussi sur la société civile et la démocratie.

La société civile, en puisant dans ses souvenirs récents des conséquences dramatiques des guerres de l’ancienne Yougoslavie, est aussi touchée, individuellement et collectivement, dans son

35 La consolidation démocratique est définie par les auteurs comme le point où les normes démocratiques sont si ancrées dans la société et respectées par les élites politiques qu’il n’y a plus de danger de retomber dans l’illibéralisme et l’autocratie

36 Cité par Placek, M. « Can the Internet Aid Democractic Consolidation ? Online News and Legitimacy in Central and Eastern Europe », International Journal of Communication, no.12, 2018, p. 2811.

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appartenance et dans son statut public qui se dessine de plus en plus sous la forme d’un corps social qui exprime son besoin et sa volonté d’opposition au politique et qui pressage de ce fait, un potentiel changement social qui s’inscrira dans la durée et qui aura un effet sur la transition démocratique. S’intéresser donc aux Balkans occidentaux signifie s’intéresser à des problématiques qui vont au-delà du régional et qui ouvrent sur un questionnement plus large et relatif à la création d’un espace public démocratique, grâce aux réseaux sociaux.

Plus spécifiquement, l’analyse de la mobilisation citoyenne en faveur des migrants dans les Balkans occidentaux, à l’aide des réseaux sociaux, est un manque certain dans la littérature scientifique. Dès lors, ma thèse ambitionne à saisir un processus de changement social en cours à travers une articulation réflexive originale et une observation empirique d’un renouvellement civique dans les sociétés de cette région d’Europe.

À ces considérations factuelles, qui sont tout autant d’arguments en faveur de la singularité de ma thèse, il y en a une davantage personnelle. Elle renvoie à une interrogation sur la migration et la notion d’appartenance conditionnée par ma propre histoire qui conjugue des moments de vie éclatés et qui se retrouvent dans la manière dont mon entourage me définit : un mélange étonnant. Il y a ainsi, la dualité de mes origines, roumaine et ukrainienne, enrichie d’une vie professionnelle entamée dans l’humanitaire, en Egypte, sous l’impulsion du parcours de mon père qui l’a fréquemment mené en Syrie, en Irak et en Turquie ; et enfin, la longue découverte et interaction avec la Suisse, d’abord à Lausanne, ensuite à Genève.

Au-delà de cet intérêt personnel, cette thèse se veut une analyse qui joint à la recherche empirique d’un processus migratoire en cours, des interrogations qui trouvent écho dans le débat public et dans la recherche scientifique. Pour mettre ceci en évidence, je développe ma problématique dans trois parties qui ne sont pas distinctes mais complémentaires et qui comprennent, dans leur ensemble, cinq articles voire cinq éclairages critiques. Parmi ceux- ci, quatre ont déjà été déjà publiés et par conséquent, maintiennent le style de l’éditeur et sont accompagnés de leurs propres bibliographies, bien qu’incorporés formellement dans ce manuscrit.

Structurellement parlant, ils se divisent comme suit.

(36)

La partie I (La recherche scientifique sur la politique migratoire) s’attache à décrire les tendances dans la recherche sur la politique migratoire des dernières années et qui ont influencé la manière dont on définit l’appartenance, déclinée désormais simultanément au niveau local, transnational et supranational. En effet, si ma thèse prend comme point de départ une étude empirique, elle ne saurait négliger de la situer préalablement, par rapport à un état des savoirs.

Dans la partie II (L’Europe des migrations et les Balkans occidentaux), il sera question de la migration et des Balkans occidentaux, abordés sous différents angles, dans trois articles qui s’enrichissent l’un l’autre: l’article 2 (La démocratie en Europe face au défi migratoire) s’attache à la problématique migratoire dans les Balkans occidentaux et les questions démocratiques, politiques et sociales qu’elle soulève, au niveau de l’Etat, de l’Union européenne mais aussi des populations locales. Cet article, constitue le point d’ancrage de la réflexion développée dans les articles 3 et 4, et des concepts ultérieurement abordés, à savoir l’appartenance et l’intégration. Il ouvre également sur la thématique abordée dans la partie III, qui est précisément les politiques européennes d’intégration des migrants. L’article 3 (Migration crisis, social media and democracy in the Western Balkans), introduit la question des réseaux sociaux et leur rôle dans la crise migratoire sur la Route des Balkans, principalement à l’échelle des migrants mais aussi du point de vue des populations locales de la Serbie, de la Macédoine et de la Croatie. Quant à l’article 4 (Migration, mobilisation citoyenne et réseaux sociaux. Le cas de l’aide aux migrants sur la Route des Balkans), il prolonge la dimension de la population locale des pays des Balkans occidentaux et développe l’idée de la mobilisation citoyenne en faveur des migrants de la Route des Balkans, notamment à l’aide des réseaux sociaux, telle qu’elle se dégage d’une étude empirique.

Et enfin, la partie III (La migration et l’intégration en Europe) s’intéresse à la politique d’intégration en Europe en accordant une attention particulière à l’étude de trois cas : l’Allemagne, la Suède et l’Italie. Le choix de ces pays a été conditionné par deux raisons : leur politique, représentative chacune d’une manière différente d’aborder la question de l’intégration des migrants sur leur territoire

; et leur parti pris dans la gestion des migrants lors de la crise de 2015. Leurs politiques d’accueil sert de base à la réflexion sur

(37)

l’inclusion des migrants dans les pays de la Route des Balkans, à l’heure où ils ne sont pas encore membres de l’Union européenne.

Une conclusion résume les principales idées développées dans cette thèse et ouvre sur la perspective de la création d’un espace public démocratique dans les Balkans occidentaux, grâce aux réseaux sociaux.

Cadre théorique et méthodologie

À l’appui de ma problématique il y a le cadre théorique, et notamment les concepts d’appartenance et d’intégration, ains que d’autres qui y sont associés, et une méthodologie, que je détaille ci- dessous.

La notion d’appartenance, qui suit la logique des modes d’insertion des individus dans un groupe37, est initialement développée pour analyser les multi-appartenances des mondes populaires (Weber, 1989) ou des milieux bourgeois (Zalio, 1999)38, bien que depuis, elle ne leur soit plus exclusive. Dans le cas de cette étude, l’appartenance emprunte sa définition à Chamboredon et al.

(1985)39, à savoir « la participation des individus à la chose collective, au groupe (…), participation à la fois produite et productrice des sociabilités multiples des individus »40. Autrement dit, l’appartenance de l’individu se construit de manière privilégiée dans l’espace public et correspond à sa socialisation, au niveau local, national et transnational, notamment à l’ère des technologies de l’information et de la communication (TIC) qui sont un nouveau contexte de socialisation dans lequel les appartenances se déploient et s’entremêlent.

37 Avanza, M. et Laferté, G. « Dépasser la construction des identités ? Identification, image sociale, appartenance », Genèses, vol. 4, no. 61, 2005, p. 144.

38 Idem.

39 Cité par Avanza, M. et Laferté, G. « Dépasser la construction des identités ? Identification, image sociale, appartenances », Genèses, vol. 4, no. 61, 2005, p.

144.

40 Avanza, M. et Laferté, G. « Dépasser la construction des identités ? Identification, image sociale, appartenances », Genèses, vol. 4, no. 61, 2005, p.

144.

(38)

Dans son acception collective, l’appartenance est en l’occurrence synonyme de groupalité (groupness) (Tilly, 1978, cité par Brubaker, 2001 : 79), et plus précisément de communalité (commonality) catégorielle et de connexité (connectedness) relationnelle, auxquelles s’ajoute un sentiment d’appartenance commune au sens de Max Weber, qui dépend, ne serait-ce qu’en partie, des degrés et des formes de communalité et de connexité mais également d’un contexte particulier, par exemple41. En d’autres mots, le sentiment d’appartenance et la dimension relationnelle (Marcoccia, 2001) sont les conditions essentielles pour qu’un regroupement de personnes devienne une communauté, notamment une communauté d’intérêts (Mazzella, 2014 :71), à l’exemple des associations créées en faveur des migrants de la Route des Balkans à l’aide aux réseaux sociaux.

Les analyser dans cette perspective, permet deux choses.

Premièrement, de distinguer les différents degrés et formes de groupalités selon leur statut formel ou informel, appuyé par le virtuel ou complètement virtuel (Internet-supported vs. Internet-based, Van Laer, J. & Van Aelst, P., 2010) et les liens forts ou latents (Haythornthwaite, C., 2005) qu’elles développent afin d’en dégager leurs principales caractéristiques et par extension, évaluer le potentiel d’engagement de ses membres et de pérennité de ces associations.

Deuxièmement, de sortir d’un certain déterminisme et d’admettre le fait que l’appartenance n’est pas unique, au contraire, elle est multiple selon les intérêts divers qui se complètent indéfiniment. En outre, elle a une portée transnationale lorsqu’elle est facilitée par les TIC, qui créent des dynamiques relationnelles concrètes, en dépit de la dispersion spatiale42. Ces dynamiques présentes toutefois certaines limites qui peuvent être comblées par le développement des rapports sociaux locaux.

Au niveau individuel, l’appartenance se décline dès lors sous la forme de l’homme modulaire (Gellner, 1994) selon sa capacité à s’engager, de manière libre et réversible, pour une cause (Gellner, 1994). Autrement formulé, l’appartenance à une cause, est une participation plus ou moins formelle à la vie collective et civique de

41 Brubaker, R. « Au-delà de l'identité », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 139, no. 4, 2001, p. 79.

42 Guilbert, L. « L’expérience migratoire et le sentiment d’appartenance », Ethnologies, vol. 27, no. 1, 2005, p. 15.

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